L’activité consciente dans la guerre

De la guerre prolongée

Mao Zedong

L’activité consciente dans la guerre

  1. Tout ce que nous avons dit explique pourquoi la guerre sera de longue durée et pourquoi la victoire finale appartiendra à la Chine. Jusqu’à présent, nous nous sommes occupés principalement de savoir ce qui est exact et ce qui ne l’est pas.

   Passons maintenant à ce qu’il faut faire et à ce qu’il faut éviter de faire. Comment poursuivre une guerre de longue durée ? Comment remporter la victoire finale ?

   C’est à ces questions que nous allons répondre.

   Nous éclaircirons à cette fin les problèmes suivants : l’activité consciente dans la guerre ; la guerre et la politique ; la mobilisation politique dans la Guerre de Résistance ; les buts de la guerre ; les opérations offensives dans une guerre défensive, les opérations de décision rapide dans une guerre de longue durée et les opérations à l’extérieur des lignes dans la guerre à l’intérieur des lignes ; l’initiative, la souplesse et le plan d’action ; la guerre de mouvement, la guerre de partisans et la guerre de position ; la guerre d’usure et la guerre d’anéantissement ; la possibilité d’exploiter les erreurs de l’ennemi ; la décision dans la Guerre de Résistance ; l’armée et le peuple, artisans de la victoire. Commençons par la question de l’activité consciente.

  1. Lorsque nous intervenons contre la façon subjective d’aborder les problèmes, nous voulons dire qu’il faut combattre les idées qui ne reposent pas sur la réalité objective et ne lui correspondent pas, qui sont en fait le fruit de l’imagination ou de faux raisonnements, et qui, mises en pratique, conduiraient à l’échec.

   Mais tout ce qui se fait est fait par l’homme.

   La guerre prolongée et la victoire finale ne se réaliseront pas en dehors de l’action des hommes. Pour que cette action soit efficace, il faut au préalable des hommes qui, partant de l’analyse de la réalité objective, conçoivent des idées, des principes, des vues, élaborent des plans, une ligne, une politique, une stratégie et une tactique.

   Les idées, les vues, etc. sont d’ordre subjectif, alors que la pratique ou les actions traduisent le subjectif dans l’objectif, mais les unes et les autres représentent l’activité propre à l’homme.

   Cette activité, nous l’appelons « activité consciente », et elle constitue une caractéristique qui distingue l’homme des autres êtres.

   Toutes les idées qui reposent sur la réalité objective et lui correspondent sont justes, et sont justes également toute pratique, toute action reposant sur des idées justes.

   Nous devons développer ces idées et ces actions, développer cette activité consciente.

   La Guerre de Résistance a pour but de chasser les impérialistes et de transformer l’ancienne Chine en une Chine nouvelle.

   Pour atteindre ce but, il est indispensable de mobiliser tout le peuple chinois et de donner un plein essor à son activité consciente dans la résistance contre le Japon.

   Si nous restions assis les bras croisés, nous serions asservis, il n’y aurait ni guerre prolongée ni victoire finale.

  1. L’activité consciente est un trait distinctif de l’homme. Ce trait, l’homme le manifeste avec beaucoup de force dans la guerre.

   Il est vrai que l’issue de la guerre dépend d’un grand nombre de conditions propres à chacune des parties belligérantes, conditions militaires, politiques, économiques, géographiques, ainsi que du caractère de la guerre et de l’ampleur de l’aide internationale. Mais elle ne dépend pas uniquement de ces conditions.

   Ces conditions ne font que poser la possibilité de l’une ou de l’autre issue de la guerre. Par elles-­mêmes, elles ne font ni la victoire, ni la défaite.

   Pour amener la décision, il faut encore des efforts subjectifs ; ce sont la direction et la conduite des opérations, c’est l’activité consciente dans la guerre.

  1. Ceux qui dirigent la guerre ne peuvent s’attendre à remporter la victoire en sortant du cadre défini par les conditions objectives, mais ils peuvent et ils doivent s’efforcer de remporter la victoire, par leur action consciente, dans ce cadre même.

   La scène où se déroulent leurs activités est bâtie sur ce qui est permis par les conditions objectives, mais ils peuvent, sur cette scène, conduire des actions magnifiques, d’une grandeur épique.

   S’appuyant sur les conditions matérielles objectives données, ceux qui dirigent notre Guerre de Résistance doivent montrer de quoi ils sont capables et mettre en œuvre toutes les forces dont ils disposent pour écraser l’ennemi de notre nation, changer la situation de notre société et de notre pays victimes de l’agression et de l’oppression, et édifier une Chine nouvelle où règnent la liberté et l’égalité.

   C’est ici que peut et doit s’exercer notre capacité subjective de diriger la guerre.

   Nous ne voulons pas que ceux qui dirigent notre Guerre de Résistance se détachent des conditions objectives et deviennent des têtes brûlées frappant à tort et à travers, mais nous tenons à ce qu’ils deviennent des capitaines courageux et clairvoyants.

   Ils ne doivent pas seulement avoir le courage d’écraser l’ennemi, ils doivent aussi savoir dominer tout le cours de la guerre, dans toutes ses vicissitudes et tous ses développements.

   Les chefs militaires, nageant dans l’immense océan de la guerre, doivent non seulement se garder de se noyer, mais encore être capables d’atteindre sûrement le rivage opposé à brasses mesurées.

   La stratégie et la tactique en tant que lois de la conduite de la guerre sont l’art de savoir nager dans l’océan de la guerre.

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