L’école laïque contre la classe ouvrière

L’école laïque contre la classe ouvrière

Joseph Boyer

   Le 4° Congrès de l’Internationale des travailleurs de l’enseignement, après étude des questions suivantes : école et morale, école et religion, lutte contre la guerre et l’impérialisme. Constate que les écoles des États bourgeois, religieuses ou laïques, répandent chez les enfants des prolétaires une idéologie et une morale conformes au maintien de la domination politique, économique et morale de la classe capitaliste.
(Congrès de Vienne, 1926.) La seule issue, c’est la lutte sociale substituée à la réforme pédagogique.
PlSTRAK, (Rapport aux Journées pédagogiques de l’I. T. E., Pâques 1928).

L’École laïque et la classe ouvrière

Contre le cinquantenaire de l’école laïque

   1881-1931. Voilà 50 ans que dans la République bourgeoise capitaliste, le ministre Jules Ferry a créé l’école laïque. Pendant 50 ans, la bourgeoisie, grâce à l’école laïque, a forgé les cerveaux de deux générations. Pendant 50 ans, les travailleurs français, dupés par la rivalité superficielle de l’école laïque et de l’école congréganiste, par cette concurrence de deux méthodes d’asservissement en réalité parallèles et complémentaires, toutes deux au service du même but (comme ils le furent par la rivalité apparente entre la bourgeoisie de gauche et la bourgeoisie de droite), ont cru voir dans l’école laïque l’instrument de leur libération ! C’est une énorme illusion contre laquelle il nous faut combattre. Croit-on que la bourgeoisie aurait été assez stupide pour mettre entre les mains des travailleurs une arme leur permettant de lutter contre elle-même?

   Non, pas plus qu’il n’a à attendre d’amélioration à son sort de la bourgeoisie de gauche plus que de la bourgeoisie de droite, le prolétariat français n’a à attendre sa libération de l’école laïque bourgeoise plus que de l’école congréganiste bourgeoise. Le bourgeois franc-maçon et le bourgeois catholique, étroitement associés dans les firmes capitalistes, exploitent également les travailleurs. L’école laïque bourgeoise et l’école congréganiste bourgeoise bourrent également le crâne des enfants, sont au même titre des instruments de domination du capital. C’est ce que nous démontrerons dans cette brochure.

   Mais avant tout raisonnement, un seul fait suffit à le prouver : le grand massacre de 1914-1918. Qui donc a préparé pendant 33 ans les cerveaux des travailleurs à l’idée de la revanche de 1870-1871, de la reprise de l’Alsace-Lorraine ? Qui donc les a préparés à accepter l’ignoble tuerie, à se faire massacrer pour le capitalisme français? C’est l’école laïque bourgeoise rivalisant de zèle sur ce point avec l’école congréganiste. C’est l’instituteur français, pauvre crâne bourré chargé de bourrer les crânes, rivalisant de zèle sur ce point avec le curé du village.

   La bourgeoisie française fête le cinquantenaire de l’école laïque, de « son » école. Elle fête l’école qui lui a permis pendant 50 ans de sauver le régime capitaliste en fabriquant des cerveaux à mentalité d’esclave.

   Les travailleurs n’ont pas à s’associer à cette mascarade.

   École laïque ? Oui, mais pas au service de la bourgeoisie.

   École laïque ? Oui, mais au service des travailleurs exploités, celle qu’ils créeront quand ils auront renversé la bourgeoisie et pris le pouvoir, l’école prolétarienne du travail, dont nos camarades russes ont édifié un magnifique exemple.

   Que tous les travailleurs encore abusés par l’idée du laïcisme bourgeois, que tous les instituteurs qui ont reçu dans les écoles bourgeoises l’empreinte de l’enseignement contrôlé par l’État bourgeois s’ingéniant à en faire de serviles serviteurs du régime, lisent notre brochure. Ils comprendront qu’en régime capitaliste l’École, même laïque (et elle le sera de moins en moins), comme l’Église, comme la Presse, ne peut être un instrument de libération humaine. Elle est un instrument d’oppression et de conservatisme au service du capitalisme dominant.