12. Quel rôle incombe aux communistes ?

Textes de bases du PCm

Parti Communiste Maoïste (PCm)

VI. Prolétaires immigrés

12. Quel rôle incombe aux communistes ?

   Nous devons prendre en compte ce qui a déjà été réalisé par les communistes avant nous sur ce terrain là, le Parti Communiste jusqu’en 44 avec notamment les FTP-MOI, et la Gauche Prolétarienne.

   La GP a mené ou a été à l’initiative d’importantes luttes de travailleurs immigrés, non seulement dans les usines comme celles des OS à Renault, mais aussi contre les conditions de travail, contre les maladies professionnelles comme à Pennaroya (saturnisme).

   Les assassinats de travailleurs immigrés ont été nombreux dans les années 70, des travailleurs sortant des abattoirs de la Villette ont été jetés dans le canal de l’Ourcq, la GP a organisé des rondes de protection.

   Les assassinats n’ont pas cessé pour autant, même s’ils ne sont plus si concentrés comme c’était le cas de la Villette.

   Elle a lutté pour la carte de travail (carte de 10 ans) à Amiens et Sainte Geneviève des Bois.

   Elle a impulsé la lutte des travailleurs du foyer Noir d’Ivry, et la lutte nationale des foyers Sonacotra pour de meilleures conditions de logement et la baisse des loyers.

   La Gauche Prolétarienne a lutté sur les lieux de travail, sur les lieux de vie et sur le chemin entre les deux.

   * Il est nécessaire d’avoir une relation égalitaire et exigeante dans le cadre de luttes de sans-papiers ou de personnes ne parlant pas ou peu le français. La question du respect et de la lutte contre les à priori est importante.

   * Se pose ainsi la question de comment arrive-t-on à avoir un rapport égalitaire avec les camarades sans-papiers ? Contrairement aux mouvements humanistes et/ou caritatifs qui rentrent dans le cliché raciste que le sans-papiers n’est tellement rien qu’il ne peut rien offrir, à part du savoir culinaire et musical, il est important de réfléchir aux relations entretenues entre les militants notamment sur la base des rapports entre sans-papiers et « français ». Un sans-papiers prend bien plus de risques, il y a une responsabilité de lui et de ses camarades concernant sa sécurité mais il ne doit pas pour autant être infantilisé, son rôle et ses responsabilités réduites. L’organisation révolutionnaire ne doit pas reproduire la juridiction bourgeoise qui fait des sans-papiers des sans-droits. Le respect ne se décrète pas, il se construit. Respecter, c’est aussi concevoir les rapports avec celles et ceux qui sont aidés dans un rapport d’échange à égalité, un sans-papiers qui se retrouve aidé par le Parti doit aussi pouvoir lui rendre la pareille. Il ne faut cependant pas partir dans l’extrême inverse du clientélisme qui reproduit l’usure (embryon du capitalisme) qui ferait des dettes disproportionnées par rapport au service rendu et qui ne donnerait pas aux camarades concernés la capacité de participer aux décisions du Parti. Le Parti doit construire et diriger les structures qui seront les embryons des bases rouges, en s’appuyant notamment sur les laissés pour compte du capitalisme et de la société dirigée par la bourgeoisie. Dans la société bourgeoise, les travailleurs et travailleuses sans-papiers n’ont vraiment rien, que ce soit du point du vue juridique, matériel ou symbolique. Ils sont la preuve de la barbarie du système capitaliste, le font fonctionner et à ce titre ont un très grand rôle à jouer dans la révolution prolétarienne.

   Il est nécessaire pour le Parti de les rallier sous son drapeau et de par là développer des organisations de masse spécifiques aux luttes sans-papiers et d’intégrer des cadres travailleurs sans-papiers au sein du Parti et de sa direction. Un camarade sans-papiers de par le poids des oppressions qu’il subit, en relevant la tête se retrouvera bien plus aguerri que beaucoup. Il devient ainsi une base solide sur lequel le Parti peut s’appuyer. Ce sont celles et ceux qui arrivent le plus à surmonter la barbarie du système capitaliste qui sont le plus à même de la renverser.

   Il est aussi nécessaire de rompre dans la lutte avec le caractère individuel, voire même archaïque, avec le système des « familles » (institué volontairement par le droit bourgeois dans ce cadre). C’est la lutte collective seulement qui arrachera la dignité dont nos camarades ont besoin pour constituer avec le Parti les bases rouges. Les luttes individuelles puisque se basant sur le droit et la philosophie bourgeoise mènent irrémédiablement en luttes administratives avec exceptions. La lutte collective est politique et c’est la seule qui est capable d’arracher des avancées concrètes qui sortent du caractère exceptionnel des avancées, inhérent aux luttes administratives. La question de la classe sociale, et spécifiquement la classe ouvrière est centrale dans les luttes de sans-papiers. Pour être véritablement conséquent, le mouvement des sans-papiers doit être prolétarien et doit être dirigé par un véritable parti communiste qui se dotera des outils pour renverser la bourgeoisie.

   * Il est important de garder, développer les liens avec les camarades communistes qui font partie des diasporas. Et de développer des discutions sur comment les camarades étrangers s’organisent pour la révolution ici.

   * Dans une société raciste, on ne peut pas être 100 % antiraciste. Être raciste, ce n’est pas une insulte, c’est un fait, un fait qui a été intériorisé. C’est dur pour un petit blanc de savoir qu’il est raciste mais ce n’est pas pour autant que c’est une stigmatisation. Pour lutter contre le racisme, il faut l’expliquer, le montrer dans les faits, lutter dans tous les cadres d’organisation (syndicats, organisations de masse, Parti,…) et la vie au quotidien contre les logiques et les réflexes racistes en faisant bien attention à ne pas faire une histoire de « politesse », il faut lutter contre le racisme dans nos rapports sociaux au niveau de leur structure et de l’imaginaire collectif et individuel. Il faut se poser la question d’auto-organisation des immigrés et des descendants d’immigrés au sein du Parti. Comme pour toutes les autres questions, il y a une lutte de ligne chez les individus et dans le Parti sur la question du racisme. Le rôle du collectif est de nous corriger les uns et les autres. Tout seul, on dérive vers l’infinitude de la solitude et toutes les conséquences destructrices telles que la paranoïa ou l’intransigeance. Seul, l’individu ne va nulle part, c’est par le seul collectif qu’il peut s’émanciper, c’est pour cette raison que le racisme doit être combattu par tous, tout en respectant les spécificités et leur reconnaissant la capacité de s’organiser. La lutte contre le racisme ne doit pas être détachée de la lutte contre l’impérialisme.

   * Tous les immigrés ne sont pas nos alliés, parmi eux on peut retrouver des membres d’organisations fascistes tels que les loups gris, d’autres sont des bourgeois, d’autres des réactionnaires qui fuient la révolution dans leur pays. Il faut être attentif à ceci et par conséquent lutter contre la propagande réactionnaire qui fait de l’immigration un ensemble monolithique.

   * D’un point de vue organisationnel, notre Parti peut avoir une politique spécifique vis à vis des travailleurs et travailleuses immigrés étant donné qu’ils subissent une oppressions spécifique. D’un côté, nous n’avons qu’un seul Parti regroupant l’avant-garde prolétarienne présente sur le sol français sans distinction d’origine nationale. De l’autre, nous avons le devoir de générer des organisations de masses afin de regrouper la masse des travailleurs et travailleuses immigrés et de leur famille sous la direction du Parti. Ces organisations de masses permettent aux travailleurs et travailleuses immigrés de se grouper et de lutter sur des questions qui sont spécifiques, tout en maintenant l’union de la classe derrière le Parti qui est l’outil principal de la révolution. Nous pouvons nous appuyer pour ce travail sur des exemples ayant déjà existé, principalement sur le MTA (Mouvement des Travailleurs Arabes) et sur la MOI (Main d’œuvre Immigrée).

   L’émancipation des travailleurs et travailleuses immigrés est impossible sans une révolution socialiste par la guerre populaire prolongée, il sont une des grandes forces motrices de la révolution dans l’avant-garde ouvrière. Ils le seront au même titre qu’ils le furent pendant la seconde guerre mondiale, où les travailleurs immigrés organisés dans la FTP-MOI sous la direction du Parti Communiste, ont formé certains des rangs les plus combatifs de la résistance anti-fasciste. Les travailleurs immigrés en France furent les glorieux martyrs de la lutte contre le nazisme.

PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSONS NOUS !

VIVE L’UNION DE LA CLASSE DANS SA DIVERSITE !

flechesommaire2