Chapitre 10 : Les leçons de la Commune de Paris

Cours de base sur le marxisme-léninisme-maoïsme

Parti Communiste d’Inde (maoïste)

Chapitre 10 : Les leçons de la Commune de Paris

   La Commune de Paris a été la première fois dans l’histoire où le prolétariat a pris le pouvoir et a tenté de mettre en place sa propre loi. La Commune n’a pu consolider sa domination et a été écrasée dans un délai de 72 jours. Cependant, son expérience a été d’une importance historique mondiale. Au cours de sa courte existence, elle avait donné un aperçu de la nouvelle société. Grâce à ses exemples positifs autant qu’à ses erreurs, elle a fourni des leçons immensément précieuses pour la classe ouvrière du monde entier. Marx, dans son rôle de meneur de la Première Internationale, a résumé les leçons de cette grande expérience pour le prolétariat international.

   Le contexte de la Commune de Paris a été causé par la guerre franco-allemande de 1870-1871. Cette guerre a commencé en juillet 1870 lorsque l’Empereur réactionnaire de France Napoléon III ordonna d’attaquer la Prusse (qui, avec d’autres provinces plus petites est devenue l’Allemagne en janvier 1871), parce qu’il pensait à tort que les Prussiens étaient en position de faiblesse. Ses armées ont été rapidement vaincues et Napoléon III se rendit et fut fait prisonnier par les Prussiens en septembre 1870. La capitulation de Napoléon III a été suivie par la mise en place d’une République dirigée par un homme politique nommé Thiers. Thiers signa en mars 1871 un traité de paix avec les Allemands. Paris, qui avait été encerclée par l’armée prussienne depuis septembre 1870, ne s’est cependant pas soumise au gouvernement de Thiers. La ville était contrôlée par la Garde Nationale, principalement composée de travailleurs. Le 18 mars 1871, Thiers décida d’envoyer son armée sur Paris pour désarmer la garde nationale. Cela provoqua une révolte dans laquelle deux des généraux de l’armée française furent abattus tandis que l’armée battait en retraite. Le pouvoir sur Paris était désormais pleinement aux mains de la Garde Nationale qui organisa la semaine suivante des élections afin d’établir un Conseil de la Commune composé de 92 membres. Le Conseil, qui comptait un grand nombre de travailleurs ainsi que de membres de la Première Internationale, devint l’organe de gouvernement de la Commune. Il a mis en place de nombreuses mesures progressistes pour réorganiser la vie politique et l’administration de la ville et a donc reçu l’appui de l’ensemble des travailleurs. La Commune de Paris était cependant un gouvernement soumis aux attaques constantes. Craignant la force de la classe ouvrière, les oppresseurs allemands et français s’étaient immédiatement associés pour écraser la Commune. L’Allemagne aida même directement le gouvernement de Thiers en libérant une grande partie de l’armée française faite prisonnière en 1870. Le gouvernement de Thiers, renforcé par ces soutiens, se lança ensuite dans une campagne de grande envergure afin de conquérir Paris. Les travailleurs se sont battus avec courage, mais ils n’étaient pas de taille face à une armée professionnelle bien équipée. Après plusieurs jours de combats héroïques, faisant des milliers de martyrs, la Commune a été écrasée le 28 mai 1871. Même après la prise de contrôle de Paris par les Versaillais, plus de 30 000 communards ont été massacrés de sang-froid. Plus de 45 000 ont été mis face à la cour martiale, et beaucoup furent exécutés alors que d’autres étaient envoyés en prison, au bagne de Guyane ou en exil. La bourgeoisie était déterminée à donner une bonne leçon aux travailleurs afin qu’ils ne rêvent jamais de saisir le pouvoir à nouveau.

   La Première Internationale était à l’apogée de son attrait populaire à l’époque de la guerre franco-prussienne et de la Commune de Paris. Elle avait une large base au sein des travailleurs et donnait régulièrement des conseils sur les questions politiques. Lorsque la guerre franco-prussienne éclata Marx sortit immédiatement un document au nom du Conseil général de la Première Internationale. Ce document est l’une des premières applications des principes tactiques marxistes concernant la guerre. Marx a appelé à la solidarité internationale des travailleurs tout en accusant les dirigeants de la France et de la Prusse d’avoir provoqué la guerre. En raison de la propagande de l’Internationale, un fort esprit d’internationalisme régnait chez les ouvriers allemands et français. August Bebel et Wilhelm Liebknecht, deux membres du parlement et dirigeants du parti du prolétariat allemand furent mis en prison pour avoir voté contre les crédits de guerre prussiens alors qu’ils étaient membres marxistes de l’Internationale.

   Au début de la guerre, Marx la caractérisa de guerre défensive du côté allemand en raison de la nature réactionnaire et agressive du régime de Napoléon III. Il avait cependant vu venir la chute de ce souverain réactionnaire. Lorsque cela se produisit, Marx écrivit un nouveau document afin d’appeler les travailleurs allemands à s’opposer à ce qui était désormais une guerre de conquête pour l’Allemagne. Il a demandé la paix avec la France et la reconnaissance de la nouvelle République. Pour lui, cette République était menée par l’aristocratie financière et la grande bourgeoisie. Il a cependant estimé qu’il serait prématuré de tenter de renverser la République pour former un gouvernement ouvrier. En fait, Marx s’est fermement opposé à toute tentative d’insurrection à Paris. En effet, l’ennemi allemand avait déjà entouré Paris et il y avait très peu de chances qu’une insurrection puisse survivre dans de telles circonstances.

   En dépit des conseils de Marx, les militants de diverses tendances anarchistes et conspiratrices, qui avaient un certain écho à Paris, ont tenté plusieurs fois d’organiser un soulèvement. Lorsque l’insurrection eut effectivement lieu, Marx, malgré son opposition passée, déclara un soutien plein et militant à la Commune. Il a immédiatement reconnu son importance historique et a envoyé des centaines de lettres à travers le monde pour essayer de renforcer le soutien à la Révolution. Il a gardé contact avec les Communards grâce à des messages qui transmettaient ses conseils aux Internationalistes de la Commune. Consultant Engels, qui était un expert des affaires militaires, il a également envoyé des conseils au sujet de la défense militaire de la Commune. Bien que la direction de la Commune était entre les mains des membres d’autres groupes et tendances, les marxistes ont fait tout ce qui était en leur pouvoir afin de renforcer ses activités et la défendre. Après la défaite de la Commune, l’Internationale était la principale organisation qui a pu s’occuper de loger et d’aider les Communards en exil à trouver un travail loin de la répression brutale de la bourgeoisie française.

   Marx, qui a immédiatement salué la Commune comme un événement d’une immense importance historique, en a fait une analyse approfondie en essayant de tirer des leçons de son expérience. Ce travail, La Guerre civile en France, a été écrit pendant la Commune, mais ne put être publié que deux jours après sa chute. Il a servi à propager les réalisations de la Commune et à construire l’approche correcte de cet événement pour les révolutionnaires et les travailleurs du monde entier.

   Marx a souligné tout d’abord les grandes mesures positives et révolutionnaires prises par la Commune, qu’il a présenté comme l’incubation de la nouvelle société. Il a noté les décisions politiques majeures qu’ont été la séparation de l’Église et de l’État, l’abolition des subventions à l’Église, le remplacement de l’armée professionnelle par une milice populaire, l’élection et le contrôle de tous les juges et magistrats, la limite de salaire pour tous les représentants et leur responsabilisation devant l’électorat etc. Les grandes mesures socio-économiques de la Commune ont quant à elles été l’éducation gratuite et généralisée, l’abolition du travail de nuit dans les boulangeries, l’annulation des amendes patronales sur le salaire dans les ateliers, la fermeture des prêteurs sur gage, la saisie des usines abandonnées par les coopératives de travailleurs, des allocations chômage, des maisons rationnées et de l’assistance aux endettés. Toutes les mesures ci-dessus ont montré qu’étant donné l’absence de direction claire de la Commune, toutes ses décisions avaient la marque claire du prolétariat parisien. Malgré l’état de siège permanent dans laquelle elle s’est exprimée, la Commune montra la première inspiration de la société que la révolution prolétarienne mettrait en place. Elle a fourni la première expérience du prolétariat à la tête de l’État – ce que Marx et Engels ont nommé la première dictature du prolétariat.

   La Commune, par ses faiblesses, a également fourni des enseignements précieux pour les luttes futures du prolétariat. Ceux-ci ont été démontrés par Marx. La première erreur de la Commune a été l’absence de direction claire et centralisée de la part d’un seul Parti prolétarien. A partir de ceci, Marx en a conclu que le succès de la révolution passait nécessairement par la direction d’un Parti prolétarien fort, discipliné et lucide sur la situation. L’autre point, que Marx a souligné à plusieurs reprises, a été la nécessité de briser l’appareil d’État plus tôt. Afin de construire les États ouvriers à venir, il ne serait pas possible de s’appuyer sur la veille machine d’État bourgeoise où les hauts fonctionnaires sont ceux qui défendent le plus le maintien de l’ordre social. En fait, il faudrait d’abord briser l’appareil d’État le plus tôt possible et se débarrasser des administrateurs qui y sont associés.

   Dans la période de réaction et de répression suite à la Commune, il y a eu une confusion considérable au sein des forces révolutionnaires, sur la manière dont elles analysaient ces expériences et sur les conclusions correctes qu’il fallait en tirer. Les anarchistes, qui avaient participé en grand nombre à la Commune, en ont été particulièrement incapables. L’analyse de Marx a donné une position claire permettant de combattre toute confusion. Marx a également aidé à propager la bonne analyse de la Commune à l’ensemble du monde. Suite à la Commune, la bourgeoisie a dépeint Marx comme le véritable chef de la Commune et il a même été interviewé par la presse mondiale. Grâce à ces entretiens, il a ainsi pu présenter la bonne analyse dans divers pays. Le marxisme fournissait donc à nouveau les réponses adéquates.