Qu’est-ce que le TKP(ML) – TIKKO ?

Qu’est-ce que le TKP(ML) – TIKKO ?

  1. Qu’est-ce que le TKP(ML)?

   « Pour faire la révolution, il faut qu’il y ait un parti révolutionnaire. Sans un parti révolutionnaire, sans un parti fondé sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes masses populaires contre l’impérialisme et ses valets «  (Mao-Tsé-Toung)

   Le TKP(ML) est le Parti Communiste de Turquie (Marxiste-Léniniste). Il a été fondé en 1972 par Ibrahim Kaypakkaya, qui succombera le 18 Mai 1973 à plus de 60 jours de torture.

   Le TKP(ML) est une organisation dont l’objectif est l’instauration d’une société sans classes ni Etat, c’est-à-dire qu’elle est marxiste, qu’elle suit les principes développés par KARL MARX et FRIEDRICH ENGELS.

   Le TKP(ML) se rattache à la tradition marxiste-léniniste, c’est-à-dire aux développements théoriques et pratiques du marxisme tels qu’ils ont été formulé et résumé par LENINE et STALINE.

   Le TKP(ML) est une organisation maoïste, car elle reconnaît le maoïsme comme une troisième étape de développement du marxisme (le léninisme étant la deuxième).

   Pourquoi  « TKP(ML)  » ? Il y a une raison toute simple, historique. Après la révolution russe Lénine a organisé la formation d’une Internationale Communiste (le KOMINTERN), et dans chaque pays se sont formés des partis communistes (de tel ou tel pays).

   Après la mort de Staline l’URSS s’est vu dominée par une nouvelle bourgeoisie, et beaucoup de partis communistes dans le monde sont devenus officiellement réformistes et ont révisé le marxisme-léninisme.

   Le Parti Communiste Chinois a mené une grande lutte idéologique contre ce révisionnisme, et ceux/celles qui en acceptaient la critique dans le monde entier ont quitté les P.C. inféodés à l’URSS pour former des P.C. marxiste-léniniste.

   Le TKP(ML) se rattache par son nom à cette tradition formée avec la critique maoïste des partis communistes révisionnistes et de l’U.R.S.S.

2. Quelle analyse le TKP(ML) a-t-il de la situation mondiale et de la situation en Turquie ?

    « Lutte de classes – certaines classes sont victorieuses, d’autres sont éliminées. Cela, c’est l’histoire des civilisations depuis des millénaires. Interpréter l’histoire d’après ce point de vue, c’est ce qui s’appelle matérialisme historique ; se placer à l’opposé de ce point de vue, c’est de l’idéalisme historique  » (Mao-Tsé-Toung).

   Le TKP(ML) ne s’est jamais fait d’illusions sur les pays de l’Est et l’U.R.S.S., qui sont considérés depuis les années 50 comme des dictatures bourgeoises. L’Union Soviétique était un pays social-impérialiste: social en parole, impérialiste dans les faits.

   Le TKP(ML) lutte pour abolir l’exploitation et l’oppression en Turquie. Cela signifie chasser l’impérialisme de ce pays et liquider les restes de féodalité existant. Et cela signifie mener une guerre populaire, où les campagnes encerclent les villes, pour prendre le pouvoir et détruire l’Etat fasciste turc.

   La guerre populaire est organisée par TIKKO, l’armée ouvrière et paysanne de libération de la Turquie. Selon les principes développés par Mao, c’est le TKP(ML) qui dirige l’armée.

   Pour le TKP(ML) la soi-disant harmonie dominante dans le monde est fictive, et la lutte contre l’impérialisme américain, l’exploitation capitaliste et les restes du féodalisme continue. Le TKP(ML) salue et soutient la guerre populaire menée par le Parti Communiste du Pérou.

3. Qui est Mustafa Suphi ?

   Né en 1883 à Giresun, il fit ses études à la faculté de sciences sociales de Paris. Il fut très influencé par la révolution russe de 1905 et commença à mener des actions politiques, ce qui ne fut pas apprécié des Sultans qui l’incarcérèrent dans le château de Sinap en 1913.

   Il s’évadera en 1914 et, après s’être lié aux Bolchéviks en 1915, entama une politique d’agitation au sein des ouvriers et paysans turcs de Russie. En 1918 il s’installera à Moscou et organise la parution du premier journal communiste de langue turque,  » Yeni Dunya  » (Le nouveau monde).

   Ce journal informera de la Révolution d’Octobre et servira à la création d’une nouvelle organisation. Cette dernière sera fondée le 25/07/1918 à la suite d’une conférence des socialistes de gauche turcs et prendra le nom d’organisation communiste de Turquie. Mustafa Suphi en est à la tête, et participe en tant que délégué à la réunion internationale des révolutionnaires à Pétrograd en décembre 1918.

   Le 22 septembre 1919 est fondé sous la direction de Sefik Hüsnü le Parti des ouvriers et des paysans de Turquie; le 14/07/1919 est fondé à Ankara le Parti Communiste populaire de Turquie sous la direction de Serif Manataf.

   Le TKP, Parti Communiste de Turquie, est fondé à partir de ces trois groupes (l’organisation communiste de Turquie, le Parti des ouvriers et paysans de Turquie, et le Parti Communiste populaire de Turquie) dans un congrès qui se tient le 10 septembre 1920. Le responsable en est Mustafa Suphi.

   À sa fondation l’objectif du TKP est de libérer le pays de l’impérialisme.

   Il organisera son armée avec les prisonniers de guerre de Russie, d’autres personnes originaires de Turquie et l’appellera  » le bataillon international des volontaires de l’Est « , où des Roumains et des Bulgares luttent également. Partant de Bakou en Azerbaïdjan ils seront arrêtés par les partisans du Dachnak (de cette tendance socialiste-révolutionnaire si décriée par Lénine) en Arménie.

   Mustafa Suphi et 14 membres du Comité Central et du parti décident alors de traverser Kars, où les Kémalistes affirment entendre les laisser passer. Mais le 28 janvier 1921 alors qu’ils tentent d’aller de Kars à Trabzon en bateau les gendarmes et la police les arrêtent et les font monter sur un petit bateau. Celui-ci est percuté et les camarades, dont Mustafa Suphi, meurent noyés.

4. Qui est Ibrahim Kaypakkaya ?

   Le camarade Ibrahim Kaypakkaya est né en 1949 dans le village de Karakaya, rattaché à la sous-préfecture d’Alaca, elle-même dépendante de la préfecture de Corum (au nord d’Ankara). Issu d’une famille paysanne, il va à l’école primaire puis à l’école élémentaire d’enseignant de Hasanoglu en 1960. Il fera là-bas connaissance avec les idées révolutionnaires et progressistes.

   Grâce à sa soif d’apprentissage et à son énergie il devient l’un des meilleurs élèves de son école et réussit avec succès l’entrée à l’IUFM de Capa et l’université de physique d’Istanbul en 1965.

   À cette époque les idées révolutionnaires se répandaient chez les masses, en particulier dans le jeunesse.

   Ibrahim Kaypakkaya faisait partie de ces personnes actives, et dès son entrée à l’école il devient membre de la FKF, la fédération des clubs d’idées.

   La FKF a en effet adopté les principes du socialisme, et mène des activités antifascistes et anti-impérialistes.

   En 1967 il ouvrira un bureau de la FKF à l’IUFM de Capa. Tout en menant une lutte révolutionnaire il mènera une autre, celle contre les dirigeants révisionnistes des organisations.

   Il s’éloigne peu à peu de l’école, et en 1969/70 ne mène pas la lutte que chez les étudiants, mais également chez les ouvriers et les paysans, faisant connaître le marxisme-léninisme partout où il y a grèves, occupations des terres par les paysans.

   Ibrahim Kaypakkaya, tirant par la suite les leçons de la grande grève du 15/16 juin 1970, devient actif dans la revue du TIIKP (parti révolutionnaire ouvrier et paysan de Turquie).

   Il s’aperçoit que la direction est un obstacle à la lutte révolutionnaire des masses et critique alors le réformisme droitier.

   En 1972 il dénonce le révisionnisme du TIIKP et assume avec ses camarades la formation d’un parti. Suite à l’importante activité en ce sens il forme le Comité de coordination du TKP(ML) en avril 1972, qui aboutira par la suite à la formation du parti.

   Ibrahim Kaypakkaya a ici joué un rôle historique, en reprenant l’héritage révolutionnaire du TKP et en assumant le marxisme-léninisme, pour ainsi contrer le révisionnisme et former l’unique organisation capable d’aboutir à la libération du prolétariat et de la paysannerie.

   Le MIT (les services secrets turcs) a tout de suite considéré le TKP(ML) comme l’organisation possédant la théorie et la pratique les plus dangereuses pour l’ordre dominant.

   Alors qu’ils menaient des actions dans la région de Dersim, Ibrahim Kaypakkaya et ses camarades furent traqués et obligés de se retrancher dans une baraque abandonnée pendant quelques jours.

   Suite à une dénonciation ils furent attaqués par les gendarmes le 24 janvier 1973.

   Le compagnon d’armes d’Ibrahim Kaypakkaya, Ali Haydar Yildiz, fut tué; lui aussi fut grièvement blessé et laissé pour mort par les gendarmes qui poursuivaient d’autres camarades. Ibrahim Kaypakkaya arriva à s’enfuir, se réfugia 5 jours et 5 nuits dans une grotte; la faim et le froid le poussèrent à demander de l’aide à des villageois le 29 janvier, mais l’un d’entre eux le dénonça. Il fut arrêté et amené au commissariat de Tunceli-Elazig, puis dans le centre de tortures de Diyarbakir.

   On lui coupa une partie de ses membres gelés par le froid, et il résista pendant trois mois et demi aux tortures infligées sans rien révéler des structures du TKP(ML), selon le principe  » on donne sa vie mais pas ses secrets « . Dans la nuit du 17 au 18 mai 1973 il fut assassiné.

5. Quel est le parcours idéologique du TKP(ML)? Pourquoi existe-t-il un TKP(ML) et un TKP/ML ?

   Dans les années 60 fut fondé en Turquie la  » FKF « , la fédération des Clubs d’Idées, rassemblant plusieurs tendances révolutionnaires.

   Ibrahim Kaypakkaya a été à l’initiative de la formation de sections du FKF, et ses analyses le conduisent à rompre au niveau de l’organisation pour former le TKP-ML et TIKKO. Le TKP-ML est malheureusement très vite victime de la répression, Ibrahim Kaypakkaya se faisant capturer et torturer plus de 60 jours (il ne révèlera rien des structures du TKP/ML).

   Fut alors formé en 1974 un « comité de coordination des activités régionales » afin de coordonner les différents groupes existant encore après la destruction du « centre » du TKP-ML.

   C’est également un temps de clarification idéologique, notamment contre les déviations sectaires: au niveau international c’est en effet, après la mort de Mao Zedong, l’agression du Parti du Travail d’Albanie contre les principes développés par Mao.

   Le TKP-ML se reforme très vite et développe la guerre populaire avec TIKKO. En 1987 un groupe sort du TKP-ML en raison de la ligne opportuniste du comité central du parti, et forme le TKP-ML/TIKKO DABK (comité pour l’Anatolie orientale), tandis que coexiste à côté le TKP/ML menant une conférence critiquant le comité central, ouvrant ainsi la voie de la réunification qui a lieu en 1992.

   Mais en 1994 un grave problème de démocratie interne conduit à la rupture entre un parti divisé en deux fractions, qui forment alors le TKP(ML)-TIKKO et le TKP/ML-TIKKO. S’il n’y a pas de différences idéologiques, la vie à l’intérieur du parti est conçue très différemment.

   Les militants du TKP(ML) reproche le fait que de très graves  » erreurs  » de hauts responsables aient été caché et qu’ainsi une atteinte majeure au marxisme-léninisme ait été faite.

6. Qu’est-ce que TIKKO ?

   TIKKO (Türkiye Isçi Köylü Kurtulus Ordusu) est l’armée ouvrière et paysanne de libération de la Turquie. Cette armée a été formé en même temps que le TKP/ML, soit le 27 avril 1972. TIKKO est la branche armée du TKP/ML, a pour but de mener la guerre populaire en créant et en s’appuyant sur des bases rouges, c’est-à-dire les zones libérées. TIKKO suit ainsi les principes développés par Mao-Tsé-Toung.

7. Qu’est-ce que le TMLGB ?

   Le TMLGB (Türkiye Marksist-Leninist Gençlik Birligi) est l’Union de la Jeunesse Marxiste-Léniniste de Turquie. Crée en même temps que le parti, et renforcé en 1990 par Ismail Oral, le TMLGB mène des actions de propagande (bombages, affichages…) en tant que mouvement de la jeunesse.

8. Quelle est l’activité actuelle du TKP/ML-TIKKO et du TMLGB ?

   A ses débuts TIKKO n’était actif que dans la région de Dersim, région choisie par Ibrahim Kaypakkaya.

   Après le lancement du slogan  » Un Dersim ne suffit pas, nous devons en créer 1000!  » par Baba Erdogan, TIKKO se dirigea sur plusieurs autres régions et est divisée en 4 unités principales. L’une est dans le Dersim, la seconde dans la région de la mer noire, la troisième dans la région allant de Bingöl à Diyarbakir en passant par Elazig-Palu et atteignant parfois Mardin, et enfin la quatrième dans l’Anatolie occidentale et les grandes métropoles que sont Istanbul, Ankara et Izmir.

   Nombre d’actions sont effectuées en défense de la presse et des droits de l’homme, de nombreuses associations ayant un poids fort dans les manifestations. Le TKP/ML construit et développe la guerre populaire pour l’organisation de la révolution populaire démocratique.

9. Quels sont les organes de presse du TKP/ML ?

   Il existe un organe illégal : I.K.K. (Isçi Köylü Kurtulusu, libération ouvrière et paysanne), qui est l’organe central mensuel rédigé par le Comité Central et ne parvient qu’aux membres du parti.

   Il traite de l’actualité dans le pays, de la ligne à suivre et développer ainsi que des derniers combats. Un organe spécifique existe pour les cadres, le  « Komünist ».

   Des parutions légales existent, comme le journal  « Partizan Sesi  » (Voie Partisane) qui est devenu  « Halkin Gunlugu  » (Le quotidien du peuple), et qui traite tous les quinze jours de l’actualité révolutionnaire ;  « Partizan Gençlik  » (Jeunesse Partisane) est une revue mensuelle pour la jeunesse,  « Öncü Partizan  » (avant-garde partisane) est un organe théorique mensuel.

   De nombreux journaux sont interdits, leurs bureaux fermés (cela a été le cas pour  « Halkin Demokrasi » , démocratie populaire, et  « Partizan Sesi  » dont nous avons parlé).

10. Quelle est l’analyse du TKP/ML quant à la question kurde ?

   Le fondateur du TKP/ML, Ibrahim Kaypakkaya, a beaucoup travaillé cette question. Comme il l’affirme,  « la politique raciale en Turquie est une politique des classes dominantes locales, la politique de la partie la plus réactionnaire de la bourgeoisie et du féodalisme; elle a un caractère féodal et féodal-bourgeois « .

   La politique raciste en Turquie profite aux classes de la grande-bourgeoisie turque (avec un caractère compradore) et les grands propriétaires terriens. L’impérialisme US profite également de cette situation et accentue le racisme.

   La bourgeoisie moyenne nationale participe également à cette politique, même si de manière plus discrète.

   Pour Ibrahim Kaypakkaya donc  « le mouvement national kurde est à considérer comme mouvement d’une nation opprimée contre les classes dominantes d’une nation dominante. Elle est pour cela progressiste et a un contenu démocratique. Nous soutenons de manière décidée et sans conditions ce contenu démocratique ».

   Il ne s’agit pas seulement de lutter contre les injustices commises à la nation kurde, mais également de combattre la bourgeoisie et les propriétaires terriens de la nation opprimée, sans quoi la paysannerie, les ouvriers, les travailleurs seraient divisés. L’unité des dominés est primordial; cela signifie pour les ouvriers et paysans de Turquie repousser les influences nationalistes panturques et soutenir le droit à l’autodétermination du peuple kurde.

11. Que pense le TKP/ML du kémalisme et de Mustafa Kemal ?

   Pour le TKP/ML, suivant les analyses d’Ibrahim Kaypakkaya, qui ont marqué une rupture nette avec les tendances petites-bourgeoises, le kémalisme correspond au fascisme.

   Le kémalisme est une révolution des classes dominantes de la bourgeoisie commerçante turque, des grands propriétaires terriens, des usuriers et de la très petite bourgeoisie industrielle.

   C’est-à-dire que la ligne de cette révolution est donnée par la grande-bourgeoisie compradore et les grands propriétaires terriens; la bourgeoisie moyenne nationale n’a pas été à l’avant-garde du kémalisme.

   Alors que le kémalisme prétendait d’un côté refuser l’influence de l’impérialisme, de l’autre main il discutait en sous-main pour une collaboration active.

   Le kémalisme correspond à une initiative des dominants, et est en fait dirigé contre les paysans et les travailleurs, parce que bloquant une révolution agraire. Le kémalisme n’a fait  » que  » transformer la Turquie d’un pays colonisé, semi-colonisé et semi-féodal en pays semi-colonisé et semi-féodal.

   A la place de la vieille bourgeoisie compradore qui appartenait aux minorités nationales, et à la place de la vieille haute bureaucratie, le kémalisme a amené au pouvoir une nouvelle bourgeoisie turque, venant de la bourgeoisie moyenne nationale collaborant avec l’impérialisme.

   La république bourgeoise remplace la monarchie, et n’est démocratique qu’en apparence, de fait il s’agit d’une dictature militaire de type fasciste.

12. Quel est le concept de guerre populaire du TKP/ML ?

   C’est Ibrahim Kaypakkaya qui a étudié et repris, en les adaptant à la situation de la Turquie, les 5 points nécessaires à la Guerre Populaire tels que Mao-Tsé-Toung les a défini.

   Tout d’abord une base populaire sûr.

   Pour lui cette base est plus ou moins forte selon les régions, ceci étant dû aux différences de développement de l’économie et des déséquilibres régionaux en ce domaine. Il existe cependant selon lui dans chaque région une base populaire capable d’aider et de développer le mouvement révolutionnaire.

   Un parti fort et organisé est également nécessaire, ainsi qu’une armée rouge forte. Selon lui, si ce n’est pas encore le cas au moment où il commence la lutte armée, cette dernière (et elle seule) permettra d’y arriver, car elle permet la création et le renforcement de zones rouges. Sans lutte armée pas de parti ni d’armée rouge forte.

   Y a-t-il des zones propices à la guerre ? Selon lui cela est de moindre importance, le pays ayant de multiples zones de cette sorte.

   Y a-t-il des moyens suffisants pour vivre ? Pour cela il faut s’implanter dans des régions non dépendantes de l’extérieur, c’est-à-dire des régions ayant leur propre ressources alimentaires. Les régions ne peuvent être confondues avec les villes car celles-ci sont fournies par les campagnes et ne pourront plus être ravitaillées en cas de siège ou d’embargo. Les villes doivent être encerclées par les campagnes.

   Pour Kaypakkaya toutes les conditions sont remplies à part l’existence d’un parti fort et d’une armée forte; ces conditions sont subjectives et il s’agit de porter ces efforts là-dessus. Le parti et l’armée se développent dans la lutte armée, les zones libérées sont conquises un peu partout dans le pays et le front populaire révolutionnaire basée sur l’union du prolétariat et de la paysannerie pourra passer à l’assaut final.

13. Quelle est la formation des cadres du TKP/ML ?

   Les cadres et combattants du TKP/ML et de TIKKO sont formés chaque année dans des bases spéciales en Turquie et au Moyen-Orient. Il s’agit de bases où les cadres et les combattants reçoivent une formation politique et une connaissance approfondie du Marxisme-Léninisme-Maoïsme. Parallèlement à ces études le maniement des armes et les différentes stratégies à employer sont portés à connaissance.

   Dans les villes s’organisent des cellules combattantes de 4-5 personnes, dont l’apprentissage porte sur la stratégie et la guerre dans les métropoles.

14. Quel rapport le TKP/ML a-t-il avec le mouvement communiste dans le monde ?

   Le TKP(ML) fait partie des signataires de la déclaration du Mouvement Révolutionnaire International (RIM), qui a été fondé en 1984 sur les principes du Marxisme-Léninisme-Maoïsme et qui regroupait alors une vingtaine de mouvements et partis. Le TKP(ML) a été l’un des premiers à rentrer dans RIM.

   Des relations existent avec 123 autres mouvements dans le monde, particulièrement le Parti Communiste du Pérou, le Parti Communiste d’Inde (Guerre Populaire), le Parti Communiste du Népal (maoïste), le Parti Communiste des Philippines.

15. Qui est Barbara Kistler ?

   Barbara Kistler est une militante révolutionnaire de Suisse qui est morte en combattant dans les rangs de TIKKO.

   Elle est tombée en janvier 1993 à l’âge de 37 ans dans les environs de Dersim ; son groupe, composé de 50 révolutionnaires, a été attaqué par l’armée, vraisemblablement dans le cadre d’une offensive dirigée contre le PKK (Parti du Travail du Kurdistan).

   Barbara Kistler est née le 21 Octobre 1955 à Zurich, en Suisse.

   Elle fréquente à 15 ans un centre de jeunesse autonome qui sera fermé par la police peu de temps après. Elle se politise peu à peu et devient révolutionnaire.

   Elle soutient les prisonniers politiques des groupes armés d’Europe de l’Ouest, leur rendant visite en prison pendant des années, tout en étant active dans les mouvements d’occupation de logements et de luttes sociales (en 1980 a lieu à Zurich une grande émeute de la jeunesse et une vague d’occupation sauvage de maisons).

   Elle est une des membres fondatrices du Secours Rouge, participe à la refondation du comité contre l’isolement carcéral (KGI) et initie la publication de la revue  « Subversion ».

   En 1991 elle rejoint le TKP/ML. Elle est arrêtée la même année dans un appartement clandestin ; Hatice Dilek et Ismail Oral (celui qui avait renforcé le TMLGB), qui venaient de quitter l’appartement, ont été abattu alors que non armés.

   Barbara Kistler est torturée deux semaines à la prison de Gayretepe, puis est placée dans la prison de Bayrampasa, où elle participe au collectif des prisonniers. Elle est libérée en novembre de la même année.

   En 1991, Barbara « Kinem » Kistler meurt de ses blessures et de froid. Avec elles meurent également Ali Ekber, Ali Demirdag, Zeki Peker, Erkan Fener, Batasul et Aleksan Yasin. Tombés ensemble pour la révolution internationale. Barbara Kistler a été nommé à titre honorifique et posthume membre d’honneur du Comité Central du TKP/ML.

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