Ordre du jour du Commandant en chef des forces armées de l’URSS n° 309

Ordre du jour du Commandant en chef des forces armées de l’URSS n° 309

Staline

Moscou, 7 novembre 1943

   Paru dans la Pravda, 7 novembre 1943.

   Camarades soldats et marins rouges, sous-officiers, officiers et généraux, partisans et partisanes ! Travailleurs de l’Union Soviétique !

   Au nom du Gouvernement soviétique et de notre Parti bolchevik, je vous salue et vous félicite à l’occasion du 26e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre.

   Nous célébrons le 26e anniversaire de notre Grande Révolution socialiste en ces jours de glorieuses victoires de l’Armée rouge sur les ennemis de notre Patrie.

   Voici plus de deux ans que notre peuple mène la guerre libératrice contre les oppresseurs fascistes allemands. II y a un an notre Patrie a connu des jours difficiles. L’ennemi nous avait enlevé à l’époque un vaste territoire. Des millions de citoyens soviétiques gémissaient dans l’esclavage allemand. Les hordes ennemies se ruaient vers la Volga pour déborder Moscou par l’est, assiégeaient les abords de la Transcaucasie. Mais l’Armée rouge a fait un rempart de son corps pour barrer la route à l’ennemi. Nos troupes ont arrêté les hordes de brigands étrangers ; puis, après les avoir défaites devant Stalingrad, elles les ont chassées impétueusement vers l’ouest. Depuis lors, l’Armée rouge garde invariablement l’initiative des opérations militaires.

   Dans l’hiver de 1942-1943 nos vaillantes troupes ont battu les années d’élite allemandes, italiennes, roumaines, hongroises, elles ont anéanti et capturé plus d’un million de soldats et officiers ennemis ; elles ont libéré un immense territoire, environ un demi-million de kilomètres carrés.

   Dans l’été de 1943 l’Armée rouge a infligé à l’ennemi un nouveau coup foudroyant. En quelques jours, nos troupes ont liquidé l’offensive d’été déclenchée par les Allemands, et c’est ainsi qu’elles enterraient le plan hitlérien visant à écraser les forces principales de l’Armée rouge et à déborder Moscou du côté d’Orel-Koursk. Bien plus, l’Armée rouge a elle-même pris résolument l’offensive, enfoncé les puissantes zones de défense adverse, et, en trois mois, elle a rejeté l’ennemi vers l’ouest, de quatre cents à quatre cent cinquante kilomètres en plusieurs endroits. Au cours de la campagne d’été, nos troupes ont chassé l’ennemi hors de l’Ukraine-rive gauche, du bassin du Donetz, de Taman, de la région d’Orel, de celle de Smolensk, et ont pénétré dans l’Ukraine-rive droite en s’emparant de Kiev, capitale de l’Ukraine soviétique ; elles ont pénétré en Biélorussie, occupé les abords de la Crimée, libéré plus de 160 villes et plus de 38 000 lieux habités.

   L’Armée rouge a conquis sur les Allemands, durant l’année écoulée, à peu près les deux tiers de notre territoire précédemment envahi par les Allemands, et affranchi du joug allemand des dizaines de millions de citoyens soviétiques.

   Durant l’année écoulée, les Allemands ont perdu sur le front soviéto-allemand plus de 4 millions de soldats et officiers, dont au moins 1 million 800 000 tués.

   C’est sur le front soviéto-allemand que les divisions d’élite bien entraînées de l’armée fasciste allemande ont trouvé une fin sans gloire. Avec elles, ont été enterrés à jamais les plans hitlériens de conquête du monde et d’asservissement des peuples.

   Certes, l’armée allemande continue, aujourd’hui encore, à se battre opiniâtrement, en se cramponnant à chaque ligne de défense. Mais les défaites subies par les Allemands depuis que leurs troupes ont été écrasées devant Stalingrad, ont entamé l’esprit combatif de l’armée allemande. Aujourd’hui, les Allemands craignent comme le feu l’encerclement et, lorsqu’ils sont menacés d’être débordés par nos troupes, ils s’enfuient, abandonnant sur le champ de bataille tout leur matériel et leurs soldats blessés.

   Durant les batailles offensives de l’année écoulée, nos troupes se sont enrichies de l’expérience acquise dans la conduite de la guerre moderne. Nos officiers et nos généraux dirigent habilement les troupes, ils s’assimilent avec succès l’art de manœuvrer les années. L’Armée rouge est devenue une armée moderne aguerrie et puissante entre toutes.

   Les victoires de l’Armée rouge ont affermi encore davantage la situation internationale de l’Union Soviétique. L’offensive de notre armée a été appuyée par les opérations militaires des troupes alliées en Afrique du Nord, dans les îles italiennes et dans le sud de l’Italie. L’aviation de nos alliés a soumis à des bombardements intenses les centres industriels de l’Allemagne. Il est hors de doute que les coups portés, de l’est, aux troupes allemandes par l’Armée rouge, et appuyés par les coups des forces principales des alliés du côté de l’ouest, aboutiront à foudroyer la puissance militaire de l’Allemagne hitlérienne et à faire triompher complètement la coalition antihitlérienne.

   L’Armée rouge n’aurait pas pu remporter les grandes victoires de cette année sans l’aide prêtée au front par le peuple entier. Le peuple soviétique donne toutes ses forces pour soutenir son armée. C’est en un flot interminable que s’acheminent vers le front les armements, les munitions, les vivres, l’équipement. L’Oural et le bassin de Kouznetsk, Moscou et la région de la Volga, Leningrad et Bakou, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, la Géorgie et l’Arménie, toutes nos républiques et régions constituent désormais un puissant arsenal pour l’Armée rouge. Le peuple soviétique travaille avec succès au rétablissement des régions industrielles et agricoles reconquises sur l’ennemi ; il met en  marche les fabriques, les usines, les puits de mine et les chemins de fer ; il régénère les sovkhoz et les kolkhoz, il met les ressources des régions libérées au service du front.

   Nos succès sont vraiment considérables. Cependant il serait puéril de vouloir s’endormir sur les succès acquis. Aujourd’hui que l’Armée rouge bat l’ennemi au-delà du Dniepr et s’ouvre un passage vers les frontières occidentales de notre pays, il serait particulièrement dangereux de se laisser aller à la placidité, à l’esprit de quiétude et de sous-estimer les difficultés extrêmes de la lutte imminente. Maintenant, l’ennemi se battra avec un acharnement particulier pour chaque parcelle du territoire envahi par lui, car chaque pas en avant accompli par notre armée rapproche l’heure du règlement de comptes avec les Allemands pour les forfaits qu’ils ont perpétrés sur notre sol.

   La lutte pour la victoire définitive sur les envahisseurs fascistes allemands demandera à l’armée et au peuple des efforts encore plus grands et de nouveaux exploits. Camarades soldats et marins rouges, sous-officiers, officiers et généraux, partisans et partisanes !

   Dans les grandes batailles que nous livrons à notre ennemi juré, vous avez remporté des victoires importantes et couvert les vaillants drapeaux de l’Armée rouge et de la Marine militaire d’une gloire impérissable. L’Armée rouge et la Marine militaire ont désormais toutes les possibilités pour chasser complètement, dans un proche avenir, les envahisseurs allemands, hors du territoire soviétique.

   Au nom de la victoire de notre Patrie sur les brutes fascistes allemandes,

   J’ORDONNE :

   1. A tous les hommes de troupe et sous-officiers, — de perfectionner sans cesse leur maîtrise de combattants, d’exécuter rigoureusement les exigences des statuts et règlements, les ordres des commandants et chefs, de veiller toujours et partout à l’ordre parfait, à la ferme discipline et à l’esprit d’organisation suprême.

   2. Aux officiers et aux généraux de toutes armes, de perfectionner la conduite des troupes sur le champ de bataille et la coopération de toutes les armes; d’exploiter à fond les succès de l’offensive, de poursuivre impétueusement les troupes adverses, d’amener avec plus de rapidité hommes et matériel de l’arrière, d’utiliser avec plus de hardiesse les réserves pour porter des coups nouveaux.

   3. A toute l’Armée rouge, — de forcer hardiment et avec résolution la défense ennemie, de poursuivre jour et nuit l’ennemi, sans lui laisser le temps de se fortifier sur les positions intermédiaires, de couper par une manœuvre habile et intrépide les communications de l’ennemi, d’envelopper et désarticuler ses troupes, de détruire et capturer les effectifs et le matériel de l’adversaire.

   4. Aux partisans et aux partisanes, — de lever les citoyens soviétiques pour la lutte armée contre les Allemands, de renforcer par tous les moyens l’aide à l’Armée rouge qui attaque, de foudroyer les amères et les états-majors ennemis ; de soustraire les citoyens soviétiques à leur extermination et à leur acheminement sur les bagnes allemands, de détruire sans merci la canaille fasciste allemande.

   Combattants de l’Armée rouge, partisans et partisanes ! En avant, pour l’écrasement complet des envahisseurs fascistes allemands !

   Vive le 26e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre !

   Vive notre Armée rouge victorieuse !

   Vive notre Marine militaire victorieuse !

   Vivent nos vaillants partisans et partisanes !

   Vive notre grande Patrie !

   Mort et vengeance aux envahisseurs fascistes allemands !

   Le Commandant en chef Maréchal de l’Union Soviétique J. Staline

Sur la Grande Guerre… —, p. 111.

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