Thèse sur la coopération

Thèse sur la coopération

Parti Communiste – Section française de l’Internationale communiste (PC-SFIC)

Le Parti ne considère la coopération que comme un moyen puissant de lutte de classes, il dénonce par conséquent l’illusion de la coopération « se suffisant à elle-même et suffisant à tout », dévoile le mensonge de la neutralité des coopératistes et invite ses membres à entrer dans les coopératives pour les conquérir à l’esprit communiste.

Surgie du formidable bouleversement économique et social de la fin du dix-huitième siècle et du commencement du dix-neuvième, l’association à forme coopérative est arrivée à un degré de développement tel, qu’elle a naturellement retenu l’attention et sollicité l’activité de tous ceux que préoccupe l’organisation économique de la société. Le rôle immense qu’elle est appelée à jouer n’a point échappé aux communistes russes, qui l’emploient partout où la socialisation directe ne peut être réalisée.

En elle-même, la coopération n’est pas nécessairement une organisation de classe : elle peut être utilisée par tous les partis ; comme l’a fort justement écrit un économiste français : « On peut lui demander ce qu’on veut, elle se prêle à n’importe quelle fin sociale ».

Le Parti Communiste déclare qu’à aucun titre il ne considère la coopération comme une solution, une fin ou un but ; elle est un moyen, un moyen puissant de lutte de classes.

Elle réalise pour les travailleurs certaines améliorations immédiates et leur permet ainsi de mener avec plus d’audace et de liberté, dans leur groupement politique — le Parti — d’une part, et dans leur groupement professionnel — le syndicat — d’autre part, le combat révolutionnaire

Elle permet d’utiliser la puissance de consommation de la classe ouvrière pour atteindre le parasitisme commercial.

Elle rend les prolétaires habiles à remplir les tâches si diverses et si lourdes de l’administration collective.

Dans la période prérévolutionnaire, elle soustrait au capitalisme, et retourne contre lui l’une de ses forces d’exploitation.

Elle assure, dans la période révolutionnaire — période difficile où le prolétariat, en possession du pouvoir, doit repousser les assauts furieux et répétés des classes adverses décadentes — elle assure le ravitaillement et, centralisant les produits pour les transporter aux consommateurs et à l’Etat, elle devient l’organe indispensable de répartition et d’échange.

Après le triomphe de la révolution prolétarienne, elle relie les exploitations de petite production paysanne avec les organismes centraux de l’Etat prolétarien et organise les échanges internationaux.

Enfin, organisme de production elle-même, la coopération groupe les petits producteurs et achemine vers le collectivisme leur esprit resté individualiste ; elle prouve encore que la classe ouvrière peut assumer la double charge d’exécuter le travail et de diriger, c’est-à-dire d’administrer la société elle-même.

Ainsi, le Parti Communiste marque de façon précise et limite le rôle, d’ailleurs important, de la coopération : aider puissamment le mouvement des travailleurs pour la conquête du pouvoir politique et seconder ensuite l’Etat prolétarien pour l’organisation communiste.

Contre le coopératisme

En France, les réformistes et les petits bourgeois — qui, pour des buts exclusivement personnels, se sont traînés longtemps derrière un socialisme complaisant à la bourgeoisie et qui l’ont abandonné dès le jour où il a paru vouloir accélérer sa marche vers la révolution — ont fait preuve d’une particulière habileté quand, profitant de l’absence des militants ouvriers jeunes et actifs, ils se sont emparés de la direction des grandes coopératives de fusion créées pendant la guerre, grâce aux subventions gouvernementales, et ont essayé d’en faire — ils y ont souvent réussi — les forteresses de la conservation sociale.

Ayant, d’autre part, à leur disposition, un très gros budget constitué par les sociétés coopératives qui ne peuvent se soustraire à cet impôt sans rompre avec le Magasin de Gros, centre vital des coopératives de ce pays, ils font servir ce budget aussi bien à leurs fins politiques qu’au développement coopératif auquel il est destiné.

Presque tous, actuellement, ils se sont ralliés au « coopératisme », au nom duquel ils prétendent, « par une prise de possession pacifique, lente et progressive de tout l’organisme social, en employant uniquement la puissance des consommateurs de toutes classes, groupés dans les coopératives de consommation », arriver à la solution définitive de la question sociale.

Aussi, de tous les partis de réforme, de tous les partis de réaction, des encouragements, des adhésions de principe vont à la coopération, dont les buts lointains, et d’ailleurs irréalisables, constituent une organisation de tout repos pour la bourgeoisie.

Le Parti Communiste s’oppose irréductiblement au coopératisme : il ne voit là qu’utopie dangereuse, illusion trompeuse, contre quoi il met en garde les travailleurs ; il leur signale le danger qu’il y aurait pour eux à s’abandonner au mirage de ce concept économique qui admet une coopération se suffisant à elle-même et suffisant à tout.

Il les avertit qu’un tel abandon ne pourrait atteindre qu’à ce double résultat : émousser leur énergie et leur courage, les plonger rapidement dans une amère déception et, à la fois, consolider l’ordre capitaliste dont les coopératistes, inconsciemment ou non, se trouvent être les plus fermes soutiens.

Les travailleurs auront donc à se convaincre qu’ils ne trouveront jamais leur salut dans la seule coopération et qu’ils devront indispensablement combiner leur action révolutionnaire, politique et économique, pour la reprise des moyens de production et d’échange.

Ce qu’il faut penser de la neutralité politique dans la coopération

La neutralité dont se targuent les coopératistes est une neutralité de façade destinée à donner le change aux masses prolétariennes dont la puissance d’achat leur est indispensable pour arriver aux fins qu’ils poursuivent.

A la vérité, toutes les fois qu’ils ont eu à prendre parti : en Russie, en Sibérie, en Ukraine, en Finlande, en Allemagne, en Hongrie, en France, partout, ils se sont alliés aux adversaires du prolétariat révolutionnaire.

Les membres du Parti Communiste ne se laisseront donc point arrêter dans leur inlassable et permanent effort de vulgarisation des idées communistes de lutte de classes, d’expropriation de la bourgeoisie, de dictature du prolétariat, etc…, par les conseils intéressés de neutralité menteuse qui ne cache qu’une subordination étroite de la politique de la bourgeoisie impérialiste.

Il ne saurait y avoir dans la coopération pour le Parti communiste, de neutralité sans duperie et les dirigeants actuels de la coopération n’étaient point neutres, hier, qui s’installaient dans l’union sacrée durant toute la guerre à côté de nos pires adversaires ; ils ne le sont point aujourd’hui encore ; leur complaisance à l’endroit des gouvernants bourgeois le prouve comme le prouve aussi leur affiliation aux diverses Internationales jaunes, dont ils sont presque tous les militants assidus.

Rôle et devoirs des communistes dans la coopération

Dans les conjonctures actuelles, où la crise sociale se manifeste de façon si profonde, où tout le système capitaliste est ébranlé et semble craquer déjà de toutes parts, où la production reste dans un état profond de stagnation, où la perte et le gaspillage de toutes les richesses sont évidents, où enfin les représentants du capitalisme s’avèrent impuissants à rien réparer ou refaire ; étant donné surtout le rôle immense que doit jouer la coopération au cours de la Révolution prolétarienne, le Parti se doit à lui-même de ne point négliger ce moyen de lutte.

La tâche à entreprendre par les communistes est vaste, le but sera long peut être à atteindre, mais cela ne doit pas les décourager ; ils verront ce but plus clairement et s’en rapprocheront d’autant plus qu’ils travailleront dans les coopératives avec plus de ténacité et de dévouement

L’objectif en vaut la peine, car une telle organisation aux mains des communistes peut assurer le succès de la Révolution.

Pour cela et tout en tenant compte que l’autonomie technique et administrative du mouvement coopératif doit être absolue, en ce qu’il a des buts propres à remplir, il importe que les communistes, qui savent que de son développement commercial dans la période pré-révolutionnaire dépendra l’aide qu’ils doivent en attendre, tant pour la destruction de la petite bourgeoisie mercantile que pour le succès des batailles où le prolétariat se trouve engagé d’une façon méthodique et coordonnée. C’est dans ces conditions et conformément aux résolutionsadoptées par le 3eCongrès de l’Internationale communiste que :

Le Parti Communiste français (S. F. I. C.) fait un devoir absolu, à tous ses membres, d’adhérer à la coopérative de consommation de leur commune ou de leur quartier ; de créer des coopératives par tout où il n’y en a pas, dans la mesure où ils prévoient qu’elles pourront vivre et se développer. Ils auront à y faire un double et vigoureux effort : y porter d’abord toute leur capacité d’achat et poursuivre, dans l’atelier et partout, une propagande persévérante et systématique, dans le but de conquérir au communisme le plus grand nombre de coopérateurs et partant la coopération elle-même.

Ils se souviendront que si la coopération n’est pas spécifiquement communiste, elle peut et doit le devenir par l’esprit des communistes mêmes qui lui consacrent leurs efforts et qu’une de leurs tâches essentiellement consistera à substituer à ses dirigeants actuels des communistes sûrs et expérimentés.

Ils devront aussi adhérer au Cercle des coopérateurs de leur société ou de leur section et s’évertueront à connaître rapidement les méthodes d’administration et de contrôle qu’un travailleur ne peut acquérir nulle part ailleurs.

Ils observeront strictement les directives communistes. Ils devront enfin se tenir en communication constante avec le centre organisé des coopérateurs communistes chargés de diriger l’action des communistes dans la coopération.

Le Congrès donne mandat au Comité Directeur de se tenir en relation étroite avec le centre et de prendre toutes mesures nécessaires pour son bon fonctionnement.

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