Résolution sur l’I.C. et le mouvement de la Jeunesse Communiste

3e Congrès

IIIe Internationale

Résolution sur l’Internationale Communiste et le mouvement de la Jeunesse Communiste

   1. Le mouvement de la jeunesse socialiste est né sous la pression de l’exploitation capitaliste de la jeunesse laborieuse et du système illimité du militarisme bourgeois. Il est né comme réaction contre les tentatives d’empoisonnement de la jeunesse laborieuse par les idées bourgeoises nationalistes et contre la négligence et l’oubli dont s’étaient rendus coupables le parti social-démocrate et les syndicats dans la plupart des pays vis-à-vis des exigences économiques, politiques et spirituelles de la jeunesse.

   Dans presque tous les pays les organisations de la jeunesse socialiste furent créées sans le concours des partis social-démocrates et des syndicats, qui devenaient toujours de plus en plus opportunistes et réformistes, et dans quelques pays ces organisations se formèrent même contre la volonté de ces partis et des syndicats. Ceux-ci virent un très gros danger dans l’apparition des jeunesses socialistes révolutionnaires indépendantes et essayèrent de réprimer ce mouvement, d’en changer le caractère et de lui imposer leur politique, en exerçant sur lui une tutelle bureaucratique, et en essayant de le priver de toute indépendance.

   2. En outre, la guerre impérialiste et l’attitude prise dans la plupart des pays par les partis social-démocrates devaient agrandir l’abîme creusé entre les partis social-démocrates et les jeunesses internationales et révolutionnaires et accélérer le conflit. La situation de la jeunesse laborieuse empira pendant la guerre à cause de la mobilisation, de l’exploitation renforcée dans les industries militaires et de la militarisation derrière le front. La meilleure partie de la jeunesse socialiste prit résolument position contre la guerre et le nationalisme, se sépara des partis social-démocrates et commença une action politique propre (Conférences Internationales de la Jeunesse à Berne, en 1915, à Iéna, en 1916).

   Dans leur combat contre la guerre, les meilleurs groupes révolutionnaires des ouvriers adultes soutinrent les jeunesses socialistes qui devinrent par là un point de rassemblement des forces révolutionnaires. Elles prirent ainsi sur elles les fonctions des partis révolutionnaires qui faisaient défaut. Elles devinrent l’avant-garde dans le combat révolutionnaire et prirent la forme d’organisations politiques indépendantes.

   3. Avec l’apparition de l’Internationale Communiste et de partis communistes dans différents pays, le rôle des jeunesses révolutionnaires dans tout le mouvement du prolétariat se modifie. De par sa situation économique et grâce à des traits psychologiques particuliers, la jeunesse ouvrière est plus facilement accessible aux idées communistes et fait preuve, lors des combats révolutionnaires, d’un enthousiasme révolutionnaire plus grand que ses aînés les ouvriers. Toutefois ce sont les partis communistes qui prennent sur eux le rôle d’avant-garde qu’avaient joué les jeunes, en ce qui concerne l’action politique indépendante et la direction politique. Si les organisations de la jeunesse communiste continuaient à exister en qualité d’organisations indépendantes au point de vue politique et en jouant un rôle dirigeant, l’on verrait l’existence de deux partis communistes concurrents qui ne se distingueraient entre eux que par l’âge de leurs membres.

   4. Le rôle actuel de la jeunesse consiste en ce qu’elle doit réunir les jeunes ouvriers, les éduquer dans un esprit communiste aux premiers rangs de la bataille communiste. Le temps est passé où la jeunesse pouvait se borner à un travail bon pour de petits groupes de propagande, composés de peu de membres. Il y a aujourd’hui, à part l’agitation et la propagande, menées avec persévérance et avec de nouvelles méthodes, encore un moyen de conquérir les larges masses de jeunes ouvriers : c’est de provoquer et diriger les combats économiques.

   Les organisations de la jeunesse doivent élargir et renforcer leur travail d’éducation en se conformant à leur nouvelle mission. Le principe fondamental de l’éducation communiste dans le mouvement de la jeunesse communiste est la participation active à tous les combats révolutionnaires, participation qui doit être étroitement liée à l’école marxiste.

   Un autre devoir important des jeunesses à l’époque actuelle, c’est de détruire l’idéologie centriste et social-patriotique parmi la jeunesse ouvrière et de débarrasser celle-ci des tuteurs et des chefs social-démocrates. En même temps, elles doivent tout faire pour activer le processus de rajeunissement résultant du mouvement des masses, en déléguant rapidement dans les partis communistes ses membres les plus âgés.

   La grande différence fondamentale qui existe entre les jeunesses communistes et les jeunesses centristes et social-patriotiques devient surtout apparente par la participation active à tous les problèmes de la vie politique et aux combats et actions révolutionnaires, de même que par la collaboration à la construction des partis communistes.

   5. Les rapports entre les jeunesses et les partis communistes diffèrent radicalement de ceux qui existent entre les organisations de la jeunesse révolutionnaire et les partis social-démocrates. La plus grande uniformité et la centralisation la plus stricte sont nécessaires dans le combat commun pour la réalisation rapide de la révolution prolétarienne. La direction politique ne peut appartenir au point de vue international qu’à l’Internationale. Il est du devoir des organisations de la jeunesse communiste de se subordonner à cette direction politique (programme, tactique et directives politiques) et de s’incorporer au front révolutionnaire commun. Etant donné les différents degrés de développement révolutionnaire des partis communistes, il est nécessaire que dans des cas exceptionnels, l’application de ce principe soit subordonnée à une décision spéciale du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste et de l’Internationale de la Jeunesse tenant compte des conditions particulières existantes. Les jeunesses communistes, qui ont commencé à organiser leurs rangs selon les règles de la centralisation la plus stricte, devront se soumettre, pour réaliser et diriger la révolution prolétarienne, à la discipline d’airain de l’Internationale Communiste. Les jeunesses doivent s’occuper au sein de leurs organisations de toutes les questions politiques et tactiques, à l’endroit desquelles elles doivent toujours prendre position ; et à l’intérieur des partis communistes de leur pays elles doivent toujours agir non contre ces partis, mais dans le sens des décisions prises par eux. En cas de graves dissensions entre les partis communistes et les jeunesses, celles-ci doivent faire valoir leur droit d’appel au Comité Exécutif de l’Internationale Communiste. L’abandon de leur indépendance politique ne signifie aucunement l’abnégation de leur indépendance organique, qu’il faut conserver pour des raisons d’éducation.

   Comme pour la bonne direction de la lutte révolutionnaire, le maximum de centralisation et d’unité sont nécessaires, dans les pays où l’évolution historique a placé la jeunesse dans la dépendance du parti, ces relations doivent être maintenues à titre de règle ; les divergences entre les deux organes sont résolues par le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste de la Jeunesse.

   6. Une des tâches les plus urgentes et les plus importantes des jeunesses est de se débarrasser de tous les restes de l’idée de son rôle politique dirigeant – survivance de leur période d’absolue autonomie. Le presse et tout l’appareil des jeunesses doivent être utilisées pour imprégner les jeunes communistes du sentiment et de la conscience qu’ils sont des soldats et des membres responsables d’un seul parti communiste.

   Les organisations de la jeunesse communiste doivent faire d’autant plus attention et donner d’autant plus de temps à ce travail qu’elles commencent, grâce à la conquête de groupes toujours plus nombreux de jeunes ouvriers, à se transformer en mouvement de masses.

   7. La collaboration politique étroite entre les jeunesses et les partis communistes doit trouver son expression dans une liaison organique solide entre les deux organisations. Ce qui est absolument nécessaire, c’est un échange permanent et mutuel de représentants entre les organes dirigeants des jeunesses et des partis à tous les échelons : province, arrondissement, canton et jusqu’aux derniers noyaux, dans les groupes d’usines et dans les syndicats, de même que la participation mutuelle à toutes les conférences et congrès. De cette façon le parti communiste aura la possibilité d’exercer une influence continue sur l’activité de la jeunesse et de la soutenir, tandis que celle-ci pourra également avoir une influence réelle sur l’activité du parti.

   8. Les rapports entre l’Internationale Communiste et l’Internationale de la Jeunesse sont encore plus étroits qu’entre l’Internationale et les Partis Communistes. Le rôle de l’Internationale Communiste de la Jeunesse consiste à centraliser et à diriger le mouvement de la jeunesse communiste, à soutenir et encourager moralement et matériellement les différentes unions, à créer de nouvelles organisations de la jeunesse communiste là où elles n’existent pas et à faire la propagande internationale pour le mouvement de la jeunesse communiste et pour son programme. L’Internationale Communiste de la Jeunesse constitue une partie de l’Internationale Communiste et en cette qualité elle est subordonnée aux décisions du Congrès et de l’Exécutif de l’Internationale Communiste. C’est dans ces limites qu’elle exécute son travail et agit en qualité d’intermédiaire et d’interprète de la volonté politique de l’Internationale Communiste dans toutes les sections de cette dernière. C’est par l’échange constant et mutuel et une collaboration étroite continuelle qu’on peut assurer un contrôle constant de la part de l’Internationale Communiste et le travail le plus fécond de l’Internationale Communiste de la Jeunesse sur tous les terrains de son activité (direction du mouvement, agitation, organisation, renforcement et soutien des organisations de la jeunesse communiste).

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