La statistique des machines à vapeur

Le développement du capitalisme en Russie

Lénine

Chapitre VII : LE DÉVELOPPEMENT DE LA GRANDE INDUSTRIE MÉCANIQUE

VI. LA STATISTIQUE DES MACHINES A VAPEUR

   L’emploi des machines à vapeur dans la production est l’un des indices les plus caractéristiques de la grande industrie mécanique. C’est pourquoi il est particulièrement intéressant d’étudier les données qui concernent ce domaine. Pour la période qui va de 1873 à 1878, le nombre des machines à vapeur nous est fourni par les Matériaux pour la statistique des machines à vapeur dans l’Empire russe (Saint-Pétersbourg, éditions du Comité central de la statistique, 1882)((Des treize groupes d’industries, nous retranchons, pour pouvoir établir la comparaison avec 1892, les groupes I (agriculture), XII (typographie et lithographie) et XIII («canalisations d’eau», etc.). Les locomobiles sont comptées avec les machines à vapeur. )). Pour l’année 1892, nous avons les chiffres du Relevé de données sur l’industrie des usines et fabriques qui englobent toutes les branches de cette industrie ainsi que l’industrie minière. Voici le tableau comparatif de toutes ces données.

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   En seize années, le nombre des machines à vapeur a donc augmenté de 3 fois dans l’ensemble de la Russie et de 2,5 fois en Russie d’Europe. L’accroissement du nombre des machines à vapeur a été moins important, mais la puissance moyenne des machines, par contre, s’est considérablement élevée puisqu’elle est passée de 18 à 24 chevaux, en Russie d’Europe, et de 18 à 41 chevaux dans le royaume de Pologne. La grande industrie mécanique a donc progressé très rapidement au cours de cette période. En 1875-1878, les provinces qui possédaient le plus grand nombre des chevaux-vapeur étaient les suivantes: Saint-Pétersbourg (17808 CV), Moscou (13668); Kiev (8363), Perm (7348), et Vladimir (5684). A elles seules, ces cinq provinces détenaient donc 52871 CV, soit les 3/5 du total des chevaux-vapeur existant en Russie d’Europe. Venaient ensuite les provinces de Podolie (5480), de Pétrokovo (5071), de Varsovie (4760). En 1892, l’ordre était le Suivant: Pétrokovo (59063) , Saint-Pétersbourg (43961), Ekatérinoslav (27839), Moscou (24704), Vladimir (15857), Kiev (14211) (soit, pour ces 5 provinces, 126572 chevaux-vapeur, c’est-à-dire près de la moitié du total de la Russie d’Europe), puis Varsovie (11310) et Perm (11245). Ces chiffres montrent clairement qu’en Pologne et dans le Sud deux nouveaux centres se sont formés. Dans la province de Pétrokovo, en effet, le nombre des chevaux-vapeur a augmenté de 11,6 fois et dans les provinces d’Ekatérinoslav et du Don prises ensembles((Nous réunissons ces provinces à cause de la modification de leurs limites après 1878. )) il est passé de 2834à 30932, soit un accroissement de 10,9 fois. La croissance de ces nouveaux centres a été si rapide qu’ils ont fait reculer les anciens et qu’ils sont passés des derniers rangs aux premiers. Notons d’autre part que ces chiffres font apparaître une fois de plus un développement particulièrement rapide des industries qui fabriquent des articles de consommation productive, très précisément de l’industrie minière et de l’industrie métallurgique. Alors qu’en 1875-1878, ces dernières utilisaient (en Russie d’Europe) 1040 machines à vapeur d’une puissance de 22966 CV, en 1890 elles en utilisaient 1960 d’une puissance de 74204 CV. Dans ces industries, le nombre des machines à vapeur a donc augmenté davantage en quatorze ans que dans toutes les industries en seize ans. Les branches qui fabriquent des moyens de production occupent dans l’ensemble de notre industrie une place de plus en plus importante((En 1904, les comptes rendus des inspecteurs de fabriques dénombraient dans 64 provinces de la Russie d’Europe 27579 chaudières à vapeur, ce qui donnait un total de 31887, sans compter celles qui étaient employées dans l’agriculture. Cela montre bien à quel point l’emploi de ces machines s’est répandu depuis 1892. (Note de la 2e édition.) )).

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