L’élimination des contre-révolutionnaires

De la juste solution des contradictions au sein du peuple

Mao Zedong

L’élimination des contre-révolutionnaires

   L’élimination des contre-révolutionnaires est une lutte qui relève des contradictions entre nous et nos ennemis. Parmi le peuple, il y a des gens qui voient cette question un peu autrement. Deux catégories de gens ont des vues qui diffèrent des nôtres. Ceux qui ont des vues droitistes ne font pas de différence entre nous et nos ennemis, ils prennent les ennemis pour nos propres gens. Ils considèrent comme des amis ceux que les larges masses considèrent comme des ennemis. Ceux qui ont des vues gauchistes étendent tellement le champ des contradictions entre nous et nos ennemis qu’ils y font entrer certaines contradictions au sein du peuple ; ils considèrent comme des contre-révolutionnaires des personnes qui en réalité ne le sont pas. Ces deux points de vue sont erronés. Ils ne permettent ni l’un ni l’autre de résoudre correctement la question de l’élimination des contre-révolutionnaires, ni d’apprécier correctement notre travail dans ce domaine.

   Pour apprécier à sa juste valeur notre travail d’élimination des contre-révolutionnaires, examinons les répercussions des événements de Hongrie dans notre pays. Ces événements ont provoqué un certain remous parmi une partie de nos intellectuels, sans pourtant soulever des tempêtes. Comment expliquer cela ? L’une des raisons en est, il faut le dire, que nous avions réussi à liquider la contre-révolution de façon assez radicale.

   Certes, la solidité de notre Etat n’est pas due en premier lieu à l’élimination des contre-révolutionnaires. Elle est due avant tout à ceci : Nous avons un parti communiste et une armée de libération aguerris par une lutte révolutionnaire de plusieurs dizaines d’années, et un peuple travailleur également aguerri par cette lutte. Notre Parti et notre armée sont enracinés dans les masses ; ils se sont forgés au feu d’une longue lutte révolutionnaire ; ils sont aptes au combat. Notre République populaire n’a pas été créée du jour au lendemain, elle s’est développée progressivement à partir des bases révolutionnaires. La lutte a aussi trempé à des degrés divers un certain nombre de personnalités démocrates, qui ont traversé la période d’épreuves avec nous. La lutte contre l’impérialisme et la réaction a trempé un certain nombre de nos intellectuels, et beaucoup d’entre eux, après la Libération, sont passés par l’école de la rééducation idéologique, destinée à leur apprendre à faire une distinction nette entre nous et nos ennemis. En outre, la solidité de notre Etat est due à nos mesures économiques foncièrement justes, à la stabilité et à l’amélioration progressive des conditions de vie du peuple, à la justesse de notre politique à l’égard de la bourgeoisie nationale et des autres classes, ainsi qu’à d’autres raisons encore. Cependant, nos succès dans la liquidation de la contre-révolution sont incontestablement une des causes importantes de la consolidation de notre Etat. Pour toutes ces raisons, il n’y a pas eu, lors des événements de Hongrie, d’agitations parmi nos étudiants qui, à part un petit nombre, sont patriotes et favorables au socialisme, bien que beaucoup d’entre eux ne soient pas issus de familles de travailleurs. Il en va de même pour la bourgeoisie nationale, et à plus forte raison pour les masses fondamentales — les ouvriers et les paysans.

   Après la Libération, nous avons éliminé un bon nombre de contre-révolutionnaires. Certains d’entre eux, qui avaient commis de grands crimes, furent condamnés à mort. C’était tout à fait indispensable, le peuple l’exigeait et on l’a fait pour le libérer de l’oppression que faisaient peser sur lui depuis de longues années les contre-révolutionnaires et toutes sortes de tyrans locaux, autrement dit, pour libérer les forces productives. Si nous n’avions pas agi ainsi, les masses populaires n’auraient pu relever la tête. A partir de 1956, toutefois, la situation a radicalement changé. A considérer l’ensemble du pays, le gros des contre-révolutionnaires a été éliminé. Notre tâche fondamentale n’est plus de libérer les forces productives, mais de les protéger et de les développer dans le cadre des nouveaux rapports de production. Ne comprenant pas que notre politique actuelle correspond à la situation actuelle et que la politique appliquée dans le passé correspondait à la situation du passé, certains veulent se servir de notre politique actuelle pour remettre en question les décisions antérieures et cherchent à nier nos immenses succès dans l’élimination des contre-révolutionnaires. Cela est complètement erroné, et les masses populaires ne le toléreront pas. Notre travail d’élimination des contre-révolutionnaires est marqué essentiellement par des succès, mais des erreurs ont aussi été commises. Dans certains cas, il y a eu des excès, et dans d’autres, des contre-révolutionnaires ont échappé au châtiment. Notre politique en cette matière est la suivante : « Tout contre-révolutionnaire est à éliminer ; toute erreur est à corriger. » Notre ligne de conduite dans le travail d’élimination des contre-révolutionnaires, c’est la liquidation de la contre-révolution par les masses. Certes, malgré l’application de cette ligne de masse, des fautes peuvent encore se produire dans notre travail, mais elles seront moins nombreuses et plus faciles à corriger. C’est dans la lutte que les masses s’instruisent. Si elles agissent correctement, elles acquièrent l’expérience des actions correctes ; si elles commettent des erreurs, elles en tirent la leçon.

   Là où des erreurs ont été découvertes dans notre travail d’élimination des contre-révolutionnaires, nous avons pris ou nous prenons des mesures pour les corriger. Celles qui n’ont pas encore été découvertes seront corrigées dès qu’elles viendront au jour. Les décisions portant disculpation ou réhabilitation doivent être proclamées dans le même cadre que les décisions erronées antérieures. Je propose qu’on procède cette année ou l’année prochaine à une vérification générale du travail d’élimination des contre-révolutionnaires, afin de dresser le bilan de l’expérience acquise, de faire prévaloir ce qui est juste et de combattre les tendances malsaines. Cette vérification, si elle relève de l’autorité centrale, doit se faire sous l’égide du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale et du Comité permanent du Comité national de la Conférence consultative politique ; et si elle relève des autorités locales, elle doit se faire sous l’égide des comités populaires provinciaux ou municipaux et des comités de la Conférence consultative politique du même échelon. Durant cette vérification, nous devons aider les nombreux cadres et éléments actifs ayant pris part au travail d’élimination, et non refroidir leur zèle. Il serait faux de les décourager. Il n’en demeure pas moins que les erreurs, une fois découvertes, doivent être corrigées. Telle doit être l’attitude de tous les services de sécurité publique, parquets, départements judiciaires, prisons et établissements de rééducation par le travail. Nous espérons que les membres du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale, les membres du Comité national de la Conférence consultative politique ainsi que les députés participeront à cette vérification, s’ils en ont la possibilité. Cela nous permettra de perfectionner notre législation et de traiter correctement les affaires relatives aux contre-révolutionnaires et autres criminels.

   Actuellement, en ce qui concerne les contre-révolutionnaires, la situation peut se résumer en ces mots : Il y a encore des contre-révolutionnaires, mais en petit nombre. Ce qu’il faut voir d’abord, c’est qu’il en existe encore. Certains disent qu’il n’y en a plus, que le calme règne partout, qu’on peut dormir sur ses deux oreilles. Cela ne correspond pas à la réalité. En fait, il existe encore des contre-révolutionnaires (naturellement pas partout ni dans chaque organisation) et il est encore nécessaire de poursuivre la lutte contre eux. Il faut comprendre que les contre-révolutionnaires cachés, donc non éliminés, ne renonceront pas à leurs desseins, qu’ils chercheront toutes les occasions pour créer des troubles. Les impérialistes américains et la clique de Tchiang Kaï-chek ne cessent d’envoyer chez nous leurs agents se livrer au sabotage. Même après l’élimination de tous les contre-révolutionnaires existants, il peut encore en surgir de nouveaux. Si nous laissons s’endormir notre vigilance, nous tomberons dans de graves erreurs qui nous coûteront cher. Partout où les contre-révolutionnaires font leur sale besogne, il faut les éliminer énergiquement. Mais, bien entendu, si nous considérons l’ensemble du pays, il n’y a plus beaucoup de contre-révolutionnaires. Il serait faux de dire qu’ils sont encore très nombreux en Chine. Admettre une telle appréciation, ce serait également créer de la confusion.

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