Bourgeoisie et prolétariat en face du sport

Bourgeoisie et prolétariat en face du sport

Internationale Rouge des Sports

Fédération Sportive du Travail

Sommaire

Bourgeoisie et prolétariat en face du sport

  • Pourquoi la bourgeoisie s’intéresse-t-elle au sport ?
  • Non ! Le sport n’est pas neutre !
  • Quelques aspects du sport bourgeois
  • Quelques aspects du sport bourgeois
  • La mise en tutelle définitive du sport
  • Le sport “ réformiste ”
  • Quelques aspects du Sport en U.R.S.S.
  • La position de la F. S. T.

Bourgeoisie et prolétariat en face du sport

   Combien de militants des organisations ouvrières n’entendent-ils pas cette phrase en réponse à leur propagande : « Moi, je fais du sport, je ne m’occupe pas de la politique » ?

   Ceux qui disent cela se trompent, ou plutôt ils sont trompés. Ils croient ne pas faire de politique ? Ils servent celle de la bourgeoisie, ils facilitent la défense des intérêts de leurs exploiteurs !
Comment cela, en faisant du sport ?
Oui, en le pratiquant dans les organisations bourgeoises !
Le sport peut-il être neutre ? Toute la question est là.
Cette brochure ne vise qu’à y répondre.

Pourquoi la bourgeoisie s’intéresse-t-elle au sport ?

   Quatre millions de sportifs sont organisés dans les grandes fédérations à direction bourgeoise, c’est-à-dire presque 4 millions de jeunes ouvriers et jeunes paysans, car les bourgeois n’y sont qu’une infime minorité.

   Est-ce par philanthropie, pour le seul désir de leur conserver la santé que les capitalistes dépensent des millions et des millions en subventions, publicité, au profit du mouvement sportif ?

   Il suffit d’étudier quelques exemples de leur rapacité pour répondre non.

   Cette rapacité, chaque ouvrier qui a dû faire la grève pour arracher une augmentation de salaires la connaît bien. Elle saute encore plus aux yeux lorsqu’on peut lire, dans les journaux financiers, quels bénéfices sont réalisés par telle ou telle grande firme.

   Les estropiés, les gazés, les tuberculeux de la dernière guerre s’aperçoivent de son existence quand ils vont toucher leurs pensions. Les vieillards qui échouent à Bicêtre, après des années d’exploitation, et les mutilés du travail, ont, eux aussi, une opinion à ce sujet.

   Que l’on s’adresse aux soldats, qu’on leur demande si c’est par philanthropie qu’on les envoie conquérir les mines et les terres fertiles du Maroc ou de Syrie. Qu’on leur demande si c’est dans l’intérêt de leur santé qu’ils sont nourris avec 4 fr. 98 par jour? Ils répondront en nous parlant de ceux qui meurent de la dysenterie et des fièvres aux colonies, quand ils ne sont pas tués par les balles des indigènes qui se défendent; ils nous rappelleront les 400 qui sont morts dans les casernes cet hiver, morts de froid et de faim!

   Après cela, il faudrait être aveugle pour croire au désintéressement de la bourgeoisie lorsqu’elle soutient le sport

   Son but est tout autre. Par le sport, elle cherche à diviser la classe ouvrière pour mieux l’exploiter.

   Au cours de ces dernières années, dans sa course aux profits, elle a aggravé considérablement les conditions de vie des ouvriers.

   Les usines se sont modernisées, des machines perfectionnées ont été mises en service et aussi on a vu naître les nouvelles méthodes de travail : système Taylor, travail à la chaîne, etc.

   Les jeunes sont employés maintenant dès la sortie de l’école dans ces usines rationalisées où leur constitution est arrêtée en plein développement par une fatigue et un surmenage inconnus jusqu’alors.

   Pour obtenir des prix de revient très bas, permettant de grands bénéfices, les salaires n’ont suivi qu’avec un retard croissant l’augmentation du coût de la vie. Ceux des jeunes sont dérisoires.

   Victimes de cette surexploitation, dans une situation voisine de la misère, les ouvriers ne pouvaient pas rester passifs. Ils ont réagi dans des grèves englobant un nombre très grand d’entre eux. Dans ces mouvements, ceux qui sont les plus malheureux, les jeunes, se sont placés à l’avant-garde, ils ont été les plus acharnés.

   La bourgeoisie s’est rendu compte du danger. Se souvenant des événements révolutionnaires du lendemain de la guerre, elle a vu son existence même menacée.

   Il lui fallait donc gêner, en la divisant, la résistance de ses exploités, détourner de la lutte cette partie la plus combative de la classe ouvrière : la jeunesse.

   C’est d’autant plus nécessaire que la rationalisation s’étant opérée dans tous les pays, la concurrence internationale l’oblige à réduire encore ses prix de revient, à conquérir de nouveaux débouchés, c’est-à-dire de nouvelles colonies, et à se préparer pour la prochaine guerre, rendue inévitable par suite de cette concurrence.

   Son désir d’abattre la Révolution russe, qu’elle considère — avec juste raison — comme le guide dans la lutte des prolétaires et des peuples coloniaux, est la cause principale de ses préparatifs guerriers.

   On ne peut se lancer dans une telle politique quand on a déjà à résister à l’attaque revendicative des ouvriers, lorsque la jeunesse, destinée à composer l’armée, prend de plus en plus une part active à la lutte révolutionnaire.

   Donc, nécessité impérieuse de détourner les jeunes ouvriers de cette lutte.

Non ! Le sport n’est pas neutre !

   Parmi les moyens employés, le sport n’est pas le moindre. Le mouvement sportif utilisé par la bourgeoisie, c’est 4 millions de jeunes ouvriers dont la conscience de classe est atténuée par la lecture des journaux roses ou jaunes, dont l’esprit est surtout préoccupé du prochain grand match de tel ou tel professionnel et qui ne pensent pas, pendant ce temps-là, à s’organiser pour lutter contre l’exploitation qu’ils subissent, ni à utiliser le sport pour leur préparation à la lutte révolutionnaire.

   Mieux, avec le battage fait sur les victoires « nationales », les récits des moindres succès des champions « nationaux », la bourgeoisie essaie — et réussit dans une certaine mesure — à développer l’esprit chauvin, nécessaire pour la prochaine boucherie, et cela même chez ceux qui ne pratiquent pas les exercices physiques.

   Ainsi utilisé, le sport constitue une arme efficace dans les mains de la bourgeoisie. Mais celle-ci ne peut mener sa politique au grand jour, car la masse des ouvriers et paysans sportifs se dresserait contre elle et l’arme lui échapperait des mains.

   C’est pourquoi, imitant le larron qui crie au voleur, elle ne cesse de faire de belles affirmations sur la neutralité du sport, par la bouche des dirigeants de grandes fédérations ou par la plume de journalistes à ses gages.

Quelques aspects du sport bourgeois

   Mis au service d’une classe de profiteurs pour détourner les jeunes ouvriers de la lutte, le Sport sert en même temps de piédestal à toutes les ambitions personnelles; il est devenu une marchandise commerciale, des bourgeois cupides en tirent de scandaleux bénéfices, comme d’autres de la sueur de leurs exploités.

   D’un besoin de délassement et de développement physique, la bourgeoisie a fait une mine de scandales.

   On ne nous en voudra pas d’en rappeler quelques-uns, qui ont fait et feront date dans l’histoire du sport bourgeois :

   Charrigues, le célèbre goal de football, actuellement employé chez Renault, comme rabatteur et manager du club d’usine, décrit dans l’Auto son édifiante histoire, et nous apprenons que, depuis longtemps déjà, son « amateurisme » se traduit en billets de mille…

   Nous avons encore tous en mémoire le fameux déplacement de l’équipe d’athlétisme au Japon, et l’histoire La- doumègne-Martin, « amateurs » farouches…

   Les grands clubs, riches, véritables sociétés financières, soignent leurs « as », les dorlotent, car ils constituent pour eux un capital. Telle équipe de rugby (Quillain) « vaut » x billets de mille ! Tel athlète « rapporte » x milliers de francs. Tel joueur transféré d’un club à un autre est « indemnisé » par une bonne place dans une banque, et un confortable pourboire!

   Et combien d’ambitieux, d’arrivistes ne se cachent-ils pas sous le drapeau du « sport pur » ?

   Depuis M. Desgranges, despote absolu, en passant par Henri Paté, voyons Pierre Bardel, candidat fasciste, employé à la Liberté, à l’Écho des Sports, à l’Ami du Peuple, etc, II est en passe de devenir conseiller municipal, en attendant mieux!

   Partout la pourriture s’étale, partout éclatent des scandales.

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   Une phase de Rugby pourri devenu brutal pour les besoins de la recette

   Les scandales qui éclatent périodiquement dans les grandes fédérations sur de sordides querelles financières.

   Rappelons-nous les fameuses sélections pré-olympiques, toutes les combines qui se sont fait jour. Le meeting post-olympique de Colombes, où la plupart des coureurs étrangers ne sont pas venus et où le public a manifesté sa colère.

   Le sport, dans les mains de la bourgeoisie, est devenu un moyen d’oppression sur la jeunesse, de profit aussi; de grands industriels « sportifs » s’en servent comme un moyen de réclame. Partout la corruption s’étale. La presse sportive sert servilement tous ces bas intérêts.

   L’Écho des Sports (lui-même) fit mousser d’une façon antiouvrière la candidature de H. Paté, et, quelques jours avant les élections d’avril 1928, l’Écho, dans un numéro spécial distribué gratuitement dans la circonscription de H. Paté (le 11e arr. de Paris) affirmait sur un titre flamboyant que :

   « Les sportifs de France demandent aux électeurs du 11° arr. de faire triompher leur cause sur le nom de Henri Paté. »

   Voyez la « neutralité » !

   Après ça, on peut nous affirmer que le sport est apolitique. Nous avons du mal à le croire…

La mise en tutelle définitive du sport

   Les luttes ouvrières vont en s’intensifiant. De plus en plus les travailleurs passent de la défense à l’attaque, malgré les féroces méthodes de répression. Plusieurs centaines de milliers d’ouvriers ont pris part aux grèves de cet hiver (textile du Nord, dockers de Bordeaux, mineurs de la Loire, du Gard, de l’Aveyron, métallurgistes bordelais et parisiens, etc., etc.). Des mouvements encore plus importants se préparent.

   Les dangers de guerre se précisent. Dans tous les pays, c’est la course aux alliances et aux armements. Notre bourgeoisie, liée à l’Angleterre et à diverses puissances limitrophes de la Russie, dispose d’un budget de guerre de 13.600.000.000 francs en 1929. Sa diplomatie est fort occupée à repousser les propositions de désarmement qui viennent du seul État prolétarien du monde. Toute sa politique est orientée vers la répression à l’intérieur et vers la guerre à l’extérieur.

   Elle est donc obligée d’utiliser plus que jamais ses moyens de diversion et de préparation guerrière.

   Il existe actuellement, dans le mouvement sportif, un fort courant de mécontentement qui provient des causes que nous avons indiquées plus haut : direction bourgeoise, masse d’ouvriers, commerce, utilisation pour les ambitions personnelles, scandales, passe-droits, etc.

   Des clubs entiers partent en opposition, d’autres se désagrègent, certains quittent les fédérations, quelques-uns en sont chassés.

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Paté, élu de l’Écho des Sports, Dictateur à l’Éducation physique

   Tout cela au moment où la bourgeoisie a plus que jamais besoin du sport pour mener sa politique!

   Aussi prend-elle toute une série de mesures pour détruire ces empêchements à sa meilleure utilisation. Le 12 novembre 1928, le Sous-Secrétariat aux Sports est créé. C’est M. H. Paté, l’homme pour qui les journaux sportifs, soi-disant neutres en politique, ont mené campagne pendant les élections législatives, qui est chargé de sa direction, et qui entre de ce fait dans le ministère de l’Union Nationale.

   Le programme du Sous-Secrétariat ne peut plus laisser aucune illusion aux sportifs sur la neutralité de leur mouvement.

   Le voici dans les grandes lignes :

   Mainmise sur les organisations sportives par l’intermédiaire du « Comité national des Sports », qui devient l’agent d’exécution officieux du gouvernement. Celui-ci pourra ainsi contrôler et diriger le mouvement sportif.

   Vers quels buts ? Consultons encore le programme :

   Préparation militaire obligatoire de la jeunesse. Cette mesure doit compléter la réorganisation de l’armée dans laquelle la durée du service sera d’une année. Mais pour que l’impérialisme français dispose de bons soldats pour sa politique guerrière, il fera accomplir aux jeunes plusieurs années de préparation militaire avant leur incorporation. Les clubs sportifs seront autant de bases qui serviront à accomplir cette militarisation de la jeunesse et à la rendre obligatoire très rapidement.

   Cette partie du programme commence déjà à recevoir son exécution dans la création, par localité, de « Comités de défense des Intérêts Sportifs » et d’ « Offices Municipaux des Sports » destinés à assurer l’unification du mouvement sportif et la mise en tutelle des clubs pour les obliger à accepter la préparation militaire. Des avantages matériels (subventions, terrains, salles d’entraînement, publicité, etc.) seront consentis à ceux qui accepteront. Si la masse des sportifs ne réagit pas, les clubs « rebelles » seront systématiquement boycottés et rapidement mis dans l’impossibilité de continuer leur activité. On comprend que la F. S. T. est particulièrement visée par cette mesure, car elle seule n’acceptera pas cette mise en tutelle, et tous les clubs « bourgeois » qui réagiront seront forcément amenés à adopter sa position et à rejoindre ses rangs.

   Continuons l’étude du programme de M. H. Paté : Éducation physique obligatoire à l’école. C’est-à-dire, dès l’âge de 6 ans, l’application de la préparation militaire aux enfants.

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Une des nombreuses épreuves organisées par la F.S.T.

   Enfin, appui gouvernemental aux clubs sportifs patronaux d’usine pour parvenir à une saine collaboration dans le but d’augmenter la production nationale. Tout le caractère de classe du sport bourgeois éclate dans cette phrase !

   Le club patronal, c’est le moyen pour le patron d’avoir continuellement sous son contrôle et sous sa direction les jeunes ouvriers, même après la fin du travail. Ceux-ci occuperont leurs quelques heures de « liberté » à l’entraînement sur le terrain du patron, avec les moyens matériels mis à leur disposition par le patron et sous la surveillance d’un agent du patron. D’où grandes difficultés de les attirer sous l’influence des organisations ouvrières, difficulté encore plus grande de les organiser.

   Bien au contraire, c’est le patron qui les aura sous son influence : par l’éducation politique qu’il leur fera donner, par l’apparence de philanthropie qu’il prendra à leurs yeux en leur donnant les moyens de pratiquer le sport, car ils ne verront pas tous que c’est en suant eux-mêmes un peu plus de bénéfices que ces moyens leur seront prêtés.

   Car, à ce sujet, le programme est bien net : « une saine collaboration dans le but d’augmenter la production nationale », c’est-à-dire utilisation du sport pour un développement de la force physique des ouvriers, ce qui permettra une surexploitation devant apporter de plus gros dividendes aux actionnaires. Dans certains clubs patronaux déjà créés, on fait faire aux jeunes des mouvements appropriés au travail qu’ils ont à faire dans la boîte, cela à l’effet d’augmenter la cadence!

   Enfin, dernière « supériorité » du sport patronal, il sera utilisé à plein pour imposer la préparation militaire. Poussés par la nécessité de gagner leur vie, ceux qui la refuseraient dans un club local, seront forcés de l’accepter dans un club d’usine.

   Le club patronal, c’est le dernier perfectionnement à l’utilisation du sport par la bourgeoisie au détriment du prolétariat.

   Pour appliquer ce programme, le Sous-Secrétariat dispose de crédits importants dépassant 12.500.000 fr., et il EST EN LIAISON AVEC LE MINISTÈRE DE LA GUERRE. Dernier mot de la neutralité sportive !

Le sport “ réformiste ”

   L’U.S.S.G.T., qui groupe à peine 2.000 adhérents, est affiliée à l’Internationale Sportive de Lucerne, qui est elle-même la section sportive de l’Internationale Socialiste des Jeunes.

   Pour une organisation qui se prétend ouvrière, il est impossible de lui trouver un caractère qui la différencie du mouvement sportif bourgeois. Ses dirigeants ont depuis longtemps accepté la collaboration avec celui-ci.

   Ils participent au « Conseil National des Sports », ainsi qu’aux « Comités de défense des Intérêts Sportifs ». Ils acceptent la préparation militaire et considèrent avec sympathie le mouvement sportif patronal.

   Il faut dire, à l’honneur des adhérents de cette organisation, qu’ils se dressent de plus en plus contre leurs chefs et que certains d’entre eux, dégoûtés par leurs trahisons, ont rejoint les rangs de la F. S. T.

Quelques aspects du Sport en U. R. S. S.

   Avant la Révolution, 30.000 sportifs, l’immense majorité membres de la classe possédante, aristocrates, officiers, etc.

   Maintenant, près de 9 millions de pratiquants, des stades modèles, des salles d’entraînement en nombre formidable, des instituts d’études scientifiques, une organisation de l’éducation physique rationnelle que l’on ne trouve nulle part ailleurs!

   Et s’il y est encore toléré la compétition, cela n’est considéré que comme stimulant. Pas de phénomènes, pas d’ « as ». Tout est élargi à la conception collective. Le sport a vraiment trouvé là sa voie; il est au service de la collectivité; il est considéré comme faisant partie de l’activité sociale, comme un délassement et un moyen de parfaire la formation physique. Il intervient comme complément à toutes les mesures prises pour le bien-être général des jeunes producteurs, espoir et base de l’édification socialiste.

La position de la F. S. T.

   Une seule organisation sportive peut dénoncer l’utilisation du sport dans la politique de la bourgeoisie et apprendre aux travailleurs ce que peut faire, dans ce domaine, le prolétariat russe libéré de ses chaînes. Cette organisation, c’est la F. S. T.

   Composée uniquement d’ouvriers, et au service de la classe ouvrière, elle poursuit des buts révolutionnaires. Sa tâche consiste à arracher des clubs bourgeois les jeunes travailleurs qui sont trompés par le sport soi-disant apolitique, et à les organiser dans ses rangs pour les entraîner en vue des luttes révolutionnaires.

   La F. S. T. ne combat pas la bourgeoisie pour défendre la neutralité du sport. Au contraire, elle le fait pour démontrer aux travailleurs sportifs que les bourgeois se servent d’eux pour des intérêts qui leur sont contraires.

   Elle n’hésite pas à dire que l’existence d’un sport neutre et apolitique est rendue impossible par la lutte de classes.

   Le sport ne peut être qu’au service d’une des deux classes en lutte :

   Mis en tutelle par la bourgeoisie pour écraser le prolétariat, pour lui faire accepter une exploitation sans cesse aggravée, pour préparer la guerre;

   Ou bien utilisé par la classe ouvrière pour la préparation à la lutte physique qui sera nécessaire pour renverser les exploiteurs.

   La F. S. T. poursuit ses buts en participant et en donnant son aide à tous les mouvements ouvriers. Elle fait jouer des matches et organise des rencontres au profit des grévistes. Ses athlètes apportent leur collaboration dans les piquets de grève.

   Elle lutte en accord avec les syndicats contre le sport patronal. Avec l’appui de ceux-ci, elle organise des clubs ouvriers par corporation.

   Pour lutter contre les camps de vacances organisés par les bourgeois pour y imposer la préparation militaire aux jeunes ouvriers, la F. S, T. participe, avec toutes les organisations de la jeunesse ouvrière, à la campagne pour les quatre semaines de congé payées par an.

   Pour appuyer cette campagne, un camp de vacances est organisé, où les jeunes ouvriers pourront venir se reposer et s’entraîner à autre chose qu’à la défense de la bourgeoisie, et sous une autre direction que celle des « gueules de vache ».

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Le défilé des sportifs sur la place Rouge Spartakiades de Moscou, 1928

   C’est par cette lutte contre le sport bourgeois, par l’éducation qu’elle donne à ses membres et aussi par la liaison qu’elle réalise entre eux et leurs camarades qui sont soldats, que la F. S. T. combat la militarisation de la jeunesse ouvrière par la bourgeoisie.

   Organisation ouvrière, la F. S. T. a montré bien souvent qu’elle est capable d’organiser des matches et des épreuves où l’on fait du sport.

   L’entrain que manifestent ses coureurs et ses athlètes, mis en parallèle avec la plupart des matches bourgeois remplis de combines et mis sur pied dans un but de recettes, démontre quelle différence existe entre le sport ouvrier et le sport au service de la bourgeoisie.

   Les travailleurs sportifs peuvent comparer, ils ont le choix entre deux solutions :

   D’une part, pratiquer dans les « grandes » fédérations ou dans les clubs patronaux, participer au sport pourri, gagner des millions aux Desmarets, Desgranges et consorts, et servir ainsi la bourgeoisie dans sa politique de surexploitation et de préparation à la guerre;

   D’autre part, venir avec leurs camarades de la F. S. T. faire du véritable sport, sans combines malsaines, sans esprit de recette, et en même temps travailler à leur libération définitive.

LA FÉDÉRATION SPORTIVE DU TRAVAIL.