Ebauche d’analyse de classe de la société française

Ébauche d’analyse de classe de la société française

Parti Communiste Maoïste de France (PCmF)  

Introduction   

   Pour faire la révolution nous devons déterminer qui sont nos amis, qui sont nos ennemis, former, sous la direction du parti, le Front le plus large et isoler au maximum les éléments irréductibles de la bourgeoisie, des fascistes et des réactionnaires. Pour cela il nous faut une analyse de classes claire et précise. Celle va déterminer le contenu de notre programme dans un pays impérialiste. Il va de soi que chaque parti maoïste devra en faire en faire autant. Pour autant, dans la plupart des pays impérialistes le programme maximum revêtira un caractère général similaire. Ce qui permettra de développer une plate-forme commune pour la révolution prolétarienne.

   En France, pays capitaliste développé, pays impérialiste, le prolétariat est la classe révolutionnaire jusqu’au bout. La classe ouvrière représente le noyau le plus déterminé car c’est sur elle que repose le mécanisme d’extorsion de la plus value par la classe bourgeoise capitaliste.

   Au sein de la classe ouvrière elle-même les catégories sans qualification sont celles qui ont le plus intérêt à la révolution, particulièrement : les sans papiers, les immigrés, ceux et celles issus de l’immigration. C’est parmi les ouvriers sans qualification que le pourcentage de chômeurs est le plus important.

   L’allié principal du prolétariat est constitué par les couches inférieures non prolétariennes des salariés.

   Le prolétariat et ces couches de salariés forment le socle sur lequel peut s’élargir l’alliance avec d’autres couches (ou partie de couches), de classes (ou partie de classes), voire d’individus, pour former le Front révolutionnaire et Populaire.

   Il va de soi que seule la direction prolétarienne peut assurer la victoire du front uni contre la bourgeoisie impérialiste. Sans un Front le plus large possible, le prolétariat ne saurait vaincre la bourgeoisie. Aussi dans sa tactique révolutionnaire, le prolétariat doit-il veiller à unir autour de lui tout ce qui peut être uni.

   Les couches moyennes de salariés, pour la majorité, ont intérêt à la révolution. La dégradation de la situation, les restructurations, en plongent une grande partie dans le chômage ou l’incertitude de l’avenir pour elles et leurs enfants. La majorité se rapproche du prolétariat avec la crise grandissante du système. Seule une minorité appuiera la réaction. Ces couches proches du prolétariat, faute de perspectives, sont influencées par la propagande social-démocrate, révisionniste, trotskiste.

   Les cadres moyens, ingénieurs, scientifiques et enseignants, dans la situation actuelle sont menacés. Pour ces couches, particulièrement celles de l’encadrement pur, il faut faire confiance aux masses pour faire la distinction entre ceux qui sont prêts à se joindre à elles ou rester neutres et ceux qui sont prêts à appuyer le patronat et la réaction. Pour les ingénieurs, une minorité importante peut s’engager à côté du prolétariat, une autre partie peut avoir une attitude neutre, une minorité appuiera la réaction.

   Les professeurs des lycées et collèges dans leur grande majorité sont influencés par les idées social-démocrates, révisionnistes, trotskistes, anarchistes, faute d’une perspective réellement révolutionnaire. L’histoire nous enseigne (notamment 68), qu’ils peuvent se rallier à la perspective révolutionnaire des maoïstes, à leurs idées. A nous de les faire revivre.

   Les scientifiques pour la majorité sont progressistes, mais la pénétration des idées libérales et l’écroulement du camp révisionniste, la pénétration du patronat à l’Université à travers le partenariat qui est présenté comme la seule alternative, en a corrompu un certain nombre, qui ont utilisé ces possibilités pour des fins personnelles, s’abritant derrière le rempart social-démocrate et révisionniste, voire appuyant la réaction et pour une petite minorité le fascisme. Les étudiants, les professeurs, les scientifiques et les chercheurs progressistes qui sont la majorité, doivent aider le prolétariat dans la lutte contre cette nouvelle espèce de mandarins, renouant ainsi avec les traditions révolutionnaires de l’Université et de l’école.

   La moitié de la paysannerie est condamnée par le capitalisme. Cette moitié doit être gagnée au prolétariat. Parmi l’autre moitié, une partie peut participer au processus révolutionnaire. Seule une minorité d’agrariens et autres propriétaires fonciers, de gros éleveurs, de gros paysans s’opposeront à la révolution.

   Pour les artisans et commerçants, c’est seulement par un travail politique approprié près de ces couches que nous pourrons les rallier ou au moins obtenir leur neutralité afin qu’elles ne se laissent pas abuser par la démagogie fasciste comme cela a pu arriver. En général elles voudraient faire tourner la roue de l’histoire en arrière mais comme elles n’y parviennent pas elles se font broyer ou tombent sous la dépendance des monopoles (en franchise, souvent à des conditions insoutenables). Il faut montrer à ces couches que la majorité sera éliminée ou tombera sous la coupe directe des donneurs d’ordre ou dépendra de la grande distribution. Une forte minorité soutiendra la réaction. Nous devrons, après des enquêtes minutieuses, faire une propagande spécifique près de ces catégories, afin de gagner une partie des couches les plus menacées par le capitalisme et les démocrates de ces couches, neutraliser les couches moyennes des artisans et petits commerçants et isoler les plus réactionnaires.

   Il en sera de même pour les couches libérales.

   Dans les pays impérialistes, la bourgeoisie peut distribuer aux couches supérieures et moyennes du prolétariat et du salariat une partie de la plus-value qui provient du pillage des pays opprimés. La bourgeoisie récupère une partie de cette plus-value, par les investissements passés par les particuliers en biens durables (habitat) ou en produit de consommation de durée moyenne ou longue (appareils ménagers, automobiles) et contracter des contrats d’assurances pour garantir ces biens. Le reste est orienté vers l’épargne, l’assurance-vie, vers la Bourse.

   La détention de ces biens est aléatoire, n’est pas stable. Une crise profonde peut ruiner les petits propriétaires parce qu’ils ne pourront plus payer leurs traites étant au chômage, en travail partiel, voire sans ressources. Les pensions et retraites peuvent être affectées par cette crise. Les biens peuvent dans cette situation être complètement dévalués, ne pas trouver d’acquéreur, etc. Aussi sont-ils donnés à titre indicatif en tant qu’éléments complémentaires de l’analyse de classes. Le poids idéologique de ces «acquis» pèse sur le prolétariat et ses alliés, sur la prise de conscience que la révolution est nécessaire car la bourgeoisie fait croire que les communistes sont pour la socialisation des biens acquis par le travail.

   Il n’en reste pas moins que la société capitaliste est fortement inégalitaire, que le fossé se creuse de plus en plus en une masse de plus en plus élevée de pauvres dans les pays impérialistes et la bourgeoisie.
L’anarchie de la production, le développement inégal du capital, la production parasitaire, l’hyper-industralisation, le haut niveau technologique, les hauts rendements, le niveau scientifique, technique et de recherche font que les conditions objectives optima sont réunies pour la Révolution Prolétarienne et une marche assez rapide au communisme.
Le bien-être apparent d’une forte partie de la population n’est qu’un  bien-avoir qui devient incertain dans un monde où la prédominance est l’accroissement de la misère pour le plus grand nombre.

   L’instabilité de l’emploi augmente, les menaces de guerre se font plus précises et les budgets militaires, les mesures pour maintenir la domination du capital et de son Etat coûtent de plus en plus cher, à cause du renforcement accru de tous les moyens de surveillance et de répression mis en place.

   L’atteinte à l’environnement due principalement à l’anarchie de la production, induit la pollution, la disparition des espèces. Le réchauffement de la planète, les stocks d’armes atomiques et chimiques mettent en péril l’avenir de l’humanité.

   C’est pourquoi l’humanité a besoin d’un changement radical de société. La rationalisation de la production, la planification, doit permettre de corriger rapidement toutes ces aberrations.

   Cela ne se fera pas sans lutte, car les classes dirigeantes n’abandonneront pas de leur plein gré le pouvoir qui leur permet de conserver leurs privilèges et de faire perdurer le système. Il faudra l’en chasser par la révolution communiste mondiale, qui se gagnera pays par pays, en tenant compte des conditions concrètes suivant les spécificités de chacun d’eux. Cela aura un coût et demandera des sacrifices mais il en va de l’avenir de l’humanité et de notre planète.

   Pour conclure, dans les pays impérialistes, malgré un niveau de vie plus élevé que dans les pays opprimés, malgré et, sans doute aussi, grâce au développement industriel, technique, scientifique, intellectuel, culturel etc., la révolution prolétarienne est non seulement possible, mais nécessaire, salutaire pour la majorité, pour 90% de la population. Elle est même la seule alternative devant ce que la bourgeoisie appelle la montée des périls, car les périls dont elle parle, c’est elle qui en est la cause.

QUI SONT NOS AMIS ?
QUI SONT NOS ENNEMIS ?

   On ne saurait parler d’unir le peuple, de réaliser un Front Uni dirigé par le Parti si l’on ne définit pas qui sont nos amis, qui sont ennemis, nos alliés même temporaires et nos ennemis irréductibles qui sont très minoritaires (pas plus de 10%). Ne pas procéder ainsi c’est agir à l’aveuglette, c’est se condamner à la défaite ou à l’impuissance.

   Il nous faut un plan pour la prise du pouvoir et le renversement de la bourgeoisie.

LE PROLÉTARIAT

   La classe ouvrière est le noyau dur du prolétariat, c’est la seule classe révolutionnaire jusqu’au bout, c’est elle qui a le plus intérêt au changement. C’est cette classe qui est au centre de la contradiction fondamentale du système capitaliste : socialisation du travail/appropriation privée des produits du travail.

   On ne peut opposer les fils de la classe ouvrière, qui n’ont jamais eu un emploi stable en ces temps de précarité, à la classe ouvrière elle-même, pas plus qu’on ne peut opposer les  ouvriers retraités à ceux qui sont en période d’activité, les ouvriers français aux immigrés, les sans papiers à ceux qui n’en ont pas. Ils forment un tout, le noyau du prolétariat.

   Au sein de cette classe ouvrière, il y a ceux et celles qui, comme on dit, sont au bas de l’échelle. Ils ne sont pas propriétaires, ils sont locataires. Pour eux les fins de mois sont dures, surtout quand ils sont au chômage, au RMI, en temps partiel ou avec un travail précaire. Ils vivent dans les cités des banlieues de nos villes. Parmi eux une forte proportion de travailleurs immigrés occupent les postes les moins qualifiés, les moins bien payés. Ils ne peuvent retourner au pays dont ils fuient la misère qu’ils retrouvent ici où l’on survit malgré tout. Dans les cités la révolte gronde, avant tout contre la police qui est ressentie comme l’appareil de répression immédiat.

   La violence de la jeunesse a trouvé sa cible visible, les forces de répression de l’appareil d’État et d’une certaine façon l’État lui-même. Ces jeunes des quartiers populaires sont les fils des prolétaires ou futurs prolétaires eux-mêmes.

   Seule une toute petite minorité d’entre eux s’enfonce dans le gangstérisme professionnel, tombe dans le lumpenprolétariat, paie par la prison le prix de la misère. La plupart de ces derniers se vendront à la bourgeoisie, certains deviendront des hommes de main du fascisme.

   La majorité des jeunes sous la direction du Parti s’engagera sur la voie révolutionnaire et pourra faire partie de l’avant-garde révolutionnaire. Ils se battront pour la classe ouvrière.

   La dégradation de l’emploi a jeté à la rue un nombre non négligeable de pauvres qui n’ont ni toit, ni emploi. Une grande partie sombre dans l’alcoolisme, la drogue car ils sont désespérés. La bourgeoisie est coupable de leur déchéance. Certains peuvent se vendre à la réaction, mais la majorité dans des circonstances favorables peut s’engager aux côtés du prolétariat pour se battre pour la révolution prolétarienne car elle n’a plus rien à perdre.

   Hier il y a eu les luttes de Moulinex, des marins corses, des jeunes des quartiers populaires durant la révolte des banlieues, de la jeunesse étudiante dans la lutte contre le CPE, et d’autres parmi les salariés des couches moyennes, parmi d’autres catégories (petits paysans, artisans, commerçants).

   Aujourd’hui, la crise s’approfondissant, de nombreuses révoltes ouvrières se développent comme à Continental, Caterpillar, Molex, Philips, Total, Ikéa, etc. Ils utilisent de plus en plus des moyens légitimes, n’hésitant pas à séquestrer les patrons, à menacer de faire sauter l’usine, etc. Ils remettent en cause la politique des conciliateurs dans les syndicats, s’unissent à la base, syndiqués ou non syndiqués, dans des comités de grèves de lutte, établissent des liaisons horizontales, passant par-dessus ou par-dessous les fédérations, les confédérations quand celles-ci les abandonnent à leur sort. Ils cherchent la voie de l’Unité dans l’esprit de la lutte de classe radicale. C’est le début d’une réorganisation syndicale et politique, opposée aux politiques des conciliateurs. Tous sont prêts à tout mettre en l’air, c’est à dire à faire la Révolution. II ne leur manque que la perspective.

   Parmi eux, nombreux sont propriétaires de leur maison gagnée par une vie de labeur, quelques biens, mais que faire même avec des indemnités pour quelques mois, s’il n’y a pas de travail ? Les économies d’une vie fondent alors comme neige au soleil, la maison durement acquise est vendue à l’encan. Malgré un niveau de vie évoluée, la classe ouvrière « embourgeoisée » comme le disent avec mépris la bourgeoisie et les révisionnistes (parce qu’elle voudrait avoir les biens que s’accapare la bourgeoisie qui l’exploite alors que c’est elle qui les produit), se révolte, descend dans la rue, monte sur le toit des usines et demain fera la révolution. Les conditions objectives sont là et la classe ouvrière prendra conscience, dirigée par son avant-garde. Ces luttes sont les prémisses de la Guerre Populaire.

   Le prolétariat agricole (dont une partie est immigrée) est peu nombreux (140.000). Il y a les ouvriers agricoles à l’année, soit sur de petites exploitations, soit sur les domaines des propriétaires fonciers. Il y a aussi un nombre important de saisonniers, la majorité immigrée en contrat temporaire déclaré ou sans papiers. Ils forment la base de la future réorganisation socialiste de l’agriculture, à la tête des petits paysans et des paysans moyens.

LES COUCHES INFÉRIEURES SALARIÉES

   Ces couches sont dans une situation semblable à celles du prolétariat et sont les alliés principaux de celui-ci dans les pays impérialistes. Ce sont les instituteurs, les postiers (centres de tri, facteurs, guichetiers), les employés des chemins de fer (sauf les cheminots, les chauffeurs, les mécaniciens, ceux des ateliers, ceux qui  travaillent, sur les voies font partie du prolétariat), les agents EDF (sauf ceux qui travaillent sur les lignes, poseurs, chauffeurs etc. eux aussi prolétaires), les infirmières, le personnel d’entretien, bref une grande partie de la base des fonctionnaires, mais aussi les secrétaires, les employés de bureau divers, les employés de commerce (supermarchés, grands magasins etc..) font partie de ces couches. Ils représentent 20% de la population active, 50% avec le prolétariat.

LES COUCHES MOYENNES SALARIÉES

   Ils regroupent les professions classées intermédiaires (fonction publique, du privé, de la santé, travail social, agents de maîtrise, contremaîtres, commerciaux), les 2/3 ont des conditions proches de celles du prolétariat. Elles sont directement intéressées par la révolution.

   Quant aux contremaîtres et agents de maîtrises, leur position est plus complexe. D’un côté leurs conditions ne sont pas si élevées qu’ils ne puissent souhaiter un changement révolutionnaire, mais leur position dans la hiérarchie, un niveau de vie un peu plus élevé, une maison, quelques économies, les font osciller entre le prolétariat et la bourgeoisie. Dans une situation révolutionnaire, une partie peut prendre part à la révolution, une autre passera à la réaction, la majorité adoptera une position opportuniste, oscillant sans arrêt.

LES CADRES MOYENS ET INGÉNIEURS, SCIENTIFIQUES ET ENSEIGNANTS

   Les cadres moyens ont d’un côté une fonction de compétence, de l’autre une fonction d’encadrement, de surveillance (et dans ce cas sont considérés comme les représentants du patron), ils font régner le despotisme de fabrique, comme le décrit Marx, tout en supportant la pression du patron. Ils exercent souvent une forme d’harcèlement moral vis à vis de leurs subordonnés, notamment les DRH, qui sont particulièrement contestés pour ne pas dire haïs par le personnel. Il faut donc faire le tri et seuls leurs subordonnés (ouvriers et employés) pourront le faire.

   Néanmoins, de plus en plus, devant les restructurations dont ils sont victimes, les cadres aussi font de plus en plus cause commune avec le reste du personnel. Dans certaines professions où ils sont nombreux, dans certains secteurs où ils sont très majoritaires par rapport à l’ensemble du personnel, ils sont même à la pointe de la lutte.

   Aussi dans la conjoncture actuelle, il faut considérer qu’un certain nombre de cadres peuvent être gagnés à la révolution, que la masse suivra ou restera neutre et que seule une minorité s’opposera à la révolution.

   En ce qui concerne les ingénieurs, la question est d’importance, car ils ont une place de plus en plus indispensable dans la société et tout révolutionnaire connaît les difficultés qu’ont eu les premières révolutions faute de spécialistes suffisants, car il faut du temps pour les former. Aussi nous devons avoir une attention particulière pour cette couche, nous devons gagner une minorité solide, avoir la sympathie ou la bienveillante neutralité de la majorité et combattre les plus réactionnaires en s’appuyant sur le prolétariat et les couches inférieures du salariat.

   La majorité des cadres moyens et des ingénieurs, surtout parmi les jeunes ont des salaires dépréciés par rapport à leurs qualifications, ils ont une aisance toute relative.

   Les professeurs des lycées et des collèges dans leur grande majorité ont des idées réformistes, subissent l’influence des sociaux-démocrates et des révisionnistes, des trotskistes et des anarchistes : ils voudraient la révolution sans la dictature du prolétariat. Ils oscillent sans cesse. Néanmoins, quand la révolution avance, ils se raffermissent et prennent confiance. La majorité viendra vers le prolétariat, seule une minorité s’opposera à la révolution.

   En ce qui concerne les scientifiques, la majorité aiment leur travail et placent leurs recherches et les résultats au-dessus de leurs intérêts personnels. D’autres recherchent uniquement leur intérêt personnel, ce qui n’enlève rien à leurs compétences. Ils travaillent ou sont liés au privé. Une minorité travaille pour le privé et le public, touche des deux côtés comme on dit et ne sont pas prêts à abandonner leurs privilèges. Ils choisiront la réaction et parfois la réaction fasciste pour se maintenir. Il ne faut pas les confondre avec ceux qui font des compromis pour mener à bien leurs recherches, pour obtenir des crédits pour leurs laboratoires dans les Universités.

   Il y a une différence non seulement sur le plan idéologique entre ces deux catégories de scientifiques mais aussi sur le plan économique.

   La majorité verra dans la révolution prolétarienne le moyen de se débarrasser des contraintes qu’impose le marché capitaliste, l’argent qui dépend du profit qu’espèrent les capitalistes dans telle ou telle recherche.

   Ces catégories, ingénieurs, professeurs et scientifiques, doivent être différenciées avec soin, car elles ont une grande influence tant sur le plan de la formation, de l’éducation, culturel et idéologique pour les professeurs, pour son importance dans la mise en route de la production pour les ingénieurs et scientifiques.

LES PAYSANS

   La paysannerie, malgré son faible nombre en France et en général dans les pays impérialistes, est d’une importance primordiale pour la Révolution. En effet, la nourriture est essentielle pour la survie de l’homme. Nous devons donc particulièrement être attentifs à la question paysanne. Il faut en tout premier lieu partir des revendications et des problèmes que se pose la paysannerie pour avancer sur cette question.

   Les paysans sont 629.800 dont 435.900 chefs d’exploitations et co-exploitants, 84.000 conjoints sans statut, et 35.600 avec statut, 140.000 ouvriers agricoles ; dont 436.000 professionnels à temps plein.

   33% des paysans ont une activité secondaire, 18% ont une activité agricole à temps partiel.

tableau_paysans
Retraités : 1.827.897 pour 566.430 cotisants, le financement public constitue ¾ du fonds. (Chiffres 2007)

   Certains sont propriétaires, d’autres sont fermiers, d’autres n’ont pas assez de terres et en louent une partie en fermage, enfin une petite minorité est en métayage.

Surfaces des Exploitations

6% d’exploitations ont plus de 200 hectares pour 20% de la SAU (surface agricole utile)
Plus de 20% ont de 100 à 200 h
Plus de 30% de 50 à 100 h
12% de 35 à 50 h
12% de 20 à 35 h
12% de 1 à 20 h
6% moins de 5 hectares.

La valeur moyenne des terres est de plus de 4000 € l’hectare (2007). La hausse se poursuit depuis 2000 (1000 € de +).

   Les hausses sont très fortes pour le Champagne (18%) et le Cognac (16%).

   Nous pouvons classer comme petits paysans et paysans moyens, les 2/3 au moins des exploitations jusqu’à 50h, la moitié des exploitations entre 50 et 100h, une minorité des exploitations entre 100 et 200h et peu de la dernière (pâturages de montagnes, landes).

   Nous pouvons globalement dire que les propriétaires de grands crus qu’ils soient français ou étrangers sont de la haute bourgeoisie, le sont également, les gros céréaliers, les éleveurs possédant un gros cheptel, les propriétaires de haras, les exploitants de grands domaines forestiers, de chasse etc. 6% de la paysannerie possèdent 21% des terres (propriétés de plus de 200 hectares). Ils seront pour la majorité dans le camp de la contre révolution et essaieront d’entraîner dans leur camp la paysannerie moyenne et même une partie de la petite paysannerie. La haute bourgeoisie paysanne (qui souvent ne réside pas à la campagne) est à la tête de la FNSEA et du CNJA, dans l’objectif de tromper la masse des paysans. Ce sont les gros propriétaires qui touchent la majorité des subventions.

Les formes de coopération à la campagne

   Les GAEC (Groupe Agricole d’Entraide et de Coopération), sont 41.100, ils sont une forme d’entraide entre paysans (travaux, regroupement divers, remplacement pour les vacances, etc..), ou les CUMA (partage du matériel agricole). Ces formes pourraient servir de bases pour la première phase de la coopération en régime socialiste. Les loueurs, vendeurs, réparateurs de matériel agricole, seront transformés en Unité cantonale de Prêt avec chauffeur et entretien du matériel détenue par les coopératives, CUMA ou particuliers. Les grandes propriétés foncières seront expropriées et transformées en fermes d’État.

Le syndicalisme paysan

   La Confédération Paysanne regroupe des petits et moyens paysans menacés par les multinationales. Elle représente les intérêts de la petite bourgeoisie paysanne, réformiste sous certains aspects. Cette dernière se fait des illusions sur la possibilité de leur survie ou sur la survie de la paysannerie pauvre sans terre des pays opprimés qu’ils essaient, à l’initiative de leur leader, de regrouper dans « Via Campesina ». Dans ce sens, ils voudraient faire tourner la roue de l’histoire en arrière à côté des réformistes d’Attac qui eux représentent une partie des intellectuels et des couches moyennes salariées. Ils ont des liens avec les révisionnistes du P«c»F.

   C’est bien sûr une voie impraticable, réactionnaire, mais d’un autre côté, ils posent des problèmes réels, comme la lutte contre les risques liés à la génétique capitaliste productiviste, contre le contrôle du vivant par les multinationales, contre l’utilisation abusive d’engrais, de pesticides, pour une agriculture plus biologique, un juste revenu du travail, etc.

   Nous devons soutenir tout ce qui est juste dans ce mouvement et critiquer ce qui est faux, irréaliste ou s’opposant à la stratégie révolutionnaire du prolétariat.

   Pour résumer, nous devons gagner la masse des petits et moyens paysans à notre cause, combattre résolument les céréaliers, betteraviers et autres grands propriétaires, gros éleveurs, les dirigeants des syndicats réactionnaires de la FNSEA et du CNJA, du Crédit Agricole (capital financier du secteur agricole).

LES ARTISANS

   En France il y a 872.905  entreprises artisanales (janvier 2006), dont : Alimentation : 94.445 – Travail des métaux : 42.899 – Textile, habillement, cuir : 14.035 – Bois et Ameublement : 28.023 – Autres fabrications : 55.499 – Bâtiment : 342.261.

   Les travailleurs indépendants avec leurs aides familiales (souvent la femme qui s’occupe de la comptabilité) représentent les ¾ des artisans. Sans cette aide familiale, ils ne sauraient pour une bonne partie survivre. Ils sont éliminés par les chaînes de service très spécialisées (à titre d’exemple une bonne partie des mécaniciens sont éliminés par les sociétés comme Speedy, Euromaster). Même des artisans qui emploient quelques employés sont éliminés ou en voie d’intégration (une minorité de franchisés).

   On peut dire que les 2/3 des artisans ont intérêt à la Révolution, mais dans leur esprit, ils voudraient revenir en arrière, ils pencheraient pour des solutions réactionnaires. Ils attaquent les technocrates ne voyant pas que derrière eux sont les multinationales, l’État capitaliste quelque soit la couleur du gouvernement, ils ne voient pas que derrière le Front National se cache les éléments de la haute bourgeoisie les plus réactionnaires, justement celle qui gère les multinationales qui les éliminent.

   Les artisans ont des compétences qui seront utiles à la révolution. Aujourd’hui ils ont pour la plupart des difficultés à survivre ou vivre. Ils travaillent souvent 10 à 12 heures par jour. S’ils font leurs comptes (sans compter les heures de leurs épouses à titre aide familiale non rémunérée), ils n’ont même pas la paie d’un ouvrier professionnel.

   Objectivement ils ont intérêt à la révolution, sur le plan subjectif, ils voudraient faire tourner la roue de l’histoire en arrière et peuvent être sensibles à la propagande démagogique des fascistes, car ils sont individualistes et voient les communistes comme des collectivistes qui voudraient les éliminer, alors que justement c’est le capitalisme qui les condamne à la ruine. Nous devons gagner une minorité à la révolution, gagner la sympathie ou la neutralité de la majorité, une forte minorité soutiendra la réaction, surtout parmi ceux qui emploient des salariés en nombre suffisant.

LES COMMERÇANTS

   Parmi eux, la moitié (300.000) sont indépendants avec 100.000 aides familiales. Il y a 300.000 employeurs.

   Les petits commerçants comme les petits artisans se sont fait abuser dans les années 50, par le poujadisme dont le Pen était un des dirigeants. Ils devraient s’en souvenir car, depuis, de nombreux épiciers et autres commerçants ont été éliminés par les grandes surfaces ou les magasins à succursales multiples. Toutes les catégories ont été touchées et de nombreux commerçants sont sur le fil du rasoir, tout simplement parce que le système capitaliste tend à la concentration. Il faudra là aussi gagner une minorité, avoir la sympathie ou la neutralité du plus grand nombre possible, sachant qu’une partie non négligeable peut passer à la contre révolution si nous n’avons pas une approche correcte de ces couches.

LES PROFESSIONS LIBÉRALES

   Les médecins, chirurgiens, dentistes, infirmières libérales, sages-femmes, travailleurs de la santé. Les architectes, comptables, experts comptables. Les avocats et professions juridiques

Les médecins

   Parmi eux, il faut distinguer les médecins généralistes qui travaillent un minimum de 10 voire 12 heures par jour. Ils gagnent assez bien leur vie (en moyenne 10.000 € mensuels), mais les études sont longues et la sélection difficile. Ils partagent souvent cabinets et secrétaires pour réduire les frais de fonctionnement. L’impôt sur le revenu ampute une partie importante de leur revenu. Vu le nombre d’heures, ils ont un revenu inférieur à un expert comptable. Le problème est qu’ils ne peuvent consacrer suffisamment de temps à chaque patient, car le recrutement a été stoppé. Une minorité importante peut être gagnée à la Révolution (l’histoire du Mouvement Communiste est jalonnée de militants communistes médecins : Wedemeyer du temps de Marx, Norman Béthune du temps de Mao, pour ne citer que les plus célèbres). Une grande partie peut-être considérée comme humaniste, seule une minorité accrochée à ses privilèges est réactionnaire.

Les dentistes

   Les dentistes ont moins de contraintes que les médecins, ils ne sont pas tenus d’être de garde. Un certain nombre d’entre eux pratiquent des prix élevés pour les prothèses qui, de plus, sont mal remboursées. Il est vrai que le matériel moderne est très cher. Néanmoins avec moins de contrainte que les médecins (pas de travail de nuit ou tard), ils ont moins de responsabilités (maladies graves), ils ont un revenu et une qualité de vie supérieure à celle des médecins. Une minorité peut être ralliée, la majorité est assez conservatrice mais peut avoir une attitude neutre, une forte minorité est réactionnaire.

Infirmières libérales, sages-femmes

   Les infirmières ou infirmiers subissent des contraintes horaires très importantes : tôt le matin, tard le soir. Les sages-femmes voient leur fonction dévalorisée. La masse des infirmières et des sages-femmes a intérêt à la révolution, à noter que dans le public les infirmières salariées sont très combatives (leurs homologues dans le privé n’ont pas bénéficié de l’aide qu’ont reçu les patrons de clinique).

Les kinésithérapeutes, et autres professionnels de la santé

   Comme les autres professionnels de la santé, ces derniers subissent avec les usagers l’attaque du gouvernement contre la restriction des soins, les kinésithérapeutes sont aussi victimes de cette politique réactionnaire.

   Pour résumer, les libéraux professionnels de la santé globalement doivent être considérés comme faisant partie intégrante de la santé, leur regroupement dans des centres de santé doit être considéré comme une forme de coopération qu’il faudra améliorer  dans la première phase de construction du socialisme.

Les architectes

   Les grands architectes qui possèdent des cabinets importants font partie de la grande bourgeoisie. Leurs lobbies au sein des instances de gouvernement ou des collectivités les appuient au niveau des concours. Quant aux gros entrepreneurs des travaux publics, ils ont leurs cabinets. Une minorité est progressiste, une forte proportion oscillera entre révolution et contre-révolution. Une forte minorité est réactionnaire.

   Les architectes vraiment indépendants ont des difficultés pour obtenir des commandes, ces derniers peuvent être gagnés à nos points de vue d’autant plus que les grandes rénovations et grands projets leur fourniront du travail dans le cadre de la construction du socialisme. Il nous faut gagner les éléments progressistes de cette catégorie, neutraliser la frange réactionnaire, gagner ou neutraliser la majorité.

Les comptables, experts comptables et autres professions libérales

   Globalement on peut dire que les professions libérales ont une aile progressiste plus ou moins importante suivant les professions, une aile réactionnaire, et une majorité qui sera indécise quand se développera la révolution prolétarienne, comme toutes les couches de la petite bourgeoisie ou de la bourgeoisie moyenne.

Les chefs d’entreprises de plus de 10 salariés, directeurs généraux des grandes entreprises

   Ils forment la moyenne bourgeoisie supérieure et la haute bourgeoisie. Patrons privés ou salariés hautement rémunérés, une infime minorité aura de la sympathie pour la révolution, une partie agira d’une façon opportuniste quand la révolution avancera et pourra être neutralisée, mais la majorité soutiendra la contre-révolution par tous les moyens. Néanmoins, si la crise s’accentue, il est possible qu’une partie soit jetée sur le pavé et, ruinée, finisse par se ranger contre mauvaise fortune bon cœur du côté du prolétariat en pensant à leur avenir compromis par le capitalisme. Le prolétariat devra tenir compte du changement de leur situation ou de l’attitude des individus envers la révolution.

Les hauts fonctionnaires (grands commis de l’État)

   Une partie importante est réactionnaire, une partie pourra collaborer avec le prolétariat, une autre partie restera neutre. Elle fait partie de la bourgeoisie supérieure, voire de la grande bourgeoisie.

LES FORCES DE RÉPRESSION

   Sans un appareil d’État puissant la bourgeoisie ne peut se maintenir. Elle utilise la police, l’armée, la justice comme moyen de coercition pour faire appliquer la loi de la bourgeoisie, par la contrainte ou la force.

La police

   Ils sont un peu moins de 150.000.

   Une petite minorité pourra aider le prolétariat, entre autre en fournissant des renseignements et aussi pour combattre les idées racistes, fascistes au sein de la police, etc.

   L’expérience de la Résistance montre que c’est uniquement une petite minorité qui aidera le prolétariat. Il ne faut pas oublier que sans la police le régime de Vichy et les nazis n’auraient pas pu procéder aux rafles des juifs, arrêter autant de communistes et résistants. A la libération, leur ralliement à la Résistance montre que quand le rapport de force penchera en faveur du prolétariat, une partie ralliera son combat.

   Mais il restera une importante minorité qui sera le fer de lance de la réaction dans tous les corps de police, car la réaction, le fascisme et le racisme y ont leurs partisans.

   Les CRS forment le corps le plus réactionnaire. Devant un mouvement d’ensemble, ce corps pourra se désagréger en partie (il y a eu des cas isolés en 1968).

   La BAC constitue un corps d’intervention haï parmi les jeunes des quartiers populaires. C’est un corps très réactionnaire, considérés comme des « cow-boys ».

   La police municipale est un corps recruté par les municipalités. Dans certaines villes, une partie peut être utilisée comme force de répression anti-populaire. Cela est d’ailleurs de plus en plus le cas.

   Le corps des officiers et des commissaires n’est pas plus homogène sur le plan idéologique que la masse des policiers en général.

   Sur le plan politique, une minorité importante de la police est d’extrême droite, une minorité importante est de gauche (social-démocrate ou révisionniste), sur le plan idéologique, une majorité est raciste et anti-communiste.

   On peut dire qu’un quart sera contre-révolutionnaire, la moitié devrait pouvoir être neutralisée quand la balance penchera de notre côté.

L’Armée

   En 2007, 437 000 personnels dont 355 000 militaires soumis au statut général des militaires (38 000 officiers, 200 000 sous-officiers, 92 000 militaires du rang et 25 000 volontaires) et 83 000 civils (fonctionnaires, contractuels et ouvriers d’État). Les réservistes étaient au nombre de 56 000 ; ils devaient être plus de 60 000 fin 2007 pour atteindre l’effectif cible de 94 000 en 2012. La France est le troisième pays mondial en terme de dépenses militaires et de force de frappe nucléaire. Elle est également le 4ème exportateur d’armes.

   L’armée aujourd’hui n’est pas une armée de contingent, aussi les contradictions y sont moins importantes qu’auparavant. La contradiction passe de soldats du contingent et soldats de métiers, à celle d’engagés volontaires et sous-officiers d’un côté et officiers de l’autre et d’officiers subalternes à officiers supérieurs. La contradiction est aussi entre unités ordinaires (infanterie, génie, personnels au sol) et unités d’élite (commandos, intervention rapide, pilotes de chasses, armée scientifique). En effet les armements sophistiqués sont entre les mains de spécialistes très pointus, mais ces armes peuvent être neutralisées. Il ne faut ni surestimer les forces de l’ennemi, qui reste vulnérable, ni les sous-estimer.

   L’armée est avant tout une armée impérialiste chargée de maintenir l’ordre impérialiste à l’extérieur et une armée dirigée contre l’ennemi intérieur (les classes dangereuses), c’est à dire le prolétariat et les couches populaires. En tout premier lieu la Gendarmerie Mobile, qui sous Vichy a été utilisée pour garder les camps de transit en attente du transit des juifs vers les camps de concentration et d’extermination. Ils ont été engagés aux côtés des nazis pour réprimer les partisans. La gendarmerie est devenue une force de police même si elle dépend de l’armée.

   La gendarmerie est une force armée ayant une fonction de police générale ou de proximité. Pendant la guerre une partie a participé activement à la résistance (renseignements). En se basant sur cette expérience, il doit être possible de neutraliser une partie de ce corps et même d’avoir des amis dans ce corps.

   La Légion étrangère a été utilisée pendant la guerre d’Algérie comme troupes de choc pour les basses œuvres. Les nouvelles recrues proviennent des pays de l’Est, du Sud Est asiatique, en général anti-communiste, mais une partie peut être gagnée. Les bérets rouges ou verts sont particulièrement réactionnaires (la formation reçue y est pour beaucoup).

   En ce qui concerne les forces répressives, nous devons avoir une politique maoïste, c’est à dire offrir une alternative à ces corps : rester neutre, rallier notre camp ou nous combattre. Chacun choisira. Nous devrons entreprendre une propagande spéciale, cette propagande ayant pour objectif de neutraliser la majeure partie, de rallier à notre cause une minorité et d’isoler la partie la plus réactionnaire.

L’appareil judiciaire

   L’appareil judiciaire est chargé d’appliquer les lois élaborées et adoptées par le parlement bourgeois. On appelle cet État un État de droit, mais ce droit n’est que le droit bourgeois et comme le dit le vieil adage « suivant que vous soyez puissant ou misérable, la justice sera blanche ou noire ».

   Si on se place d’un point de vue de classe, on constate que la majorité des « délinquants » proviennent du prolétariat ou des couches les plus défavorisées victimes de la politique de classe imposée par la bourgeoisie. Aussi l’appareil judiciaire ne peut être neutre, il applique les lois de la république bourgeoise. Les juges ont de moins en moins de marge de manœuvre pour appliquer plus ou moins durement la loi. Les plus progressistes s’inquiètent de la montée des lois réactionnaires, répressives, discriminatoires de l’Etat de plus en plus policier, du développement d’un fascisme rampant que nous, maoïstes, appelons « fascisme moderne ».

   Certes, ils peuvent trouver des circonstances atténuantes à tel ou tel prévenu, mais sont contraints par les nouvelles lois à augmenter les peines. Ils peuvent néanmoins se placer du point de vue du patronat ou du salarié dans le traitement des affaires sociales, mais leur marge de manœuvre est limitée par les nouvelles lois.

   Nous ne parlons pas ici des tribunaux d’exception comme les tribunaux militaires ou celui qui traite des affaires de « terrorisme », terme d’accusation appliquée de plus en plus au mouvement ouvrier et social lorsqu’il utilise des moyens légitimes de lutte. Souvent, ces moyens sont limités mais seront réprimés fortement, « pour l’exemple ». Certains sont condamnés à l’isolement, c’est-à-dire à une mort lente.

   Nous devons donc appuyer les plus progressistes d’entre ceux de l’appareil judiciaire, dénoncer les abus et les dénis de justice. Appeler, comme du temps de la Gauche Prolétarienne, à la constitution de Comités «Vérité et Justice ».

STATISTIQUES INDICATIVES

   Les statistiques qui suivent sont données à titre indicatif. Elles sont issues de différentes institutions. Les approches ou modes de recueillement des données ne prennent pas en compte les mêmes éléments ou le même ensemble d’éléments. Certaines données sont en pourcentage, d’autres chiffrées. Les années ne sont pas toutes disponibles pour différentes raisons (sondages, planning de publication, etc.).

   Ces statistiques chiffrées devront être révisées, complétées y compris par l’addition de données supplémentaires (économiques, écologiques, etc.) pour enrichir l’analyse des classes ci-dessus, et préparer un texte d’orientation programmatique pour la révolution suivant la conception idéologique, politique, économique et culturelle sur la base du matérialisme dialectique et de la théorie de la lutte des classes sous la dictature du prolétariat.

   Dans ce sens nous serons amenés à définir les tâches de l’État de dictature du prolétariat, les relations entre le Parti d’avant-garde et cet État, avec la plus large participation de la classe ouvrière, du prolétariat et des masses populaires. De même sera définit le rôle des intellectuels, des scientifiques, des spécialistes de l’industrie et des échanges et de chacun dans l’édification de la société nouvelle, dans le domaine de la production, l’acquisition des moyens de production, la refonte de la production dans l’objectif de la satisfaction des besoins de chacun, la question des rapports humains dans la production, la réduction des différences entre les Hommes tant dans le domaine économique que de la fonction politique, de l’élévation du niveau de formation, de culture, etc.

   Cette lutte prolongée sur la terre entière doit amener l’émergence de l’homme nouveau et la formation ininterrompue et par étapes d’un monde harmonieux à l’échelle planétaire. Il va de soi que pour arriver à cette harmonie, chaque parti communiste dans chaque pays doit faire une analyse de classe prenant en compte la réalité concrète du pays sur tous les plans.

CLASSE OUVRIÈRE ET PROLÉTARIAT

Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les réactionnaires, les révisionnistes et réformistes de tout poil, la classe ouvrière n’a pas disparu, elle a même quantitativement augmenté.

   La classe ouvrière représente 5.834.000 (22,8 %) + 1.090.000 techniciens (4,3%), au total 6.924.000 (27,1%) de la population active de 25.628.000.

   Le prolétariat, outre les employés et techniciens, comprend tous ceux qui sont indispensables au processus de production, plus de la moitié des employés en font partie. On peut estimer que en y ajoutant les éléments des professions intermédiaires, d’une partie des ingénieurs productifs, et les scientifiques,  le prolétariat représente au minimum 13.000.000 de personnes (classe ouvrière comprise), soit plus de la moitié de la population active.

CADRES MOYENS ET INGÉNIEURS, SCIENTIFIQUES ET, ENSEIGNANTS

   Au total, ils représentent près de 4 millions de salariés, 11% de la population active.
Les cadres moyens sont 750.000, les ingénieurs 1.181.000, les professeurs et professions scientifiques 755.000.

CADRES SUPÉRIEURS, DIRIGEANTS

   Ils ne représentent que 10% des cadres.

LES ARTISANS

   Ils sont 717.000 (+ retraités et 26.000 chômeurs). Il y a 2/5 d’employeurs.

LES COMMERÇANTS ET ASSIMILES

   Ils sont 750.000 (+ retraités et chômeurs (42.000)). Près de la moitié sont employeurs.

LES PROFESSIONS LIBÉRALES

   Il y a 340.000 libéraux (retraités et chômeurs compris), 3/5 sont employeurs.

CHEFS D’ENTREPRISES DE 10 SALARIES ET PLUS

   Ils sont 124.000.

LES FORCES DE RÉPRESSION

   La police et l’armée sont 587.000 + les retraités.
L’appareil judiciaire plus de 50.000.

LE CLERGÉ

   Ils sont 11.000.

POPULATION ET TERRITOIRE

   Surface : 551.500 Km²  (hexagone)
Habitants : 65 millions (avec la Guadeloupe, la Guyane, Martinique, la Réunion que les marxistes considèrent comme des colonies) (estimation 1er janvier 2006).
Population rurale : environ 13%
Population urbaine : environ 77%, dont 33% dans les zones périurbaines (ce sont ces zones qui ont la plus forte croissance en terme de population).
Il y a 40 villes de plus de 100.000 habitants, dont 25 agglomérations de plus de 300.000 habitants.
Personnes vivant seules : 8.539.000
Familles : 17.661.000 (dont plus de 6.7 millions sans enfants)
Espérance de vie : Femmes 84,5 – Hommes 77,8 (2009)

SITUATIONS PRÉCAIRES

   Intérimaires : 473.000
Temps partiels : Employeurs (168.000), aides familiales (107.000), salariés secteurs domiciles (404.000), secteur privé (2.526.000), salariés d’État (410.000), collectivités locales (382.000), Apprentis (361.966), CDD (1.604.000), Contrats aidés et Stagiaires (113.000), soit  près de 5,5 millions de précaires à bas salaires (25,1% des salariés). Il faut ajouter les très bas salaires (17 %).

Bas salaires

   Selon la catégorie professionnelle
Emplois aidés : 64%
Ouvriers non qualifiés  : 41%
Employés : 31%
ENSEMBLE : 27%
Ouvriers qualifiés : 21%
Professions intermédiaires : 13%
Cadre et chef d’entreprise : 7%

   Selon l’emploi
Intérim : 57%
Associations : 41%
Collectivités territoriales : 35%
Entreprises individuelles : 35%
ENSEMBLE : 27%
Sociétés : 21%
Hôpitaux : 9%
EPIC : 6%

   Selon l’activité
Services aux particuliers : 36%
Associations : 41%
Services entreprises : 35%
ENSEMBLE : 27%
Commerce : 24%
Construction : 24%
Education, Santé, Action sociale : 24%
Activités immobilières : 18%
Industrie, Energie : 17%
Transports : 16%
Activités financières : 9%

   Travailleurs pauvres
Avec  emploi : 1,8 million
Chômeurs : 0,82
Inactifs, dont retraités et étudiants : 2,839
Enfants de – de 18 ans : 2,358
Total :  7,862  millions    (13%)

55.000 salariés gagnent moins de 9.000 €/an (- de 77% du SMIC actuel).
40.000 ont un très bas salaire (58% du SMIC)

SALAIRES

   Celui des employés est de 1.300 €.
Le salaire moyen des ouvriers est 1307 €. Les 4 catégories les mieux rémunérées chez les ouvriers sont en dessous des 1.500 €/mois, les 3 catégories suivantes sont en dessous de 1200 €.
Les techniciens 1.700 €.
Les scientifiques 2.200 €.
Les ingénieurs 2.750 €.

CHÔMAGE

   Taux de chômage (BIT): 9,5% pour la population active / 12,1% chez les immigrés / 19% chez les jeunes (2009) / + de 30% dans les Dom-Tom.
Soit 2.5 millions de chômeurs auxquels il faut rajouter 0,8 millions d’inactifs voulant travailler, ce qui donne environ 12,5%

   Il y a eu 592.000 emplois détruits 2009.

   Sous emplois : 1,5 million
1,2% des personnes employés (BIT) à temps plein mais en chômage partiel ou technique.
3,5% à temps partiel ne faisant pas de recherches
1,2% à temps partiel, faisant des recherches

   Si on rajoute le nombre de personnes en sous emploi au nombre de chômeurs et au nombre d’inactifs voulant travailler on obtient environ 18,2% de la population active.

L’INÉGALITÉ DANS LE TRAVAIL ENTRE HOMMES ET FEMMES

   Selon l’Observatoire des Inégalités, tous temps de travail confondus, les femmes gagnent 27% de moins que les hommes (pris dans l’autre sens, les hommes gagnent 37% de plus que les femmes). Cela s’explique par les temps partiels subis, le maintien dans des postes peu qualifiés ou moins rémunérateurs.

   À poste et expérience équivalents, les femmes touchent 10% de moins que les hommes.

Différences selon les professions :
Cadres : 30,8%
Professions intermédiaires : 14%
Employés : 5,7%
Ouvriers : 18,7%

   La part des bas salaires dans l’emploi des femmes et des hommes est disproportionnée, touchant plus d’une femme salariée sur quatre, contre à peine un homme sur dix. Actuellement, près de 80 % des salariés à bas salaire sont des femmes, et 74 % d’entre elles occupent des emplois à temps partiel. Cette proportion est d’environ 10 points supérieure à son niveau du début des années 1990 (source—OFCE).

RETRAITÉS

   13.500.000 (dont 600.000 au minimum vieillesse – 2005)

ENDETTEMENT

   Individuel
Salariés : 44%
Indépendants : 38%
Professionnel : 27%
Le principal (35%) concerne l’immobilier et le foncier.

LOGEMENT

logement

   Propriétaires : 15.043.000 (2005)
56,9% (2006) des ménages sont propriétaires de leur logement (dont 20% d’accédants).
Les 20% d’accédants les plus pauvres dépensent 50% de leur budget dans le paiement des traites contre 21% pour les 20% les plus riches.
Chez les 20% les plus pauvres, il y a 37% de propriétaires contre 76% chez les 20% les plus riches.

   Locataires : Les 20% les plus pauvres dépensent 47% de leurs revenus dans le loyer contre 28% pour les plus riches.

   Mal logement : Selon la fondation Abbé Pierre, il y aurait 3,5 millions de personnes mal logées et 6,6 millions de personnes en situation de fragilité quant à leur logement (impossibilité de payer, logement chez un tiers, etc.).

   État des logements :

mal_logement

   Logements surpeuplés : 1.226.000 (2002)

   Prix d’acquisition des logements :
Les prix au m² varient de 1000 euros à 15.000 euros dans les beaux quartiers de Paris. En province on peut trouver des maisons individuelles à partir de 50.000 pour les plus modestes, ce qui est le prix d’un 15 m² à Paris.
Le prix du m² professionnel est légèrement inférieur en moyenne.
En 2009, baisse du nombre de permis de construire est de 17,6% par rapport à 2008, malgré la baisse des prêts à taux fixes : 4% au lieu de 5,3%.

   Prix du foncier :
Zones urbaines :
Celui varie de 15.000 €. Le m² dans les grands quartiers à 100 €. dans les zones reculées.

   Terrain agricole :
La moyenne est de 4000 € l’hectare
Les vignes valent de : 30.000 € l’hectare pour les (AOC), voire 1,5 million € (Champagne), 2 ou 3 millions € (grands crus de Bordeaux). Les autres vignes valent en moyenne 10.000 € l’hectare.
Les vergers valent en moyenne plus de 5000 € l’hectare.
Les terres labourables en moyenne : 4257 € l’hectare
Les prairies : 2995 € l’hectare

ÉPARGNE ET VALEURS MOBILIÈRES

   L’épargne sous diverses formes (Livrets jeunes, A ou B, CODEVI, LEP, livrets défiscalisés) concernent plus de 84% de la population. L’épargne logement (PEL, CEP) plus de 40%.
Les valeurs mobilières (Obligations, SICAV, FCP, Actions) concernent 22,5 % de la population.
Les contrats d’assurances (Vie, décès, PEP, Epargne retraite) concernent 46% de la population.
L’épargne salariale : (4.670.000 en 2004) bénéficiaires
L’intéressement  : (3.880.000     | |      )            I
Plan d’Épargne Entreprise : (2.570.000     | |      )            I

PATRIMOINE

   Patrimoine privé moyen (2003) : 194.460 €
Patrimoine immobilier moyen : 110.060 €
Patrimoine des 10% les moins riches : inférieur à 2110 €
Patrimoine des 10% les plus riches : supérieur à 450.060 €
Il y a 560.000 foyers qui paient l’impôt sur la fortune, A ceux-là il faut ajouter les détenteurs de biens professionnels (usines, bois et forêts, locaux commerciaux, terres agricoles), sans compter les collectionneurs de timbres, de monnaies, d’objets d’art, etc. cumulés ou non avec des biens immobiliers ou mobiliers (actions et obligations, rentes diverses), plus d’1 million de ménages sont de fait au-dessus du seuil d’imposition sur la fortune. 6 millions de ménages ont un patrimoine de 100.000 à 500.000 euros de francs. Pour finir plus de 50% détiennent un patrimoine de plus de 100.000 €.

   Patrimoine global :
Financier : 36,9%
Immobilier : 47,9%
Professionnel : 15,2%
Livrets : 15%
Épargne logement : 12%
Valeurs mobilières : 17,3%
Assurances vie : 35,6%

NIVEAU DE VIE

   Évolution du niveau de vie entre 2003 et 2006 :
Le niveau de vie des 30% les plus pauvres a baissé en moyenne de 0,5%
Le niveau de vie des 30% les plus riches a augmenté en moyenne de 1,3% (dont 1,9% pour les 10% les plus riches).

niveau_vie

   Seuil de pauvreté : environ 900€ /mois, ce qui concerne 8 millions de personnes (13,4% de la population) en 2007.
Niveau de vie annuel moyen (2006) : 20.603€ (soit 1717€/mois)
Niveau de vie annuel médian (2006) : 17.597€ (soit 1466€/mois)
Les 10% les plus aisés ont un niveau de vie d’au moins 33.190€/an (soit 2765€/mois).

   En proportion, les 20% les plus pauvres ont un niveau de vie moyen de 10.080€/an (soit 840€/mois) et les 20% les plus riches de 50.030€/an (soit 4170€/mois).

DONATION ET HÉRITAGE

   45% des ménages sont concernés

DIPLÔMES

   Enseignement supérieur : 24,8%
Enseignement primaire :
1er Degré : 626.500 (86,4% public)
2ème degré (hors agricole) : 5.485.400 (79,5%) –  2ème degré agricole : 154.900
Centres de formation d’apprentis : 401.500
Spécial santé scolarisés : 76.300
Supérieur : 2.275.044
Total : 15.019.700

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