3. Notre action dans la classe ouvrière

Textes de bases du PCm

Parti Communiste Maoïste (PCm)

IV. Classe ouvrière

3. Notre action dans la classe ouvrière

1. Dans le Parti

   Un Parti Communiste ne peut être coupé des masses, au contraire il doit y avoir un rapport dialectique entre les révolutionnaires et la classe ouvrière.

   Les maoïstes viennent de la classe ouvrière et vont à la classe ouvrière, cela ne doit pas être autrement. Notre action politique doit être entièrement dirigée vers la classe.

   Dans le Parti, les mécanismes doivent être mis en place afin que les ouvriers et ouvrières aient une place particulièrement importante, et plus particulièrement encore les ouvrières qui subissent une oppression supplémentaire. Cependant, dans le Parti, tout le monde n’est pas ouvrier ou ouvrière. Il peut y avoir des étudiants et étudiantes, des travailleurs et travailleuses administratifs, des intellectuels et bien d’autres gens encore. Cependant, nous devons pousser chaque militant et militante à aller vers la classe ouvrière. Cela peut prendre plusieurs formes : diffusions de tracts devant les usines ou dans les quartiers populaires, participations aux piquets de grèves… Cela peut également être en participant à la production. L’établissement peut être une solution en fonction des possibilités, le fait de travailler pendant les études ou les vacances peut également permettre aux camarades non-ouvriers ou non-ouvrières de prendre conscience par la pratique des réalités de la production et des rapports de classes dans une entreprise.

   Nous ne pouvons pas réclamer que tous et toutes les camarades soient ouvriers et ouvrières, mais nous devons exiger que tous et toutes les camarades non seulement se placent dans le camp de la classe ouvrière mais créent des points de contacts avec elle car c’est comme cela que nous pouvons diffuser nos idées en son sein. De plus, le fait de participer, même de façon minime, à la production et à la vie ouvrière permet de soigner l’intellectualisme. Durant la révolution culturelle, le PCC a encouragé les intellectuels à participer à la production dans les champs et les usines afin qu’ils et elles comprennent ce qu’étaient les conditions de vie de la majorité de la population. Cela permis aux intellectuels d’instruire les paysans et paysannes et les ouvriers et ouvrières, par exemple en luttant contre l’illettrisme, et aux paysans et paysannes et ouvriers et ouvrières de ré-éduquer les intellectuels en luttant contre les conceptions petites-bourgeoises. Dans le Parti, nous devons d’ores et déjà propager l’idée de la révolution culturelle et permettre à chacun et chacune d’apprendre au contact de la classe ouvrière et de synthétiser et diffuser les idées révolutionnaires dans cette dernière.

   Pour le moment, le Parti que nous construisons est numériquement faible. Cependant, nous ne devons pas pour autant prendre de mauvaises habitudes. Nous devons à chaque instant garder en tête notre objectif de « bolchévisation » du Parti. Cela passe notamment par la création de cellules d’entreprises. Former le parti, œuvrer à la révolution, c’est comme partir à la guerre ou bâtir un immeuble, pour cela il faut un plan. Nous devons analyser le bassin d’emploi partout où nous somme présents, repérer les entreprises les plus intéressantes (par exemple celle où la concentration ouvrière est la plus forte) et travailler à y implanter des cellules d’entreprise, des petits noyaux de communistes au contact de la classe chargés d’y propager la politique du Parti.

2. Dans les syndicats

   Nous sommes critiques des directions syndicales, mais nous ne devons pas être gauchistes et noyer l’ensemble des syndicats avec leurs directions. De nombreux ouvriers et ouvrières combatifs existent à la base des syndicats et notamment de la CGT qui reste le principal syndicat ouvrier. Nous ne devons pas nous couper de cette base et c’est pour cela que nous devons militer dans la CGT quand cela est possible pour former des noyaux rouges et développer la conscience de classe des autres travailleurs et travailleuses, en dénonçant notamment les directions syndicales pourries, réformistes et conciliatrices. En fonction des situations locales, des branches, il peut s’agir d’un autre syndicat, le plus important étant la démarche et non l’étiquette syndicale. Lénine expliquait en son temps que les révolutionnaires devaient militer dans les syndicats, y compris réformistes, mais il expliquait aussi que sans Parti, la classe ouvrière ne pouvait dépasser le stade du trade-unionisme.

   Notre ligne doit être de travailler dans le syndicat, d’y insuffler nos mots d’ordre, de travailler à dénoncer les bureaucrates et les réformistes, et en période de lutte, d’impulser des comités de luttes unissant syndiqués et non syndiqués autour de l’unité à la base afin de dépasser les directions syndicales réformistes. C’est ce que plusieurs usines en lutte ont mis en pratique à différents niveaux ces dernières années (Continental, PSA, Goodyear, Fralib,…), à chaque fois en contradiction avec les directions syndicales pourries. Nous devons nous en inspirer, tout comme des Comités de Lutte d’Atelier mis en place par la Gauche Prolétarienne dans les années 70 ou encore des COBAS en Italie qui persistent toujours. La question de la continuité est importante car dans les exemples récents en France, la limite a été de ne déboucher sur aucune structure pérenne. Nous devrons travailler à une brochure sur cette question pour l’approfondir.

   Nous devons œuvrer petit à petit à la refonte d’un syndicalisme de classe et révolutionnaire, en faisant progresser la conscience de classe, ce qui ne peut se faire que dans la lutte.

3. Sur les lieux d’habitation

   Etre au contact de la classe, ce n’est pas que dans les entreprises, mais également dans les lieux d’habitation. Si l’usine ou le chantier est une composante majeure de la vie ouvrière, le lieu de vie en est une toute aussi importante. Nous devons vivre au sein de notre classe et pouvoir y avoir une véritable présence. Pour cela il faut nous emparer de chaque problème du quotidien, même insignifiant. Nous devons être là face aux problèmes du logement, de la vie chère, de la malbouffe, du harcèlement et pressions policières, du chômage, et à tous les autres problèmes qui touchent les travailleurs et travailleuses. Nous devons également développer une politique sous le mot d’ordre « SERVIR LE PEUPLE », être capables d’amener des solutions concrètes à des problèmes concrets et pas simplement de la palabre et du papier. Il nous faut ainsi enquêter et intervenir sur les lieux d’habitation de la classe ouvrière, y compris au travers d’organisations de masse plus larges, comme des clubs de sport, des activités culturelles, etc. C’est ainsi répondre à notre tâche actuelle qui est « relever la tête et reprendre nos affaires en main » autour du développement d’activités favorisant l’unité de la classe ouvrière. C’est aussi la question de l’auto-organisation de la classe comme aspect stratégique.

4. L’enquête

   L’enquête, c’est notre outil pour comprendre comment intervenir auprès de la classe. C’est elle qui nous permet de connaître la situation concrète dans telle boîte, dans tel quartier, etc. C’est au travers de l’enquête que nous pourrons synthétiser les idées justes au sein du peuple et les développer et identifier les idées fausses et les combattre efficacement. L’enquête n’est pas un questionnaire que l’on donne à remplir mais des discussions, individuelles ou en groupe, des recherches d’information concernant le lieu où nous intervenons, des lectures, etc. L’enquête, c’est se mettre à l’école de la classe ouvrière et des masses populaires, comprendre leurs besoins et comment y répondre. Nous devons travailler notre capacité à synthétiser toutes les informations que nous pouvons recueillir de là où nous intervenons afin de développer un travail plus efficace et collant au mieux aux situations concrètes auxquelles nous faisons face.

5. La lutte contre les conceptions erronées dans la classe ouvrière

   Il est primordial que notre Parti mène une lutte féroce contre les conceptions erronées au sein de la classe ouvrière. Nous devons avoir à l’esprit que la bourgeoisie développe et soutient des organisations pour faire passer ses idées au sein de la classe. Il va sans dire que la lutte contre le racisme, le sexisme et toute autre forme de discrimination qui divise la classe est essentielle.

   Nous devons également lutter contre des conceptions erronées propagées par des organisations se posant comme alliées de la classe ouvrière.

   La première est l’ouvriérisme qui enferme la classe dans l’usine mais qui ne voit pas que la classe existe en réalité dans toute la société. D’ailleurs, si nous affichons l’objectif que la classe ouvrière dirige la société, alors il serait contradictoire de ne s’intéresser à la classe ouvrière uniquement dans l’usine. C’est une vision mécaniste de la classe ouvrière qui en fin de compte enferme les ouvriers et ouvrières dans l’usine. L’ouvriérisme mène également au fétichisme de « l’ouvrier » qui, en projetant les représentations stéréotypées et bien souvent désuètes de la classe ouvrière comme généralité, ne permet pas de saisir la réalité complexe et diverse de la classe ouvrière. Cela conduit également au suivisme, projetant que tout ce qui sort de la classe ouvrière est forcément juste. C’est oublier le point de vue marxiste que les idées dominantes dans la société, et donc dans la classe ouvrière, sont les idées de la classe dominante. La classe ouvrière n’est pas hors société, elle est donc traversée par les mêmes contradictions que cette société.

   D’autre part, il y a l’économisme, qui noie la question politique derrière les revendications économiques.

   « Quelle était donc la source de nos divergences ? Mais justement que les économistes dévient constamment du social-démocratisme vers le trade-unionisme dans les tâches d’organisation comme dans les tâches politiques. La lutte politique de la social démocratie est beaucoup plus large et plus complexe que la lutte économique des ouvriers contre le patronat et le gouvernement. »

Lénine, Que faire ?

   Nous ne pouvons pas concevoir notre intervention dans la classe simplement derrière des revendications directes, liées à la survie économique. Le rôle du Parti n’est pas celui d’un syndicat ! Si nous devons aborder les problèmes économiques comme les revendications salariales, c’est toujours dans une perspective révolutionnaire, c’est à dire dans le but de transmettre à la classe ouvrière la conscience de son rôle historique d’avant garde. L’économisme désarme les prolétaires en les enchaînant derrière des perspectives réformistes et uniquement réformistes. Nous devons les combattre, comme Lénine les a combattu en son temps.

   L’économisme est une déviation anti marxiste, les dérives intellectualistes le sont tout autant. Les militants et militantes de notre Parti doivent parler la langue du peuple et non celle des élites ! Ils et elles ne doivent jamais mépriser la classe et se croire au dessus des masses car ce sont les masses qui font l’histoire et non les fétichistes de l’idéologie. Cela signifie que nous devons travailler sans cesse à être dans la classe ouvrière comme un poisson dans l’eau.

   Notre rôle est d’armer la classe. Nous nous emparons de chaque problème concret pour transmettre dans le prolétariat la conscience de classe, et la nécessité de la révolution. Le rôle des militants et militantes de notre Parti dans la classe est de faire ce travail, cela bien sûr en le mettant en adéquation avec la pratique et l’organisation de la classe. Nous devons connaître les problèmes concrets que subissent les prolétaires au quotidien et s’en emparer et non les mépriser comme étant sans importance. Notre devise doit donc être : partir d’une situation concrète, lutter pour la transformer grâce à un pratique prolétarienne, liée à une théorie prolétarienne afin d’amener dans la classe un niveau de conscience supérieur tant théorique que pratique et organisationnel.

   La révolution ne se fait pas en chambre, mais bien dans le feu de la lutte des classes et en lien étroit avec les masses. Les Camarades organisés dans notre Parti ne théorisent pas dans les salons douillets. Ils et elles vivent, luttent, étudient, travaillent au sein même de la classe ouvrière et ses alliés.

   Ce texte de congrès a valeur d’orientation politique pour le nouveau Parti, c’est à dire qu’il affirme le rôle central de la classe ouvrière dans la révolution et la construction du socialisme en France et dans le monde. Nous devons donc dès à présent tourner l’essentiel de nos forces en direction des masses populaires et principalement de la classe ouvrière, car sans cela nulle révolution n’est possible dans notre pays !

   Ce sont les masses qui font l’histoire, c’est la classe ouvrière qui doit diriger la société et le Parti doit lutter pour en être incontestablement l’avant garde, il doit gagner sa place d’expression organisée des aspirations politiques du prolétariat dans le feu de la lutte des classes !

flechesommaire2