A propos du congrès de fondation du PCI(m)

A propos du congrès de fondation du PCI(m) : réponse de Ganapathy aux médias

Parti Communiste d’Inde (maoiste)

   Question : Nous avons entendu dire que vous avez réussi à tenir votre Congrès récemment, presque 37 ans après le précédent. Pourquoi un tel délai ?

   Ganapathy : Il est vrai que le dernier Congrès que nous ayons tenu, le 8è Congrès, remonte à l’année 1970. Ce qui explique que nous n’en ayons tenu aucun pendant ces 37 années, ce sont les conditions des forces révolutionnaires dans notre pays.

   Deux ans après son dernier Congrès, le mouvement a essuyé un sérieux revers, le plus haut comité, le Comité Central, a été désintégré suite au martyr, aux arrestations et même aux trahisons de certains de ses membres comme S[atyanarayan] N. Singh qui a en fait scindé en deux le Parti en septembre 1971.

   Après le martyr du camarade Charu Majumdar, le Comité

   Central tout entier a cessé d’exister, alors qu’il se scindait en de multiples factions. Je parle de « factions » parce que toutes faisaient partie du Parti Communiste d’Inde (Marxiste­Léniniste) d’origine.

   Leur existence prolongée en tant que groupes séparés leur donna au fur et à mesure des identités distinctes, les faisant devenir des groupes et partis indépendants possédant leurs propres programmes et tactiques.

   Qui plus est, ils firent chacun leur propres appréciations autocritiques du passé. Un tel état de chose a rendu les perspectives d’unité plus que difficiles.

   Certains groupes ont repris les mêmes vieilles routes que celles des Dange et et des Joshi [leaders du PCI des années 50­60 devenu révisionniste] bien qu’ils proclamaient suivre une ligne opposée, tel est le cas du groupe « Libération » dirigé par Vinod Mishra, dont la dégénérescence commença au début des années 1980, après une histoire de luttes glorieuses dans les années 1970.

   Certains groupes ont indéfiniment remis à plus tard le déclenchement de la lutte armée contre l’Etat, espérant un jour propice dans le futur, sous prétexte que l’Etat serait trop puissant et que la confrontation armée avec lui demande davantage de temps et de préparation. De là, ils se sont confinés à l’intérieur de la soi­disant phase de résistance armée paysanne, la phase anti­féodale de la lutte.

   Mais jusqu’à aujourd’hui, ces groupes n’ont toujours pas achevé leurs préparatifs à la lutte armée contre l’Etat ! Il s’agit de groupes opportunistes de droite comme le TN­DV, ND, diverses factions du C[handra] P[ulla] Reddy, etc. Et il y en avait d’autres qui restaient fidèles au programme originel du PCI (ML), mais refusaient d’adopter un regard critique sur les erreurs du passé.

   Ils persévérèrent ainsi dans les erreurs sectaires de gauche, comme de surestimer la situation internationale et les forces subjectives tout en sous­estimant les forces de l’ennemi, et ne purent pas construire de mouvement significatif.

   Seul un petit nombre de Partis comme le PCI (ML) [Guerre Populaire] et le PCI (ML) [Parti Unité] qui avaient assumé la ligne fondamentale du 8ème Congrès, ont pu reprendre de façon auto­critique les erreurs tactiques du passé et les insuffisances du mouvement, et donc enrichir et développer la ligne, mener la guerre populaire en se fondant sur cette ligne enrichie, et de là développer des mouvements relativement forts dans différentes parties du pays.

   Alors que telle était la situation du PCI (ML), d’un autre côté le MCC [Centre Communiste Maoïste], mené par les camarades Kanai Chatterjee, Amulya Sen et Chandra Shekdar Das, grandit séparément en tant que parti avec presque le même programme que celui du PCI(ML).

   Les deux partis avaient participé à un seul et même parti, mais à cause de raisons historiques, l’unité ne se matérialisa pas à l’époque du camarade Charu Majumdar. Plus tard, lorsque le PCI(ML) scissionna en 1972, l’unité devint une chose relevant du futur.

   Depuis lors, l’unité des révolutionnaires communistes resta l’une des exigences principales de chaque organisation révolutionnaire. Mais l’unité ne peut se matérialiser par la seule volonté des révolutionnaires. La volonté, le désir sincère est sans aucun doute un facteur important, mais ce qui est décisif c’est la ligne politique et la pratique des partis.

   C’est donc seulement dans les années 1980 et 1990, quand des mouvements furent construits par des partis comme le MCC, le PCI (ML) [GP] et le PCI (ML) [PU], qu’une base solide pour l’unité fut installée. Cependant, l’unité entre ces partis tarda à se matérialiser à cause de divergences politiques et aussi, de la part des directions, à cause du peu d’efforts conscients pour l’unité. Je pourrai développer ce sujet si nécessaire.

   La principale raison d’un tel délai pour arriver au 9ème Congrès a été l’échec à faire l’unité parmi les plus grandes forces révolutionnaires dans le pays.

   Question : Comment la démocratie a ­t­ elle put être assurée dans le Parti en l’absence de Congrès pendant tant d’années? Comment les cadres s’y prirent ­ils pour formuler la ligne et les tactiques politiques du Parti ?

   Ganapathy : L’aspect particulier que je viens de décrire, l’absence prolongée de Congrès, due à nos échecs à réaliser l’unité de tous les véritables révolutionnaires communistes dans le pays, ne contredit pas la démocratie au sein du Parti.

   Chaque parti révolutionnaire possède son propre processus démocratique pour engager les cadres dans l’élaboration de sa politique. Le MCC, le PCI (ML) [GP] et le PCI (ML) [PU] ont chacun tenu leurs conférences centrales, plénums, réunions spéciales, etc. à intervalles réguliers où ils firent le bilan de leur activité passée, des aspects positifs et négatifs de leur marche dans la guerre populaire, où ils firent les changement nécessaires dans leur politique et leur tactiques, et enrichirent leur ligne.

   Une conférence centrale est par essence comparable à un Congrès. La seule raison pour ne pas la nommer Congrès, c’est l’existence de divers partis et groupes révolutionnaires dans le pays.

   Le sentiment général était que le Congrès ne pouvait se tenir qu’après l’unification de toutes les forces révolutionnaires du pays. Les dits partis qui font maintenant partie du PCI(ML), le MCC, le PCI (ML) [GP] et le PCI (ML) [PU], ont tenu leurs conférences centrales et plénums à intervalles réguliers.

   Le PCI(ML) [GP] a organisé sa première conférence régionale du Telengana en 1976, puis a tenu sa conférence nationale en 1980, son plénum central en 1990, sa conférence spéciale pour toute l’Inde en 1996, et le PCI(ML) [PU] a fait de même en 1983, 1987 et 1996.

   Par conséquent, à travers ces conférences et plénums, le Parti tout entier a été engagé dans le processus démocratique de discussion, de la lutte interne et de la résolution de tout problème discuté démocratiquement. En fait, le PCI(ML) [GP] a commencé ses préparatifs pour le Congrès de 1995 après la cassure des discussions en vue d’une fusion avec le MCC. La conférence spéciale pour tout l’Inde de GP en 1995 avait été prévue pour être un Congrès, mais à la onzième heure nous décidâmes de changer son nom en Conférence Spéciale, mais ayant la signification d’un Congrès.

   Ceci fut fait dans l’esprit de la perspective de l’unité avec le PCI(ML) [PU]. En 2001, le PCI(ML) [GP] unifié tint son 9ème Congrès, mais ce n’était que le Congrès des révolutionnaires n’appartenant qu’à un seul courant de la révolution indienne, le PCI(ML). Ce Congrès eut lieu en raison d’une thèse de la direction de GP affirmant que l’unité avec le MCC ne se matérialiserait pas pendant une période relativement longue, avec en arrière­fond les relations tendues entre les deux partis à l’époque. Plus tard, cette thèse se révéla erronée.

   Trois ans et demi après ce Congrès, le nouveau Parti, le PCI(maoïste) fut formé avec la fusion entre PCI(ML) [GP] et MCC. Pour résumer, des processus démocratiques sains se sont maintenus tout au long de l’histoire des plus grands partis constituant aujourd’hui le PCI (maoïste), malgré l’absence de Congrès cette longue période.

   Question : Nous avons entendu par la voix de certains médias que de sérieuses différences avaient émergé lors du Congrès d’Unité récemment tenu, qu’il y a eu une forte opposition à votre réélection au poste de Secrétaire Général, que le Congrès n’a même pas pu élire ses organisme dirigeants, etc… Est­ce vrai ?

   Ganapathy : De tels rapports sont fondés sur des spéculations concoctées par certains médias, mais sont principalement une composante de la campagne de désinformation lancée par les services d’espionnage. L’APSIB [Subsidiary Intelligence Bureau (SIB) de l’Etat de l’Andhra Pradesh, le SIB étant les services secrets intérieurs au pays], en particulier, possède un département spécial destiné à cette désinformation, avec comme seul objectif de semer la confusion dans le peuple et chez les cadres du Parti.

   Ils ont fait circuler cette fable depuis la fusion des deux partis maoïstes, en particulier tout au long de l’année passée. Ils ont désespérément tenté de faire courir la rumeur que la fusion n’était pas fondée sur des principes et qu’il y avait des différences sérieuses entre les deux ex­partis, que les deux avaient des lignes de pensée différentes qui se reflétaient dans leurs pratiques respectives et d’autres ordures du même tonneau.

   D’autre part, nous savons d’où proviennent ces soi­disant dépêches dont vous parlez. Ces fables de la police ont été faxées de Hanamkonda par le SIB et ont été publiées dans certains quotidiens en langue Telugu le 26 mars.

   A travers ces dépêches, ces menteurs ont tenté de projeter une image totalement fausse de la situation dans notre Parti. Ils ont désespérément tenté de prouver que l’ex­ MCC veut intensifier la guerre populaire en multipliant les actions militaires et que les camarades de l’ex PCI(ML) [GP] pensent qu’il vaut mieux laisser là les actions pour le moment et se concentrer sur la construction de mouvements de masses militants.

   Il est tout à fait amusant de lire de telles dépêches, alors qu’il y a tout juste 10 jours l’Armée de Guérilla de Libération du Peuple a mené la plus grande action dans l’histoire du mouvement maoïste en éliminant 68 fonctionnaires de police, y compris des Officiers Spéciaux de Police à Rani Bodili dans le Chattisgarh, et que nous avons déclaré que d’autres actions de ce type suivraient si les classes dominantes réactionnaires ne cessent pas les meurtres de masse et les destructions au nom de la salwa judum. Il n’y a pas une once de vérité dans tous ces mensonges préfabriqués.

   Ces fables policières répandent aussi le bobard selon lequel « les retards et les divergences furent si graves que le Congrès ne put même pas reconstituer le Bureau Politique, le Comité Central, la Commission Militaire Centrale ainsi que de nombreux comités régionaux, et enfin que certains leaders­ clés sont en passe de subir des actions disciplinaires. »

   En réalité, jamais dans l’histoire du mouvement révolutionnaire en Inde, nous n’avons eu des structures de Parti aussi fortes et resserrées au niveau central et régional. Le Congrès a élu à l’unanimité le Comité Central, qui a ensuite mis en oeuvre le Bureau Politique, la Commission Militaire Centrale, les divers Bureaux Régionaux, les départements centraux et les souscomités.

   Je dirais avec fierté que l’établissement d’une direction forte et centralisée pour diriger la révolution indienne a été une des réussites significatives du Congrès. Les comités régionaux sont élus par les conférences régionales concernées, mais pas par le Congrès. Les dépêches parues dans la presse démontrent le misérable travail du SIB.

   Il a été encore plus drôle d’apprendre des dépêches que des actions disciplinaires, y compris la rétrogradation, étaient sur le point d’être menées contre des leaders­clés. Il n’y a pas une once de vrai dans ces boniments. Ce que je viens de dire ne montre pas seulement la campagne de désinformation, mais aussi la psychologie du SIB et de la police de l’Andra Pradesh, qui souhaitent désespérément que les leaders « clés » de notre Parti soient écartés.

   Question : Vous dites finalement qu’il n’y a pas de différences de vue du tout ?

   Ganapathy : Pourquoi n’y en aurai t ­il pas ? Les débats idéologico­-politiques sont le sang de la vie de tout Parti Communiste. C’est par le truchement de telles luttes internes que la ligne d’un Parti s’enrichit au fur et à mesure, et que le Parti se renforce dans son unité. Nous ne gardons jamais secrètes nos différences de vue.

   Nous avions publié ces différences de vue dans le dernier numéro de notre revue théorique « The People’s War ». Dans son numéro du jour, les débats qui ont animé le Congrès sont passé en revue en détail.

   Les débats indiquent la force d’un Parti, non sa faiblesse. Cela manifeste la confiance démocratique qui est celle du Parti et qui autorise la liberté d’expression et de point de vue, et sa capacité de digérer les opinions variées à la condition qu’elles soient faites d’une manière constructive pour enrichir le Parti, et non pas dans l’intention pernicieuse de le torpiller.

   Quelles que soient les opinions qui ont été soutenues au Congrès, elles ont toutes été avancées en toute sincérité par des camarades, dans l’esprit d’enrichir la ligne et de trouver des solutions au problèmes affrontés par la révolution indienne.

   Un point très important à retenir est que les différences de vue qui se sont manifesté au Congrès n’étaient pas des différences entre ex­MCC et ex­PCI(ML)[GP], mais entre des camarades d’un seul Parti. Qui connaît l’histoire de notre Parti reconnaîtra que des différences de vue encore plus grandes s’étaient manifestées dans nos précédentes conférences et Congrès.

   Lors de la conférence spéciale pour toute l’Inde de GP en 1995, ou lors des conférences centrales du PU en 1987 et 1996, ou au Congrès de 2001 de GP unifié, les différences de vue étaient d’une nature on ne peut plus sérieuse. Il y avait des divergences au sujet de la contradiction principale dans le monde, au sujet de la contradiction entre la bourgeoisie bureaucrate compradore et le peuple de l’Inde, au sujet du mode de production de l’Inde, et ainsi de suite. Il y eut aussi un débat aigu portant sur la déviation de droite dans la ligne du Parti au Congrès de l’ex­GP en 2001.

   Toutes ces sérieuses différences de vue furent traitées au cours d’un sain débat et au moyen du vote si nécessaire. Cette fois­ci, les différences de vue n’ont pas été aussi loin que par le passé. Les dépêches des journaux, évidemment étaient complètement à côté de la plaque. Les différences dans l’ancien PCI (ML) [GP] ou dans l’ex­GP unifié après la fusion avec PU en août 1998, ou dans le PCI(maoïste) après la fusion entre GP et MCC, sont donc chose normale dans un Parti Communiste.

   Toute différence de vue, même des plus sérieuses, peut se résoudre dans un Parti Communiste pour autant qu’on adhère au principe du centralisme démocratique. Telle est la grandeur du principe du centralisme démocratique, qui est la base même de l’existence et du fonctionnement d’un Parti Communiste.

   C’est seulement dans le cas du Karnataka qu’un petit groupe s’appelant lui­même la Minorité a scissionné du Parti après avoir perdu la majorité pour leur ligne opportuniste de droite lors de la conférence régionale. S’ils avaient eu l’esprit et la discipline communistes et n’avaient pas dévié vers l’individualisme petitbourgeois et les méthodes anarchiques, ils seraient restés dans le Parti et auraient combattu pour leur ligne au Congrès, puisque on a le droit de venir soutenir sa ligne et ses points de vue sur toute question débattue au congrès suivant.

   Question : Donc, vous affirmez qu’il n’y a rien de vrai dans les dépêches parlant d’une forte opposition à votre réélection au poste de Secrétaire Général, et du fait que vous ayez été obligé d’accepter les exigences de vos détracteurs dans le cadre de formules de compromis ?

   Ganapathy : Non, il n’y a absolument rien de vrai là­dedans. Les bruits sur l’opposition à mon élection sont une fabrication planifiée par les agences de renseignement comme le Bureau de Renseignement central, l’APSIB, etc., dont le travail de désinformation au sujet de la direction de la révolution est une des tâches principales.

   Ma réélection comme Secrétaire Général fut une décision unanime du Comité Central. Celui­ci n’a vu aucune raison d’en changer.  Et je ne comprends pas ce qu’il veulent dire par « mes détracteurs » et « leurs exigences » puisque rien de cela n’existe. Pour ce qui est des soi­disant formules de compromis, je ne peux que rire devant le désespoir du camp ennemi qui le fait inventer des divergences et des compromis.

   Les pertes que nous avons sublies dans l’Andhra Pradesh ne sont pas vues comme celles de l’ex­GP, mais comme celles du Parti tout entier. Le Parti tout entier s’est concentré sérieusement sur l’analyse des raisons de ces pertes et a tiré les leçons des expériences positives et négatives du mouvement dans l’Andra Pradesh. Synthétiser les expériences du mouvement là­bas a été très utile à tout notre Parti, qui a assimilé ses expériences positives et pris des leçons de ses aspects négatifs.

   Question : où le Congrès s’est­-i-l tenu ? Comment avez vous fait pour le tenir alors que le gouvernement s’est sérieusement efforcé de le faire échouer ?

   Ganapathy : (rires) Laissons les agences de renseignement continuer à deviner où c’était ! Pour ce qui est des médias, nous pourrons vous y conduire un jour, plus tard. Comme l’Histoire est en train de se construire, ces endroits prendront une grande importance historique pour les générations futures. A ce moment­là, tout le monde le saura.

   La seule chose que je peux dire dès aujourd’hui, c’est qu’il fut tenu auprès du peuple, protégé par le peuple et la nature tout autour. Et, bien sûr, étaient là nos héroïques combattants de l’Armée de Guérilla Populaire de Libération qui travaillèrent jour et nuit, en service de 24h sur 24, sur le qui­vive, aux aguets de n’importe quel mouvement de l’ennemi, parés à prendre en embuscade les forces de police si celles­ci s’aventuraient à l’intérieur de la zone.

   Même si les forces ennemies étaient entré dans la zone, nos forces de guérilla auraient fait en sorte qu’il n’y ait aucune perte dans la direction. Plaçant toute notre confiance dans l’Armée de Guérilla Populaire de Libération et les masses, nous avons pu tenir notre Congrès sans aucune tension ou problème. En fait, nous l’avons même prolongé quelques jours.

   Cette tenue du Congrès ne fut que le dernier acte du processus démocratique tout entier. Dans ce processus, nous avons tenu des conférences dans à peu près 15 états (ou régions) ; 12 d’entre elles étaient des conférences de niveau régional, et celles­-ci avaient été précédées par des conférences de zones, de division, de district, et dans certains endroits par des conférences de sous zones et des conférences locales également. Il y a eu une grande campagne d’éducation avec des camps d’étude, des cours, etc.

   Tout ceci nous a pris une bonne partie de notre temps l’année dernière. Mais, sans le soutien étendu des masses et la protection procurée par nos forces de guérilla, ces programmes auraient été tout bonnement impossibles, étant donné les campagnes permanentes d’anéantissement déchaînées pat l’ennemi. Nous avons du déplacer des conférences à la frontière de l’Orissa et de l’Andhra Pradesh et un ou deux autres endroits lorsque nous avons été informés par le peuple que l’ennemi encerclait l’endroit. C’est le peuple qui est nos yeux et nos oreilles, et tant que nous jouirons du soutien du peuple et que nous persistons dans nos méthodes de strict secret, aucune force ennemie ne peut rien faire.

   Il y eut de sérieuses tentatives de la part du gouvernement central et des gouvernements régionaux pour perturber les conférences et le Congrès. Il y eut une déclaration publique à ce sujet dans les journaux en novembre et décembre dernier.

   Une aile spéciale du Ministère de l’Intérieur a été constituée pendant une période de trois mois pour torpiller le Congrès. Ils savaient qu’il aurait lieu pendant les mois de janvier ou février, puisqu’il aurait été difficile de le faire pendant les assauts de l’été. Par conséquent, tenir ce Congrès a été un des plus grands défis que le Parti nouvellement unifié a pu relever après la fusion.

   Plus d’une centaine de délégués – le cœur du Parti maoïste – ont dû venir des différents états sans se faire remarquer par l’ennemi. Une grande force de combattants de l’Armée­Guérilla Populaire de Libération a dû être mobilisée pour la sécurité. Et les préparatifs matériels pour un si grand camp, aux jours les plus froids de l’hiver, ne furent pas faciles. Tout manquement ici ou là aurait perturbé le programme. Dans ces conditions, la réussite de ce Congrès est vraiment une grande chose pour le Parti. Cela a prouvé que tout est possible avec une planification méticuleuse, des méthodes de fonctionnement secret, une force guérillera dévouée et le ferme soutien du peuple.

   Un événement tragique qui eut lieu à la veille du Congrès fut le martyr de nos camarades bien­aimés Chandramouli (BK) et sa compagne Vijayalaxmi (Karuna). Chandramouli était membre du CC du MCC et Karuna une membre du DC.

   Ils furent capturés par les gorilles de l’APSIB la nuit du 26 et tués de sang froid le jour suivant, après de cruelles tortures. Il y eut une certaine tension lorsque nous apprîmes la nouvelle de leur martyr. Néanmoins, l’ennemi ne put obtenir d’eux aucune indication sur le Congrès, et les deux ont été solides comme des rocs lorsqu’ils endurèrent les indicible tortures inhumaines.

   L’ennemi n’a pas pu tirer une seule bribe d’information de ces grands communistes, fiers fils et fille du peuple indien. Même dans leur martyr, ils firent une grande contribution par leur sang pour la réussite du Congrès. Leur sacrifice sera toujours célébré par tous les cadres du Parti et par les masses révolutionnaires.

   Question : Quelles furent les décisions majeurs du Congrès d’Unité?  Est­ ce qu’il y aura des changements dans vos plans généraux et dans vos tactiques désormais ?

   Ganapathy : L’orientation générale du Congrès est d’intensifier la guerre populaire et de porter la guerre sur tous les fronts. Concrètement, le Congrès décida de porter la guerre de guérilla au niveau de la guerre de mouvement dans les zones où la guerre de guérilla est suffisamment avancée, et d’étendre le domaine de la lutte armée au maximum d’États. La destruction des forces ennemies est immédiatement à l’ordre du jour dans ces zones, car sans cela il est très difficile de consolider nos acquis ou d’aller plus avant.

   De même, nous posons le besoins immédiat de transformer une vaste zone en zone de guerre pour qu’il y ait assez de champ libre pour les manœuvres de nos forces de guérilla. Et dans cette expansion, l’élément du secret est très important. En gardant à l’esprit les déploiements massifs des forces centrales et de la police spéciale des Etats, le Congrès a dressé des plans pour adopter des procédés variés et créatifs pour endommager les forces ennemies. La police et les forces centrales apprendront à quel point il est dangereux de pénétrer dans nos zones.

   Nous avons décidé de renforcer le Parti et l’Armée­Guérilla Populaire de Libération, de mobiliser activement les masses dans la résistance aux forces ennemies, et de transformer ces zones en de fortes bases par la destruction du pouvoir de l’ennemi sous toutes ses formes.

   Et cela sera mené à bien par une large mobilisation des masses dans la guerre. Comme c’est déjà le cas, des centaines de personnes, parfois même plus d’un millier, sont engagées dans les attaques contre l’ennemi, comme on a pu le voir dans les récentes contre­offensives à Rani Bodili, Riga, au camp des Forces Centrales de Sécurité Industrielle (CISF) de Khasmahal dans le district de Bokaro, et ainsi de suite le mois dernier.

   En tenant compte des expériences de l’Andra Pradesh au beau milieu d’une répression étatique croissante et ininterrompue, il est de la plus haute importance que nos forces ne soient pas exposées où qu’elles travaillent. Mais en même temps, nous devons être aux avant­ postes de tous les mouvements populaires.

   Le Congrès a décidé de mener des luttes contre les Zones Économiques Spéciales, qui ne sont rien d’autre que des enclaves néo­coloniales sur le territoire de l’Inde. Ils ne se contentent pas de s’emparer des terres fertiles des paysans, mais ils transforment le pays tout entier en zones spéciales pour s’y livrer à une exploitation illimitée et impitoyable, sous le pouvoir des impérialistes et des grandes compagnies commerciales des compradores.

   Le Congrès a appelé à entrer dans la profondeur de ces luttes. Nous n’avons aucune illusion sur la nature cruelle et

   fasciste de l’Etat indien, c’est pourquoi il est tout à fait nécessaire de garder nos méthodes de travail secret, ainsi que d’être prêt à tout type de sacrifice.

   Question : Finalement, comment résumeriez­vous les acquis de votre Congrès d’Unité et sa signification ?

   Ganapathy : Notre Congrès d’Unité est un événement d’une grande importance historique dans le mouvement révolutionnaire de l’Inde. Il ne marque pas seulement le presque achèvement du processus d’unification des forces maoïstes dans le pays, mais aussi la consolidation du Parti et de la ligne politique pour a révolution indienne.

   La réaffirmation et l’enrichissement de la ligne politique révolutionnaire de nos deux leaders et fondateurs, le camarade Charu Majumdar et le camarade Kanai Chatterjee, voilà le plus haut fait de ce Congrès. Diverses questions idéologico­politiques furent débattues et résolues par le Congrès, de façon à franchir un plus haut niveau d’unité. Un autre fait d’importance est l’établissement d’une direction unifiée et centralisée pour la révolution indienne.

   Après une longue période dans l’histoire du mouvement révolutionnaire communiste en Inde depuis les années 1970, un centre dirigeant unique est venu au monde, avec la fusion du MCC et du PCI (ML) [GP] en septembre 2004, et ce centre a été au fur et à mesure consolidé et fermement établi au Congrès d’Unité avec l’approbation du Parti tout entier.

   A propos des pertes dans l’Andra Pradesh

   Question : Il y a eu de lourdes pertes dans l’Andra Pradesh ces derniers temps. Pourquoi cela ? Est ­ce que votre mouvement en est sorti globalement affaibli ? comment prévoyez­vous de réparer ces pertes et de reprendre l’initiative ?

   Ganapathy : Je reconnais que les pertes dans l’état de l’Andhra Pradesh sont graves. Elles ont sans aucun doute un impact sur le mouvement révolutionnaire dans l’ensemble du pays. L’Andhra Pradeh, en particulier la région du Nord­Telengana, a été pendant longtemps un centre important du mouvement révolutionnaire, et une grande source d’inspiration pour les masses révolutionnaires du pays.

   Mais nous devons garder à l’esprit que tant que notre plan est d’établir des bases d’appui, ce sont les endroits les plus reculés et arriérés du centre et de l’est de l’inde qui ont été choisis par le Parti, avec la tâche immédiate de libérer ces vastes zones. C’est ainsi que notre mouvement a déplacé graduellement sa visée vers les régions du Dandakaranya et du Bihar­Jharkhand.

   Vous devez savoir que l’Andhra Pradesh a été transformé en un Etat modèle, un Etat expérimental où les impérialistes et en particulier la Banque Mondiale, et les classes dominantes indiennes, ont tout fait pour mener à bien leur stratégie de guerre de basse intensité contre le mouvement révolutionnaire, en activant le couple anéantissement brutal / réformes.

   Aucun autre Etat concerné par le mouvement naxalite ne connaît une telle présence massive de forces policières de commando, nulle part ailleurs on ne trouve un réseau de renseignement aussi étendu, des infrastructures, des fonds, des camps d’entraînement de contre­guérilla, et de tels pouvoirs illimités donnés à la police.

   Aucun autre Etat n’a connu un tel bain de sang durant depuis quatre décennies, et en particulier depuis les milieu des années 1980. Il n’y a pour ainsi dire plus de prisonniers politiques dans les prisons de l’Andra Pradesh, puisque la politique a toujours été de leur faire la peau une fois arrêtés, qu’il s’agisse de cadres ou de sympathisants. Les assassinats par des hommes de main sont une tradition depuis l’époque de Vengal Rao pendant la lutte de Srikakulam il y a environ 40 ans.

   Des milliards de roupies ont été dépensés pour de sois ­disantes réformes dans le but de détacher une section du peuple du mouvement révolutionnaire. C’est un fait qu’une portion du peuple des campagnes, petite mais articulée et influente, a été gagnée à leur cause au cours de ces réformes. En un mot, on peut dire que c’est sur le flanc de l’Andhra Pradesh qu’ont été encaissées par le Parti et le mouvement révolutionnaire les premières salves des mesures contre­révolutionnaires lancés par les classes dominantes. Aujourd’hui, ces mesures sont appliquées dans plusieurs autres Etats.

   Nous sommes en train d’étudier en profondeur les tactiques contre­révolutionnaires de l’ennemi, ses plans et ses méthodes, pour en tirer des leçons. Le mouvement dans l’Andhra Pradesh, au prix de sacrifices immenses de milliers de camarades, nous a procuré des expériences inappréciables sur la façon de contrer et de défaire les tactiques et les plans ennemis. Grâce à elle, le Parti est maintenant mieux équipé pour défaire les tactiques de l’ennemi dans d’autres Etats de l’Inde.

   Les revers et les pertes ne sont pas quelque chose d’aberrant dans la guerre populaire prolongée. La révolution suit un chemin sinueux, non pas une ligne droite. Le mouvement dans l’Andhra Pradesh a connu bien des vicissitudes. Mais il s’est toujours relevé comme le Phénix légendaire. Il n’y a pas de doute que dans la circonstance présente, l’ennemi possède l’avantage du point de vue tactique. Nous avons perdu une bonne partie de notre direction et de nos cadres dans cet Etat, mais l’aspect prometteur c’est que le peuple est toujours avec notre Parti.

   La base de soutien de notre Parti ne s’est pas érodée tant que ça malgré tout. Les gens nous rencontrent secrètement, nous demandent de les aider à résoudre leurs problèmes, et travaillent sans s’exposer à la terreur d’Etat. Pour eux, le Parti est l’unique espoir. Le peuple souffre à chaque perte subie par les révolutionnaires. Vous pouvez vous faire une idée du soutien des masses à l’affluence aux réunions de funérailles de nos martyrs.

   Malgré les menaces et les restrictions imposées par les gorilles de la police, plus de 20 000 personnes sont venu aux funérailles des camarades Chandramouli et Karuna dans le village natal de ce dernier, à Vadkapur dans le district de Karimnagar. La colère contenue et la haine du peuple pour les dominants réactionnaires et les truands à leur service ­police, lévriers [unités de commandos] et  services secrets (SIB)­, grandira dans de telles proportions qu’elles laveront la société des exploiteurs, des oppresseurs et de toute cette fange accumulée depuis longtemps.

   Aucune force au monde ne peut arrêter ce grand courant de la révolution, quelque soient les pertes et les revers que nous subissons aujourd’hui dans l’Andhra Pradesh. Les classes dominantes sont conscientes du grand potentiel du mouvement révolutionnaire dans l’Andhra Pradesh.

   C’est pourquoi tout en se vantant d’avoir complètement affaibli les maoïstes dans cet Etat et d’avoir transformé l’Andhra Pradesh en un modèle de traitement du problème maoïste, le gouvernement fasciste d’YSR [Y. S. Rajasekhara Reddy] a lancé des mesures faisant partie d’un plan à long terme, comme le doublement des forces de commando des lévriers [unités de contre­guérilla anti­naxalite], l’acquisition d’hélicoptères pour les opérations anti­naxalites, la signature d’une aide de 20 milliards de roupies de l’Etat central pour traiter le mouvement naxalite, et ainsi de suite.

   Notre époque est celle d’un grand tumulte, avec des changements tempétueux partout dans le monde. Même la puissance impérialiste la plus militarisée,  les USA, ne peuvent venir à bout d’une lutte de libération nationale dans un pays relativement petit comme l’Irak ou l’Afghanistan. En Inde, l’impitoyable exploitation et oppression du peuple par les classes dominantes en collaboration avec l’impérialisme a créé une situation explosive.

En mettant à profit l’excellente situation internationale et nationale en cours aujourd’hui, nous sommes confiants que nous nous sortirons de ce revers temporaire dans l’Andhra Pradesh.

   Et, ce qui est plus important, nous avons fait des avancées dans beaucoup d’autres états malgré les pertes subies dans l’Andhra Pradesh. La situation est désormais qualitativement différente de celle des anciennes périodes, parce que maintenant nous sommes capables de faire avancer notre mouvement dans plusieurs Etats même si nous subissons des revers dans un ou deux Etats.

   Autrefois, ils pouvaient liquider un Naxalbari, un Srikakulam, un Birbhum, un Mushahari, un Kanksa ou un Sonarpur, mais aujourd’hui le mouvement révolutionnaire s’est renforcé tout au long de ces décennies, s’est élancé dans les vastes zones des campagnes reculées, possède des structures de Parti étroitement soudées, une armée et une vaste base de masses. Il avance en suivant une planification et une direction centralisée.

   C’est pourquoi ce n’est pas une mince affaire pour l’Etat que de liquider le mouvement, même s’il peut avoir le dessus à un endroit déterminé. Le Congrès a élaboré un plan concret pour dépasser le revers subi dans l’Andhra Pradesh en transformant les facteurs défavorables en facteurs favorables. Vu dans son ensemble, il y a un grand avenir pour le Parti et la révolution.

   A propos des zones économiques spéciales et du rôle du Parti Communiste d’Inde (Marxiste).

   Question : Comment interprétez-­vous des situations comme Singur et Nandigram? Etes­vous réellement impliqué dans l’incitation à la violence comme l’affirme le Parti Communiste d’Inde (Marxiste)? Avez­ vous l’intention d’être activement impliqué dans de telles situations?

   Ganapathy : On ne doit qu’être surpris si nous ne sommes pas impliqués dans de telles situations à la vie à la mort pour les masses. Nous avons l’intention de mobiliser les masses contre les politiques conspiratrices et traîtres des dominants visant à arracher la terre au peuple et la remettre aux entreprises multinationales et au big business compradore, au nom du développement, par la création de centaines de zones économiques spéciales.

   La politique des zones économiques spéciales vise à créer des enclaves néo­coloniales à l’intérieur de notre pays, où aucune loi du pays ne peut être appliqué. La politique des zones économiques spéciales a été agressivement poussé par les classes dominantes indiennes sous l’incitation des entreprises multinationales impérialistes, comme composante de leur offensive pour la globalisation.

   Les luttes contre les zones économiques spéciales faisant l’acquisition de terres agraires fertiles de la part des paysans et faisant également d’énormes projets sont en train de devenir de plus en plus militantes, comme en témoignent celles de Kalinga Nagar, Singur, Nandigram, Lohandiguda, Polavaram, etc. Celles de Kalinga Nagar, Singur et Nandigram particulièrement sont devenues d’importants symboles de cette lutte contre l’exploitation par les maisons [familiales] compradores et les impérialistes.

   Pour ce qui concerne les maoïstes incitant à la violence à Nandigram, le monde entier rirait de la témérité de ces gouvernants du front de « gauche ». Même Goebbels se retournerait dans sa tombe en voyant à quel point son artde mentir a été amélioré par des « marxistes » comme les Buddhas, Karats, Yechuris etc. Ces courtiers politiques ont désespérément tenté de détourner la question en répétant jusqu’à la nausée que les maoïstes de l’extérieur incitaient la population locale, et qu’ainsi la police n’avait pas d’autres alternatives que d’ouvrir le feu comme auto­défense.

   Comme chaque classe dominante réactionnaire, les gouvernants « marxistes » du Bengale répètent tout le temps des thèmes comme « la main de l’étranger » pour expliquer le chaos créé par eux­mêmes. Brinda Karat a fait comme commentaire que les maoïstes ont utilisé la voie des mers pour entrer à Nandigram. Cela rend malade que de voir la banqueroute politique complète de ces soit­disant idéologues et la pauvreté de leur logique.

   Aux yeux de ces hypocrites et faux­jetons, un Salim ou un Tata ne sont pas des  étrangers alors que les maoïstes, qui vivent et meurent pour le peuple, deviennent eux des étrangers. Le pire est que, comme des huîtres, ils pensent que le monde ne sait rien de leurs milliers de truands armés amenés par leur parti depuis différents Etats, jusqu’à Nandigram, à côté d’une énorme force de police, pour réaliser le massacre.

   Les Karats et les Yechuri attribuent cela aux étrangers dans leur pur désespoir afin de justifier leur massacre sauvage à Nandigram.

   Nandigram révèle le visage cruel du Parti Communiste d’Inde (Marxiste) social­fasciste, dont les truands aux côtés de la police ont commis des atrocités indescriptibles au peuple, violé des femmes, tué plus d’une centaine de personnes et même des enfants, et, ce qui est le plus abominable, ont enterré les corps ou les ont jeté dans la rivière.

   Buddhadeb  est apparu comme le [Reginald] Dyer [général anglais responsable du massacre d’Amritsar de 1919] du Bengale et a prouvé lui­même qu’il était un serviteur loyal des grandes maisons [familiales] compradores et des multinationales. Comme un vrai Dalal, son gouvernement a assumé la tâche d’acquérir les terres du peuple pour les passer au big business.

   Il y a une chose qui est devenu net, sans l’ombre d’un doute, avec la terreur d’Etat et la terreur financée par l’Etat à Nandigram: le Parti Communiste d’Inde (Marxiste) est ce qu’il y a de meilleur pour les multinationales et pour le big business comprador afin d’assurer leurs intérêts de classe dans le pays. Cela ne sera pas une surprise si dans le futur ils choisissent d’amener au pouvoir même au Centre [le gouvernement central] ces serviteurs les plus loyaux déguisés en marxistes.

   Pour notre rôle dans de tels mouvements, nous devons sans aucun doute faire tous les efforts pour être en première ligne et conduire le mouvement dans une direction correcte. Nous appelons le peuple à faire de chaque zone économique spéciale un champ de bataille et lui assurons que nous apporterons tout le soutien aux mouvements populaires contre les zones économiques spéciales.

   Sur l’anéantissement de Suni Mahto.

   Question : Le mois dernier, Sunil Mato, dirigeant de la JMM [Jharkhand Mukti Morcha] et membre du Parlement de Jamshedpur, a été exécuté par vos guérillas, ainsi que cinq autres personnes. Il y a eu des informations comme quoi le Deputy Chief Minister Sudir Mahto avait également été menacé. Dans quelle mesure ces actes sont­ils justifiés? Votre Parti prévoit­il davantage d’assassinats politiques de ce type dans un futur proche?

   Ganapathy : Nous ne tuons pas toute personne qui est membre du Parlement ou ministre. Malgré que les législateurs soient directement ou indirectement responsables pour toutes les politiques faites par le gouvernement, c’est principalement une petite coterie de dirigeants politiques qui jouent un rôle crucial en finalisant les politiques sous le diktat de la combinaison bourgeois bureaucratique compradore / féodale.

   Ce sont de tels dirigeants politiques que nous particularisons dans nos attaques.

   Dans le cas de Sunil Matho, nous avions à l’éliminer rien que parce qu’il a été activement impliqué dans la répression brutale lancée contre le mouvement révolutionnaire au Jharkand. Il n’est pas seulement un dirigeant du JMM, mais est activement en liaison avec le gang de vigilantes appelé Nagrik Suraksha Samiti (NSS), qui a pris part en 2001 au meurtre de sang­froid de 11 de nos cadres du Parti dans le village de Lango dans le bloc de dumaria à l’Est du district Singhbhum. Bien qu’il n’ait pas été l’architecte principal de ce massacre, il a encouragé les activités de ce gang privé de mercenaires financé par l’Etat.

   Plus tard, il est passé au premier plan dans l’organisation de la campagne armée contre le mouvement maoïste, selon le plan établi par les classes dominantes réactionnaires, appelé Sendra, dirigé contre le mouvement révolutionnaire, pour diviser et créer un fossé avec une partie des adivasis [les « tribaux »].

   Nous avons eu déjà les expériences amères du Chattisgarh où la soit­disant campagne de paix, appelé Salwa Judum, cause des ravages dans la vie de milliers d’Adivasis. Plus de 700 villages ont été totalement rasés, quasiment 60,000 personnes sont réfugiés, plus de 400 personnes ont été assassiné, de nombreuses femmes ont été violé et la propriété du peuple a été détruite par ces gangs de vigilantes de la salwa judum accompagnés par la police et les forces centrales.

   Nous avons également les expériences de l’Andhra Pradesh où des gangs de vigilantes comme les Cobras, les Tigres, etc. ont mené des campagnes de terreur dans certaines zones. Il est tenté de lancer un plan similaire au Jharkand, sous le nom de Sendra, et Sunil Matho était l’un des principaux dirigeants à la pointe de cette campagne contre les maoïstes.

   Le soit­disant Tritiya Prastuti Committee (TPC) a joué un rôle similaire au Bihar, avec le soutien de l’Etat. Ainsi, nous avons dû éliminer son principal dirigeant, Murari Ganju, dans une attaque audacieuse de notre Armée­Guérilla de Libération Populaire, le 9 avril. De telles punitions seront menées là où cela est nécessaire, de manière sélective et de manière proportionnée, et cela ne doit pas être considéré comme notre politique générale.

   Il y a une chose dont nous aimerions qu’elle doit claire: nous ne sommes pas pour l’exécution non discriminée de dirigeants ou de simples membres de partis politiques. Nous nous reposons fondamentalement sur la mobilisation des masses pour isoler, révéler et combattre les politiques anti­populaires des différents partis politiques et les attaques des gangs de vigilantes en engageant nos unités et équipes d’action de l’Armée­Guérilla de Libération Populaire lorsque cela est nécessaire.

   L’anéantissement de Sunil Matho ne devrait pas être interprété comme notre antagonisme sur le plan absolu avec le JMM.

   Nous ne sommes pas contre le JMM tant qu’il cesse de permettre des activités anti­populaires et les attaques contre le mouvement révolutionnaire. Nous appelons les activistes et les simples membres du JMM à comprendre la conspiration des classes dominantes pour diviser le peuple adivasi au nom de la Sendra, et les appelons à lutter contre les gangs privés de vigilantes financés par l’Etat comme le NSS ou tous ceux menant la campagne contre le mouvement révolutionnaire au Jharkand, connue sous le nom de Sendra.

   Sur la plus grande attaque jamais menée par les maoïstes au Chattisgarh.

   Question : Récemment votre Armée­/Guérilla de Libération Populaire a infligé un des plus grands coups jamais donnés aux forces de police et la Salwa Judum, en tuant un grand nombre de policier et d’officiers spéciaux de la police, à Rani Bodili dans le Chattisgarh. Est­ce que vous envisager davantage d’attaques de ce type dans un futur proche? Et est ce que vous croyez que la Salwa Judum peut être stoppée par de telles actions?

   Ganapathy : L’opération de contre­offensive tactique audacieuse menée par l’Armée­Guérilla de Libération Populaire dirigée par notre Parti, le Parti Communiste d’Inde (Maoïste), le 16 mars dans une base de la police à Ranibodli, dans le district policier de Bijapur au Chattisgarh, dans laquelle 68 policiers sont des officiers spéciaux de la police, est une conséquence inévitable du règne brutal de terreur lancé par l’Etat et les gouvernements centraux au nom de la Salwa Judum. Vous devez connaître la situation fondamentale réelle au Dandakaranya pour comprendre pourquoi une telle opération massive a été planifiée.

   Pendant presque deux ans depuis juin 2005, le gouvernement du BJP au Chattisgarh et le gouvernement UPA du centre, dirigé par le [parti du] Congrès, ont financé une campagne terroriste contre­révolutionnaire de meurtre de masse, de torture, d’arrestation de milliers de paysans adivasis, de viols par les gangs et de meurtre de centaines de femmes, de destruction de milliers de maisons, de récoltes, et de toutes les propriétés des adivasis, tuant ou enlevant des milliers de têtes de bétail, d’évacuation par la force de milliers de personnes de presque 800 villages et de menaces allant avec, d’intimidations envers quiconque suspecté d’être membre d’une organisation de masse révolutionnaire ou sympathisante avec les maoïstes au Dandakaranya, surtout dans les districts de Dantewara, Bastar, Kanker, Bijapur et Narayanpur. Plus de 5,000 jeunes ont été intégrés de force dans les forces armées mercenaires de l’Etat, recevant un salaire mensuel, et lancés contre les adivasis luttant sous la direction du PCI (Maoïste) pour leur terre, leurs moyens d’existence et leur libération.

   Les bataillons Naga et Mizo ont été spécialement amenés au Chattisgarh, à côté de la réserve centrale des forces de police et d’autres forces spéciales, qui ont commis les actes les plus barbares et inhumains contre la population adivasi.

   Toutes ces attaques cruelles contre une population entière sont menées pour établir la paix des cimetières et paver la voie au pillage tranquille des rapaces comme les Tatas, Ruias, Essars, Mittals, Jindals et les entreprises multi­nationales.

   Plus de 100,000 roupies de mémorandum ont été signées par le gouvernement du Chattisgarh avec ces maisons/entreprises de grand business comprador, pour canaliser la richesse minérale et forestière de l’Etat. Sur l’ordre de ces bandits de grand chemin, les dalals adivasis comme le dirigeant de l’opposition du Congrès Mahendra Karma, le ministre de l’intérieur  Minister Ramvichar Netham du BJP et d’autres ont dirigé cette guerre contre­révolutionnaire contre la population adivasi.

   Une énorme force centrale est déployée, atteignant maintenant plus de 13 bataillons, 10 bataillons de forces d’Etat ajoutées par le recrutement, et même l’enrôlement de mineurs de 14 ans au sein de leur force de police mercenaire. Kanwar Pal Singh Gill, déjà connu pour ses meurtres de masse de jeunes au Pendjab, a été spécialement nommé comme conseiller du Ministre en chef. Un système de sécurité tapissé a été lancée avec des camps de la police à proche proximité afin de terroriser le peuple.

   Nous, au nom du Comité central du Parti Communiste d’Inde (Maoïste), avertissons une fois de plus l’Etat et les gouvernements centraux que notre [milice populaire la] Bhumkal Sena et notre Armée­Guérilla Populaire de Libération et le peuple mèneront des attaques sur une échelle encore plus grande sur la campagne de meurtre au nom de la Salwa Judum n’est pas immédiatement démantelée. Nous déclarons que la seule responsabilité pour la perte sans raisons de la vie de centaines de policiers et d’officiers spéciaux de la police repose purement et simplement sur les épaules de l’Etat et des gouvernements centraux.

   Les représailles sur une large échelle menée par les adivasis dirigés par notre Parti sont inévitables si les atrocités contre le peuple adivasi continuent au nom de la Salwa Judum. Comme Georges Bush, qui ne peut penser qu’en terme d’utiliser plus de force brute pour contrôler le feu de la libération nationale en Irak, les classes dominantes indiennes ne peuvent pareillement penser qu’à rassembler toujours plus de forces répressives afin de supprimer la guerre populaire et saisir les richesses minérales au Dandakaranya. Ils n’arriveront cependant qu’à ce qu’il y ait une escalade dans la guerre civile au Dandakaranya.

   Les représailles armées à grande échelle menées par les Adivasis [tribaux] dirigés par notre Parti sont inévitables si les atrocités commises à l’encontre du peuple adivasi continuent, au nom de la Salwa Judum. Comme George Bush, qui ne peut penser qu’en terme d’utiliser plus de force brute pour contrôler le feu de la libération nationale en Irak, les classes dominantes indiennes elles aussi ne peuvent penser qu’à s’appuyer de plus en plus sur les forces répressives afin de supprimer la guerre populaire et de tirer les richesses minérales du Dandakaranya. Quoi qu’il en soit, ils n’arriveront qu’à l’escalade de la guerre civile au Dandakaranya.

   Nous partageons le chagrin des familles des policiers et des Officiers Spéciaux de Police, mais nous avons été contraint d’éliminer la police et les gangs de mercenaires qui obéissent aux ordres des classes dominantes et leurs mentors impérialistes consistant en la suppression du mouvement révolutionnaire afin de s’approprier les richesses de l’Etat. Nous appelons les jawans [soldats] des forces centrales, particulièrement les bataillons Naga et Mizo, à désobéir aux ordres des gouvernants et de se retirer du Chattisgarh.

   Nous appelons les Officiers Spéciaux de Police qui sont lancés contre le peuple adivasi à quitter les forces mercenaires car ils mènent une guerre injuste contre leurs propres frères et soeurs, selon les intérêts des gouvernants réactionnaires. Nous appelons les individus et les organisations démocratiques et les vastes masses du pays à condamner le terrorisme d’Etat et le terrorisme porté par l’Etat et les Officiers Spéciaux de Police contre le peuple adivasi du Dandakaranya, à exiger la démobilisation immédiate de la Salwa Judum et des forces mercenaires des Officiers Spéciaux de Police, à lutter pour le retrait de la région des tristement célèbres forces centrales, pour la mise en place d’une enquête judiciaire concernant le meurtre de plus de 500 adivasis par l’union des mercenaires de la Salwa Judum et la police.

Au sujet des plans du Parti pour gagner les classes moyennes

   Question : L’histoire montre que les classes moyennes veulent le statu quo. Les classes moyennes indiennes grandissent énormément. Comment envisagez­vous de les intégrer?

   Ganapathy :  Il est vrai que les classes moyennes indiennes ont grandi en nombre. En même temps, un bloc important des classes moyennes est confronté à une crise aiguë en raison des prix explosant, du chômage, de l’insécurité grandissante de la vie, des énormes augmentations des frais familiaux dus aux coûts élevés de l’éducation, de la santé, des transports, etc., qui ont été très largement privatisés et sont hors d’atteinte pour une partie significative des classes moyennes. En bref, malgré la croissance numérique des classes moyennes, elles souffrent.

   Ainsi, nous voyons que la frustration grandissante dans de larges couches des classes moyennes les oblige à descendre dans les rues pour leurs revendications, comme en témoignent les grèves et les autres formes de lutte par les enseignants, les employés du gouvernement, les étudiants, et même les commerçants qui sont affectés par les centres commerciaux et les investissements de l’étranger dans la vente au détail. Un autre facteur important doit être noté – la plupart des biens de consommation de luxe d’hier sont devenus des nécessités quotidiennes d’aujourd’hui.

   Et la liste des nécessités grandit chaque jour avec la prolifération à grande échelle des biens de consommation et la mise en avant du consumérisme sur les marchés. Ainsi, la frustration va grandissante parmi les membres de cette classe puisqu’ils ne sont pas capables de se procurer ces biens, parce qu’une très grande partie de leurs revenus passe dans les besoins élémentaires comme la nourriture, les habits et le logement.

   Les classes moyennes sont terriblement affectés par des thèmes comme l’augmentation des prix, l’insécurité, la corruption, le chômage de leurs enfants, le coût élevé de l’éducation et de la santé, les menaces par la mafia de la construction, etc. Gardant cela à l’esprit, notre parti a fait des plans pour mobiliser les classes moyennes dans les luttes quant à de tels thèmes.

   En défense de la lutte armée

   Question : Pourquoi est­ce que la lutte armée est une nécessité? (N’est­ce pas un fait que la violence amène une large partie des gens à s’écarter du Parti?)

   Ganapathy : La question de la lutte armée ou de la lutte nonviolente n’est pas fondée sur les caprices ou les souhaits subjectifs d’un individu ou d’un Parti.

   C’est indépendant de la volonté d’une personne. C’est une loi qui ressort de toute l’expérience historique. C’est un fait de l’histoire que nulle part dans le monde, nulle part dans le développement historique de la société de classe, les classes dominantes réactionnaires n’ont abandonné le pouvoir sans  recourir à la suppression violente des protestations de masse, sans une violente résistance visant à se cramponner au pouvoir, jusqu’à ce qu’elles soient mises à bas par la force.

   Évidemment, on peut citer  des cas de changements de régimes qui se sont déroules par des mouvements pacifiques, par des protestations massives, mais tout cela n’a consisté qu’en des changements de régimes, pas des changements de système. Une partie des classes dominantes peut éventuellement abandonner le pouvoir à une autre partie de la même classe, sans qu’il y ait besoin d’un soulèvement violent, mais ce n’est pas le cas quand une classe dominante est remplacée par une autre classe ayant des intérêts de classe diamétralement opposés.

   Quoi qu’il en soit, nous pouvons voir que même ces changements de régimes ne sont pas, de manière qui ne sont pas non fréquentes, marqués par des affrontements violentes comme vus dans plusieurs coins d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Nous serons vraiment les gens les plus heureux d’amener des changements de système sans le besoin pour la lutte armée.

   Lorsque nous avons commencé la lutte il s’agissait à la base d’un mouvement pacifique à propos de différents thèmes populaires, comme la terre, les conditions de vie et la libération de l’exploitation et oppression féodales et impérialistes. Il n’y a pas besoin d’être un génie pour saisir le fait qu’aucun seigneur féodal n’abandonnerait sa terre ou son pouvoir juste parce que les masses l’exigent en tant que droit démocratique qui est leur.

   Le propriétaire terrien userait de tous les moyens à sa disposition pour supprimer la résistance de masse par la force brute. Il aurait la police locale et les forces spéciales, les forces centrales paramilitaires et, si besoin est, l’armée. Nous avons vu cela dès que nous avons lancé la lutte anti­féodale – à Jagtyal durant la fin des années 1970, le boycott social des propriétaires terriens imposé par la paysannerie les força à s’enfuir des villages, notre mouvement révolutionnaire se répandit sur plus d’une centaine de villages qui firent vaciller le pouvoir en place.

   Ce qui arriva après cette lutte non­violente doit ouvrir les yeux de tous ceux qui nourrissent des illusions ou des préjugés contre la lutte armée. Après quelques semaines, les propriétaires terriens revinrent avec les forces mercenaires et déchaînèrent une violence à grande échelle et des mesures cruelles de répression, comme les arrestations, les tortures des paysans, la destruction de leurs biens, la déclaration de la zone comme troublée, sévissant contre les droits civils du peuple, etc.

   C’est à ce moment précis que le Parti fut obligé de prendre les armes et non pas à partir d’une quelconque notion romantique. La même chose est le cas avec les luttes anti­impérialistes et les mouvements de nationalité.

   Qui voudrait abandonner les précieuses vies et subir la brutalité et la rigueur, vivre la torture et les privations, si les revendications des masses, comme la terre, l’auto­détermination nationale et la libération de l’exploitation et de l’oppression impérialistes sont réalisées par des moyens pacifiques? Tous les mouvements commencent comme des mouvements pacifiques mais ont dû prendre la forme de la lutte armée dû aux mouvements des classes dominantes réactionnaires.

   Le cas de l’Irak est une illustration classique de comment une entière population a été obligée de prendre les armes due à la violence débridée déchaînée par les impérialistes pour satisfaire leur insatiable avidité pour le pétrole. Pareillement pour la Palestine, le Cachemire, ou ailleurs.

   La seconde partie de votre question est un grand mythe. Nul part les masses ont été dégoûtées du Parti en raison de la lutte armée. C’est bien plutôt le manque de résistance efficace qui agit comme un découragement partout  où l’Etat a planté ses crocs. Sans détruire et amener à la défaite les forces armées de répression il est impossible de rallier les gens ou de leur donner confiance.

   En vérité, ce ne sont pas nos escouades de guérillas seulement qui forment la résistance. Le peuple joue a un grand rôle en résistant héroïquement et en soutenant activement l’Armée/Guérilla Populaire de Libération dans sa résistance armée aux forces de police. Eh bien, c’est la réalité fondamentale, nonobstant ce que les intellectuels peuvent penser et théoriser en analysant les événements depuis les tours d’ivoires.

   Question : Pourquoi ne peut­il pas y avoir des protestations de manière non­violente?

   Ganapathy : Vous devez plutôt poser la question dans l’autre sens. Vous devez interroger les classes dominantes réactionnaires – les grands propriétaires terriens, les maisons [familiales] de big business,  les multinationales impérialistes, le puissant État indien et ses forces armées, la police d’État et la bureaucratie – si tous entendaient, pourquoi n’autoriseraient-­ils pas des protestations d’une manière pacifique? Pourquoi tabassent-­ils, arrêtent-­ils, torturent-­ils, et tuent-­ils des gens qui osent faire grève? Pourquoi licencient-­ils les ouvriers et employés faisant grève?

   Pourquoi envoient­-ils leurs forces mercenaires de police, les forces de police de la réserve centrale des forces de police et l’armée pour ouvrir le feu sur des gens organisant des marches pacifiques, des  dharnas [grèves de la faim revendicatives] et des meetings sans provocation, pourquoi permettent-­ils aux gangs khaki [le terme khaki – kaki – vient de la langue hindustani (khak signifiant « poussière », de même que la couleur qui sera celle des uniformes des armées dans le monde] de violer des femmes, de détruire des biens, d’organiser des mises en scène d’affrontements [pour justifier les exécutions sommaires] en violation avec toutes les dispositions de la Constitution Indienne, et pour tous ces crimes contre l’humanité, son-t­ils non punissables?

   Pourquoi être à l’origine d’un Kalinganagar [où la police a fait treize morts le 2 janvier 2006 chez les tribaux manifestant contre un mur construit par Tat Steel], d’un Nandigram [où la police et des cadres du PC d’Inde (marxiste) ont assassiné 14 manifestants le 14 mars 2007], d’un Arwal [district de l’Etat du Bihar marqué par de fortes révoltes et une forte répression], d’un Indravelli [district de l’Andhra Pradesh également marqué par de fortes révoltes et une forte répression], et amènent de tels actes barbares?

   Pourquoi est­ ce qu’au Cachemire des protestations pacifiques du peuple contre les disparitions ne sont pas seulement ignorées mais même attaquées avec une telle férocité? Pourquoi continuent­ils de renforcer le sauvage Armed Forces Special Powers Act [loi de 1958 donnant des pouvoirs spéciaux à l’armée dans les Etats de l’Arunachal Pradesh, de l’Assam, du Manipur, du Meghalaya, du Mizoram, du Nagaland et du Tripura] au Manipur, quand en réalité ce sont l’armée indienne et les forces de police qui commettent des atrocités à l’encontre du peuple, comme le cas du viol de [Thangjam]  Manorama [enlevée, violée, tortuée puis assassinée] l’illustre parfaitement?

   Pouvez-­vous seulement oublier les bastonnades sauvages des protestations, par ces truands en tenus kakis ou vert­-olives brisant les os et n’épargnant personne même après les chutes dûes aux blessures sérieuses?

   Aucune classe dominante où que ce soit dans le monde n’a permis au peuple de réaliser de manière pacifique ses exigences fondamentales de terre et de libération de l’oppression; même les soit­disant Etats démocratiques ne permettent cela que dans la mesure où cela ne pose pas une menace au statu quo permettant leur exploitation et l’entassement de super profits. L’Ahimsa (la non­violence) et le Karma (le destin) sont les fondements idéologiques et les mots­pièges douteux des classes exploiteuses pour perpétuer leur violence et leur hégémonie sur les vastes masses.

   Pour commencer, personne n’irait ou pourrait aller directement à des moyens violents pour résoudre ses problèmes. Ce n’est qu’après que des marches pacifiques, des rassemblements, des dharnas [grèves de la faim revendicatives], des grèves de la faim, des grèves générales, etc. soient ignorés ou tentés d’être écrasés qu’ils sont forcés à recourir à des méthodes violentes. C’est un fait irréfutable, que ce soit avec la lutte armée agraire antiféodale conduite par les révolutionnaires, les mouvements de nationalité du Nord­Est, du Cachemire ou les luttes antiimpérialistes.

   Vous n’avez qu’à regarder à l’origine des mouvements armés où que ce soit dans le monde, pas seulement l’Inde, pour considérer cette vérité universelle. Pour résumer, les formes de lutte adoptées par le peuple dépend toujours des mouvements des classes dominantes et non pas vice­versa. Et vous devez également avoir à l’esprit que même aujourd’hui nous utilisons à la fois des formes violentes et des formes non­violentes de lutte, et pas seulement des formes violentes.

   Question : Votre violence est­elle là pour l’auto­défense ou pour saisir le pouvoir d’Etat?

   Ganapathy : A proprement parler, il n’est pas possible de séparer les deux. Dans une perspective à long terme, ou finalement, notre but est de conquérir le pouvoir d’Etat sans lequel il est impossible de libérer le peuple de notre pays des étreintes de l’impérialisme, du féodalisme et de la grande bourgeoisie compradore, c’est­à­dire de changer l’injuste système socioéconomique existant. Mais dans ce processus de préparation du peuple pour le but final d’établir son propre pouvoir, les classes dominantes ont recours à une répression sauvage contre le parti, les masses et le mouvement révolutionnaire dans son ensemble.

   Ainsi, au cours de la mobilisation des masses dans les mouvements, nous sommes obligés de saisir les armes pour l’auto­défense, même à une étape du début. Et pour une durée relativement longue notre guerre aura cette nature et toutes nos campagnes et opérations tactiques de contre­offensive devraient être comprises comme une composante de la guerre d’autodéfense à ce stade.

   Au sujet de la lutte contre le « puissant » Etat indien

   Question : l’État indien devient de plus en plus puissant. Comment envisagez­-vous de combattre l’État indien?

   Ganapathy : Tactiquement parlant, oui. Il y a eu une croissance massive des forces de répression et un renforcement de l’État indien. Il dépense d’énormes sommes pour la défense et la « sécurité interne », déboursant libéralement des fonds aux Etats pour la suppression des forces révolutionnaires, des mouvements de nationalité et d’autres mouvements démocratiques.

   Quoiqu’il en soit, la croissance des forces répressives amène un point important au premier plan, le fait que l’État indien se trouve incapable de contrôler les mouvements populaires grandissant sans augmenter continuellement ses forces. Vue ainsi, la croissance massive des forces de sécurité ne signifie pas la force mais bien plutôt la faiblesse de l’État indien et qu’il a perdu sa légitimité à gouverner à l’ancienne manière.

   Cela montre le désespoir des classes dominantes indiennes et des impérialistes de s’appuyer de plus en plus sur les méthodes coercitives afin de s’accrocher au pouvoir et d’assurer leur exploitation. Si cela n’était pas contre les mouvements démocratiques et révolutionnaires toujours grandissants dans le pays, il n’y aurait pas eu le besoin de renforcer de manière désespérée l’appareil d’Etat et de recourir à de telles augmentations massives des forces répressives.

   Mais laissez­-moi vous dire un fait souvent oublié. Aucun État, aussi puissant puisse­t-­il sembler, ne peut surpasser le pouvoir du peuple. Comme le camarade Mao l’a correctement fait remarquer, même l’État le plus puissant est, après tout, un tigre de papier. Hier nous avons vu comment l’armée la plus puissante du plus puissant État de toute l’histoire humaine a dû mettre les voiles après l’humiliante défaite au Vietnam.

   Aujourd’hui le monde entier regarde incrédule comment les plus puissantes armées impérialistes conduites par l’impérialisme US sont rossées en Irak par des combattants de la libération nationale habituellement mal entraînés, mal équipés, mais résolus. En dernière analyse, c’est le peuple aimant la liberté qui est plus puissant que n’importe quel Etat. Et on ne doit pas oublier la vérité universelle que là où il y a oppression il y a résistance. Aussi fort et puissant qu’un État puisse apparaître, il peut être défait et le sera par la résistance des masses.

   Notre Congrès de l’Unité récemment tenu, le 9ème Congrès, a abordé ce sujet avec beaucoup de détails et élaboré des plans pour contrer l’État s’appuyant sur les vastes masses de notre pays qui sont opprimées par l’impérialisme, le féodalisme et le big business comprador. Et, bien entendu, en améliorant également nos capacités militaires. Une étude spécialisée des forces et faiblesses de l’État indien a été faite. Comme vous le savez peut-être, même l’ennemi le plus fort a ses points faibles. Nous devons identifier correctement ces points faibles et donner des coups efficaces pour réaliser les victoires.

   Au sujet de la question du Parlement et de la position du Participation

   Question : Pourquoi ne pouvez-­vous pas lutter électoralement et aller au Parlement et soutenir vos thèmes de manière démocratique?

   Ganapathy : C’est de fait une question logique que quiconque voit uniquement par le prisme de la soit­-disant démocratie parlementaire. Ce qui est important c’est le noyau, l’essence, le contenu et pas simplement la forme. Si vous déshabillez les habits de la démocratie vous trouverez à l’intérieur le cadavre pourri et puant. C’est pourquoi Lénine décrit le Parlement comme une porcherie et une boutique où l’on ne fait que parler. Pourquoi appelons-­nous cela une boutique?

   Premièrement, les problèmes réels du peuple ne peuvent pas être adressés au Parlement et aux Assemblées, sans même parler de les résoudre. Les institutions parlementaires ne sont pas faites pour cela. Ils n’ont pas de pouvoir réel. Ils peuvent passer quelques résolutions qui ont l’air d’être bonnes pour le peuple mais ils doivent être mis en place par l’exécutif, qui a le pouvoir véritable.

   Nous connaissons le destin des Land Ceiling Acts [réformes agraires], de la législation sur l’intouchabilité, des dots, etc., qui sont seulement des modèles du genre. C’est l’exécutif qui décide de tout. Dans des périodes comme celle de l’état d’urgence durant le régime d’Indira Gandhi, lorsque le Parlement lui­même a été subverti, le pouvoir réel de l’exécutif est venu ouvertement au premier plan. Mais l’homme de la rue sait que c’est le percepteur, le policier et le magistrat local qui décident de sa vie. Aussi bon que puisse apparaître un acte législatif, ce sont le pouvoir de l’argent, le pouvoir musclé  et le népotisme qui décident de chaque aspect de sa vie.

   Ensuite, les institutions parlementaires sont faites pour défendre le statu quo, pas pour changer le système. Ils peuvent bien sûr faire quelques changements superficiels, ici et plus tard, pour maintenir leur crédibilité parmi les masses.

   Le plus important est que ce sont les impérialistes, les maisons [familiales] du big business comprador, les grands propriétaires terriens, les entrepreneurs et la mafia qui contrôle le Parlement. Ceux qui entrent au Parlement sont les représentants ou les simples marionnettes aux mains de ces puissants lobbys. Même un parlementaire bien intentionné ne peut pas aller au­delà des règles énoncés par ces grosses légumes. Si vous regardez le business effectué au Parlement, vous verrez que plus de 90% est de la camelote, sans rapport aucun avec les problèmes réels du pays.

   Il n’y a pas besoin de précisions pour affirmer que le système des élections n’est qu’une grande farce, comme chaque écolier le sait. Ou appelez­vous démocratie d’acheter les votes avec de l’alcool et de l’argent, attisant les sentiments de caste, religieux, ethniques? Et même après les élections, d’acheter les législateurs comme vous acheteriez une marchandise au marché?

   Si peut gagner des élections un Narendra Modi [Ministre en chef depuis 2001 dans l’État du Gujarat, haut responsable des organisations fascistes le BJP et la RSS], le boucher des milliers de Musulmans au Gujarat; si peuvent être élus des criminels, des dacoïts [brigands armés] et les politiciens dont la corruption est de notoriété publique; et si les votes peuvent être obtenus en mettant le pistolet sur la tempe et et en choppant et manipulant par l’alcool, pensez­-vous vraiment qu’il y ait un quelconque sens dans cette soit­ disant démocratie?

   Voilà pourquoi notre Parti est d’une clarté complète quant à la nature du système législatif au contraire d’autres partis qui jurent être révolutionnaires mais se livrent en pratique à la politique parlementaire. Nous sommes inébranlable dans notre considération comme quoi c’est seulement par la lutte que le peuple peut résoudre ses problèmes et que les institutions parlementaires ne peuvent faire rien de bien à part créer des illusions. Le Parlement est une valve de sécurité pour laisser sortir la colère contenue par les masses, de peur que le système explose en morceaux. Vous pensez que développer des thématiques au parlement est la voie démocratique tandis que nous croyons que le peuple développe ses thématiques dans une voie démocratique par des protestations organisées.

   Nous devrons toujours être à la tête de telles luttes et ne pas faire un pas dans la fange de la boutique de blah blah sans pouvoir élu non démocratiquement appelé Parlement, qui sert les instruments du big business et les forces féodales, et est subordonnée aux injonctions impérialistes.

Question : Avez­-vous peur que si vous allez au Parlement, le parti puisse se corrompre?

   Ganapathy : La réponse à cette question a déjà été faite dans mon précédent développement. Pour résumer, plus que devenir corrompu après être entré au Parlement, ce qui est également vrai dans le cas des partis marxistes-­léninistes, ce sont les partis et individus corrompus qui peuvent réellement devenir une composante du système parlementaire. Notre Parti pense fermement que, contre le pouvoir de l’argent du Parlement, la réelle alternative devant le peuple est l’établissement d’un pouvoir populaire démocratique authentique.

   Nous avons construit de tels organes du pouvoir populaire dans certaines parties du pays, comme la janthana sarkar à Dandakaranya. Ces organes révolutionnaires de pouvoir montrent comment le véritable pouvoir est exercé, en comparaison aux institutions parlementaires impotentes, corrompues et criminelles.

   Au sujet de la base de masse des maoïstes.

   Question : Quelle est votre base de masse?

   Ganapathy : Notre base de masse sont les vastes masses opprimées, les damnés de la terre, les masses pauvres, défavorisées, misérables, aliénées. Sont notre socle les ouvriers, les paysans, les classes moyennes, les dalits [« intouchables »], les femmes, les adivasis [tribaux] et tous les millions de millions de masses travailleuses. Les vastes masses constituent l’Inde réelle, et non pas la grasse couche supérieure les cinq ou dix pour cent de la société. Ce sont ces vastes masses qui ont besoin de la révolution et qui nous voient comme alternative, même si la plupart d’entre eux ne nous ont pas vus.

   Nos forces subjectives grandissant, nous entrerons dans ces vastes sections dans tout le pays. Aujourd’hui nous avons une forte base de masse parmi ces sections dans les secteurs où nous menons les luttes armées agraires anti­féodales. Il y a toujours le besoin d’aller plus profondément dans les autres sections dans les zones urbaines – la classe ouvrière, les étudiants, la jeunesse, les classes moyennes, les petits­commerçants, les marchands ambulants, etc.

   Question : Pouvez­vous nous donner des statistiques sur l’augmentation de l’année dernière de votre base de cadres?

   Ganapathy : Je ne peux pas donner les statistiques exactes dans la mesure où nous ne voulons pas que l’ennemi sache la croissance réelle de notre Parti. Laissons le deviner et produire des statistiques grâce aux soit­-disant fondations de recherche, les services secrets, etc. Enfin, nous sommes tout de même flattés de voir les statistiques données par ces services concernant le taux de croissance de notre Parti et des zones de notre lutte et de notre influence.

   Mais il y a une chose dont je voudrais qu’elle soit claire – nous avons, l’année dernière, certainement augmenté notre force totale en terme de cadres, notre base masse et sa qualité, malgré des pertes sévères dans certains Etats.

   Question : Quelle partie du territoire indien est sous contrôle maoïste? Le premier ministre indien a affirmé un jour que cela concernait 160 districts sur 604 – était­ce une exagération?

   Ganapathy : comme je l’ai dit auparavant, nous sommes en effet flattés par de telles statistiques concernant notre mouvement. Mais il y a une chose que l’on peut comprendre de la déclaration du premier ministre, à savoir à quel point nous sommes devenus un cauchemar pour les classes dominantes réactionnaires de l’Inde. En fait, de nombreuses agences et fondations débitent des chiffres sur combien les maoïstes sont devenus une menace.

   Un auteur dit que nous grandissons au taux de deux districts par semaine! Un autre dit que nous avons augmenté de seulement 64 districts en 2005 à 169 districts au début de 2007, alors qu’un autre chercheur dit avec assurance que les maoïstes ont grandi jusqu’à presque tout l’Andhra Pradesh, le Bihar, le Jharkand, le Chattisgarh et l’Orissa, etc. La plupart de ces chiffres ne proviennent que de leur imagination et sont délibérément présentés de manière exagérée, afin de déployer davantage de forces de police et d’allouer de plus grandes sommes pour supprimer le mouvement révolutionnaire.

   Il est exagéré que de dire que les maoïstes contrôlent tant de districts. Mais en ce qui concerne notre influence, je dois dire qu’elle est bien plus grande que cela.

   Au sujet du pouvoir populaire.

Question : Qu’entendez-­vous par « pouvoir populaire » ­ vous avez vu dans l’État communiste du Bengale occidental ce que les communistes deviennent lorsqu’ils viennent au pouvoir. Comment vous assureriez-­vous d’être capable de donner le pouvoir aux gens?

   Ganapathy : Il n’est pas surprenant que comme la plupart des gens, vous aussi soyez troublés par les noms. Qu’un Parti s’appelle lui­ même Communiste ne le rend pas communiste pas pour autant, pas plus qu’un parti s’appelant bharatiya janatha party [le BJP, parti ultra­nationaliste hindou] n’en fait pas le parti du peuple indien ou qu’un samajwadi party fasse un parti socialiste.

   Le fait très clair est que le PCI (M) [PC d’Inde (Marxiste)] a depuis longtemps abandonné le projet communiste et l’idéologie marxiste, bien qu’il se qualifie de Parti Marxiste. Il est devenu un parti social­fasciste depuis l’époque du déclenchement du soulèvement paysan armé du Naxalbari en 1967, alors que des milliers de révolutionnaires étaient massacrés sur les ordres du ministre de l’intérieur d’alors au Bengale occidental, Jyoti Basu, à la fin des années 1960 et au début des années 1970.

   Le massacre récent d’une foule de personnes à Nandigram le 14 mars, la suppression brutale de la lutte populaire à Singur, et sa déclaration ouverte de permettre les entreprises multinationales et les maisons [familiales] compradores de mettre en place des SEZ et transformer l’État en un havre pour ces requins  montre que le parti marxiste de Buddhadeb agit sur les ordres des Tatas, Salems et des entreprises multinationales.

   L’exécution systématique du massacre planifié de Nandigram par la combinaison de la police et des truands du PCI(M), en particulier, a révélé leur caractère social­-fasciste à la nouvelle génération des personnes indiennes. Ainsi, ce à quoi vous vous référez au Bengale occidental n’est rien d’autre qu’une domination social-­fasciste.

   Maintenant, au sujet de votre question concernant le pouvoir populaire – nous l’appelons pouvoir populaire seulement quand le pouvoir réel est exercé par les gens eux ­mêmes. Vous pouvez voir cela dans certaines parties du Dandakaranya, du Bihar et du Jharkhand.

   Nous l’avions développé dans certains villages de l’Andhra Pradesh mais ceux­ci furent détruits en raison de la faiblesse de notre force armée qui ne put pas contrer l’offensive massive des forces centrales et des forces spéciales d’État. Là où nous avons établi des organes du pouvoir populaire sous une forme embryonnaire, vous pouvez voir l’initiative et l’énergie libérées des masses et rentrant en pleine action, une participation active des masses dans l’administration de leurs propres vies, le développement collectif de leurs villages par la construction d’écoles, de réservoirs, d’hôpitaux, etc. et une production en augmentation, résolvant le problème des querelles locales par eux-mêmes sans même le besoin d’aller aux tribunaux bourgeois­-féodaux, en bref façonnant leur propre destinée.

   Là où notre armée populaire et notre milice populaire sont relativement fortes et on réussi à détruire les forces armées de l’État, le peuple n’est plus opprimé ni exploité par les patriarches tribaux, les propriétaires terriens, les administrateurs forestiers, les bureaucrates, les grands entrepreneurs, les policiers.

   L’affirmation populaire a aussi mis à l’écart les grands requins de l’industrie et les entreprises multinationales impérialistes. Les femmes profitent d’une liberté relativement plus grande que celles dans le reste du pays.

   Nous devons développer ce pouvoir populaire des niveaux locaux jusqu’à ceux plus haut en renforçant l’armée populaire et le transformant en une force puissante, détruisant le pouvoir ennemi en intensifiant la guerre populaire et en établissant des base d’appui. C’est dans ces bases d’appui que le pouvoir devient relativement davantage consolidé. Néanmoins, jusqu’à la prise finale du pouvoir d’État à l’échelle du pays il y aura de sévères contraintes à l’application du pouvoir populaire aux niveaux du village et de la zone. Il faut voir ce pouvoir populaire dans ces zones de lutte avec ces limitations à l’esprit.

   Au sujet de la vague islamique.

   Question : Mais le combat est globalement maintenant en train de devenir pro-­globalisation contre vague islamique – dans de schéma comment voyez-­vous une société sans classe?

   Ganapathy : La globalisation est une guerre contre le peuple et contre chaque valeur chérie par le peuple pendant des siècles. La globalisation est l’idéologie des fondamentalistes du marché. Les fondamentalistes du marché sont en train de détruire tout ce que la nation a possédé et préservé pendant des siècles. Ils ne mettent rien d’autre en avant que de la pure avidité et l’égoïsme dans le seul but de leur hégémonie globale et les moyens pour y arriver sont la guerre sur tous les fronts – militairement, économique, politique, culturel, psychologique. Et pour mener à bien ce but « élevé », ils pensent même que la destruction du monde est un dommage collatéral.

   Il y a partout dans le monde une vague populaire contre la globalisation et la vague islamique est une part intégrante de la vague populaire mondiale contre l’impérialisme, la globalisation impérialiste et la guerre.

   Une société sans classes – le Communisme – est un projet humain conscient et doit être construit par la transformation de la conscience humaine. Et pour aboutir à cela, le premier pas est de détruire l’impérialisme à l’échelle mondiale et la réaction intérieure dans chaque pays. La vague islamique est une réaction à la globalisation impérialiste et à l’oppression impérialiste et à l’exploitation du peuple mondial, et des masses musulmanes en particulier.

   Tant que l’impérialisme existe, et tant qu’il soutient les régimes compradores réactionnaires islamiques et décadents en Asie et en Afrique, il est impossible pour les masses musulmanes de sortir de leur fondamentalisme. Ce n’est qu’après la destruction de l’impérialisme à l’échelle mondiale que les masses islamiques peuvent sortir complètement de leur idéologie et de leurs valeurs obscurantistes. Cela pavera la voie à l’établissement d’une société sans classe.

   Question : Quelle est vote opinion à propos de la vague islamique?

   Ganapathy : La réponse à cette question est déjà dans l’explication ci­ dessus. En essence, nous voyons la vague islamique comme une force progressiste anti­impérialiste dans le monde contemporain. Il est erroné de décrire la lutte se déroulant en Irak, en Afghanistan, dans les territoires palestiniens, au Cachemire, en Tchéchénie, et plusieurs autres pays, comme un lutte de fondamentalistes islamiques ou comme un « clash des civilisations » déjà théorisée par Samuel Huntington et qui est ressuscité par tout le monde aujourd’hui. Par essence, tout cela consiste en des guerres de libération nationale, nonobstant le rôle joué également par les fondamentalistes islamiques dans ces luttes.

   Nous nous opposons au fondamentalisme religieux de tout type, idéologiquement et politiquement, dans la mesure où il obscurcit les distinctions de classe et la lutte de classe et laisse les masses sous le joug de l’oppression de classe. Malgré cela, le « fondamentalisme islamique », selon moi, est un allié du peuple dans sa lutte contre le fondamentalisme de marché promu par les USA, l’UE, le Japon et d’autres impérialistes.

   La vague a comme cadre le développement de la conscience démocratique anti­impérialiste parmi les masses musulmanes et les amène à se rapprocher de toutes les autres forces laïques, progressistes et révolutionnaires. Je vois la vague islamique comme le début d’un réveil démocratique des masses musulmanes malgré la domination de l’idéologie et de la perspectives fondamentalistes dans le mouvement islamique aujourd’hui.Notre Parti soutient la vague islamique et cherche l’unité avec toutes les forces anti­impérialistes.

   Question : Nasrallah du Hizbaollah a dit récemment que la gauche devrait se rapprocher des islamistes. Dans le contexte indien, quel est votre sentiment?

   Ganapathy : Je suis essentiellement d’accord avec ce qu’a dit Nasrallah du Hizbollah. On doit comprendre que Nasrallah se réfère aux luttes pour la libération nationale contre l’impérialisme dans les pays islamiques.

   Le besoin de notre heure est d’achever l’unité de toutes les forces unies à l’impérialisme, en particulier l’impérialisme US, qui est en train de détruire de manière agressive toute valeur humaine qui nous a été léguées par des milliers d’années d’histoire et qui opprime chaque nation d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

   La Gauche ne peut pas se proclamer démocratique si elle ne lance pas des avancées pour s’unir avec les forces du mouvement islamique qui luttent pour leur libération nationale contre l’impérialisme, en particulier l’impérialisme US. Tous les mouvement en cours qui sont supposés conduit par des forces islamiques dans différents pays, comme je l’ai mentionné plus haut, sont des mouvements nationaux démocratiques dans leur contenu.

   Le langage fortement religieux utilisé par la direction de ces mouvements n’altère pas leur essence national démocratique et leur caractère anti­impérialiste.

   Sur les développements au Népal.

   Question : Que pensez ­vous du Népal?

   Ganapathy : Le point de vue officiel de notre Parti a déjà été donné sous la forme de déclarations, d’interviews et d’articles dans le dernier numéro de notre magazine théorique, Guerre Populaire. Il y a eu également l’année dernière une interview de notre porte­ parole de Parti. Nous avons un débat avec différents partis maoïstes sur les développements au Népal.

   Le peuple du Népal a montré un grand courage en luttant contre la monarchie mais la lutte n’a été mené que jusqu’à mi­-chemin. La lutte réelle n’est pas contre [le roi] Gyanendra et la monarchie, qui n’est qu’un symbole de l’oppression et l’exploitation féodales­impérialistes des vastes masses du Népal. Sans mettre à la porte les forces féodales, les impérialistes, le big business indien et les compradores locaux, simplement évincer Gyanendra ne résoudra aucun des problèmes des masses népalaises. Et cela ne peut être fait qu’en amenant fermement la guerre populaire à sa victoire finale. Aucun parlement ne peut toucher l’assise de ces forces réactionnaires qui gouvernent de fait le pays.

   Nous croyons qu’il y a un danger sérieux de déviation de la guerre populaire au Népal après que le PCN (Maoïste) a soutenu la position d’une démocratie multi­parti sous le nom de démocratie du 21ème siècle. En disant qu’un tel pas est nécessaire pour empêcher la restauration du capitalisme après la révolution, ce qu’ils font en fait est de participer aux élections avant même la prise du pouvoir politique!!

   Et cela causera du tort aux intérêts de la révolution. Nous avons des débats avec les maoïstes du Népal sur ces questions. Nous leur disons qu’il ne faut pas avoir d’illusions dans la démocratie parlementaire. L’histoire de la démocratie parlementaire, dans le monde entier comme en Inde pendant presque six décennies, montre de quelle farce il s’agit.

   L’aspect le plus dangereux dans l’accord est le désarmement de l’Armée Populaire de Libération en déposant les armes et en plaçant les combattants dans des cantonnements. Cela ne ménera à rien à part au désarmement des masses et à leur mise à la merci des oppresseurs. Ni les impérialistes ni leurs grands voisins comme l’Inde et la Chine ne toléreront de changement fondamental dans le système socio­économique du Népal.

   Ils ne peuvent pas rester des spectateurs passifs si leurs intérêts sont sapés par les maoïstes, que ce soit par la guerre populaire ou par le parlement.

   Ainsi les maoïstes ne pourront jamais atteindre leur but de mettre un terme à l’exploitation féodale et impérialiste en entrant au parlement au nom de la démocratie multi­parti. Ils devront soit être coopté dans le système soit abandonner la politique présente de partager le pouvoir avec les classes dominantes et continuer la révolution armée pour conquérir le pouvoir. Il n’y a pas de voie du milieu bouddhiste. Ils ne peuvent pas poser les régles pour un jeu que la bourgeoisie a inventé.

   A propos du rôle du Parti dans le monde contemporain.

   Question : Des développements ont lieu à un grand rythme, à la fois sur le plan international et sur le plan national. Comment voyez­vous un rôle pour votre Parti dans ce bouleversement?

   Ganapathy : Notre Parti a un grand rôle à jouer dans la situation contemporaine, internationale et nationale. Notre Congrès a analysé la présente situation politique et émit des appels au Parti et au peuple. Il a dressé les tactiques et tâches immédiates nécessaires pour utiliser la situation et achever les avancées et sauts dans la guerre populaire se déroulant en Inde. Le nouveau Comité Central a de plus concrétisé cela sous la forme de programmes et plans prévisionnels.

   Plusieurs résolutions ont été adoptées par le Congrès en ce qui concerne les thèmes auxquels se confronte le peuple dans notre pays comme de par le monde. Nous espérons intervenir activement sur ces thèmes et construire un mouvement de masse politique militant avec une large base.

   Les vingt prochaines années seront témoins d’un bouleversement politique et social massif partout dans le monde et notre pays sera témoin de bouleversement de masse dans plusieurs Etats contre les assauts de l’impérialisme, les politiques antipopulaires des classes dominantes indiennes comme le découpage d’enclaves néo­coloniales appelées SEZ, le déplacement massif des pauvres à la fois dans les zones urbaines et rurales, contre les lois draconiennes, la répression étatique, le chômage, la corruption, l’inflation, le désintérêt pour le bien­être social, etc.

   La confrontation militante entre le peuple et l’Etat deviendra une caractéristique générale à travers tout le pays et je suis certain que notre Parti sera à la tête de ces mouvements. Il grandira jusqu’à avoir le statut de pourvoir une direction à la vaste majorité des masses opprimées de notre pays.

   Imposer une interdiction à notre Parti et les organisations de masses, assassiner nos camarades, lancer des répressions cruelles contre le peuple, intimider et harceler tous ceux et toutes celles associés avec le mouvement révolutionnaire ainsi que toutes leurs mesures répressives ne peuvent pas empêcher l’inévitable établissement de la direction de notre Parti sur les vastes masses. Les partis réactionnaires et révisionnistes, le système parlementaire sont trop discrédités aux yeux du peuple et ils ne peuvent pas ne pas voir notre Parti comme la seule alternative devant leurs yeux pour amener à leur libération réelle.

   Question : Enfin, avez­ vous le sentiment que c’est un moment vraiment crucial dans l’histoire de la lutte maoïste en Inde? Et si oui, pourquoi?

   Ganapathy : Je ne sais pas ce que vous exactement à l’esprit avec cette question. Mais je dirais que oui, pour plusieurs raisons. Quand pour la première fois vous voyez l’émergence d’un seul centre dirigeant pour la révolution indienne après la fusion des deux courants principaux courants maoïstes dans le mouvement communiste indien, quand vous tenez un congrès – la plus haute autorité du Parti – après plus de 3,5 décennies, 37 années pour être précis, alors de fait cela devient un moment crucial dans l’histoire de la lutte maoïste en Inde.

   Et c’est plus que cela. Tenir le Congrès de l’Unité a en lui­même été le plus grand challenge pour notre Parti, ces derniers temps. Les classes dominantes réactionnaires, naturellement avec le conseil des impérialistes, ont tenté par tous les moyens de perturber le Congrès.

   Malgré tout, avec une planification méticuleuse par notre Comité Central et différents comités dirigeants de notre Parti, avec la protection fournie par les combattants héroïques de notre Armée­Guérilla de Libération Populaire, et les toujours vigilantes milices populaires et masses révolutionnaires, nous avons pu mener à bien ce gigantesque exercice démocratique débutée il y a deux ans. C’est matière à fierté que d’avoir pu donner une rebuffade appropriée à l’ennemi en tenant avec succès notre Congrès pendant plus de quinze jours.

   C’est un moment crucial pour une autre raison également. Aujourd’hui, le mouvement maoïste fait face au grand challenge de construire une forte Armée de Libération Populaire et d’établir comme tâche immédiate des bases dans les campagnes isolées.

   Les classes dominantes réactionnaires n’épargnent absolument rien pour empêcher l’émergence de tels bases rouges (gouvernement démocratique du peuple) dans l’Inde profonde car cela signifierait l’émergence d’une alternative réelle à leur système pourri, parlementaire et leurs partis parlementaires compradores, criminels, communautaires, fascistes.

   Ainsi, nous voyons le déploiement massif non seulement des forces centrales, forces d’Etat spéciales, mais aussi la formation d’une très grande force armée à partir de la population locale, l’arment et l’entraînant et les jetant contre le mouvement révolutionnaire, organisant des massacres qui nous rappellent les pogromes des Cent­Noirs dans la Russie pré­révolutionnaire ou les gangs nazis du fasciste Hitler.

   Tel est le scénario mis en place au Dandakaranya au nom de la Salwa Judum et dans une moindre mesure au Bihar­Jharkhand au nom de la Sendra. Ils n’hésiteront pas à envoyer l’armée indienne créer davantage de bains de sang et le mouvement maoïste ne peut avancer seulement qu’en détruisant ces attaques des forces ennemies. C’est ainsi que nous voyons le moment présent comme un moment crucial dans l’histoire de la lutte maoïste en Inde.

   Et la dernière raison pour laquelle nous devrions appeler le moment présent un moment crucial est que nous, les maoïstes, sommes confrontés à la grande tâche de fournir la direction révolutionnaire à plus d’un milliard de personnes, à un moment où le pays entier est en train d’être transformé en une néocolonie, alors que le pays est ayant été bradé aux impérialistes et au big business au nom des SEZ, alors que des millions et millions de personnes ont été déplacées par les soit­disant projets de développement, alors que les ouvriers, les paysans, les employés, les étudiants, certaines couches intellectuelles, les dalits [« Intouchables »], les femmes adivasis [« tribales »], les minorités nationales, les minorités religieuses et d’autres sont appelés par la révolte.

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