3.3. Mobilisation des masses et construction du Parti

Perspective urbaine : notre travail dans les zones urbaines

Parti Communiste d’Inde (maoïste)

3. Politique et directives

3.3 Mobilisation des masses et construction du Parti

   Nous avons besoin de construire la base de masse la plus générale par la constitution de différentes sortes d’organisation de masse comme des organisations de masse révolutionnaires publiques, des organisations démocratiques légales, des organisations de masse clandestines, des organisations de couverture, etc.  Selon la situation, l’une ou l’autre sorte d’organisation devient principale pour cette période.  Mais en gardant à l’esprit l’approche à long terme, nous avons besoin de construire plusieurs sortes d’organisations de masse simultanément.

Par conséquent, le principe général quant aux formes urbaines d’organisation est que les organisations de masse doivent être aussi larges que possible.  Etant donné que la situation politique indienne est inégale,  nous avons besoin d’étudier la meilleure combinaison de différentes sortes d’organisations de masse. Alors qu’il n’est pas possible de constituer des organisations de masse révolutionnaires publiques dans l’Andhra Pradesh, il y a plusieurs états dans lesquels une telle possibilité existe tout de même.

   Ainsi, nous pouvons organiser la population sous plusieurs formes, selon la situation.  Mais construire le Parti doit toujours se faire dans le plus grand secret.  Comme le montre l’expérience du travail à Shanghai, où la terreur blanche était extrême durant la Révolution chinoise, ‘l’organisation du parti doit être tenue secrète, au plus elle est secrète, au mieux c’est.  Alors qu’une organisation de masse doit être publique, au plus large elle est, au mieux c’est.’  Ce principe pourrait être mis en pratique dans nos conditions.

   Les organisations, qui propagent ouvertement la politique du Parti, doivent en règle générale fonctionner clandestinement.  Les organisations fonctionnant publiquement et légalement ne peuvent en règle générale pas s’identifier ouvertement avec le Parti et doivent travailler sous une certaine couverture avec un programme limité.  En coordonnant avec justesse les structures illégales et légales, nous devons avoir une approche d’augmentation pas à pas des formes de lutte et de préparation des masses à se lever contre les forces de l’état.

3.3.1. Types d’organisation de masse

   Notre POR (Political and Organisational Review) identifie trois sortes d’organisations de masse: 1) organisations de masse révolutionnaires clandestines, 2) organisations de masse révolutionnaires publiques et semi-publiques, et 3) organisations de masse légales publiques, qui ne sont pas directement reliées au Parti.  Le travail urbain à l’intérieur de la troisième sorte d’organisation peut en plus être subdivisé en trois larges catégories: a) travail fractionnaire, b) organisations clandestines formées par le Parti, et c) organisations démocratiques légales.

3.3.1.1. Organisations de masse révolutionnaires clandestines

   Ces organisations demeurent rigoureusement clandestines et propagent la ligne révolutionnaire du Parti parmi les masses, les soulevant pour la lutte armée.  Elles prient ouvertement les masses à prendre part à la guerre populaire, propagent la tâche essentielle établie par le Parti à n’importe quel moment donné, organisent clandestinement les masses dans les luttes et servent directement de base pour le recrutement pour le Parti et la guerre populaire.  Ces organisations de masse sont construites clandestinement et dirigent une propagande clandestine.

   Elles sont formées autour d’un programme révolutionnaire nettement défini et explicite.   Par conséquent, les critères minimums pour l’adhésion sont l’acceptation des buts de la révolution et l’empressement à travailler clandestinement.

   Dans notre Parti, de telles organisations n’ont pas été constituées dans le cadre d’un plan.  Elles sont apparues dans et autour des zones de lutte quand les organisations de masse révolutionnaires publiques ont été obligées de passer à la clandestinité en raison de la lourde répression.  Plus tard, elles ont été mises en place consciemment, même dans les zones où il y avait relativement moins de répression.  Aujourd’hui, avec la mise en place de l’interdiction dans toute l’Inde en vertu du POTA((Loi sur la prévention des activités terroristes (Prevention of Terrorist Activities Act).)) , les organisations de masse seront fondées clandestinement dans beaucoup plus de zones.  Un grand nombre de ces organisations fonctionnent principalement dans les zones urbaines.  Bien que de telles organisations clandestines puissent être constituées dans n’importe quelle partie des masse, nous les avons jusqu’à présent surtout créées, dans les zones urbaines, parmi les jeunes, les étudiants et les ouvriers.

   Dans les zones urbaines, ces organisations clandestines accomplissent la tâche importante de la propagation de la ligne du Parti parmi différentes parties des masses.  Elles sont les véhicules principaux de la propagande révolutionnaire.  En raison de la position dominante de l’ennemi dans les villes, la tâche importante de soulever les masses grâce à la propagande révolutionnaire doit être accomplie par l’entremise d’une structure clandestine.  La structure clandestine du Parti ne peut cependant pas être le seul moyen d’expression pour propager la politique révolutionnaire.

   Cela limiterait l’ampleur et l’intensité de l’impact de notre propagande.  C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de développer des structures organisationnelles clandestines distinctes parmi différentes parties de la population, qui porteront le message des appels du Parti à ces parties en particulier, et aussi aux autres parties des larges masses.  Ceci est donc la tâche principale des organisations de masse révolutionnaires clandestines dans les zones urbaines.

   La tâche des unités et des comités clandestins est de préparer les formes et les méthodes de propagation de la ligne du Parti, de propager la propagande du Parti, et d’élaborer et de propager le point de vue révolutionnaire sur les divers problèmes du jour – particulièrement les problèmes touchant la section qu’ils organisent.  Tout cela peut se faire grâce à des affiches clandestines, des porte-paroles, des pamphlets, des cassettes, des brochures, et d’autres formes de propagande; cela peut se faire par un contact personnel des membres de l’organisation; cela peut se faire grâce à des actions spectaculaires planifiées telles que les attaques contre un impérialiste, un compradore, et d’autres cibles de la classe dirigeante, etc.  Par l’intermédiaire d’une propagande soutenue et efficace et d’actions planifiées, l’organisation de masse révolutionnaire clandestine doit viser à atteindre une position depuis laquelle elle influence, conduit et même, fixe les actions et les décisions des organisations indépendantes et des masses dans son domaine d’intervention.

   Il pourrait y avoir certaines restrictions pour les organisations de masse clandestines dans l’organisation et la mobilisation des masses de façon considérable dans la lutte.  Mais il y a des occasions dans lesquelles les organisations de masse clandestines – bien que leur organisation réelle soit limitée, leur influence est significative – pourraient mener des luttes importantes dans lesquelles des centaines de milliers d’ouvriers peuvent et doivent être utilisés dans des formes de lutte clandestines.  Si Ka Sa en est un exemple.  Les organisations de masse révolutionnaires secrètes peuvent ne pas rassembler les masses de manière considérable et large comme les organisations de masse révolutionnaires publiques.

   Quand une organisation de masse révolutionnaire publique est obligée de passer à la clandestinité, en changeant les méthodes de travail de méthodes en publiques en méthodes clandestines, en envoyant les cadres démasqués dans la clandestinité, etc, partout où c’est possible, la partie non exposée des forces de l’organisation doit être déplacée de façon à travailler dans d’autres sortes d’organisations telles que les organisations clandestines, le travail fractionnaire, les organisations démocratiques légales, et ainsi de suite.

   Les organisations clandestines ne sont pas les organes destinés à conduire et à gérer les organisations légales, qui ne sont pas directement reliées au Parti.  Cela créera une forme inutile de couche de semi-parti entre le Parti et de telles organisations.  Ainsi, en règle générale, nous devons aussi éviter de constituer des unités de l’organisation clandestine pour mener les organes publics dans l’organisation publique.  Ce leadership doit être géré par les fractions et les cellules du Parti fonctionnant dans la zone.L’organisation clandestine accompli son rôle révolutionnaire en donnant des appels et en dirigeant la propagande pour guider et pousser les organisations publiques dans la bonne direction.

   Cependant, cela aussi, cela doit être évité dans les zones où le champ de travail fractionnaire ou clandestin est trop petit ou dans lesquelles la propagande révolutionnaire publique peut causer la dénonciation du fait que nous faisons un tel travail dans cette zone.

   S’il est nécessaire que des membres de l’organisation clandestine travaillent activement au sein de l’organisation publique, ils travailleront comme des membres publics normaux de l’organisation, en portant une attention particulière pour protéger leur identité politique.  Il vaut mieux éviter de combiner les tâches de militant de l’organisation clandestine et de dirigeant de l’organisation publique; partout où c’est possible, des camarades différentes doivent être affectés à des tâches distinctes.

   Par conséquent, l’organisation de masse clandestine doit servir de véhicule pour la propagande révolutionnaire du Parti dans les zones urbaines.  C’est la forme d’organisation qui convient à la mise en place de cette importante tâche.

3.3.1.2. Organisations de masse révolutionnaires publiques

   Celles-ci sont les organisations de masse publiques et semi-publiques, qui propagent ouvertement la politique de la Révolution de Nouvelle Démocratie et qui préparent la population pour la lutte armée.  Ces organisations utilisent les opportunités légales disponibles pour diriger ouvertement la propagande révolutionnaire et la campagne et pour essayer de mobiliser les forces anti-impérialistes et anti féodales aussi largement que possible.

   Notre Parti a mis sur pied et fait fonctionné de telles organisations de masse révolutionnaires publiques depuis les années 70, particulièrement dans la période ayant suivi la suppression de l’état d’Urgence en 1977.  Ces organisations publiques étaient alors les organes principaux de la mobilisation de masse, tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines.  Elles étaient les bannières sous lesquelles des milliers et des centaines de milliers de personnes étaient mobilisées, particulièrement dans les zones de lutte dans l’Andhra Pradesh et le Bihar.

   Ces mobilisations ont atteint leur apogée dans les périodes ‘ouvertes’ jusqu’en 1986 et en 1991 dans l’Andhra Pradesh.  Le rôle qu’elles ont joué est celui d’attirer les larges masses vers la révolution.  Cependant, avec le début de la répression, la plupart de ces organisations ont été privées de toute opportunité légale et ont été obligées d’entrer dans la clandestinité.  Des interdits absolus ont été imposés dans l’Andhra Pradesh et le Bihar, tandis que des restrictions et une surveillance considérable ont été placées sur les organisations dans les autres états.  Par conséquent, l’envergure de ces organisations a considérablement diminué avec l’augmentation de la répression vis à vis de notre Parti partout dans le pays. Aujourd’hui, il n’existe que de très petits organes publics dans certaines villes.

   Ce qui ressort clairement de l’expérience, c’est que cette forme d’organisation ne peut être utilisée que quand les classes dirigeantes, pour de diverses raisons, ne peuvent pas provoquer ou ne provoque pas de répression.  Vu que c’est le cas, cela ne laisse qu’une place limitée pour ce genre d’organisation dans les zones urbaines.  Puisque l’ennemi a généralement une influence fortement supérieure dans les zones urbaines, il y a peu de situations dans lesquelles la répression ne peut pas être provoquée.  Par conséquent, alors que la guerre populaire s’avive, la possibilité d’opportunités légales existe soit en raison de la faiblesse des classes dirigeantes due à des contradictions internes, soit en raison d’un plan de l’état pour surveiller nos forces, ou en raison d’autres motifs temporaires.

   Quelle que soit la raison, nous devons malgré tout évaluer la situation et essayer de faire le meilleur usage des opportunités légales disponibles, en n’oubliant pas la perspective à long terme.  Cela veut dire que si nous obtenons la possibilité de mobiliser les masses en grand nombre directement sous notre bannière, nous devons mettre cette chance à profit.  En même temps, nous ne devons dévoiler qu’une petite partie de nos forces et nous assurer que la majorité de nos cadres restent cachés de la surveillance de l’ennemi.  En aucun cas, nous ne devons nous adonner à de petites manifestations dans lesquelles tous nos militants sont facilement identifiés et même filmés pour être facilement pris pour cible plus tard.  Nous devons comprendre qu’en général, la période d’opportunités légales pour les organisations révolutionnaires publiques sera courte et nous devons nous servir au mieux de cette période pour en tirer des bénéfices à long terme.  En essayant de mobiliser le plus grand nombre des masses dans la lutte sur base de la plateforme ouvertement révolutionnaire de l’organisation de masse publique, le Parti doit s’appliquer à renforcer et à consolider les éléments issus de ces luttes qui serviront les intérêts à long terme de la guerre populaire prolongée.

   Par conséquent, nous devons être lucides quant au fait que l’organisation de masse révolutionnaire publique ne peut pas être une forme permanente d’organisation de masse dans les zones urbaines.  Elle peut et doit être utilisée durant les périodes et les situations d’opportunités légales et nous devons sans cesse être attentifs pour tirer parti de telles opportunités à chaque fois qu’elles surviennent.  Cependant, en faisant cela, nous devons toujours avoir conscience des intérêts à long terme du Parti et de la lutte de classe, et nous assurer qu’ils ne souffrent pas de l’obtention de certains bénéfices à court terme.

3.3.1.3. Travail fractionnaire

   Ici, le Parti travaille par l’intermédiaire des nombreuses organisations de masse traditionnelles qui opèrent dans les zones urbaines.  Ces organisations de masse traditionnelles sont les organisations généralement constituées par les masses pour se battre pour leurs intérêts particuliers ou bien pour répondre à leurs besoins.  Le Parti, grâce à ces membres et d’autres militants, entre dans ces organisations sans éventer aucun rapport avec le Parti.  Par l’entremise des activités de l’organisation, on tente d’attirer les masses, qui sont mobilisées pour leurs intérêts particuliers, vers la révolution.  Cette modalité d’organisation, si elle est convenablement menée, présente la meilleure opportunité de travail clandestin pour une longue période.  Elle est donc indispensable dans les zones où la répression est intense.  Cependant, elle peut et elle doit être utilisée dans toutes les zones urbaines parce qu’elle fourni aussi d’excellentes tribunes de masse pour aborder d’importantes parties de la population ; et si nous ne dévoilons pas les rapports avec le Parti, nous pouvons fonctionner pendant de longues périodes sans subir la répression ennemie.

   Un travail de ce genre peut être mis en œuvre dans différents types d’organisations.  Les meilleures organisations sont celles qui sont davantage axées sur la lutte, telles que les syndicats, les organisations des bidonvilles ou d’autres, axées sur une localité, les organisations de jeunes, les organisations de chômeurs, les associations et les syndicats d’étudiants, les organisations de femmes, les organisations de banlieusards, etc.  En plus, il y a d’autres organisations axées sur le bien-être, ou sur la communauté, ou des organisations d’auto-assistance – telles que les coopératives d’ouvriers, les organisations culturelles, les clubs de sports et les gymnases, les bibliothèques, les ‘bhajan mandals’((Centre d’études artistiques.)), les organisations d’assistance non gouvernementales, les organisations pour le bien-être des femmes, les organisations d’assistance basée sur les castes et la nationalité, les organes des groupes minoritaires, etc.  Il y a également beaucoup d’organisations qui émergent pour un problème particulier, pour une période précise, ou pour un festival précis, etc.

   La majeure partie de ces organisations apparaissent naturellement en raison des besoins des masses.  Cependant, un grand nombre d’entre elles auront ou des attaches tangibles, ou des rapports indirects avec les partis et les organisations de la classe dirigeante.  Cela ne doit toutefois pas avoir de conséquence sur notre projet de travail parmi elles aux niveaux inférieurs.  En décidant de travailler dans une organisation particulière, nos préoccupations principales sont, premièrement, de savoir si les masses sont ou peuvent être mobilisées grâce à cette organisation, et deuxièmement, si la situation de l’organisation est telle que la possibilité d’influencer politiquement les masses et d’attirer certains éléments vers le Parti existe.

   Parfois, il y a diverses organisations de masse ayant différentes attaches qui fonctionnent dans la même zone – par exemple, plusieurs syndicats au sein d’une seule usine.

   A ce moment-là, il se peut que nous que nous devions choisir dans quelle organisation travailler.  Une fois encore, cette décision doit se prendre conformément aux conditions données ci-dessus.  Nous pouvons même décider de travailler dans plus d’une organisation si cela convient à notre plan pour cette zone.  Cependant, notre approche générale serait de nous opposer à la division de l’unité des masses et d’être pour l’unité de toutes les organisations de masse représentatives travaillant dans une zone particulière.
Une fois que nous avons décidé de faire un travail fractionnaire à l’intérieur d’une organisation, nous devons nous efforcer d’y atteindre une position de premier plan.  Cela veut dire que nous devons être en position d’influencer et de guider les décisions de l’organisation.  S’il est nécessaire de prendre le contrôle des postes de membres du bureau pour obtenir cette influence, alors, nous devons essayer de le faire.  Cela ne veut toutefois pas dire que nous devons toujours faire pression pour que les membres du Parti occupent les postes de membres du bureau.

   Si nos plans peuvent être accomplis grâce à des non-membres du Parti ou même grâce à des dirigeants appartenant à d’autres organisations, c’est le mieux.  Cela ne maintiendra pas uniquement mieux notre couverture, mais cela libèrera nos membres du Parti pour qu’ils s’acquittent d’autres tâches.  Cependant, s’il n’y a pas d’autre alternative, et que c’est la volonté de la majorité, nous ne devons mettre aucune interdiction à ce que même des membres du Parti occupent de tels postes.

   Que nous occupions les postes de membres du bureau ou non, l’objectif  important du travail fractionnaire est la dénonciation habile des réactionnaires et des réformistes qui dirigent ou participent à l’intérieur de ces organisations.  Cette dénonciation est indispensable pour éloigner les masses de leur influence.  Cela doit cependant être fait sans nous dévoiler à l’ennemi.  Les formes de dénonciation diffèreront ainsi selon la situation concrète.  Dans les zones vastes où le risque de dénonciation directe de nos militants de travail fractionnaire est faible, nous pouvons nous servir de la propagande de l’organisation de masse révolutionnaire clandestine ou même des appels directs du Parti.

   Dans des zones plus petites, comme une seule usine ou un seul bidonville, il se peut que nous devions principalement ou uniquement utiliser la propagande orale.  Parfois, pour faire notre propagande, nous pouvons créer des bannières artificielles telles que ‘les ouvriers fâchés’, ‘les habitants inquiets des bidonvilles’, etc.  Très souvent, il se peut que nous devions utiliser une combinaison de différentes méthodes.  Quelle que soit la méthode, elle doit être appliquée soigneusement, intelligemment et avec logique.  Elle doit assurer l’éloignement des masses de l’influence des réactionnaires et des réformistes; en même temps, elle doit aussi assurer que nous ne soyons pas dévoilé prématurément et que nous ne faisions face à des pertes.

   Il y a deux genres de manquements dans le travail fractionnaire.  L’un est de tomber au niveau des réactionnaires et des réformistes qui dirigent l’organisation et de refuser de faire le moindre travail politique au nom d’une approche à long terme et d’éviter la dénonciation.  L’autre est d’être démasqué rapidement en raison de notre désir d’obtenir des ‘résultats rapides’.  Les deux manquements doivent être évités.  Le problème principal dans notre travail fractionnaire jusqu’ici a toutefois été notre manque d’approche à long terme.  Nos erreurs s’étendent de la rhétorique révolutionnaire démesurée aux simples erreurs telles que de chanter des chants du Parti ou de distribuer la littérature du Parti sans vérifier la fiabilité de ceux à qui nous donnons cette littérature.  Bien qu’il existe une grande expérience dans le mouvement communiste international et que nous ayons acquis un grand nombre de leçons dans la pratique, nous n’avons pas encore été capables d’intégrer et de mettre en œuvre ces leçons avec succès dans notre activité quotidienne.  Bien que nous ayons reconnu cette erreur dans nos documents, nous devons encore former tous les niveaux pour mettre cela en pratique concrètement.  La participation en profondeur du leadership est nécessaire pour cela.

   L’objectif capital est de parvenir au bon équilibre pour faire l’usage le plus complet des opportunités légales sans franchir les limites fixées par les coutumes sociales, les habitudes, les formes de luttes existantes, etc.  Notre discours et nos actions doivent être adaptés au fonctionnement habituel des militants et des masses dans la zone particulière.  Cela variera, bien sûr, de situation en situation.  Alors qu’il peut ne pas être anormal de recourir au ‘gherao’((Forme de protestation typique du sud de l’Asie dans laquelle un groupe de personnes encercle le bâtiment gouvernemental ou autre jusqu’à ce que leurs exigences soient satisfaites ou qu’ils aient obtenus des réponses.))  parmi de nombreuses sections d’ouvriers industriels, il se peut que nous devions nous limiter aux badges noirs et aux ‘dharnas’((Manifestation avec occupation de locaux.))  pour les employés de banque; tandis que les luttes militantes anti-dot et anti-castes peuvent être normales dans certaines zones et dans certains états, les normes sociales dans d’autres états ou zones peuvent être telles que cela attirerait immédiatement les soupçons si nous tentions de nous engager dans des luttes pareilles par l’intermédiaire d’organisations clandestines.  Dans de telles situations, nous devrions probablement nous limiter à la propagande.  Par conséquent, nous devons planifier nos activités, nos questions et nos formes de lutte selon la situation concrète de la lutte de classe, afin que notre identité de Parti ne soit pas rapidement soupçonnée et démasquée.  Nous ne devons bien sûr pas nous réduire à être de simples queues des masses.  Nous devons être assez intelligents pour rester un pas devant les masses, sans être à découvert.  Nous devons utiliser les opportunités pour pousser la lutte au maximum des limites socialement acceptables, en élevant la conscience politique des masses au-dessus de son niveau antérieur.  Par conséquent, nous devons sans arrêt faire progresser le mouvement grâce à une approche à long terme.

   Une fois que nous avons mis en œuvre l’approche et les méthodes correctes dans notre travail fractionnaire, il peut devenir un outil puissant dans notre travail urbain.  Il a constitué une forme d’organisation dans le travail urbain largement utilisée dans la Révolution chinoise.

3.3.1.4. Organisations de masse clandestines formées par le Parti

   Il devient parfois nécessaire pour nous de mettre directement sur pied des organisations de masse clandestines sans dévoiler leur rapport avec le Parti.  Un tel besoin survient principalement en raison de l’absence de toute autre organisation de masse appropriée au sein de laquelle nous pouvons faire un travail fractionnaire.  Le cas des ouvriers non-syndiqués, où les syndicats réguliers ont une présence limitée et où nous n’avons souvent d’autre choix que de créer notre propre organisation syndicale pour prendre en main les exigences des ouvriers non-syndiqués en est un exemple.  Ce n’est cependant pas la seule zone dans laquelle nous pouvons constituer des organisations clandestines.  En fait, les organisations clandestines peuvent être de genres aussi variés que les celles pour le travail fractionnaire que nous avons mentionnées dans la section précédente.  Elles peuvent aller des organisations de lutte syndicale aux organisations d’assistance, aux organisations axées sur un problème, etc.  Les méthodes de travail sur les masses ne sont pas non plus très différentes de celles des zones de travail fractionnaire.  La différence principale est bien sûr que nous n’avons pas la tâche de dénonciation, comme quand nous travaillons à l’intérieur des organisations réactionnaires et réformistes.

   Où que nous formions de telles organisations clandestines, notre programme sera de nature limitée, similaire à celui d’autres organisations pareilles travaillant dans la zone.  En utilisant ces organisations clandestines pour mobiliser les masses sur leurs exigences spécifiques, nous essayerons d’attirer les meilleurs éléments dans le Parti.

   Nous devons faire attention (surtout dans les zones de répression) de ne pas attirer l’attention de l’état en outrepassant de loin les limites socialement acceptables du militantisme pour cette zone.  Par exemple, si les armes habituelles utilisées dans la zone sont les couteaux et les épées, nous ne devons pas recourir aux armes à feu, ou nous ne devons normalement pas avoir recours aux anéantissements dans une nouvelle zone dans laquelle il n’y a aucun antécédent de telles actions.  Depuis ces quelques dernières années, nous avons acquis une certaine expérience dans la construction d’organisations clandestines.  Nous avons commis différentes erreurs (mentionnées dans notre POR) conduisant à la révélation rapide de nos forces dans de nombreuses zones.  En tirant les leçons de ces erreurs, nous devons inculquer la bonne approche à long terme pour protéger ces organisations durant une longue période, en faisant d’elles de solides bastions de la lutte de masse.

3.3.1.5. Organisations démocratiques légales

   Celles-ci sont les organisations constituées sur une base politique explicite ayant certains ou tous les aspects d’un programme anti-impérialiste, anti-féodal et un programme d’action et des formes de lutte qui, dans les grandes lignes, rentrent dans le cadre juridique.  Certaines organisations pareilles peuvent être celles s’adressant à une section particulière telle que les syndicats, les associations étudiantes, les fronts de femmes, les organisations pour l’abolition des castes, les organisations de nationalité, les associations d’écrivains, les organisations d’avocats, les associations de professeurs, les organes culturels, etc.  D’autres peuvent être mises sur pied avec des programmes axés sur un point, se concentrant sur des questions essentielles précises comme le système de sous-traitance, le chômage et les pertes d’emploi, les atrocités des castes, le communautarisme, la culture impérialiste, la violence envers les femmes, la safranisation de l’éducation13 , la corruption, le retard et l’indépendance régionale.  La portée de l’organisation démocratique légale est très vaste, s’étendant des larges coalitions et alliances formées contre la répression, la mondialisation, l’Hindutva, jusqu’aux organes globaux formés avec les bannières de l’anticapitalisme ou des luttes populaires. De telles organisations peuvent être mises sur pied à différents niveaux – au niveau de la ville, du district, de l’état, de la région, de toute l’Inde, et même au niveau international.

   Notre Parti n’a lancé ou participé à la création de telles organisations que depuis ces quelques dernières années. Par conséquent, notre expérience a été limitée.

   Mais plutôt que l’expérience, le problème a plus été le manque d’une compréhension claire quant à la notion, au rôle et à l’importance de l’organisation démocratique légale. Cela a abouti à la spontanéité, à une démarche par tâtonnements et à des erreurs dans la pratique.  Cela s’est soldé par le fait que nos organisations sont restées à l’intérieur d’une base de soutien étroite.  Cela nous a empêché de vraiment mettre en œuvre, dans la pratique, la portée complète des organisations démocratiques légales.  Cela nous a empêché de faire le meilleur usage des opportunités légales pour la mobilisation plus large des masses.

   En fait, les organisations démocratiques légales servent de ressources importantes pour les tentatives de mobilisation politique des masses urbaines du Parti. Cela est dû au fait que généralement, la répression empêche les organisations de masse révolutionnaires publiques de fonctionner.  Par conséquent, le mouvement démocratique légal est l’arène où les masses peuvent participer par milliers et centaines de milliers et obtenir une expérience politique.  Il a ainsi un rôle très important dans la révolution, complémentaire à celui de la lutte armée dans la campagne.

   Les révolutionnaires dans d’autres pays, particulièrement aux Philippines, ont participé au mouvement démocratique légal et l’ont utilisé très efficacement. En Inde aussi, il y a d’excellentes possibilités pour participer dans les organisations et au mouvement démocratique légal et pour les former, les encourager et les développer afin de faire progresser les intérêts de la révolution.  Les masses souffrant sous le joug de l’impérialisme et de féodalisme, prennent régulièrement part aux innombrables luttes militantes quotidiennes, petites ou grandes.  Elles sont menées par les innombrables organisations de base et les dirigeants qui ont un point de vue limité et qui fonctionnent à l’intérieur d’un cadre légal.  Ce sont ces luttes et ces organisations qui fournissent la base matérielle concrète pour la création de larges organisations démocratiques.  Et c’est par l’entremise du mouvement démocratique légal que ces luttes sortent de leurs étroites limites, sont unifiées et acquièrent une direction politique.

   Par conséquent, dans les zones urbaines, il est nécessaire que notre Parti accorde une importance considérable à la construction et à la participation dans un mouvement démocratique légal solide et diversifié.  Nous devons rejoindre, former ou participer à la mise en place d’organisations démocratiques légales de différentes sortes – particulière, axée sur un problème ou réunissant des tendances très variées; selon la nécessité et la faisabilité, cela peut être à n’importe quel niveau, allant du niveau de la ville au niveau de toute l’Inde et international.  En prenant cette tâche en main, et en lui attribuant des forces, nous devons toutefois nous méfier de la tendance à accorder unilatéralement trop d’importance aux mobilisations de masse et aux luttes considérables aux dépens des tâches centrales de consolidation et de construction du Parti.  Le mouvement démocratique légal lui-même peut aussi se renforcer et ne reste dans la bonne trajectoire politique que si nous nous concentrons suffisamment et simultanément sur le développement du noyau clandestin du Parti en son sein.

   Ainsi, en donnant l’importance qu’il mérite au mouvement légal, nous devons faire attention à conserver le bon équilibre dialectique entre les besoins et l’importance à la fois du travail légal et illégal, et de l’organisation publique et clandestine.

   Entretenir des rapports entre le public et le clandestin signifie également une adhésion absolue aux précautions techniques.  Cela veut dire protéger le leadership du Parti de la dénonciation et du danger, ainsi que protéger le leadership légal de se faire démasquer comme appartenant à notre Parti.  Les rencontres entre le leadership public et clandestin doivent dans la mesure du possible être évitées, et la guidance doit généralement se faire par communication écrite et d’autres moyens, en protégeant le rapport avec le Parti.  Quand une réunion doit avoir lieu, une attention appropriée doit être prise pour que les camarades légaux n’y soient pas autorisés.  De la même façon, des erreurs telles que la rencontre de personnalités publiques devant des escouades entières, dévoilant ainsi directement leurs rapports, doivent être évitées.

   En règle générale, nous devons éviter de dévoiler notre influence de Parti à l’intérieur d’une organisation particulière, aussi bien que l’identité des membres du Parti et d’autres camarades proches de nous.  Cependant, au moment où ses activités augmentent et s’intensifient, nous ne pouvons pas empêcher l’ennemi de devenir méfiant, de déclencher une surveillance et de s’adonner au harcèlement.  Cependant, cela ne signifie pas qu’il sera capable de déclencher facilement une répression généralisée et de provoquer une interdiction.  Aussi longtemps que l’organisation obéi aux principes de fonctionnement démocratique légal, et aussi longtemps qu’elle a une base de soutien assez large, il sera difficile pour l’état de la fermer définitivement.

   Toutefois, le point central essentiel de ceci est la grandeur de l’organisation.  Si nous créons une organisation étroite qui se limite uniquement à nos forces de Parti, nous ne pouvons pas espérer qu’elle se maintienne longtemps même si nous prenons toutes les précautions techniques pour dissimuler notre identité.  D’autre part, si de larges parties des masses sont rassemblées et si un large éventail de forces indépendantes sont unies, l’ennemi ne sera pas dans une position de facilité pour réprimer au maximum.  Même s’il déclenche des attaques, il risque l’éventualité de protestations et d’un soutien encore plus grand.

   Cependant, afin d’atteindre une vaste unité, il est nécessaire que nous ayons une telle approche quel que soit l’effort démocratique légal auquel nous prenons part.  Nous devons élargir nos efforts bien au-delà du camp révolutionnaire et entreprendre notre implication et notre union avec un large éventail de forces de lutte sur différents fronts.  La base de nos efforts d’unification doit être un minimum de compréhension politique pour chaque organisation.

   Notre condition fondamentale doit être une adhésion sincère à un programme politique minimum.  En fait, nous devons viser ces organisations et ces personnes qui sont engagés dans la lutte avec sérieux et tenter de les impliquer dans tout effort de large unité.  Si nous avons une telle approche et que nous sommes capables d’y affecter les forces appropriées, il est certain que nous pourrons bientôt remporter beaucoup de succès.  C’est grâce à des efforts pareils que nous pourrons voir le mouvement démocratique légal apparaître comme une force urbaine puissante, complétant la lutte armée rurale et favorisant la progression de la révolution partout dans le pays.

3.3.2. Organisation sur le lieu de résidence

   Bien que l’organisation sur le lieu de travail soit l’organisation principale des ouvriers, nous devons aussi faire attention à organiser les ouvriers à l’intérieur des bidonvilles et dans les localités.  Grâce à cela, nous pouvons nous mettre en contact avec de nouveaux ouvriers de diverses industries, nous pouvons attirer les familles des ouvriers dans le mouvement et nous pouvons organiser le semi-prolétariat et d’autres parties de citadins pauvres vivant dans les bidonvilles et les localités pauvres.

   Dans les bidonvilles et les autres localités pauvres, il existe déjà de nombreuses organisations traditionnelles.  Vivant constamment dans des conditions précaires, les citadins pauvres se rassemblent naturellement pour s’entraider et s’unir dans des organisations pour lutter pour leurs droits, pour obtenir de meilleures conditions de vie, pour résoudre les problèmes entre eux et pour mieux organiser leurs activités sociales et culturelles.  Les sortes les plus fréquentes d’organisations traditionnelles sont les organisations d’habitants de bidonvilles, les comités ‘basti’((Quartiers urbanisés similaire à un bidonville (constructions illégales etc.).))  ou de chawl((Unité résidentielle quiloge les ouvriers industriels.))  , les mahila mandals((Organisations destinées aux femmes.)) , les clubs de jeunes, les clubs de sport, les organes culturels, les comités de différents festivals tels que le festival Ganesh, le Durga Puja, l’Ambedkar Jayanti, etc.

   Il y a également quelques organisations propres à certaines régions, villes et zones.  Puisque les organisations pareilles offrent la meilleure couverture, nous devons tâcher de faire le meilleur usage de ces organisations traditionnelles et travailler principalement depuis l’intérieur de celles-ci. Même s’il y a besoin de constituer de nouvelles organisations légales, nous devons normalement leur donner les formes existant déjà parmi les masses.
Les questions de la lutte sont une caractéristique courante du travail dans les localités, particulièrement du travail dans les bidonvilles.  Le combat pour les équipements élémentaires comme l’eau, l’électricité, les toilettes et les égouts, contre la corruption et l’exploitation des propriétaires de magasin de rationnement, contre les falsificateurs et les profiteurs, contre les marchands de sommeil, les gangs de goondas((Voyous))  et d’autres lumpen et contre les démolition, sont quelques-unes des questions fréquentes.  Nous devons organiser les luttes sur ces questions par l’intermédiaire des comités locaux et des organisations d’habitants de bidonvilles.  Etant donné que les femmes et les jeunes sans emploi jouent le premier rôle dans la majeure partie de ces luttes, les mahila mandals et les clubs de jeunes doivent aussi être impliqués et les luttes peuvent même être menées sous leurs bannières.

   En plus des questions de lutte et des organisations précitées, nous devons aussi prêter attention aux besoins sociaux et culturels des masses.  Nous devons nous servir des organes culturels pour encourager la lutte démocratique.  Nous pouvons également mettre en place la création de bibliothèques et de salles de lecture qui peuvent fournir une éducation progressiste.  Nous devons aussi faire attention à résoudre les contradictions parmi la population.  Les formes traditionnelles telles que les panchayats((Tribunaux populaires.)) doivent être transformés et débarrassés des pratiques féodales et exploiteuses.

   Nous devons toujours propager et instruire contre les activités de fascistes hindous.  Dans les zones sujettes aux tensions communautaires, nous devons constituer des comités pour la paix et des équipes d’autodéfense publiques permanents pour toute la communauté.  Des dispositions appropriées semblables peuvent être adoptées dans des zones de tensions basées sur la caste ou la nationalité.  L’autodéfense doit aussi être organisée contre les goondas et les lumpens.  Si de telles équipes sont bien organisées, elles peuvent même jouer un rôle en étant à la tête de la résistance de masse au moment de la démolition.

   Un problème propre au travail dans les bidonvilles est le problème des ONG financées par les capitalistes.  Elles existent aujourd’hui dans presque tous les bidonvilles des grandes villes du pays.  Nous devons éduquer les masses des bidonvilles, et particulièrement les militants à propos du rôle sinistre d’organisations pareilles et des agences qui les financent.  Nous devons surtout les dénoncer  quand elles se mettent en travers du chemin des luttes populaires.

   Cependant, si de telles organisations se présentent pour les luttes, nous pouvons avoir avec elles une unité axée sur ce point.  Dans les situations de répression, nous pouvons également travailler en leur sein.

   Nous pouvons et devons organiser la propagande politique par l’intermédiaire des organisations de masse traditionnelles, mais elle sera de nature limitée.  Pour un niveau supérieur de propagande et de mobilisation, nous devons utiliser les bannières de l’organisation démocratique légale ou nous pouvons même affilier certaines des organisations traditionnelles à ces organisations démocratiques légales.  Ainsi, les problèmes des bidonvilles peuvent être élargis et reliés au combat plus général contre la mondialisation et l’impérialisme.

   Cependant, pour la propagande sur les positions franches du Parti, nous devons utiliser les organisations clandestines comme l’organisation révolutionnaire clandestine des ouvriers et l’organisation révolutionnaire clandestine des jeunes.  Elles ne doivent toutefois être utilisées qu’en gardant à l’esprit les précautions pour éviter la dénonciation de notre travail dans la localité.  Par conséquent, si le travail dans les bidonvilles et la localité est très léger et étroit, nous devons éviter la propagande des organisations clandestines dans une zone pareille.

   Nous devons d’abord réunir les militants se dégageant de la lutte dans les groupes militants ‘basti’ et puis dans les cellules candidates et les cellules intégrales du Parti.  Les groupes militants ‘basti’, les cellules du Parti et les comités de Parti ‘basti’ sont les noyaux pour la planification et la conduite de toutes les activités et de toutes les luttes dans les ‘bastis’, pour la propagande et l’éducation politique, et pour le recrutement des nouveaux membres dans le Parti.

   La situation des citadins pauvres dans les bidonvilles et les localités pauvres se détériore sans arrêt.  Aujourd’hui en Inde, la population des bidonvilles s’élève à 41 millions de personnes, répandue dans 607 villes.

   49% de la population de la plus grande mégapole, Mumbai, se trouve dans les bidonvilles.  Jusqu’à présent, notre Parti a prêté une attention limitée à l’organisation de cette section.  D’autres partis révolutionnaires, particulièrement le Parti Communiste du Pérou (PCP), ont particulièrement brillé à cet égard.  En fait, les bidonvilles de Lima ont été les bastions des révolutionnaires durant une longue période.  Nous devons aussi travailler à la création de tels bastions dans les villes majeures en Inde.

3.3.3. Construction du Parti

   Les luttes de masse et les organisations de masse sont absolument nécessaires pour préparer les masses pour la révolution.  Cependant, elles ne sont pas suffisantes en elles-mêmes sans la consolidation et le développement délibéré de l’avant-garde – le Parti.

   Ainsi, les meilleurs éléments qui apparaissent durant les luttes doivent accomplir un processus de politisation dans la lutte, d’éducation politique et idéologique dans les groupes militants, les cercles d’étude et les écoles politiques, et de consolidation dans les cellules candidates et les cellules de Parti.  Cette procédure est un processus relativement lent et minutieux comparé au facteur large et spontané du mouvement de masse.

   La consolidation ne peut pas surgir toute seule spontanément sans un programme délibéré la concernant, une surveillance constante et une mise en œuvre à tous les niveaux.  Dans les zones urbaines, la cellule de Parti est l’organisme capital pour la construction méthodique et sérieuse du Parti.  Tous les organes supérieurs doivent cependant constamment faire le suivi et prêter attention à cette tâche.

   Dans les zones urbaines, la concentration principale doit porter sur la consolidation des éléments d’avant-garde de la classe prolétaire industrielle.  Cela est doublement important étant donné l’actuelle faible composition de la classe ouvrière dans notre Parti.  Par conséquent, nous devons fixer notre attention sur les luttes et les organisations de la classe ouvrière, aussi bien sur le lieu de travail que dans les ‘bastis’, et avoir comme objectif d’attirer le plus grand nombre des meilleurs membres de la classe ouvrière dans le Parti.  En plus de la classe ouvrière, nous devons attacher de l’importance à la consolidation du semi-prolétariat, des étudiants, des intellectuels et d’autres parties de la petite-bourgeoisie.

3.3.3.2. Groupes militants

   Le groupe militant clandestin est une unité essentielle dans la construction du Parti et dans le processus de recrutement.  C’est la forme organisationnelle initiale pour la consolidation des éléments les plus actifs et les plus sincères émergeant de la lutte de classe.  C’est l’unité grâce à laquelle on donne une direction politique aux activités des membres, grâce à laquelle ils reçoivent une éducation idéologique et politique, grâce à laquelle leurs décisions vitales sont politisées et grâce à laquelle ils sont choisis pour devenir des membres du Parti.

   Le groupe militant peut être constitué sur le lieu de travail – usine, mine, zone industrielle, équipe de travail, département, section, bureau, succursale, ou tout autre niveau qui soit une unité d’organisation; il peut être constitué sur le lieu de résidence – le bidonville, le chawl, la rue, la société, ou tout autre niveau qui soit une unité d’organisation; il peut être constitué dans les écoles, les universités ou d’autres institutions; et là où l’organisation est basée sur une section particulière, le groupe militant peut être constitué au niveau approprié pour cette section.

   L’activité est la condition principale pour la sélection dans le groupe militant.  Tous les membres du groupe militant doivent être assidus, ou prêts à être assidus, dans l’activité.  D’autres critères sont la sympathie générale pour la politique révolutionnaire et la fermeté pour la cause et les intérêts de la section des masses qui est organisée.

   Le groupe militant sera fondé à partir des éléments avancés des masses.  Il doit être constitué aussitôt qu’un certain niveau d’activité est atteint.  Selon la situation concrète, le groupe peut être composé de trois à sept membres.  Généralement, au moins un membre du Parti compétent doit recevoir la responsabilité de mener un groupe militant particulier.  Cela doit toutefois normalement se faire sans divulguer son identité de membre du Parti.
Les tâches et les responsabilités d’un groupe militant se distingueront concrètement selon le domaine de travail.  Toutefois, pour toutes les organisations parmi les masses de base, ces responsabilités peuvent, dans les grandes lignes, être divisées en trois catégories.  Premièrement, il y a la tâche de guider et de transformer les organisations des masses en des organes représentant réellement les intérêts des masses.  Si aucune organisation de masse n’existe, il doit essayer de constituer de telles organisations.  Deuxièmement, il faut donner au groupe la tâche de politiser les larges masses.  Troisièmement, il doit organiser leur auto-défense.

    Ces responsabilités doivent être examinées dans le groupe militant et réparties concrètement parmi les membres. En dirigeant le groupe dans les responsabilités précitées, le membre du Parti responsable à la tâche de mener l’éducation politique et idéologique du groupe.  Alors que des classes et une étude commune doivent être menées, une grande importance doit être donnée à d’autres méthodes plus flexibles telles que le débat informel, les films, la lecture individuelle, etc.  Alors que le groupe se développe, là où c’est faisable, il doit y avoir une discussion collective sur les problèmes personnels et familiaux et cela doit être utilisé pour aider les membres à prendre des décisions politiques dans leur vie personnelle.

   Par l’intermédiaire du processus mentionné ci-dessus, aucun, certains, ou même tous les membres du groupe militant peuvent s’épanouir pour devenir candidat membre ou membre du Parti.  Cela aboutira à la mise en place d’une cellule dans la même zone que celle où le groupe militant fonctionnait.  Une fois qu’une telle cellule est créée, le groupe militant doit être dissout ou reconstitué sans révéler la formation de la cellule aux non-membres du Parti.

   Autant que possible, un groupe militant et une cellule de Parti ne doivent pas exister simultanément en ayant une responsabilité parallèle pour la même unité au même niveau – par exemple, il ne doit pas y avoir un groupe militant et une cellule en même temps pour le même département à l’intérieur d’une usine, bien qu’il puisse y avoir simultanément une cellule pour l’ensemble de l’usine et un groupe militant pour le département.

   Ainsi, le groupe militant est une forme d’organisation transitoire.  Son but est de faciliter la consolidation des parties avancées des masses et de les intégrer dans l’avant-garde.  S’il est dirigé de façon méthodique et planifiée, il peut jouer un rôle capital dans le processus de construction du Parti.

3.3.3.3. Education politique

   Les militants et les cadres du travail urbain fonctionnent au sein de zones dominées par l’ennemi et sont, par conséquent, beaucoup plus confrontés aux tendances de la classe étrangère et à l’influence idéologique de la bourgeoisie.  Etant généralement éloignés des zones de lutte armée, il y a une tendance à basculer vers les extrêmes, en s’écartant de notre ligne de base.  Dans des situations où le mouvement urbain est faible, il y a une tendance à l’abattement et au manque de confiance envers la ligne révolutionnaire.  Quand le mouvement urbain est en redressement, il y a la possibilité d’exagérer l’importance du travail urbain et de donner moins d’importance à la lutte armée rurale.  Des déviances pareilles peuvent être évitées et corrigées grâce à une éducation politique et idéologique continue.  Par conséquent, il y a toujours besoin d’une éducation continue et méthodique au Marxisme-Léninisme-Maoïsme et à la ligne de la guerre populaire prolongée.  Cela est nécessaire non seulement pour faire progresser le mouvement mais aussi pour repousser l’influence dégénérative des réactionnaires.

   En dépit de ce besoin, l’éducation politique dans le Parti urbain est un domaine très négligé.  Le travail urbain est surtout dirigé par des organisateurs indépendants qui restent sans contact avec les comités supérieurs durant de longues périodes.  En l’absence d’une planification et d’un suivi systématique, la tâche de l’éducation politique est ainsi laissée aux aptitudes et à l’initiative du niveau inférieur.  Par conséquent, l’éventualité est également plus grande d’être pris dans les urgences du travail concret immédiat et de délaisser les exigences idéologiques à long terme.

   Un autre problème est le problème technique de la gestion de classes et d’écoles dans la ville.  Alors que les risques de l’état peuvent être réduits par de meilleures méthodes clandestines, il reste encore le problème de la conduite de nombreux petits groupes pour empêcher la dénonciation des camarades qui travaillent dans différents domaines.  Ce problème de dénonciation peut parfois être réduit en mélangeant des camarades de villes lointaines et même de différents états, mais cela ne peut pas toujours être la solution.

   Tout ceci laisse toutefois entendre que les tâches d’éducation politique dans la ville ne peuvent pas être exécutées sans l’intervention active des comités supérieurs.  Les cours, les méthodes pour diriger les écoles et donner cours, les méthodes techniques, la formation des professeurs, les projets pour l’éducation à différents niveaux – tout cela exige l’attention personnelle des membres du comité supérieur.

   Aux niveaux supérieurs de l’AC et au-delà, il serait nécessaire, pour le moment, de mettre systématiquement en œuvre les programmes et les cours déterminés par SCOPE.  Cependant, à l’avenir, il sera nécessaire de développer des cours et une formation spéciaux pour satisfaire avec grand soin aux besoins du travail urbain.  Un besoin incessant, particulier au travail urbain, serait celui de développer les nombreux professeurs pour donner cours à tous les petits groupes dont le travail urbain a besoin.

   Alors qu’une éducation politique approfondie et continue aux niveaux supérieurs est la clé d’un leadership convenable du Parti, l’éducation politique à l’intérieur des organisations de masse et au niveau des cellules est nécessaire pour assurer une base solide.  La tâche d’éducation politique à ces niveaux est d’autant plus importante dans les zones urbaines parce que le domaine d’activité habituel de ces camarades sont les organisations fractionnaires et les organisations de masse clandestines dans lesquelles ils ne peuvent pas dévoiler leur identité et où ils doivent continuellement fonctionner parmi des forces indépendantes et même des éléments de la classe dirigeante.   L’éducation organisationnelle de masse doit utiliser les formes d’éducation de masse publiques pour tous les sujets autorisés, sans attirer l’attention de l’état.

   Nous devons essayer d’adopter et d’adapter toutes les formes localement répandues qu’utilisent les classes dirigeantes et d’autres classes.  Celles-ci peuvent être des bibliothèques, des postes de lecture au coin de la rue et d’autres moyens de ce genre qui peuvent être utilisés pour disséminer la littérature progressiste parmi d’autres livres généraux; des séries de conférences durant les festivals, des concours de débats, des concours de diction, etc. où nos camarades expriment des opinions progressistes; des cours d’art oratoire, des cours de développement de la personnalité, etc. dont les syllabus comprennent des sujets politiques ; des camps d’entraînement de l’organisation de masse, et autres.

   Le niveau d’éducation politique possible grâce à de telles méthodes sera bien sûr très faible, mais il est très essentiel qu’elle soit menée régulièrement pour entretenir une atmosphère politique même parmi les parties les plus arriérées à l’intérieur de l’organisation de masse.  Pour les parties les plus avancées, nous devons bien sûr utiliser des tribunes et des méthodes différentes – par exemple le groupe militant.

   L’éducation politique pour le groupe militant, les cellules candidates et les cellules de parti devra être planifiée au niveau des comités responsables.  Bien que le matériel d’éducation fourni par SCOPE doit être le point de départ, les comités doivent également sélectionner du matériel, qui sera adapté aux conditions urbaines locales et aussi aux sections particulières qui sont instruites.  En planifiant, il ne faut pas oublier que le système éducatif urbain a besoin d’être aussi décentralisé que possible.  Cela signifie que les cours et le matériel doivent être tels qu’ils puissent être facilement mis en œuvre et utilisés par les organisateurs responsables et les membres du Parti qui s’acquitteront finalement de la tâche des professeurs.  En cas de besoin, ils doivent bénéficier de l’attention et de l’aide pour leur permettre de mettre ce plan à exécution. Un système éducatif politique décentralisé bien planifié, avec suffisamment de professeurs et un suivi régulier de la part du comité est par conséquent ce dont chaque zone urbaine a besoin.

3.3.4. Structure du Parti

   La question de la structure du Parti dans les zones urbaines présente des problèmes assez différents de ceux des zones rurales où notre Parti est basé.  Ils touchent aux problème de la construction et de la gestion de structures stables, de la continuité du leadership du Parti, de la coordination entre le travail public et clandestin, entre les organes inférieurs et supérieurs et entre l’organisation de la ville et le leadership basé dans les zones rurales.  Nous ne pouvons pas résoudre ces problèmes sans l’attention et l’étude minutieuse des organes de niveau supérieur et le développement de solutions concrètes et réalistes.  Nous avons également toutefois besoin d’une large approche commune sur les objectifs, les tâches et les méthodes  qui doivent être adoptées pour construire et faire progresser la structure urbaine du Parti.

   Le principe fondamental constituant la base de notre structure de Parti, en particulier dans la zone urbaine, est la centralisation politique conjuguée à la décentralisation organisationnelle.  Cela veut dire que tous les membres du Parti et tous les organes, particulièrement au niveau inférieur, doivent avoir de solides fondements idéologiques et politiques, afin d’être capable de trouver leurs positions de façon indépendante et de prendre les bonnes décisions structurelles selon la ligne politique du Parti. Cela est particulièrement important dans les zones urbaines en raison des difficultés techniques pour conserver des relations proches et constantes entre les organes supérieurs clandestins et ceux, à des niveaux inférieurs, qui sont engagés dans le travail public direct.

   C’est aussi important parce que le travail urbain exige souvent des réponses immédiates et rapides aux événements du jour.  Avec les progrès rapides dans la communication électronique et les médias, les retards de jours et parfois même d’heures dans la réaction politique aux événements majeurs peuvent entraver l’impact que  notre Parti peut avoir sur le mouvement urbain.  Par conséquent, cela dépend de la puissance des organes qui constituent la base de notre structure urbaine du Parti – les cellules et les comités de niveau inférieur – aussi bien que des fractions du Parti qui relient le Parti aux organisations de masse.

3.3.4.1. Cellule du Parti

   La cellule urbaine du Parti peut être constituée sur base de l’unité de production – pour les ouvriers, cela peut être l’usine, le magasin, le département, la section, l’équipe de travail, la ligne de production, la zone industrielle, etc., pour les étudiants et les employés de la classe moyenne, cela peut être l’université, l’école, l’institution, le bureau, etc.; la cellule peut également être constituée sur une base géographique (par exemple, le lieu de résidence) – cela serait le bidonville, le chawl, la rue, la société, etc.

   Là où le nombre de membres du Parti dans une unité particulière (par exemple l’usine) est inférieur à trois, ils peuvent être associés avec des unités voisines pour former une cellule.  Cependant, cela ne doit pas être fait sans discernement dans les zones urbaines, étant donné que cela conduirait à une exposition inutile.  Là où le travail est intégré, une cellule commune peut être constituée.  Dans les autres cas, il vaut mieux attendre un recrutement supplémentaire avant la création d’une cellule.

   La cellule est l’organe dirigeant toutes les autres unités organisationnelles à l’intérieur de son domaine de responsabilité.  Elle accompli ses tâches fondamentales sous le leadership du comité supérieur suivant.  Les tâches fondamentales de la cellule urbaine comprennent l’organisation des masses, leur politisation, l’éducation des éléments avancés et leur recrutement dans le Parti, et la préparation de ses membres et d’autres militants à aller dans la campagne pour travailler à la réussite de la révolution agraire.

   La cellule doit développer son propre réseau clandestin de refuges et de lieux de réunions.  Dans la mesure du possible, les réunions ne doivent pas avoir lieu dans les zones où les membres font leur travail politique parmi les masses.  En règle générale, les membres de cellule ne doivent pas être transférés de cellule en cellule étant donné que cela conduirait à une exposition inutile.

   Là où au moins trois révolutionnaires professionnels fonctionnent dans une zone et se connaissent les uns les autres, une Cellule Révolutionnaire Professionnelle (CRP) peut être créée. La CRP ne doit toutefois pas jouer le rôle d’un comité de Parti et devenir un centre pour la planification de l’activité des zones de tous les révolutionnaires professionnels. Cela entraînerait une exposition inutile des diverses structures et zones de travail, et pourrait conduire à des pertes.  Dans le but de planifier le travail, chaque révolutionnaire professionnel peut être membre de la cellule responsable de sa zone de travail.

   Là où ce n’est pas possible, la planification doit être faite avec l’organisateur ou le membre de comité concerné.  La fonction principale de la CRP est de fournir la formation et le développement politique au révolutionnaire professionnel, ce qui ne serait pas possible dans les contraintes de temps et les autres restrictions d’une cellule de travailleurs à temps partiel.  Des programmes d’éducation politique plus longs, une étude et une discussion collective et d’autres activités semblables peuvent être menées grâce à la CRP. Ainsi, elle peut jouer un rôle positif pour développer rapidement le leadership futur du Parti.  Cet avantage doit toutefois être mis en balance avec les risques d’exposition et de pertes dans le travail urbain.  Par conséquent, si un révolutionnaire professionnel fonctionne dans une zone non-exposée, ou si il/elle montre des signes d’indécision, il/elle ne doit pas être inclus dans une CRP.

3.3.4.2. Comités du Parti des travailleurs à temps partiel

   Partout où deux cellules ou plus fonctionnent dans une localité ou une unité de production particulière, nous devons prendre en main la tâche de la création, selon le cas, du Comité de Parti pour la Zone de l’Usine/Zone Industrielle ou du Comité de Parti ‘basti’ ou du Comité de Parti de l’Université.  Ceux-ci peuvent être totalement composés de travailleurs à temps partiel, ou peuvent comprendre des Révolutionnaires Professionnels ou, dans certains cas, comprendre des camarades du niveau organisateur.  Ils constituent le niveau de Comité de Parti entre le Comité/Organisateur de la Zone et les cellules.  C’est l’organe qui dirige et guide toutes les cellules, les cellules candidates, les fractions du parti et d’autres organes à l’intérieur de son domaine de responsabilité.  C’est l’organe qui ratifie le recrutement des candidats membres et décide de leur pleine adhésion.

   Le comité d’Usine/‘basti’ est une couche très importante dans la structure urbaine du Parti.  Il améliore le fonctionnement du Parti en assurant plus d’attention quotidienne au fonctionnement des cellules du parti et des autres organes de niveau inférieur.  Il diminue également le risque pour les comités de niveau supérieur en fournissant une couche de plus et en faisant disparaître la nécessité pour les membres du comité supérieur de toujours rencontrer toutes les cellules.

   Malgré son importance, nous n’avons pas, dans notre Parti, prêté une attention suffisante au développement de cette couche dans les zones urbaines.  Nous n’avons encore que très peu de zones où de tels comités ont été créés et par conséquent, notre expérience est très limitée.  Les aspects principaux sur lesquels nous devons nous concentrer lors de la création de ces comités sont la sélection convenable de membres de comité dignes de confiance, l’insistance sur la création d’un réseau clandestin approprié pour les cachettes, la communication et les réunions, et le soin extrême pour ne pas dévoiler l’identité des membres du comité à tous les membres du Parti.  Lorsque c’est nécessaire, des précautions peuvent aussi être prises lors des rapports, afin que les identités réelles des membres du Parti et des militants soient protégées.  En règle générale, nous devons adopter une approche à long terme en vue de la construction de tels comités et de leur maintien pour une longue période.  Un réseau convenable de tels comités peut améliorer considérablement le fonctionnement de notre structure urbaine du Parti.

3.3.4.3. Fractions du Parti

   En plus des cellules et des comités du Parti, le Parti établi des fractions dans diverses organisations indépendantes afin de garantir que les membres qui fonctionnent dans ces organisations expriment une volonté unique, suivent des tactiques identiques et agissent en harmonie.

   Elles sont les intermédiaires grâce auxquelles le Parti exerce une influence sur ces organisations et mène sa politique à bonne fin.  Puisque la majeure partie du travail dans les zones urbaines est effectué par l’entremise d’organisations indépendantes, des fractions fonctionnant convenablement sont une pièce très importante de l’organisation urbaine du Parti.  Elles sont nécessaires pour unifier et coordonner les forces du Parti au sein des organisations indépendantes et pour garantir qu’elles jouent un rôle de premier plan.

   Le comité de Parti compétent peut constituer des fractions dans n’importe quelle organisation ou n’importe quel organe exécutif où il y a au moins trois membres du Parti.  Là où tous les membres du Parti sont issus d’une cellule unique, il n’y a pas besoin de constituer une fraction distincte étant donné que toutes les fonctions de la fraction peuvent être accomplies par la cellule.

   De la même façon, si les forces principales dans une organisation particulière ou exécutive sont dans une cellule ou dans un comité de Parti, ou en raison d’autres considérations pratiques, le Comité de Parti peut décider de ne pas constituer de fraction.  Cependant, partout où les membres sont issus de différents forums, ou bien où le travail de l’organisation est considérable, il est avantageux de constituer une fraction.

   La fraction fonctionne sous la guidance et le contrôle du comité de Parti compétent.  Ainsi, la fraction dans un comité syndical d’usine fonctionnera sous les ordres du comité de Parti de l’Usine, alors que la fraction syndicale au niveau de la ville fonctionnera sous les ordres du comité de Parti de la Ville.  Le comité de Parti compétent décide de constituer la fraction avec tous ou certains des membres du Parti dans cette zone.  Il a également le droit d’envoyer des membres du Parti dans la fraction et de rappeler n’importe quel membre de la fraction. Le travail urbain peut parfois exiger que les membres du Parti qui sont très exposés et sous surveillance ne soient pas inclus dans le forum de la fraction, bien qu’ils jouent un rôle important dans l’organisation.  Cela peut également parfois être nécessaire pour protéger l’identité de Parti d’un camarade.  En pareils cas, le comité de Parti doit concevoir des moyens et des méthodes de coordination spéciaux avec de tels camarades et s’assurer qu’ils fonctionnent à l’unisson avec la fraction et selon la voie décidée.

  La fraction du Parti guide le travail de l’organisation dans laquelle elle opère.  Toutes les questions soulevées dans l’organisation dans laquelle elle fonctionne sont examinées dans la fraction.  Tous les membres du Parti doivent parler et voter à l’intérieur de l’organisation conformément avec les décisions prises par la fraction.  De la même façon, il est de la responsabilité des comités de Parti de travailler par l’intermédiaire des fractions pour s’assurer que toute l’organisation est guidée selon une politique et un projet unique.

3.3.4.4. Couches

   Les couches s’appliquent aux différents niveaux dans l’organisation urbaine du Parti comme le comité de la ville, les comités régionaux, les comités de l’usine/du BASTI/de l’université, les cellules, les cellules candidates, aussi bien que les liens vers les organisations de masse comme les groupes militants et les fractions.  En raison de la plus grande menace de l’ennemi dans les zones urbaines, il est toujours nécessaire de maintenir un nombre de couches du niveau le plus bas au niveau le plus haut, et il est important de travailler par l’intermédiaire de ces couches sans les contourner.

   Depuis maintenant quelques années, nous avons insisté dans nos documents sur le besoin et l’importance de fonctionner essentiellement grâce aux couches.  Nous n’avons toutefois pas réalisé beaucoup de progrès à cet égard.  La majeure partie des organisations de la ville ne se sont pas appliquées à construire suffisamment de couches, et même là où certaines couches existent, il y a une tendance à traiter directement avec les niveaux inférieurs afin d’obtenir des résultats rapides.  Nous devons sans tarder nous débarrasser d’opinions et de pratiques pareilles et développer un système de couches dans chaque ville.

   La question centrale d’un fonctionnement par l’intermédiaire de couches est de s’assurer que chaque couche est préparée et développée pour exécuter de façon indépendante les fonctions à son niveau particulier.  Cela exige la guidance et le suivi étroit du niveau supérieur suivant.  La guidance doit être orientée pour développer les aptitudes indépendantes des camarades à ce niveau, aussi bien qu’au niveau du fonctionnement en équipe du comité.  Ceci est la clé pour un fonctionnement organisationnel décentralisé selon une ligne politique et une politique centralisées.  C’est la seule approche à long terme pour bâtir une structure du Parti qui préservera notre cadre et notre leadership et qui développera les forces pour l’avenir.

3.3.4.5. Coordination et rapports avec d’autres structures du Parti

   La plus grande partie de notre travail dans la ville, particulièrement dans les zones de guérilla, est coordonné et mené à partir des zones rurales. Même le DCM dirigeant le travail dans la ville est souvent basé dans les zones rurales et doit périodiquement appeler les camarades de la ville dans les zones d’escouade pour examiner et planifier le travail urbain.  Cela occasionne d’une part, de sérieux problèmes d’exposition, et d’autre part, une guidance insuffisante, sans une compréhension profonde des réels problèmes du travail urbain.

   Donc, la coordination est effectuée au mieux grâce à une structure de Parti d’au moins un niveau de DC qui est lui-même basé dans les zones urbaines.  Dans les villes qui sont assez grandes et où le degré de travail et la structure de Parti le justifie, le DC peut être fondé dans cette ville même.  Dans certains états, où le problème de coordination est particulièrement grave en raison de la répression, cela peut être fait par l’entremise d’un sous-comité spécial pour le travail urbain constitué sous le SC. Là où les camarades dirigeants appropriés sont très exposés, ils peuvent être affectés loin de leurs zones précédentes, au même dans d’autres états.  Un autre problème relatif à la structure urbaine du Parti sont les rapports avec l’organisation rurale du Parti ainsi qu’avec les départements fonctionnels des organes supérieurs du Parti.  Il y a souvent besoin d’une aide urbaine de différentes sortes, pour laquelle l’organisation urbaine, impliquée dans le travail de masse quotidien, est régulièrement utilisée.  De telles relations régulières sont dangereuses pour tous ceux qui sont concernés, ainsi qu’elles influent sur le fonctionnement habituel de l’organisation urbaine.  C’est pour cette raison qu’il est important de mettre un terme à de telles méthodes rapides immédiatement.  Des structures distinctes sans rapports avec l’organisation urbaine en fonction doivent être établies à cette fin dans les villes.  Des camarades peuvent être mutés hors de l’organisation urbaine et affectés à ces tâches.

   Ici aussi, ce qui est fondamentalement requis, c’est une approche à long terme.  Nous devons nous rendre compte que ce n’est que grâce à la mise en œuvre de projets méthodiques et à long terme que nous pouvons bâtir les différentes structures requises, pour mobiliser les masses urbaines, pour fournir une aide logistique ou autre au travail rural, ainsi que pour d’autres exigences.

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