Chapitre 2 : La nature de classe de la société indienne contemporaine

Stratégie et tactiques de la révolution indienne

Parti Communiste d’Inde (maoïste)

21 Septembre 2004

PARTIE 1 : STRATÉGIE

Chapitre 2 : La nature de classe de la société indienne contemporaine

   La société indienne contemporaine est semi-coloniale et semi-féodale sous la forme néo-coloniale de l’autorité, de l’exploitation et du contrôle indirects.

   Cette réalité provient d’une étude objective du développement du système politique et socio-économique indien depuis la période coloniale jusqu’à aujourd’hui. Lorsque les colonialistes britanniques ont conquis l’Inde dans la seconde moitié du 18ème siècle, le capitalisme commençait à se développer dans les entrailles de la société féodale de notre pays. Les colonialistes britanniques ont arrêté le développement indépendant du capitalisme et la société indienne fut transformée de féodale à coloniale et semi-féodale. En 1947, la société coloniale et semi-féodale fut transformée en une société semi-coloniale et semi-féodale. Depuis lors, juste comme dans d’autres pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine, en Inde aussi, les impérialistes ont adopté une nouvelle forme coloniale d’exploitation, de contrôle et d’autorité, c-à-d la forme néo-coloniale d’autorité indirecte au lieu de l’ancienne forme d’autorité coloniale directe. Pour ceci, les impérialistes dépendent des compradores ‘indiens’ qui ont été éduqués par eux depuis leur création même dans la période coloniale.

Pourquoi qualifions-nous l’Inde de semi-coloniale ?

   Après que les colonialistes britanniques furent obligés d’abandonner leur autorité directe sur notre pays, le pouvoir a été transféré à leurs compradores – la grande bourgeoisie et les gros propriétaires fonciers, à conditions que les capitaux impérialistes et leurs intérêts soient protégés. Plusieurs puissances impérialistes ont pris la place de l’impérialisme britannique dans l’oppression et l’exploitation de notre pays. Ce sont ces puissances impérialistes qui, en fait, contrôlent la politique, l’économie et la culture et décident de presque toutes les politiques essentielles des classes dirigeantes de l’Inde sous l’enseigne de l’indépendance officielle qui est essentiellement factice. Par conséquent, étant donné que pas une seule puissance impérialistes n’est en position d’exercer son contrôle et son autorité sur le pays en bloc, l’Inde n’est pas une néo-colonie mais continue à être une semi-colonie sous l’autorité, l’exploitation et le contrôle indirects de diverses puissances impérialistes. Par conséquent, nous considérons l’Inde comme un pays semi-colonial et semi-féodal sous la forme néo-coloniale de l’autorité, de l’exploitation et du contrôle indirect.

   Ainsi, après la prétendue indépendance, l’exploitation impérialiste du peuple indien a non seulement continué sans interruption, mais a également considérablement augmenté ces dernières années. Conformément à leurs politiques, méthodes et tactiques néo-coloniales dans le monde entier, les impérialistes ont, en collaboration avec les capitalistes compradores « indiens », investi des capitaux s’élevant à des milliers de millions de roupies dans différentes industries du secteur privé, du secteur public et ont coincé toute l’économie indienne dans leur toile financière par l’intermédiaire des soi-disant « aide » et « prêt ». En nommant leurs prétendus conseillers et experts, les impérialistes ont resserré leur étau sur les différents départements gouvernementaux.

   En réalité, ce capital bureaucrate est sous le contrôle de l’impérialisme et de ses instrument pour augmenter les bénéfices des impérialistes et de leurs compradores indiens. Avec l’aide de leurs compradores indiens, les impérialistes conservent l’Inde comme un marché pour leurs produits, source d’exportation bon marché de capitaux et pillent les richesses de l’Inde, sucent son sang et retardent son développement. En un mot, l’économie indienne est une économie semi-coloniale de forme néo-coloniale.

   L’exploitation et le contrôle de l’impérialisme, particulièrement l’impérialisme américain, ne sont pas limités à la seule sphère de l’économie ; avec l’aide de l’arme du néo-colonialisme, ils ont établi leurs propres influence, exploitation et contrôle sur les politiques militaires par différents moyens tels que « l’aide et la coopération » militaire, l’emploi de « conseillers », etc, et consolident leurs positions jour après jour grâce à divers genres de pactes militaires. Tout ceci se déroule sous les différentes enseignes de « défense nationale », de « défense du pays », etc. Cette armée est non seulement utilisée pour réprimer les mouvements révolutionnaires et les luttes de libération nationale en Inde, mais aussi dans d’autres pays.

   La création du Bangladesh, l’annexion forcée du Sikkim, l’ingérence dans les affaires intérieures des pays voisins, l’envoi de l’armée au Sri Lanka et aux Maldives, etc. sont des exemples des activités expansionnistes de l’état indien soutenu par les superpuissances durant les décennies 70 et 80. Aujourd’hui, il poursuit les politiques d’intervention, de chantage, d’ingérence et de subversion dans les affaires du Népal, du Pakistan, du Bangladesh, du Sri Lanka, etc. avec le même soutien des différentes puissances impérialistes, tout particulièrement la superpuissance américaine.

   Les impérialistes ont ainsi établi leur influence, exploitation et contrôle sur l’économie politique, la politique, la politique étrangère, la politique militaire, les politiques gouvernementales et étatiques et la culture de l’Inde, c’est-à-dire sur tous les aspects de la vie sociale. En fait, actuellement, l’Inde n’est qu’une semi-colonie de type néo-coloniale et l’Inde est aussi une des forteresses principales de la contre-révolution internationale. La contradiction entre l’impérialisme et les vastes masses de la population indienne reste une des contradictions fondamentales de la société indienne contemporaine.

Pourquoi qualifions-nous l’Inde de semi-féodale ?

   Contrairement à l’Occident, où le capitalisme s’est développé en renversant le féodalisme, en Inde, le colonialisme britannique a protégé le féodalisme et s’en est servi comme support social. L’introduction de rapports capitalistes par les dirigeants impérialistes britanniques sans fondamentalement modifier l’étau féodal sur les vastes masses de paysans a conduit à des rapports de production semi-féodaux. Les rapports de production semi-féodaux se sont même poursuivi après la fin de l’autorité coloniale directe. Les impérialistes ont utilisé et le capitalisme bureaucrate compradore et le féodalisme comme support social pour leur contrôle et leur exploitation néo-coloniale. En raison de cette alliance entre ces trois principaux ennemis du peuple indien, les réformes agraires n’ont pas remanié la structure de base des rapports de classe agraires ; et l’exploitation usuraire et mercantile des vastes masses dans la campagne continue sans encombre même après plus d’un demi siècle de prétendue indépendance.

   La concentration de terre dans les mains de quelques propriétaires fonciers et koulaks d’une part et les paysans pauvres et sans terre de la population rurale de l’autre continuent de caractériser la scène rurale. En conséquence, le nombre d’ouvriers agricoles sans terre grossi à pas de géant. En raison de la pénurie d’emplois, ils sont obligés d’effectuer des travaux inhumains comme serviteur non rémunéré des propriétaires fonciers et des propriétaires de plantation. En raison du manque d’emplois, la majorité d’entre eux sont contraints de vivre une vie très misérable, des millions de personnes meurent ou sont malade à cause de la famine ou parce qu’ils sont à demi morts de faim.

   Un autre aspect redoutable de l’exploitation féodale en Inde est l’exploitation usuraire qui tire d’énormes sommes d’intérêt de la paysannerie. En plus des usuriers privés, diverses banques et sociétés financières exploitent aussi les paysans. Par conséquent, l’endettement rural augmente à pas de géant. L’exploitation impitoyable des commerçants sans scrupules écrase les vastes masses paysannes en vendant les produits agricoles et en achetant les intrants agricoles sur le marché. L’asservissement et la subordination personnelle des masses paysannes pauvres et sans terre, qui constituent la majorité écrasante de la paysannerie, aux forces féodales sous d’innombrables formes sont perpétués par les institutions idéologiques et grâce au bras coercitif de l’état et mêmes d’armées privées.

   La vie des masses paysannes est sans arrêt bouleversée par l’exploitation et l’oppression des bandes de tyrans locaux, de la malfaisante aristocratie, des intermédiaires, des policiers, des tribunaux et d’une longue hiérarchie de fonctionnaires gouvernementaux – tous agissant comme des agents loyaux de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucrate compradore, et par les affirmations féodales de différents types. Tout ceci a rendu la vie du paysan insupportable. L’oppression féodale ne se retrouve pas seulement dans la campagne et ne se limite pas non plus aux masses paysannes. De surcroit, le mode de production semi-féodal lui-même accable les vastes masses du pays par l’intermédiaire de l’appareil étatique et par des orientations idéologiques, culturelles et autres aspects superstructurels. Donc, on peut assurément dire que non seulement les paysans, mais aussi les vastes masses de la population du pays ont une contradiction avec le féodalisme.

   L’exploitation et l’oppression féodales entravent non seulement le développement de l’économie agraire mais également la voie du développement industriel de l’Inde. Le féodalisme est un des principaux obstacles sur le chemin du développement économique et social de l’Inde. Le féodalisme est un des obstacles principaux sur le chemin du développement économique et social de l’Inde. Le féodalisme contre les vastes masses de la population est une des contradictions fondamentales en Inde.

Les contradictions majeures dans la société indienne

   D’après la conception mentionnée ci-dessus de la société indienne contemporaine, nous constatons qu’il y a quatre contradictions majeures dans la société indienne d’aujourd’hui. Celles-ci sont :

1. La contradiction entre l’impérialisme et le peuple indien ;

2. La contradiction entre le féodalisme et les larges masses ;

3. La contradiction entre le capital et le travail ;

4. Les contradictions intestines entre les classes dirigeantes ;

   Sur ces quatre contradictions majeures, les deux premières sont les contradictions fondamentales dans la société indienne contemporaine. De nouveau, sur ces deux contradictions fondamentales, le féodalisme contre les larges masses de la population est la contradiction principale en ce moment.

   La révolution de nouvelle démocratie en Inde doit traverser plus d’une phase et dans toutes ces phases, une de ces contradictions fondamentales devient la contradiction principale. Cependant, la contradiction principale ne peut pas rester inchangée durant tout le processus de révolution de nouvelle démocratie. La contradiction principale et la contradiction non-principale parmi les deux contradictions fondamentales sont plutôt contraintes à changer de positions avec les changements dans les phases de la révolution.

   Étant donné que l’existence et le développement de la contradiction principale et des luttes se dégageant de là jouent un rôle décisif dans l’existence et le développement d’autres contradictions et des luttes émergeant de ces contradictions, donc, à tous les stades de développement de la révolution, il est très important d’établir correctement laquelle des contradictions est la contradiction principale et qui sont les ennemis principaux à ce stade précis, afin de pouvoir accorder l’importance maximale à l’organisation et au développement de ces luttes naissant de la contradiction principale et que toutes les luttes de la population puissent être menées contre les ennemis principaux à ce stade.

   Les deux autres contradictions majeures ont également un rapport avec la stratégie et la tactique de la révolution.

La nature de classe de l’état indien

   D’après une analyse de classe concrète de la société et de l’état indien, nous constatons que, sous l’enseigne de soi-disant république et démocratie parlementaire, l’Inde n’est qu’un état semi-colonial et semi-féodal sous la forme néo-coloniale de l’autorité, de l’exploitation et du contrôle indirect.

   Ce sont les forces armées, le système judiciaire, les prisons, la bureaucratie, etc. de l’appareil étatique qui exécutent les réelles affaires de l’état et l’organe principal de cet appareil étatique sont ses forces armées. L’appareil étatique indien actuel est l’instrument de répression de classe, d’exploitation de classe et d’autorité de classe de la bourgeoisie bureaucratique compradore et des grands propriétaires fonciers qui favorisent les impérialistes. Par conséquent, l’appareil étatique protège les intérêts des impérialistes, de la bourgeoisie bureaucrate compradore et es forces féodales ; leur fourni une protection armée ; et accable la classe ouvrière, la paysannerie et les autres masses laborieuses. L’état indien est la dictature commune des classes de la grande bourgeoisie et des grands propriétaires fonciers qui sont au service de l’impérialisme ; il garanti la démocratie pour cette minuscule section de la société tandis qu’il exerce une dictature sur les vastes masses de la population indienne.

   Comme tout autre état exploiteur, l’état indien aussi sert d’instrument pour la distribution du surplus produit par les masses laborieuses entre les différentes sections des classes dirigeantes réactionnaires et des impérialistes qui sont les trois ennemis principaux du peuple indien. Il libère le terrain pour l’exploitation ininterrompue et sans encombre des ressources de l’Inde par les impérialistes et les classes de la grande bourgeoisie et des grands propriétaires fonciers. Il sert également d’instrument pour dissiper les contradictions entre les classes dirigeantes qui se produisent inévitablement pendant la répartition du surplus.

Cibles de la révolution indienne

   Les cibles dans la phase démocratique populaire : 1 Impérialisme 2 Capitalisme bureaucrate compradore 3 Féodalisme.

   L’impérialisme pille la terre, le travail, la matière première et les autres ressources naturelles du pays. Il touche des super-profits grâce à une exploitation impitoyable par divers moyens. Il assujetti toute l’économie, l’administration politique, l’armée et la culture de l’Inde, il anéanti l’industrie indigène, tout particulièrement les petites et moyennes industries, jette des millions de travailleurs dans les rues et entrave le développement libre et indépendant de l’économie nationale.

   Le capitalisme bureaucrate compradore collabore avec l’impérialisme et s’allie avec le féodalisme. Il anéanti les petites et moyennes industries, opprime non seulement la classe ouvrière, la paysannerie et autres masses laborieuses mais aussi la bourgeoisie nationale.

   Le féodalisme pose une entrave au développement des forces productives en maintenant la vaste majorité du peuple indien sous des rapports de production arriérés. D’un point de vue économique, il garde l’écrasante majorité de la population dans une pauvreté et un dénuement extrêmes, et fait diminuer leur pouvoir d’achat. De cette façon, il limite l’expansion du marché intérieur, retarde le développement industriel et conduit à un chômage massif et à une stagnation de l’économie. D’un point de vue politique, il supprime les droits démocratiques des masses et dans certains endroits, il crée même « un état à l’intérieur de l’état », c-à-d un empire parallèle de propriétaire foncier dans les régions rurales ayant ses propres armées privées ou le soutien de mercenaires armés engagés par l’état. Il retient les paysans dans un assujettissement et un esclavage perpétuel.

   Il faut que ces trois grandes montagnes qui pèsent de tout leur poids sur le dos du peuple indien soient fracassées afin de bâtir une nouvelle société démocratique.

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