Résumé

Les courants philosophiques dans le mouvement féministe

Anuradha Ghandy

2006

Résumé

   Nous avons présenté en bref les principales tendances théoriques dans les mouvements féministes tels qu’ils se sont développés en occident à l’époque contemporaine. Alors que le débat avec le marxisme et dans la théorie marxiste a dominé les années 1970, c’est le féminisme culturel et son programme séparatiste se concentrant sur les aspects culturels de l’oppression des femmes qui est venu au premier plan dans les années 1980. Les questions sur le choix sexuel et le rôle de la reproduction des femmes sont venues dominer le débat et les discussions dans les cercles féministes. Beaucoup de féministes socialistes ont accordé trop d’importance à ces questions mais pas de manière aussi extrême que les féministes culturelles. La transformation de la famille hétérosexuelle est devenue la revendication principale du mouvement féministe bourgeois et les groupes les plus actifs en son sein ont essayé de la mettre en pratique. Bien que beaucoup d’entre elles aient envisagé un changement dans le système social tout entier de cette manière, cela a en fait donné une approche réformiste qu’elles ont essayé de théoriser.

   Le postmodernisme a fait sentir son influence dans les années 1990. Pourtant, dans les années 1990 le marxisme devient de nouveau une théorie importante au sein de l’analyse féministe. De cet aperçu critique de la façon dont le mouvement féministe (en particulier les tendances féministes radicales et féministes socialistes) a analysé théoriquement l’oppression des femmes, les solutions et les stratégies qu’elles ont proposées pour faire avancer le mouvement, on peut dire que les lacunes dans leur théorie ont conduit à préconiser des solutions qui ont mené à une impasse. En dépit de l’énorme intérêt généré par le mouvement et d’un large soutien des femmes qui cherchaient à comprendre leurs propres insatisfactions et leurs problèmes, le mouvement ne pouvait pas se fondre dans un mouvement plus large sur une base cohérente, y compris non seulement avec les classes moyennes, mais aussi avec les femmes de la classe ouvrière et d’ethnies opprimées.

   Les principales faiblesses dans leur théorie et stratégies étaient :

1. Chercher l’oppression des femmes dans leur rôle en matière de reproduction. Puisque le rôle des femmes dans la reproduction est déterminé par la biologie, c’est un fait qui ne peut être changé. Au lieu d’avoir recherché les causes matérielles et sociales de l’origine de l’oppression des femmes, elles se sont concentrées sur un facteur biologiquement donné tombant ainsi dans le piège du déterminisme biologique.

2. Par rapport à leur rôle biologique, mettre l’accent sur la famille nucléaire patriarcale comme la structure de base de la société dans laquelle son oppression est enracinée. Ainsi, leur accent était mis sur l’opposition à la famille hétérosexuelle comme la base principale de l’oppression des femmes. En conséquence, la structure socio-économique plus large dans laquelle la famille existe et qui façonne la famille a été ignorée.

3. Faire de la contradiction entre les hommes et les femmes la contradiction principale. Concentrer leur attention sur la modification du système sexe / genre – les rôles de genre que les hommes et les femmes sont conditionnés à jouer. Cela signifie se concentrer sur les aspects psychologiques et culturels de la vie sociale en ignorant les forces politiques et économiques plus larges qui donnent lieu et défendent la culture patriarcale.

4. Souligner les différences psychologiques et de personnalité entre hommes et femmes comme étant biologiques et prôner ainsi le séparatisme pour les femmes. Exagérer l’importance de la libération sexuelle des femmes, de la non-mixité, des ménages vivant séparément et le lesbianisme. Essentiellement, cela signifie que cette partie du mouvement des femmes se limite à des petits groupes et ne pouvait pas faire appel ou mobiliser les masses des femmes.

5. Tomber dans le piège de l’impérialisme et sa promotion de la pornographie, du tourisme sexuel, etc. en soulignant la nécessité de libérer les femmes de la répression sexuelle. Ou au nom de l’égalité des chances, le soutien au recrutement des femmes dans l’armée américaine avant la guerre en Irak (2003).

6. Sur la question de l’organisation, mettre l’accent sur l’opposition à la hiérarchie et à la domination et se concentrer sur de petits groupes de prise de conscience ou alternatifs ; qui seraient autonomes. S’opposer à la mobilisation et à l’organisation des grandes masses de femmes opprimées.

7. Ignorer ou avoir un préjugé sur les contributions apportées par les mouvements socialistes et les révolutions socialistes en Russie, en Chine, etc. ayant amené un changement de la condition des larges masses de femmes.

   Comment une analyse théorique et de mauvaises stratégies peuvent affecter un mouvement peut être clairement observé dans le cas du mouvement féministe. Ne comprenant pas que l’oppression des femmes est liée à la structure socio-économique et politique d’une exploitation plus large, celle de l’impérialisme, elles ont cherché des solutions au sein du système impérialiste lui-même. Ces solutions ont, au mieux, bénéficié à une partie des femmes de la classe moyenne, mais ont laissé les larges masses des femmes opprimées et exploitées loin de leur libération. La lutte pour la libération des femmes ne peut être réussie isolément de la lutte pour renverser le système impérialiste lui-même.

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