Notes pour l’étude de l’idéologie de la révolution Cubaine

À la conférence afro-asiatique d’Algérie (Discours d’Alger)

Che Guevara

   C’est une révolution unique que certaines personnes maintiennent en contradiction avec l’une des prémisses les plus orthodoxes du mouvement révolutionnaire, exprimé par Lénine : « Sans une théorie révolutionnaire, il n’y a pas de mouvement révolutionnaire.((Lénine, Que Faire, 1902))» Il convient de dire que la théorie révolutionnaire, comme expression d’une vérité sociale, dépasse toute déclaration ; c’est-à-dire que, même si la théorie n’est pas connue, la révolution peut réussir si la réalité historique est interprétée correctement, et si les forces impliquées sont utilisées correctement. Chaque révolution intègre toujours des éléments de tendances très différentes qui, néanmoins, coïncident dans l’action et dans les objectifs les plus immédiats de la révolution.

   Il est clair que si les meneurs ont des connaissances théoriques adéquates avant l’action, ils peuvent éviter les tâtonnements chaque fois que la théorie adoptée correspond à la réalité.

   Les acteurs principaux de cette révolution n’avaient pas de critères théoriques cohérents ; mais on ne peut pas dire qu’ils ignoraient les différents concepts de l’histoire, de la société, de l’économie et de la révolution, qui sont débattus aujourd’hui dans le monde.

   Une connaissance approfondie de la réalité, une relation étroite avec le peuple, la fermeté de l’objectif du libérateur et l’expérience révolutionnaire pratique ont donné à ces meneurs la possibilité de former un concept théorique plus complet.

   Ce qui précède doit être considéré comme une introduction à l’explication de ce phénomène curieux qui a intrigué le monde entier : la Révolution Cubaine. C’est un acte digne d’étude dans l’histoire du monde contemporain : le comment et le pourquoi d’un groupe, qui, brisé par une armée largement supérieure en technique et en équipement, a réussi à survivre, est vite devenu fort, puis plus fort que l’ennemi dans les lieux de combat, et, enfin, a vaincu cet ennemi sur le champ de bataille, même si ses troupes étaient largement inférieures en nombre.

   Naturellement, nous, qui ne sommes pas préoccupés par la théorie, ne risquerons pas d’exposer la vérité de la Révolution Cubaine comme si nous en étions les maîtres. Nous allons simplement essayer de donner les bases dont on peut interpréter cette vérité. En fait, la Révolution Cubaine doit être séparée en deux étapes complètement distinctes : d’abord, l’action armée jusqu’au 1er janvier 1959, ensuite, les transformations politiques, économiques et sociales depuis lors.

   Puis ces deux stages méritent des sous-divisions ; cependant, nous n’allons pas les tirer du point de vue de l’exposition historique, mais depuis le point de vue de l’évolution de la pensée révolutionnaire de ses meneurs au travers de leur contact avec le peuple. Incidemment, ici, chacun doit présenter une attitude générale envers l’un des termes les plus controversés du monde moderne : le marxisme. Lorsqu’on nous demande si nous sommes marxistes ou non, notre position est la même qu’un physicien ou un biologiste lorsqu’on lui demande si il est un « newtonien », ou si il est un « pasteurien ».

   Il y a des vérités si évidentes, qui font tellement partie de la connaissance populaire, qu’il est inutile de les discuter. Chacun devrait pouvoir se définir « marxiste » avec le même naturel que quelqu’un de « newtonien » en physique, ou de « pasteurien » en biologie, en considérant que, si les faits déterminent les concepts nouveaux, ces nouveaux concepts ne vont jamais abandonner cette part de vérité possédée par les vieux concepts qu’ils remplacent. Tel est le cas, par exemple, de la relativité d’Einstein ou de la théorie des « quantums » de Planck par rapport aux découvertes de Newton ; elles ne perdent rien du tout de la grandeur du savant anglais. Grâce à Newton, la physique a été capable d’avancer jusqu’à ce qu’elle achève de nouvelles représentation de l’espace. Le savant anglais leur a fourni le tremplin nécessaire.

   Les percées dans les sciences politiques et sociales, comme dans d’autres domaines, appartiennent à un long processus historique dont les liens se connectent, s’ajoutent, se forment et se perfectionnent constamment. Dans les origines des peuples, il y a des mathématiques chinoises, arabes ou hindoues ; aujourd’hui, les mathématiques n’ont pas de frontière. Dans les chemins de l’histoire, il y a eu un Pythagore grec, un Galilée italien, un Newton anglais, un Gauss allemand, un Lobachevsky russe, un Einstein, etc. Ainsi, dans le domaine des sciences politiques et sociales, de Démocrite à Marx, une longue série de penseurs a rajouté ses recherches personnelles et accumulé un ensemble d’expériences et de doctrines.

   Le mérite de Marx est qu’il a soudainement produit un changement qualitatif dans l’histoire de la pensée sociale. Il interprète l’histoire, comprend sa dynamique, prévoit le futur, mais en plus de le prévoir (ce qui aurait satisfait son devoir scientifique), il exprime un concept révolutionnaire : le monde ne doit pas seulement être interprété, il doit être transformé. L’Homme cesse d’être l’esclave et l’outil de son environnement et se convertit en l’architecte de sa destinée. À ce moment, Marx se place dans une position où il devient une cible nécessaire pour tous ceux qui ont un intérêt particulier dans la maintenance de l’ancien – comme Démocrite avant lui, dont le travail avait été brûlé par Platon et ses disciples[2], les idéologues de l’aristocratie esclavagiste d’Athènes. Depuis le révolutionnaire Marx, un groupe politique avec des idées concrètes s’établit. En s’appuyant sur les géants, Marx et Engels, et en se développement au travers d’étapes successives avec des personnalités comme Lénine, Staline, Mao Tse-Tung et les nouveaux dirigeants soviétiques et chinois, il établit un ensemble de doctrines et, disons-le, des exemples à suivre.

   La Révolution Cubaine reprend Marx au point où il a lui-même délaissé la science pour épauler son fusil révolutionnaire. Et elle le reprend à ce point, non pas dans un esprit révisionniste, où elle lutterait contre ce qui suit Marx pour relancer le Marx « pur », mais simplement parce jusque là, Marx, le scientifique, s’était placé hors de l’histoire qu’il a étudiée et prédite. Dès lors, Marx, le révolutionnaire, pouvait combattre au sein de l’histoire.

   Nous, révolutionnaires dans la pratique, pour amorcer notre propre lutte, nous accomplissons simplement les lois prévues par Marx, le scientifique. Nous nous ajustons simplement aux prédictions du Marx scientifique alors que nous parcourons cette route de la rébellion, que nous luttons contre l’ancienne structure du pouvoir, en nous appuyant sur le peuple pour détruire cette structure, tout en ayant le bonheur de ce peuple comme fondation de notre lutte. C’est à dire, et c’est bon de le souligner une fois de plus : les lois du marxisme sont présentes dans les événements de la Révolution Cubaine, indépendament du fait que ses dirigeants professent ou connaissent en totalité ces lois d’un point de vue théorique.

   Chacun de ces moments historiques brefs dans la guérilla a encadré des concepts sociaux distinscts et des appréciations distinctes de la réalité cubaine ; ils ont souligné la pensée des dirigeants militaires de la révolution – ceux qui, au fil du temps, ont pris position en tant que dirigeants politiques.

   Avant le débarquement du Granma, une mentalité prédominait, qui, dans une certaine mesure, pourrait être appelée « subjectiviste » : une confiance aveugle dans une explosion populaire rapide, une enthousiasme et une foi dans la possibilité de liquider le régime de Batista grâce à un soulèvement rapide et armé, combiné avec des grèves révolutionnaires spontanées, et la chute subséquente du dictateur…

   Après le débarquement est arrivée la défaite, la destruction presque entière des forces armées, leur regroupement et leur intégration en guérillas.  La caractéristique de ces quelques survivants, imprégnés de l’esprit de lutte, était la compréhension que compter sur des éruptions spontanées dans toute l’île était un mensonge, une illusion. Ils ont compris que le combat allait être un long combat, et qu’il avait besoin de la participation des paysans. À ce moment, les paysans entrèrent en guérilla pour la première fois.

   Deux événements – peu importants en termes de nombre de combattants, mais d’une grande valeur psychologique – ont été déclenchés. Tout d’abord, l’antagonisme que les citadins, qui composaient le groupe central de la guérilla, ressentaient envers les paysans s’effaçait. Mais les paysans se méfiaient du groupe, et craignaient par dessus tout de brutales représailles de la part du gouvernement. Deux choses se sont manifestées à ce stade, toutes deux très importantes pour les facteurs liés : pour les campesinos, les brutalités de l’armée et toutes leurs persécutions ne suffiraient pas à mettre fin à la guérilla, même si l’armée était certainement capable de liquider les maisons, les cultures et les familles paysannes. Se réfugier avec ceux qui se cachaient était une bonne solution. À leur tour, les guérilleros ont appris la nécessité, chaque fois plus évidente, de gagner les masses paysannes.

   Ensuite, il y a une période de transition, lors de laquelle l’Armée Rebelle conquérit des zones importantes. Elle ne peut pas y rester longtemps, mais l’armée ennemie ne peut rien faire et ne peut peut pas avancer. Dans différents combats, une sorte de front, pas vraiment délimité, est établi entre les deux belligérants.

   Le 28 mai 1957, une nouvelle étape a été marquée dans l’Uvero, lors de l’attaque d’une garnison bien armée, assez bien retranchée, et avec la possibilité de recevoir des renforts rapidement, depuis la mer ou l’aéroport. La victoire des forces rebelles dans ce combat, qui fut l’un des plus sanglants que nous avons jamais vu, puisqu’il ne restait plus que trente pourcent des forces qui ont combattu, changea entièrement la donne ; il y avait alors un territoire dans lequel l’Armée Rebelle imposait le respect, où plusieurs groupes d’hommes descendaient régulièrement dans les plaines pour attaquer les positions adverses, sans que les ennemis ne connaissent leur provenance.

   Peu après, la première séparation a lieu et deux colonnes de combattants sont créées. La deuxième porte, pour des raisons un peu infantiles, le nom de 4e Colonne.

   Immédiatement, les deux montrent des signes d’activité, et, le 26 juillet, Estrada Palma est attaquée, puis, cinq jours après, Bueycito, 30 kilomètres plus loin. Les démonstrations de force sont déjà plus impressionnantes, et plusieurs ennemis sont arrêtés alors qu’ils essayaient d’escalader la Sierra. Une zone neutre est établie, et, bien que des expéditions punitives sont menées des deux côtés, les fronts restent à peu près les mêmes.

   Cependant, la guérilla peut alors compter sur de nouvelles forces, celles des paysans de la zone, et les membres citadins du Mouvement deviennent alors plus combatifs, rallumant leur esprit de lutte. Ils partent en février de l’année 58, après avoir soutenu certaines offensives. Les colonnes d’Almeida, les trois, occupent une place près de Santiago, et celle de Raúl Castro reçoit le numéro 6 et le nom de notre héros Frank País, mort quelques mois auparavant. Raúl réalise l’exploit de traverser la route centrale dans les premiers jours de mars de cette année, en entrant dans les collines de Mayarí pour y créer le Second Front Oriental Frank País.

   Les succès croissants de nos forces rebelles passent la censure et elles atteignent rapidement l’apogée de leur activité révolutionnaire. C’est à ce moment-là que la lutte dans l’ensemble de Cuba devait être soutenue à La Havane par une grève générale révolutionnaire, pour détruire la force de l’ennemi, en l’attaquant simultanément de tous les côtés.

   Le rôle de l’armée rebelle serait celui d’un catalyseur, ou, peut-être, d’une « épine irritante » qui déclencherait le mouvement. À cette époque, nos guerrilleros ont augmenté leur activité et on commencé à créer la légende héroïque de Camilo Cienfuegos, qui luttait pour la première fois dans les plaines orientales.

   La grève révolutionnaire, cependant, n’a pas eu lieu de manière adéquate, puisqu’elle a ignoré l’importance de l’unité du travail, et que nous n’avons pas cherché à ce que les travailleurs, dans l’exercice même de leur activité révolutionnaire, choississent le bon moment. Un groupe d’hommes appelait à la grève avec une radio, en ignorant que le jour et l’heure de l’événement avaient été divulgués aux partisans, mais pas aux autres. Le mouvement a échoué, et beaucoup de patriotes révolutionnaires furent assassinés sans pitié.

   Comme un fait curieux, qui doit être inscrit dans l’histoire de cette Révolution, Jules Dubois, le mouchard des monopoles nord-américains, savait à l’avance à quel moment la grève allait être déclenchée.

   À ce moment, l’un des changements qualitatifs les plus importants dans le développement de la guerre a lieu, lorsque l’on se rend compte que la victoire sera seulement obtenue avec une renforcement des forces de la guerilla, jusqu’à ce que l’ennemi soit défait au terme de batailles rangées.

   Déjà de bonnes relations étaient entretenues avec la paysannerie ; l’Armée Rebelle avait ses codes civils et criminels, une justice impartiale, distribuait de la nourriture et collectait des impôts dans les zones administrées. Les zones alentours étaient aussi sous l’infuence de l’Armée Rebelle, mais de grandes offensives étaient menées pour éliminer le foyer. C’est ainsi que, le 25 mai, commence une offensive qui, en deux mois de combats, cause un millier de morts pour l’armée, complètement démoralisée, alors que six cent fusils supplémentaires rejoignaient nos combattants.

   Il est déjà prouvé que l’armée ne peut pas nous vaincre ; il n’y a définitivement aucune force à Cuba capable de battre les pics de la Sierra Maestra ou toutes les collines du Second Front Oriental de Frank País ; les routes sont devenues impénétrables à l’Est pour les troupes de la tyrannie. Une fois que l’offensive a été vaincue, Camilo Cienfuegos, avec la colonne n°2, et l’auteur de ces lignes, de la colonne n°8 Ciro Rendondo, traversent la province de Camagüey, s’installent à Las Villas, coupent les communications de l’ennemi. Camilo doit ensuite suivre cette avancée pour répéter l’exploit du héros dont sa colonne porte le nom, Antonio Maceo : l’invasiton totale d’Oriente depuis l’Ouest.

   La guerre montre une nouvelle caractéristique: la corrélation des forces tourne vers la révolution. En un mois et demi, deux petites colonnes, l’une de quatre-vingts et l’autre de cent quarante hommes, constamment entourées et harcelées par une armée qui a mobilisé des milliers de soldats, ont traversé les plaines de Camagüey, sont arrivées à Las Villas et ont commencé la tâche de couper l’île en deux.

   Il peut sembler étrange, incompréhensible et même incroyable que deux colonnes d’une si petite taille – sans communication, sans mobilité, sans les armes les plus élémentaires de la guerre moderne – puissent lutter contre des troupes bien formées et surtout bien armées.

   C’est la caractéristique de chaque groupe qui est fondamentale ; moins le guérillero est à l’aise, plus il s’enfonce dans la rigueur de la nature, et plus il se sent chez lui ; son moral est plus haut, son sens de la sécurité meilleur. Au même moment, il a appris à risquer sa vie en toute circonstance, à croire en la chance, comme lorsqu’on lance une pièce de monnaie ; et, en général, en tant que résultat final de ce genre de lutte, rien n’importe vraiment à l’individu de la guérilla, qu’il survive ou non.

   Le soldat ennemi, dans l’exemple cubain, que nous considérons comme le jeune partenaire du dictateur ; est l’homme qui obtient les dernières miettes qu’on lui laisse après une longue ligne de profiteurs qui commence à Wall Street et qui finit par lui. Il est disposé à défendre ses privilèges, mais il est seulement disposé à les défendre dans la mesure où ils sont importants pour lui. Son salaire et sa pension valent la souffrance et les dangers, mais ils ne vaudront jamais sa vie ; si le prix nécessaire pour les maintenir lui coûte la vie, il vaut mieux les abandonner, c’est à dire, renoncer au danger de faire face à la guérilla. De ces deux concepts et de ces deux sources morales, la différence va créer la crise du 31 décembre 1958.

   Ici s’arrête insurrection. Mais les hommes qui arrivent à la Havane après deux ans de lutte ardue dans les montagnes et les plaines d’Oriente, dans les plaines de Camagüey, et dans les montagnes, plaines et villes de Las Villas, ne sont pas les mêmes, idéologiquement, qui on débarqué sur les plages de Las Coloradas, ou qui ont pris part à la première partie de la lutte. Leur méfiance envers le paysan a été convertie en affection et en respect pour ses vertus ; leur ignorance complète de la vie du pays a été convertie en une connaissance des besoins de nos guajiros ; leurs passions pour les statistiques et la théorie ont été consolidées dans le ciment qu’est la pratique.

   Avec la bannière de la Réforme Agraire, l’exécution de ce qui a commencé dans la Sierra Maestra, ces hommes se lèvent contre l’impérialisme. Ils savent que la Réforme Agraire est la fondation sur laquelle la nouvelle Cuba doit se construire. Ils savent aussi que la Réforme Agraire va donner des terres à tous ceux qui en sont dépossédés, mais qu’elle va déposséder les propriétaires injustes ; et ils savent que les plus grands propriétaires injustes sont aussi des hommes influents dans le Département d’État ou dans le gouvernement des États-Unis d’Amérique. Mais ils ont appris à vaincre leurs difficultés avec courage, audace et, surtout, avec le soutien du peuple ; et ils ont maintenant vu la libération future qui nous attend de l’autre côté de nos souffrances.

   Pour atteindre cette idée finale, nous avons beaucoup marché et nous avons beaucoup changé. Parallèlement aux changements qualitatifs successifs qui ont eu lieu sur les fronts de bataille, des changements dans la composition sociale de notre guérilla et des transformations idéologiques de leurs dirigeants se sont déroulés. Parce que chacun de ces processus, ces modifications, constituent effectivement un changement de qualité dans la composition, dans la force, dans la maturité révolutionnaire de notre armée. Le paysan lui donne sa vigueur, sa capacité de souffrir, sa connaissance de la terre, son amour pour la terre, sa faim de Réforme Agraire. L’intellectuel, de toute sorte, met son petit grain de sable à s’inspirer de la théorie. Le travailleur donne son sens de l’organisation, sa tendance innée à la réunification et à l’unification. Surtout, ces choses sont l’exemple des forces rebelles, qui s’étaient déjà révélées être beaucoup plus qu’une « épine irritante » et dont la leçon était de soulever et de lever les masses jusqu’à ce qu’ils aient perdu la peur de leurs bourreaux. Jamais auparavant, comme maintenant, le concept d’interaction était aussi clair pour nous. Nous avons pu constater la maturation de cette interaction, nous enseignant l’efficacité de l’insurrection armée, la force que l’homme a quand, afin de se défendre contre d’autres hommes, il a une arme à la main et un désir de triomphe dans ses pupilles ; et les paysans, montrant les ruses de la Sierra, la force qui est nécessaire pour y vivre et pour y réussir, et la quantité de persévérance, de capacité de sacrifice nécessaires pour accomplir le destin du peuple.

   C’est pourquoi, quand, baignés de sueur paysanne, devant un horizon de montagnes et de nuages, sous l’ardent soleil de l’Île, le chef rebelle et son entourage sont entrés à La Havane, un nouvel « escalier, dans le jardin d’hiver, menait à l’histoire les bottes populaires. »((Ces vers, en espagnol « escalinata del jardín de invierno, subía la historia con los pies del pueblo », semblent avoir été rédigés par Guevara lui-même.))

8 octobre 1960
Traduit du castillan par Antoine Monchaux

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