L’ILPS salue les étudiants en grève au Québec et soutien la lutte pour le droit a l’éducation

L’ILPS salue les étudiants en grève au Québec et soutien la lutte pour le droit a l’éducation

Jose Maria Sison

Président de la Ligue Internationale des Luttes des Peuples

25 avril 2012

   La Ligue Internationale des Luttes des Peuples (ILPS) salue l’esprit combatif et la détermination des étudiantes/iants du Québec, qui, depuis 10 semaines, mènent une grève historique, secouant les échelons les plus élevés du pouvoir, s’opposant au programme néolibéral du gouvernement et mobilisant des milliers d’étudiantes/iants et de sympathisantes/ants dans une bataille épique pour le droit à l’éducation. Les étudiantes/iants dénoncent les tentatives du gouvernement libéral du Québec de revenir sur les promesses passées et d’augmenter les frais de scolarité post-secondaires de 1 625 dollars canadiens au cours des cinq prochaines années, doublant ainsi les taux actuels. Une puissante bataille des forces populaires est en cours alors que les étudiantes/iants et les sympathisantes/ants organisent de grandes manifestations de rue, des occupations et d’autres actions créatives.

   Le 22 mars 2012, plus de 200 000 personnes ont manifesté à Montréal, la plus grande ville du Québec, en appui à la grève, et, au cours des deux derniers mois, la ville a connu un roulement continu de protestations quotidiennes devant des édifices gouvernementaux, des banques et la bourse. Partout le long des rues, les manifestantes/ants portent le symbole de la grève, un carré d’étoffe rouge fixé par une épingle anglaise à leurs vestes, écharpes, bonnets et sacs à dos. Lors du récent rassemblement du «Jour de la Terre», qui a réuni une foule record de plus de 250 000 personnes à Montréal, les carrés rouges étaient fièrement arborés par des participantes/ants tout au long du défilé, montrant que la grève des étudiantes/iants allume le flambeau de la résistance dans toute la province.

   Après avoir refusé, de façon répétée, de rencontrer les étudiantes/iants, le gouvernement libéral de Jean Charest a finalement été contraint de négocier avec les représentants des trois plus grandes organisations étudiantes. Le gouvernement avait essayé de diviser les groupes d’étudiants en exigeant que l’aile la plus militante du mouvement dénonce, avant tout, la soi-disant “violence” étudiante. Pendant ce temps, le gouvernement de Jean Charest a envoyé la police attaquer et arrêter des dizaines de manifestants, des professeures/eurs, des enseignantes/ants et des sympathisantes/ants au cours des actions de grève, alors que les directions des universités ont engagé des forces de sécurité privées pour tenter de forcer les étudiantes/iants et les professeures/eurs à assister aux cours.

   Actuellement, 180 000 des 475 000 étudiantes/iants collégiaux et universitaires du Québec sont en grève illimitée. Trois organisations y participent : la Fédération des étudiants universitaires, la Fédération des étudiants collégiaux et l’ASSÉ (Association pour une solidarité syndicale étudiante), organisation la plus militante, constituée d’associations étudiantes indépendantes. L’ASSÉ a réunis des étudiantes/iants sous l’égide de la CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ), nom très adéquatement choisi, front uni temporaire de lutte contre les hausses des frais de scolarité et de coordination de la grève générale proposée. Leur slogan est «Ensemble, bloquons la hausse!»

   L’ASSÉ, en particulier, a tendu la main aux groupes communautaires, aux parents, aux syndicats et aux enseignantes/ants en vue de la lutte actuelle pour le droit à une éducation de qualité, gratuite, accessible, publique et non discriminatoire, dans le cadre de l’ensemble des luttes sociales contre les compressions budgétaires effectuées dans les services publics et contre l’offensive capitaliste qui s’attaque aux travailleuses/eurs. Citons, par exemple, la participation d’un grand nombre d’étudiantes/iants à des actions aux côtés des peuples autochtones – qui ont été violemment réprimés – pour s’opposer au «Plan Nord» du gouvernement du Québec. Ce plan, sous la fausse promesse d’offrir des milliers d’emplois, vise essentiellement à permettre aux sociétés minières et forestières de détruire le nord de la province afin d’obtenir de rapides profits.

   Au Canada, l’éducation est de compétence provinciale, et les frais de scolarité ont, historiquement, été moins élevés au Québec (ils sont d’environ 2 100 dollars canadiens par année) que dans les autres provinces en raison de la puissante mobilisation étudiante et populaire. En effet, à partir des années 1960, le maintien des frais de scolarité des universités à des taux bas était devenu une politique sociale cruciale au Québec. Avant cela, le nombre des Québécoises/ois de langue française qui fréquentaient l’université était extrêmement bas.

   Les coupures dans le financement sont le résultat des politiques néolibérales adoptées par le gouvernement fédéral et de la pression exercée par les universités privées, telles que l’Université de Montréal et l’Université McGill vers une orientation lucrative de l’éducation. Dans la foulée des mesures pratiquées ailleurs au Canada et aux États-Unis, un intense travail des lobbies a eu lieu pour augmenter les frais de scolarité au Québec, et, maintenant, le gouvernement Charest a décidé de hausser radicalement les frais de scolarité.

   Aujourd’hui, partout au Québec, les étudiantes/iants sont motivés par des victoires des grèves précédentes. Parmi ces victoires soulignons notamment le mouvement de 1996, qui a conduit à un gel de presque dix années des hausses des frais de scolarité, et la grève de 2005, lorsque des mois de protestations étudiantes ont réussi à déjouer une tentative du gouvernement libéral de Jean Charest de sabrer 103 millions de dollars du montant des bourses accordées aux étudiants.

   Sur le front politique, les actions des étudiantes/iants ont reçu l’appui d’une variété de forces progressistes, entre autres, de membres de la Ligue internationale des luttes des peuples-Canada. Le parti «Québec Solidaire», de tendance social-démocrate, qui a un représentant à l’Assemblée nationale (siège du gouvernement de la Province), a offert un appui concret aux étudiantes/iants. Quant au Parti québécois, parti d’opposition dominant, il s’est opposé en paroles à la hausse des frais de scolarité alors qu’antérieurement, quand il avait été au pouvoir, il avait sans cesse essayé d’augmenter ces frais.
Sur le plan international, les grévistes étudiants du Québec ont établi des liens avec les luttes ailleurs dans le monde opposées aux attaques impérialistes contre le droit à l’éducation.

   Parmi ces étudiantes/ants, il faut compter celles et ceux de l’Argentine, du Brésil, du Chili, de la Colombie et du Pérou, qui ont organisé une journée d’action unie en 2011. À Brasília, capitale du Brésil, des milliers d’étudiantes/iants ont défilé l’an dernier pour défendre l’éducation publique, alors qu’en Colombie, les étudiantes/iants ont organisé trois manifestations nationales et une grève d’un mois qui a arrêté la réforme du système éducatif colombien visant à privilégier l’éducation privée sur l’éducation publique. Au Honduras, les étudiantes/iants ont occupé plus de 150 écoles secondaires pour s’opposer à la privatisation, et au Chili, des milliers d’étudiantes/iants ont exigé d’instauration de la gratuité et de l’universalité de l’enseignement et la fin des politiques néolibérales de l’ère du dictateur Augusto Pinochet, qui ont fait en sorte que les universités du Chili sont devenues les plus chères d’Amérique latine.

   La grève étudiante du Québec mérite le plein appui de toutes les organisations-membres de l’ILPS car elle constitue le plus récent mouvement à défendre le droit à l’éducation pour toutes et tous et une répudiation directe et forte des politiques néolibérales et impérialistes qui attaquent l’éducation, mais aussi la santé et d’autres services publics. Les étudiantes/iants et les peuples du monde sont encouragés par la grève étudiante du Québec à mener de fortes luttes pour un mouvement soutenu et militant de défense du droit à l’éducation et de résistance aux politiques qui limitent ce droit.

   La grève des étudiantes/iants a contraint le gouvernement du Québec à négocier avec les étudiantes/iants. Quelle qu’en soit le résultat, cette grève a montré que nous pouvons et devons combattre le programme impérialiste, et que l’ensemble de la population est révoltée en raison des positions extrêmes de l’impérialisme et veut ardemment se joindre à ces luttes fondamentalement anticapitalistes.

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