Aux camarades communistes du Turkestan

Aux camarades communistes du Turkestan

Lénine

   Camarades((La lettre «Aux camarades communistes du Turkestan» fut écrite par Lénine à l’occasion du départ au Turkestan, en octobre 1919, d’une commission du Conseil exécutif central et du Conseil des commissaires du peuple pour les affaires du Turkestan composée d’Eliava (président) Frounzé, Kouibychev, Roudzoutak, etc. La commission avait pour tâche de rectifier les erreurs commises par les dirigeants locaux dans la mise en application de la politique nationale.
Avant le départ de la commission, le C.C. du P.C.(b)R. signalait à ces dirigeants les erreurs commises.
Le 12 juillet 1919 le C.C. du parti, dans un radiogramme adressé au gouvernement du Turkestan, soulignait la nécessité d’étudier la question de la participation de la population locale à l’activité politique et administrative
La lettre de Lénine fut discutée à la Ve conférence du Parti communiste du Turkestan en janvier 1920. La conférence adressa une lettre à Lénine dans laquelle elle s’engageait à corriger les erreurs avec le concours du Conseil exécutif central et le Conseil des commissaires du peuple.)),

   Permettez-moi de m’adresser à vous non pas en qualité de Président du Conseil des Commissaires du Peuple et du Conseil de la Défense((Le Conseil de 1a Défense (Conseil de la Défense Ouvrière et Paysanne) fut formé en vertu d’un arrêté du Conseil exécutif central de Russie du 30 novembre 1918 pour diriger l’œuvre de la défense de la République des Soviets. Le Conseil de la Défense, présidé par Lénine, disposait de la plénitude du pouvoir en matière de mobilisation de tous les effectifs et moyens nécessaires au pays, il s’occupait des renforts, des armements, des vivres, des équipements destinés à l’armée.
Après la défaite des principaux fronts ennemis, le Conseil fut transformé au début d’avril 1920, en Conseil du Travail et de la Défense (C.T.D.). Après la fin de la guerre civile, en vertu d’un arrêté du VIII° Congrès des Soviets de Russie tenu le 29 décembre 1920, le C.T.D. fonctionna en tant que commission du Conseil exécutif central et ceci, jusqu’en 1937.)), mais en qualité de membre du parti.

   L’établissement de bons rapports avec les peuples du Turkestan revêt aujourd’hui pour la République Soviétique Fédérative Socialiste de Russie une valeur qu’on peut sans exagération qualifier de gigantesque, de portée historique mondiale.

   Pour toute l’Asie et pour toutes les colonies du monde, pour des milliers et des millions d’hommes, les relations de la République soviétique ouvrière et paysanne avec les peuples faibles, opprimés jusqu’à ce jour, auront une importance pratique.

   Je vous prie instamment de considérer cette question avec une attention redoublée, de faire tous vos efforts pour établir, par l’exemple et l’action, des relations de camaraderie avec les peuples du Turkestan, de leur prouver dans les faits la sincérité de notre désir d’extirper tous les vestiges de l’impérialisme grand-russe en vue de lutter sans réserve contre l’impérialisme mondial, notamment l’impérialisme britannique, de traiter avec la plus grande confiance notre commission du Turkestan et de vous conformer strictement à ses directives qui, à leur tour, lui ont été données par le Comité exécutif central de Russie, précisément dans cet esprit.

   Je vous serait très reconnaissant de vouloir bien répondre à cette lettre et de m’informer de vos positions à ce sujet.

   Salutations communistes.

V. Oulianov (Lénine)

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