5. Quelques mots de conclusion sur la question agraire, le 18 novembre (1er décembre)

Congrès extraordinaire des Soviets des députés paysan de Russie

Lénine

5. Quelques mots de conclusion sur la question agraire, le 18 novembre (1er décembre)

   Paru dans la « Pravda » n° 195, 4 décembre (21 novembre) 1917

Compte rendu de presse

   Le camarade Lénine commence par indiquer que l’accusation d’anarchisme portée contre les bolchéviks par les socialistes-révolutionnaires de gauche est dénuée de fondement.

   En quoi les socialistes se distinguent-ils des anarchistes ? Ces derniers n’admettent pas le pouvoir alors que les socialistes, y compris les bolchéviks, sont partisans du pouvoir dans la période de transition entre l’état actuel et le socialisme vers lequel nous allons.

   Nous autres, bolchéviks, nous sommes partisans d’un pouvoir ferme, mais d’un pouvoir qui serait celui des ouvriers et des paysans.

   Tout pouvoir d’Etat est une contrainte, mais jusqu’ici ce pouvoir était celui d’une minorité, celui du propriétaire foncier et du capitaliste contre l’ouvrier et le paysan.

   Nous sommes partisans d’un pouvoir qui serait le pouvoir inébranlable de la majorité des ouvriers et des paysans, contre les capitalistes et les propriétaires fonciers.

   Après avoir indiqué que dans la résolution des socialistes-révolutionnaires de gauche sur la terre, le nouveau gouvernement est désigné comme un gouvernement socialiste populaire, le camarade Lénine examine en détail ce qui peut unir étroitement les bolchéviks et les socialistes-révolutionnaires de gauche.

   L’alliance des paysans et des ouvriers est la base d’une entente entre les socialistes-révolutionnaires de gauche et les bolchéviks.

   C’est bien une coalition honnête, une honnête alliance, mais il en sera ainsi également au sommet, entre les dirigeants socialistes-révolutionnaires de gauche et les dirigeants bolchéviks, si les premiers expriment, plus nettement leur conviction que la révolution actuelle est une révolution socialiste. Cette révolution est socialiste. L’abolition de la propriété privée de la terre, l’introduction du contrôle ouvrier, la nationalisation des banques sont autant de mesures qui mènent au socialisme. Ce n’est pas encore le socialisme, mais ce sont des mesures qui nous y mènent, à pas de géant. Nous ne promettons pas aux paysans et aux ouvriers un pays de cocagne du jour au lendemain, mais nous disons : l’alliance étroite des ouvriers et des paysans exploités, la lutte ferme, sans défaillance, pour le pouvoir des Soviets nous conduisent au socialisme ; et tout parti qui veut être authentiquement populaire doit proclamer clairement et résolument que notre révolution est socialiste.

   C’est seulement dans le cas où les socialistes-révolutionnaires de gauche se prononceront sans équivoque sur ce point que notre alliance avec eux pourra s’affermir et s’élargir.

   On nous dit que nous sommes contre la socialisation de la terre et que, pour cette raison, nous ne pourrons pas nous mettre d’accord avec les socialistes-révolutionnaires de gauche.

   Nous répondons : oui, nous sommes contre la socialisation de la terre que demandent les socialistes-révolutionnaires, mais cela ne nous empêchera pas de nous allier honnêtement aux socialistes-révolutionnaires de gauche.

   Aujourd’hui ou demain, les socialistes-révolutionnaires de gauche proposeront leur ministre à l’agriculture, et s’il applique la loi sur la socialisation, nous ne voterons pas contre. Nous nous abstiendrons.

   En terminant son discours, le camarade Lénine a souligné que seule l’alliance des ouvriers et des paysans permettra d’obtenir la terre et la paix.

   La question suivante a été posée, entre autres, au camarade Lénine : Que feront les bolchéviks à l’Assemblée constituante si les socialistes-révolutionnaires de gauche, en minorité, proposent une loi sur la socialisation de la terre ? Les bolchéviks s’abstiendront-ils dans ce cas ? Non, naturellement. Les bolchéviks voteront pour cette loi, après avoir fait la réserve qu’ils agissent ainsi pour soutenir les paysans contre leurs ennemis.

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