De la culture prolétarienne

De la culture prolétarienne

Lénine

   Ecrit le 8 octobre 1920 Publié pour la première fois en 1926 dans le n° 3 du journal « Krasnaïa Nov ».

   Le projet de résolution « Sur la culture prolétarienne » fut rédigé par Lénine à l’occasion du 1er Congrès de Russie du Proletkoult qui se tint à Moscou du 5 au 12 octobre 1920. Il fut proposé à la fraction communiste au 1er Congrès du Proletkoult de présenter au Congrès une résolution prescrivant la soumission des organisations centrales et locales du Proletkoult aux organes du Commissariat de l’Instruction publique. Cette résolution, rédigée en conformité avec les indications de Lénine, fut unanimement adoptée par le Congrès.


   Il apparaît, à la lecture des Izvestia du 8 octobre, que le camarade Lounatcharski a dit au congrès du « Proletkoult » exactement le contraire de ce dont nous étions convenus hier avec lui.

   Il est indispensable de préparer de toute urgence un projet de résolution (du congrès du « Proletkoult »), de le faire approuver par le Comité central et de le faire voter à cette session même du « Proletkoult ». Il faut le soumettre aujourd’hui même au nom du Comité central, au Collège du Commissariat du peuple à l’Instruction publique et au Congrès du « Proletkoult », car c’est aujourd’hui que ce congrès s’achève.

   PROJET DESOLUTION :

   1. Dans la République soviétique des ouvriers et des paysans, tout l’enseignement, tant dans le domaine de l’éducation politique en général que, plus spécialement, dans celui de l’art, doit être pénétré de l’esprit de la lutte de classe du prolétariat pour la réalisation victorieuse des objectifs de sa dictature, c’est-à-dire pour le renversement de la bourgeoisie, pour l’abolition des classes, pour la suppression de toute exploitation de l’homme par l’homme.

   2. C’est pourquoi le prolétariat, représenté tant par son avant-garde, le Parti communiste, que par l’ensemble des diverses organisations prolétariennes en général, doit prendre la part la plus active et la plus importante dans tout le domaine de l’instruction publique.

   3. L’expérience de l’histoire moderne et, en particulier, celle de plus d’un demi-siècle de lutte révolutionnaire du prolétariat de tous les pays du monde, depuis la parution du Manifeste Communiste, prouve indiscutablement que la conception marxiste du monde est la seule expression juste des intérêts, des vues et de la culture du prolétariat révolutionnaire.

   4. Le marxisme a acquis une importance historique en tant qu’idéologie du prolétariat révolutionnaire du fait que, loin de rejeter les plus grandes conquêtes de l’époque bourgeoise, il a — bien au contraire — assimilé et repensé tout ce qu’il y avait de précieux dans la pensée et la culture humaines plus de deux fois millénaires. Seul le travail effectué sur cette base et dans ce sens, animé par l’expérience de la dictature du prolétariat, qui est l’étape ultime de sa lutte contre toute exploitation, peut être considéré comme le développement d’une culture vraiment prolétarienne.

   5. S’en tenant rigoureusement à cette position de principe, le Congrès du « Proletkoult » de Russie rejette résolument, comme fausse sur le plan théorique et nuisible sur le plan pratique, toute tentative d’inventer une culture particulière, de s’enfermer dans ses organisations spécialisées, de délimiter les champs d’action du Commissariat du Peuple à l’Instruction publique et du « Proletkoult » ou d’établir « l’autonomie » du « Proletkoult » au sein des institutions du Commissariat du Peuple à l’Instruction publique, etc. Bien au contraire, le Congrès fait un devoir absolu à toutes les organisations du « Proletkoult » de se considérer entièrement comme des organismes auxiliaires du réseau d’institutions du Commissariat du Peuple à l’Instruction publique et d’accomplir, sous la direction générale du pouvoir des Soviets (et plus spécialement du Commissariat du Peuple à l’Instruction publique) et du Parti communiste de Russie, leurs tâches, en tant que partie des tâches inhérentes à la dictature du prolétariat.

   Le camarade Lounatcharski dit que sa pensée a été déformée. Cette résolution en est d’autant plus nécessaire.

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