11. Rapport sur la révision du programme du parti

La septième conférence de Russie du P.O.S.D.(b) R.
(Conférence d’avril), 24-29 avril (7-12 mai) 1917

Lénine

11. Rapport sur la révision du programme du parti, 28 avril

   Camarades, en ce qui concerne la révision du programme du parti, les choses se présentent de la façon suivante : on a remis à la commission un premier projet de modifications portant sur la déclaration de principe du programme et sur certains points fondamentaux de sa partie politique. Le programme doit être entièrement révisé car longtemps avant la guerre il était déjà considéré dans le parti comme complètement dépassé. Il est apparu finalement qu’il n’y avait aucune chance de pouvoir discuter un projet de modifications embrassant l’ensemble du programme. D’autre part, la commission a été unanime à reconnaître la nécessité absolue d’une révision, et, pour toute une série de questions, on peut et on doit indiquer le sens dans lequel cette révision doit s’opérer. Aussi avons-nous arrêté le projet de résolution que voici, que je vous lirai en ajoutant de brefs commentaires. Nous renonçons à présenter actuellement des thèses formulées avec précision et ne faisons qu’indiquer le sens général de la révision nécessaire.

   (L’orateur donne lecture de la résolution)

   La conférence estime nécessaire la révision du programme du parti dans le sens suivant :

   1. Appréciation de l’impérialisme et de l’époque des guerres impérialistes en liaison avec l’imminence de la révolution socialiste ; lutte contre la déformation du marxisme par les « jusqu’auboutistes », qui ont oublié le mot d’ordre de Marx : « Les prolétaires n’ont pas de patrie ».

   C’est tellement clair que tout commentaire serait superflu. La politique de notre parti est allée en réalité beaucoup plus loin et a déjà adopté dans la pratique l’attitude exprimée par cette formule.

   2. Rectification des thèses et des paragraphes concernant l’État, dans un sens correspondant à la revendication d’une république démocratique prolétarienne et paysanne (c’est-à-dire d’un type d’État sans police, sans armée permanente, sans corps privilégié de fonctionnaires), et non d’une république parlementaire bourgeoise.

   D’autres formules furent proposées sur ce point. L’une se référait à l’expérience de la Commune de Paris et des années 1870-1880, mais une formule de ce genre trop générale n’a pas été suffisante, une autre parlait d’une république des soviets des députés ouvriers, soldats et paysans, mais la majorité des camarades trouva que ce texte non plus n’était pas suffisant. Une définition est nécessaire, parce qu’il ne s’agit pas de coller un nom sur une institution, mais d’en préciser le caractère politique et la structure. En disant république prolétarienne et paysanne, nous soulignons son contenu social et son caractère politique.

   3. Élimination ou rectification des parties vieillies du programme politique.

   Notre activité politique générale dans les soviets des députés ouvriers et soldats est déjà entrée pratiquement dans cette voie et c’est pourquoi, nous n’en doutons pas, cette modification du programme sur ce point et la définition précise de la phase dans laquelle la révolution a trouvé notre parti ne peuvent susciter de divergences.

   4. Remaniement de divers points du programme politique minimum, afin de déterminer avec plus de précision les revendications démocratiques plus conséquentes.

   5. Remaniement complet, en maints endroits, de la partie économique vieillie du programme minimum, ainsi que des points se rapportant à l’instruction publique.

   Le principal, c’est que ces points ont vieilli ; le mouvement syndical les a dépassés.

   6. Remaniement du programme agraire conformément à la résolution adoptée sur la question agraire.

   7. Inscription au programme de la nationalisation des syndicats patronaux, etc., qui sont le mieux préparés à cette mesure.

   On a adopté ici une formule prudente, qui peut être interprétée dans un sens plus ou moins large selon les projets à paraître dans la presse.

   8. Adjonction d’une définition des principaux courants du socialisme contemporain.

   Une définition de ce genre fut ajoutée au Manifeste du parti communiste.

   La conférence charge le Comité central d’élaborer dans les deux mois, sur ces bases, un projet de programme du parti à présenter pour ratification au congrès du parti. La conférence invite toutes les organisations et tous les membres du parti à discuter les projets de programme, à les amender et à élaborer des contre-projets.

   Il a été indiqué que le lancement de brochures de propagande et d’un organe scientifique consacrés à cette question serait désirable, mais les hommes et les ressources nous font défaut. Cette résolution aidera à la révision rapide du programme. Elle sera envoyée aussi à l’étranger, afin que nos camarades internationalistes des autres pays puissent participer à la révision du programme entreprise par notre parti en partant de l’expérience de la guerre mondiale.

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