Comment peut-on terminer la guerre ?

Les tâches du prolétariat dans notre révolution

Lénine

Comment peut-on terminer la guerre ?

   10. On ne peut terminer la guerre « quand on veut ». On ne peut pas la terminer sur décision d’une des parties. On ne peut pas la terminer en « fichant la baïonnette en terre », pour employer l’expression d’un soldat partisan de la défense nationale.

   On ne peut pas terminer la guerre par une « entente » entre socialistes de divers pays, par une « action » des prolétaires de tous les pays, par la « volonté » des peuples, etc. Toutes les phrases de ce genre, qui foisonnent dans les articles des journaux defensistes, semi-défensistes et semi-internationalistes, ainsi que dans les innombrables résolutions, appels et manifestes, dans les résolutions du Soviet des députés ouvriers et soldats, ne sont que souhaits bien intentionnés, innocents et vains de petits bourgeois. Rien de plus nocif que ces phrases sur « 1’« affirmation » [de la volonté! de paix chez les peuples », sur le tour de l’action révolutionnaire du prolétariat (après le prolétariat russe, c’est le « tour » du prolétariat allemand), etc. Tout cela, c’est du louis-blancisme((Lénine appelle du louis-blancisme (du nom de Louis Blanc) l’abandon des positions de classe du prolétariat, la politique d’entente avec la bourgeoisie, les illusions petites-bourgeoises et les vains souhaits au lieu de la lutte implacable contre l’ennemi de classe.)), de doux rêves, c’est jouer aux « campagnes politiques », mais en fait c’est répéter la fable du chat et du cuisinier.

   La guerre n’est pas née de la mauvaise volonté des rapaces capitalistes, bien que, sans aucun doute, elle se fasse uniquement dans leur intérêt et n’enrichisse qu’eux-mêmes. Elle a été engendrée par un demi-siècle de développement du capitalisme mondial, par la multitude infinie de ses liens et de ses attaches. Il est impossible de s’arracher à la guerre impérialiste, impossible d’obtenir une paix démocratique, non imposée par la violence, sans renverser le pouvoir du Capital, sans faire passer le pouvoir à une autre classe, au prolétariat.

   La révolution russe de février-mars 1917 a marqué le début de la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile.

   Cette révolution a fait le premier pas vers la cessation de la guerre. Seul le second pas — le passage du pouvoir au prolétariat — peut en assurer la cessation. Ce sera dans le monde entier le début de la « rupture du front », du front des intérêts du Capital, et ce n’est qu’en rompant ce front que le prolétariat peut soustraire l’humanité aux horreurs de la guerre et lui dispenser les bienfaits d’une paix durable.

   Et c’est en créant les Soviets des députés ouvriers que la révolution russe a déjà amené le prolétariat de Russie tout près de cette « rupture du front » du Capital.

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