Un mensonge éhonté des capitalistes

Un mensonge éhonté des capitalistes

Lénine

   Rédigé le 11 (24) avril 1917. Paru le 12 avril 1917 dans le n° 30 de la « Pravda »

   Ce n’est pas assez des mensonges des journaux capitalistes et de leur campagne d’excitation contre la Pravda ; ce n’est pas assez que la Retch rivalise à cet égard avec la Rousskaïa Volia qu’elle ne saurait considérer sans mépris.

   Ce sont à présent les ministres du gouvernement des capitalistes qui tiennent le langage de la Rousskaïa Volia. La Retch cite aujourd’hui les propos du ministre Nékrassov qui, le 9 avril, a déclaré à Moscou, lors d’une réunion du parti cadet :

   « D’effroyables appels à la violence retentissent aujourd’hui avenue Kamennoostrovski. »

   A l’instar de la Rousskaïa Volia, monsieur le Ministre ment sans vergogne, trompe le peuple, vient à la rescousse des pires réactionnaires tout en se cachant derrière eux et sans oser nommer ni un journal, ni un orateur, ni un parti.

   Monsieur le Ministre préfère les allusions obscures, dans l’espoir que certains ne le comprendront pas !

   Mais tout homme politiquement averti comprendra que M. le Ministre parle de la Pravda, organe du Comité central du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, et de ceux qui partagent ses idées.

   Vous mentez, M. le Ministre, M. le membre du parti de la « liberté du peuple ». Les appels à la violence sont le fait de M. Goutchkov, qui menace de châtier les soldats quand ceux-ci révoquent leurs chefs. Les appels à la violence sont le fait de la Rousskaïa Volia qui sympathise avec vous et est l’organe archiréactionnaire des archiréactionnaires « républicains ».

   La Pravda et ses partisans, loin de prêcher la violence, disent au contraire avec le maximum de netteté, de précision et de résolution, que toute notre action à l’heure actuelle vise essentiellement à expliquer aux masses prolétariennes leurs tâches prolétariennes, à la différence de la petite bourgeoisie en proie à l’ivresse chauvine.

   Tant que vous vous bornez, MM. les capitalistes, Goutchkov et Cie, aux menaces de violence ; tant que vous n’usez pas de violence ; tant qu’il existe des Soviets de députés ouvriers et soldats, tant que vous n’avez pas mis à exécution vos menaces contre les Soviets (menaces que, par exemple, M. Wilson, collaborateur de Milioukov et correspondant du Times, a rendues publiques sans plus de façons), tant que vous n’exercez pas de contrainte sur les masses, nous, partisans de la Pravda, déclarons et répétons que nous voyons dans les Soviets des députés ouvriers et soldats la seule forme possible de gouvernement.

   Lutter pour répandre notre influence parmi les masses prolétariennes et dans les Soviets des députés ouvriers et soldats ; expliquer en quoi consistent les erreurs de leur tactique, expliquer tout ce que contient de duperie l’ivresse chauvine (= le « jusqu’auboutisme révolutionnaire ») : telle est notre tactique, celle de tous les partisans de la Pravda, celle de tout notre Parti, en ce moment et aussi longtemps que vous, MM. les capitalistes, vous qui disposez des cadres de l’armée, n’aurez pas eu recours à la force.

   M. le ministre Nékrassov le sait très bien, quand ce ne serait que par les citations que la Retch elle-même a bien été obligée de reproduire. M. le Ministre imite la Rousskaïa Volia ; par le mensonge, la calomnie, la persécution, les menaces de violence, il veut entraver la libre expression de la vérité.

   Non, MM. les Nékrassov, vous n’y réussirez pas !

   Les ouvriers et les soldats veulent connaître la vérité, veulent voir clair dans les problèmes de la guerre, de la paix, de l’organisation de l’Etat. Et ils finiront par y voir clair.

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