Les particularités historiques de la Révolution Culturelle en Chine

La Démocratie Nouvelle

Mao Zedong

XII. Les particularités historiques de la Révolution Culturelle en Chine

   Sur le front culturel ou sur le front idéologique, la période qui précède le Mouvement du 4 Mai et celle qui le suit constituent deux périodes historiques distinctes.

   Avant le Mouvement du 4 Mai, la lutte sur le front culturel en Chine opposait la nouvelle culture bourgeoise à la vieille culture féodale. Les luttes entre le système scolaire moderne et le système des examens impériaux((Le système scolaire moderne, c’est le système d’enseignement en vigueur dans les pays capitalistes d’Europe et d’Amérique. Le système des examens impériaux, c’est l’ancien système des examens de la Chine féodale. Dans les dernières années du XIXème siècle, les intellectuels éclairés de la Chine avaient préconisé l’abolition du système des examens impériaux et l’établissement d’écoles modernes.)), entre la nouvelle école et l’ancienne, entre les études à l’occidentale et les études à la chinoise étaient toutes de cette nature. Par système scolaire moderne, nouvelle école ou études à l’occidentale on entendait essentiellement (nous disons essentiellement, parce qu’il s’y mêlait encore bien des séquelles de la féodalité chinoise) les sciences de la nature et les doctrines sociales et politiques de la bourgeoisie dont avaient besoin ses représentants. A l’époque, l’idéologie de cette nouvelle école joua un rôle révolutionnaire en combattant l’idéologie féodale chinoise ; elle était au service de la révolution démocratique bourgeoise de l’ancienne période. Toutefois, comme la bourgeoisie chinoise était impuissante et que le monde était déjà parvenu au stade de l’impérialisme, cette idéologie bourgeoise fut repoussée dès les premières rencontres par l’alliance réactionnaire des idées serviles, inculquées par l’impérialisme étranger, et des idées féodales de « retour aux anciens ». Face à la contre-offensive esquissée par cette alliance idéologique réactionnaire, la nouvelle école roula ses drapeaux, fit taire ses tambours et sonna la retraite ; son âme perdue, il ne resta d’elle que l’enveloppe. Dès l’époque de l’impérialisme, l’ancienne culture démocratique bourgeoise, corrompue, avait perdu toute vigueur ; sa défaite était inévitable.

   Mais à partir du « 4 Mai », les choses ont changé de cours. Une force culturelle toute nouvelle est apparue en Chine, ce sont la culture et l’idéologie communistes, guidées par les communistes chinois, autrement dit, la conception communiste du monde et la théorie communiste de la révolution sociale. Le Mouvement du 4 Mai se produisit en 1919 ; la fondation du Parti communiste chinois et le début réel du mouvement ouvrier datent de 1921. Ces événements ont eu lieu après la Première guerre mondiale et la Révolution d’Octobre, c’est-à-dire au moment où, sur le plan mondial, la question nationale et le mouvement révolutionnaire dans les colonies prenaient un aspect nouveau Ici, la relation entre la révolution chinoise et la révolution mondiale devient manifeste. Grâce à l’apparition sur la scène politique chinoise de nouvelles forces politiques prolétariat et Parti communiste, la nouvelle force culturelle, en nouvel uniforme et pourvue d’armes nouvelles, rassemblant tous les alliés possibles et se rangeant en ordre de bataille, lançait une offensive hardie contre les cultures impérialiste et féodale. Cette force nouvelle a connu une grande expansion dans le domaine des sciences sociales (philosophie, sciences économiques, politiques, militaires, historiques) comme dans celui de la littérature et de l’art (théâtre, cinéma, musique, sculpture, peinture). Depuis vingt ans, partout où elle a porté ses attaques, elle a suscité une grande révolution, aussi bien dans le contenu idéologique que dans la forme (dans la langue écrite, par exemple). Elle a donné une impulsion si forte, fait preuve d’une puissance si considérable qu’elle fut irrésistible. La mobilisation qu’elle a réalisée est d’une ampleur sans égale dans l’histoire de la Chine. Et Lou Sin est le porte-drapeau le plus glorieux et le plus intrépide de cette nouvelle force culturelle. Commandant en chef de la révolution culturelle chinoise, il est grand non seulement comme homme de lettres, mais encore comme penseur et révolutionnaire. D’une rectitude inflexible, sans une ombre de servilité ou d’obséquiosité qualité inestimable pour le peuple d’un pays colonial ou semi-colonial Lou Sin représente sur le front culturel l’écrasante majorité du peuple ; il est le héros national le plus lucide, le plus courageux, le plus ferme, le plus loyal et le plus ardent qui ait jamais livré assaut aux positions ennemies. La voie dans laquelle il s’est engagé est celle de la nouvelle culture du peuple chinois.

   Avant le « 4 Mai », la nouvelle culture chinoise relevait de la culture de l’ancienne démocratie et constituait une partie de la révolution culturelle capitaliste de la bourgeoisie mondiale. Depuis le « 4 Mai », elle relève de la démocratie nouvelle et fait partie de la révolution culturelle socialiste du prolétariat mondial.

   Avant le « 4 Mai », le mouvement de la nouvelle culture, ou révolution culturelle chinoise, était mené par la bourgeoisie, qui jouait encore le rôle dirigeant. Depuis le « 4 Mai », la culture et l’idéologie de la bourgeoisie retardent encore plus que ses institutions politiques et ne sont plus du tout en mesure de jouer ce rôle. Tout au plus peuvent-elles, en période de révolution et jusqu’à un certain point, faire partie d’une alliance dont la direction revient nécessairement à la culture et l’idéologie du prolétariat. C’est là un fait patent, indéniable.

   La culture de démocratie nouvelle, c’est la culture anti-impérialiste antiféodale des masses populaires ; c’est aujourd’hui la culture du front uni de résistance contre le Japon. Elle ne peut être dirigée que par la culture et l’idéologie du prolétariat, c’est-à-dire par l’idéologie communiste ; la culture et l’idéologie d’aucune autre classe ne peuvent assumer ce rôle. Bref, la culture de démocratie nouvelle, c’est la culture antiimpérialiste et antiféodale, appartenant aux masses populaires et dirigée par le prolétariat.

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