Résoudre le problème des Cinq Excès

Résoudre le problème des Cinq Excès((Directive à l’intention du Parti, rédigée par le camarade Mao Tsétoung au nom du Comité central du Parti communiste chinois.))

Mao Zedong

19 mars 1955

1. Dans le travail rural des organismes du Parti et du gouverne­ment se manifeste une sérieuse tendance à s’éloigner des masses paysannes et à porter atteinte aux intérêts des paysans et des éléments actifs parmi eux. Il s’agit du problème dit des « cinq excès »: trop de tâches, trop de réunions et de stages de formation, trop de documents, de comptes rendus et de formulaires de statistiques, trop d’organisa­tions, cumul de trop de fonctions par les éléments actifs. Ces questions existent depuis bien longtemps, et le Comité central a déjà donné des directives sur certaines d’entre elles, pressant les comités du Parti aux divers échelons d’y prêter une grande attention et de leur apporter une solution. Cependant, bien loin d’être réglé, le problème s’aggrave de plus en plus. La raison en est qu’on ne l’a pas posé systématiquement dans son ensemble et surtout qu’on n’a pas lutté contre l’ultra- décentralisation et la bureaucratie dans les organismes dirigeants du Parti et du gouvernement à l’échelon de l’autorité centrale, de la grande région administrative, de la province (municipalité), de la préfecture et du district. En effet, les “cinq excès » qui apparaissent au niveau de l’arrondissement et du canton ne sont pas, d’une façon générale, un produit local: ils viennent d’en haut. Ils ne sont que des contrecoups de l’ultra-décentralisation et de la bureaucratie qui sévissent dans les organismes dirigeants du Parti et du gouvernement à l’échelon du district et au-dessus; certains de ces « excès » sont un héritage des périodes de la guerre révolutionnaire et de la réforme agraire, et aujourd’hui, on les retrouve tels quels. C’est pourquoi, pendant toute l’année 1955, quand il s’agira de concrétiser les directives du Comité central concernant la lutte contre la bureaucratie, l’autoritarisme et les infractions aux lois et règlements, il faudra surtout éliminer la bureau­cratie et l’ultra-décentralisation au sein des organismes dirigeants et modifier les règlements et les dispositions qui étaient nécessaires dans le passé, mais qui ne le sont plus; c’est ainsi seulement qu’on pourra résoudre ce problème. Désormais, il appartiendra aux principaux camarades responsables des comités du Parti et des organismes du gouvernement à l’échelon du district et au-dessus, d’établir, en tenant compte des possibilités réelles, les règlements appropriés que les organismes dirigeants des divers échelons devront observer pour répartir les tâches, convoquer des réunions et recruter des stagiaires, distribuer des documents et des formulaires de statistiques à remplir et demander des comptes rendus aux échelons inférieurs, fixer les formes d’organisation des arrondissements et des cantons et employer les éléments actifs des campagnes; dans certains cas, c’est l’autorité centrale qui se chargera de prendre des dispositions à observer par les organismes de tous les échelons. Les différentes sections des organismes du Parti et du gouvernement ainsi que des organisations populaires aux divers échelons pouvaient autrefois assigner chacune de son côté des tâches aux échelons inférieurs, convoquer à leur gré à des réunions ou à des stages de formation les cadres qui leur étaient subordonnés et les éléments actifs des campagnes, distribuer à leur guise documents et formulaires de statistiques, et demander, quand bon leur semblait, des comptes rendus aux échelons inférieurs ou aux organismes des régions rurales. Il faut supprimer résolument toutes ces pratiques et dispositions défectueuses et les remplacer par d’au­tres qui émanent d’une direction unique et soient adaptées aux cir­constances. Le fait qu’il existe à la campagne toutes sortes de comités dans chaque canton et que les éléments actifs cumulent trop de fonc­tions entrave la production et nous coupe des masses. Nous devons aussi mettre fin à cet état de choses, résolument et de façon métho­dique.

2. Pour les organismes intéressés du Parti, du gouvernement et des organisations populaires à l’échelon central, le Comité central charge respectivement les camarades responsables du Département de l’Organisation du Comité central, du Conseil d’Administration du Gouvernement populaire central, ainsi que des trois commissions relevant du Conseil — Commission des Finances et de l’Economie, Commission de la Culture et de l’Education, et Commission des Affaires politiques et juridiques — d’examiner rapidement toutes les pratiques qui ont donné lieu aux « cinq excès », d’établir des règlements et des dispositions appropriés et d’en faire un rapport au Comité central.

3. En ce qui concerne les grandes régions administratives, les provinces et les municipalités, il incombe aux camarades responsables des bureaux et sous-bureaux du Comité central, des comités provin­ciaux et municipaux du Parti et des organismes du gouvernement des échelons correspondants d’examiner le problème des “cinq excès », de décider des mesures à prendre pour le régler et de faire un rapport à ce sujet au Comité central. A cet effet, les bureaux et sous-bureaux du Comité central, les comités provinciaux et municipaux du Parti sont priés d’envoyer chacun un groupe de contrôle dans un ou deux arrondissements ou cantons placés sous leur autorité (un ou deux arron­dissements ou quartiers dans les villes) pour y mener une enquête spécifique sur le problème des “cinq excès ». Les renseignements ainsi recueillis serviront de références pour résoudre ce problème.

4. Aux échelons de la préfecture et du district, le problème des “cinq excès » sera résolu sous la direction du comité provincial du Parti.

5. A la campagne, la production agricole a la priorité sur toutes les autres tâches, celles-ci sont axées sur elle et mises à son service. Il faut s’abstenir de toutes les prétendues tâches et méthodes de travail susceptibles de gêner les paysans dans leur activité productrice. A l’heure actuelle, l’agriculture de notre pays reste, pour l’essentiel, une petite économie paysanne à exploitation dispersée utilisant des instru­ments aratoires de type ancien; c’est très différent de l’agriculture col­lectivisée et mécanisée de l’Union soviétique. Par conséquent, dans l’actuelle période de transition, nous ne sommes pas encore en mesure de procéder dans l’agriculture à une production planifiée et unifiée, sauf dans les fermes d’Etat, et nous ne devons pas trop intervenir dans les activités des paysans. C’est seulement par la politique des prix et un travail nécessaire et adéquat sur le plan économique comme sur le plan politique que nous pouvons diriger la production agricole, l’harmoniser avec la production industrielle et l’intégrer dans le plan économique de l’Etat. Les « plans » agricoles et les « tâches » des régions rurales, qui dépassent cette limite, seront sûrement irréalisables. De plus, ils susciteront l’opposition des paysans et couperont notre Parti des masses paysannes qui représentent plus de 80 pour cent de la popu­lation de notre pays. Ce serait fort dangereux. Le problème des « cinq excès », que l’on constate dans le travail au niveau de l’arrondissement et du canton, est dans une grande mesure une manifestation de cette ingérence excessive dans les activités des paysans (ces “excès » sont en partie des survivances des mesures qui avaient été prises pour répondre aux nécessités de la guerre révolutionnaire et de la réforme agraire). Ce problème a déjà provoqué le mécontentement des paysans et il nous importe d’y apporter remède.

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