8. Autres problèmes

Les problèmes économiques du socialisme en URSS

Staline

8. Autres problèmes

1) La question de la contrainte extra-économique sous le féodalisme.

   Sans doute, la contrainte extra-économique a contribué à consolider le pouvoir économique des féodaux, sans constituer toutefois la base du féodalisme ; c’était la propriété féodale de la terre qui en était le fondement.

2) La question de la propriété personnelle du foyer kolkhozien.

   On aurait tort de dire dans le projet de manuel que « chaque foyer kolkhozien dispose personnellement d’une vache, de menu bétail et de volaille ». On sait qu’en réalité la vache, le menu bétail, la volaille, etc., ne sont pas un objet de jouissance personnelle, mais la propriété personnelle du foyer kolkhozien. L’expression « jouissance personnelle » a été empruntée sans doute au Statut-type de l’artel agricole. Mais il y a là une erreur. La Constitution de l’U.R.S.S., élaborée avec plus de soin, dit autre chose, à savoir : Chaque foyer kolkhozien… sur ce terrain possède en propre une économie auxiliaire, une maison d’habitation, le bétail de production, la volaille et le menu matériel agricole. (Constitution de l’U.R.S.S., p. 4, Éditions Sociales, Paris, 1945).

   C’est exact, bien entendu.

   Il faudrait, en outre, dire avec plus de détail que chaque kolkhozien possède en propre d’une à tant de vaches, selon les conditions locales, tant de moutons, de chèvres, de porcs (en nombre à déterminer suivant les conditions locales) et un nombre illimité de volailles (canards, oies, poules, dindes).

   Ces détails ont une grande importance pour nos camarades à l’étranger, qui veulent savoir exactement ce qui reste proprement au foyer kolkhozien à titre de propriété personnelle, après que la collectivisation agricole a été réalisée chez nous.

3) La question des fermages que les paysans devaient aux propriétaires fonciers, de même que les dépenses nécessitées par l’achat de terre.

   Il est dit dans le projet de manuel qu’à la suite de la nationalisation du sol « la paysannerie s’est libérée des fermages qu’elle payait aux propriétaires fonciers − près de 500 millions de roubles par an » (ajoutons : « en or »). Il importerait de préciser ce chiffre, car il établit, ce me semble, le fermage payé non pas dans toute la Russie, mais dans la plupart des provinces russes. Il ne faut pas perdre de vue que sur certains confins de la Russie, le fermage se payait en nature, ce dont les auteurs du projet de manuel n’ont sans doute pas tenu compte. En outre, il ne faut pas oublier que la paysannerie s’est libérée des fermages, mais aussi des dépenses annuelles nécessitées par les achats de terre. En a-t-on tenu compte dans le projet de manuel ? Il me semble que non ; or, il faudrait en tenir compte.

4) Le problème de l’intégration des monopoles à l’appareil d’État.

   Le mot « intégration » est employé ici improprement. Terme qui exprime superficiellement et sous forme descriptive le rapprochement des monopoles et de l’État, mais sans dégager le sens économique de ce rapprochement qui n’entraîne pas simplement l’intégration, mais la soumission de l’appareil d’État aux monopoles. Il faudrait donc rejeter le mot « intégration », et y substituer les mots « soumission de l’appareil d’État aux monopoles ».

5) De l’emploi des machines en U.R.S.S.

   Il est dit dans le projet de manuel qu’ »en U.R.S.S., les machines sont employées toutes les fois qu’elles économisent le travail à la société ». Ce n’est pas du tout ce qu’il faudrait dire. D’abord, les machines en U.R.S.S. économisent toujours le travail à la société, ce qui fait que nous ne connaissons pas d’exemple de machines qui, en U.R.S.S., n’aient pas économisé le travail à la société. En second lieu, les machines n’économisent pas uniquement le travail, elles facilitent le labeur des hommes, ce qui fait que dans nos conditions, contrairement à celles du capitalisme, les ouvriers emploient très volontiers les machines dans leur travail.

   Il faudrait donc dire que nulle part les machines ne sont employées aussi volontiers qu’en U.R.S.S., puisqu’elles économisent le travail à la société et facilitent la peine des hommes. Et comme le chômage n’existe pas en U.R.S.S., les ouvriers emploient très volontiers les machines dans l’économie nationale.

6) De la situation matérielle de la classe ouvrière dans les pays capitalistes.

   Quand on parle de la situation matérielle de la classe ouvrière, on pense d’habitude aux ouvriers occupés, et l’on ne tient pas compte de la situation matérielle de ce qu’on appelle l’armée de réserve, l’armée des chômeurs. Une telle façon de traiter de la situation matérielle de la classe ouvrière est-elle juste ? Je pense que non. Si les chômeurs forment une armée de réserve, dont les membres n’ont pas de quoi vivre, sinon de la vente de leur force de travail, les chômeurs doivent forcément faire partie de la classe ouvrière ; mais alors leur situation misérable ne peut qu’influer sur la situation matérielle des ouvriers occupés. Je pense donc qu’en définissant la situation matérielle de la classe ouvrière dans les pays capitalistes, il faudrait tenir compte aussi de la situation de l’armée de réserve des sans-travail.

7) La question du revenu national.

   Je pense qu’il faudrait inclure absolument dans le projet de manuel un nouveau chapitre sur le revenu national.

8) En ce qui concerne le chapitre spécial du manuel sur Lénine et Staline, créateurs de l’économie politique du socialisme.

   Je pense que le chapitre « La doctrine marxiste du socialisme. La création par Lénine et Staline d’une économie politique du socialisme » doit être supprimé. Il est absolument inutile dans ce manuel, puisqu’il n’apporte rien de nouveau et ne fait que répéter faiblement ce qui a été dit avec plus de détails dans les chapitres précédents. En ce qui concerne les autres problèmes, je n’ai pas d’observations à ajouter aux « propositions » des camarades Ostrovitianov, Léontiev, Chépilov, Gatovski et autres.

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