2. Encerclement capitaliste

Pour une formation bolchévik

Staline

2. Encerclement capitaliste

   Quels sont donc les faits qu’ont oubliés ou que n’ont simple ment pas remarqués nos camarades du Parti ?

   Ils ont oublié que le pouvoir des Soviets n’a triomphé que sur un sixième du globe, que les cinq sixièmes du globe sont la possession des Etats capitalistes. Ils ont oublié que l’Union soviétique se trouve dans l’encerclement capitaliste.

   On a coutume, chez nous, de bavarder sur l’encerclement capitaliste ; mais, pour ce qui est de réfléchir à ce qu’est cette chose-là, l’encerclement capitaliste, on s’y refuse. L’encerclement capitaliste n’est pas une phrase creuse, c’est une chose très réelle et fort désagréable.

   L’encerclement capitaliste, cela veut dire qu’il existe un pays, l’Union soviétique, qui a instauré chez lui l’ordre socialiste, et qu’il existe, en outre, un grand nombre de pays, pays bourgeois, qui continuent à mener un genre de vie capitaliste et qui encerclent l’Union soviétique, guettant une occasion de l’attaquer, de la briser ou, en tout cas, de saper sa puissance et de l’affaiblir.

   Ce fait essentiel, nos camarades l’ont oublié. Et c’est pourtant bien lui qui détermine la base des relations entre l’encerclement capitaliste et l’Union soviétique.

   Prenons, par exemple, les Etats bourgeois. Des gens naïfs pourraient croire qu’il n’existe entre eux que de bonnes relations, comme entre Etats d’un seul et même type.

   Mais, seuls, des gens naïfs peuvent penser ainsi. En réalité, les rapporta entre ces Etats sont loin d’être des rapports de bon voisinage.

   Il a été démontré, comme deux fois deux font quatre, que les Etats bourgeois se dépêchent mutuellement, sur leurs arrières, leurs espions, leurs saboteurs, leurs agents de diversion, et, parfois aussi, leurs assassins ; qu’ils leur donnent comme tâche de s’insinuer dans les établissements et entreprises de ces Etats, et les noyauter, et, « en cas de nécessité », de faire sauter les arrières de ces Etats, pour les affaiblir et saper leur puissance.

   Il en est ainsi à l’heure présente.

   Il en fut ainsi dans le passé également. Prenons, par exemple, les Etats européens de l’époque de Napoléon Ier. La France grouillait alors d’espions et d’agents de diversion, venus du camp des Russes, Allemands, Autrichiens, Anglais.

   Et, inversement, l’Angleterre, les Etats d’Allemagne, l’Autriche, la Russie avaient alors sur leurs arrières un nombre non moins grand d’espions et d’agents de diversion du camp français.

   Par deux fois, les agents de l’Angleterre attentèrent à la vie de Napoléon et ils soulevèrent à plusieurs reprises les paysans vendéens, en France, contre le gouvernement de Napoléon.

   Et qu’était le gouvernement de Napoléon ? Un gouvernement bourgeois qui étouffa la Révolution française et conserva seulement les résultats de la révolution qui étaient avantageux pour la grosse bourgeoisie.

   Il va de soi que le gouvernement de Napoléon n’était pas en reste avec ses voisins et lui aussi prenait des mesures de diversion. Il en était ainsi autrefois, il y a de cela cent trente ans.

   Il en est ainsi maintenant, cent trente ans après Napoléon Ier. A l’heure actuelle, la France et l’Angleterre grouillent d’espions et d’agents de diversion allemands ; et, inversement, les espions et agents de diversion anglo-français agissent, de leur côté, en Allemagne.

   Les Etats-Unis d’Amérique grouillent d’espions et d’agents de diversion japonais, et le Japon d’espions et d’agents de diversion américains.

   Telle est la loi des rapports entre Etats bourgeois.

   On se demande pourquoi les Etats bourgeois devraient observer envers l’Etat soviétique socialiste une attitude plus délicate et de meilleur voisinage qu’envers les Etats bourgeois de même type qu’eux ?

   Pourquoi doivent-ils dépêcher à l’arrière de l’Union soviétique moins d’espions, de saboteurs, d’agents de diversion et d’assassins qu’ils n’en ont sur les arrières des Etats bourgeois congénères ? Où avez-vous été chercher cela ?

   Ne serait-il pas plus juste de supposer, du point de vue marxiste, que les Etats bourgeois doivent dépêcher à l’arrière de l’Union soviétique deux fois et trois fois plus de saboteurs, d’espions, d’agents de diversion et d’assassins qu’ils n’en envoient à l’arrière de n’importe quel Etat bourgeois ?

   N’est-il pas clair que tant qu’existe l’encerclement capitaliste, existeront chez nous les saboteurs, les espions, les agents de diversion et les assassins dépêchés à l’arrière de notre pays par les agents des Etats étrangers ?

   Tout cela, nos camarades du Parti l’avaient oublié ; ils ont été pris au dépourvu.

   Voilà pourquoi l’activité de diversion et d’espionnage des agents trotskistes de la police secrète japonaise et allemande a été une chose tout à fait inattendue pour certains de nos camarades.

flechesommaire2