5. Nos tâches

Pour une formation bolchévik

Staline

5. Nos tâches

   Comment liquider ces défauts de notre travail ?

   Que faut-il faire pour cela ?

   Il est nécessaire de réaliser les mesures suivantes :

   1. – Il faut avant tout orienter l’attention de nos camarades du Parti, qui restent embourbés dans les « questions courantes » de tel ou tel service, vers les grandes questions politiques d’ordre international et intérieur.

   2. – Il faut élever le travail politique de notre Parti au niveau nécessaire, en plaçant au premier plan l’instruction politique et la trempe bolchevik des cadres du Parti, de l’Etat et de l’économie nationale.

   3. – Il faut expliquer à nos camarades du Parti que les succès économiques, dont l’importance est incontestablement très grande, et auxquels nous continuerons à travailler de jour en jour, d’année en année, n’épuisent cependant pas tous les problèmes de notre édification socialiste.

   Expliquer que les côtés négatifs des succès économiques, qui sont le contentement de soi, l’insouciance, l’émoussement du flair politique, ne peuvent être liquidés que si, aux succès économiques s’ajoutent les succès de l’édification du Parti et d’un vaste travail politique de notre Parti.

   Expliquer que les succès économiques eux-mêmes, leur solidité et leur durée dépendent entièrement et sans réserve des succès du travail d’organisation et du travail politique du Parti ; qu’en l’absence de ces conditions, les succès économiques peuvent s’avérer bâtis sur le sable.

   4. – Il faut se rappeler et ne jamais oublier que l’encerclement capitaliste est le fait essentiel qui détermine la situation internationale de l’Union soviétique.

   Il faut se rappeler et ne jamais oublier que tant qu’existe l’encerclement capitaliste, existeront les saboteurs, les agents de diversion, les espions, les terroristes dépêchés à l’arrière de l’Union soviétique par les services d’espionnage des Etats étrangers : il faut s’en souvenir et mener la lutte contre les camarades qui sous-estiment l’importance de l’encerclement capitaliste, qui sous-estiment les forces et l’importance du sabotage.

   Expliquer à nos camarades du Parti qu’il n’est point de succès économiques, si grands soient-ils, qui puissent annuler le fait de l’encerclement capitaliste et les conséquences découlant de ce fait. Appliquer les mesures nécessaires pour que nos camarades, les bolcheviks, membres et non-membres du Parti, aient la possibilité de prendre connaissance des buts et des tâches, de la pratique et de la technique de l’action de sabotage, d’espionnage et de diversion des services d’espionnage étrangers.

   5. – Il faut expliquer à nos camarades du Parti que les trotskistes, qui sont des éléments actifs de l’action de sabotage, de diversion et d’espionnage des services d’espionnage étrangers, ont depuis longtemps déjà cessé d’être un courant politique dans la classe ouvrière ; qu’ils ont depuis longtemps déjà cessé de servir quelque idée que ce soit, compatible avec les intérêts de la Classe ouvrière ; qu’ils sont devenus une bande, sans principes et sans idées, de saboteurs, d’agents de diversion, d’espions, d’assassins à la solde des services d’espionnage étrangers.

   Expliquer que, dans la lutte contre le trotskisme de nos jours, ce qu’il faut maintenant, ce ne sont pas les vieilles méthodes, les méthodes de discussion, mais les méthodes nouvelles, les méthodes consistant à extirper, à mettre en déroute.

   6. – Il faut expliquer à nos camarades du Parti la différence qui existe entre les saboteurs actuels et les saboteurs de l’époque de l’affaire de Chakhti ; expliquer que si les saboteurs de l’époque de Chakhti trompaient nos hommes sur le terrain technique, en exploitant leur retard technique, les saboteurs actuels, en possession de la carte du Parti, trompent nos hommes par la confiance politique qui leur est faite, comme à des membres du Parti, en exploitant l’insouciance politique de nos hommes.

   Il faut compléter l’ancien mot d’ordre sur l’assimilation de la technique, mot d’ordre qui correspondait à l’époque de Chakhti, par un nouveau mot d’ordre sur l’éducation politique des cadres, sur l’assimilation du bolchévisme et la liquidation de notre crédulité politique, mot d’ordre qui correspond parfaitement à l’époque que nous vivons.

   On peut demander : n’était-il pas possible, dix ans plus tôt, pendant l’époque de Chakhti, de formuler d’emblée les deux mots d’ordre, le premier sur l’assimilation de la technique, et le deuxième sur l’éducation politique des cadres ?

   Non, cela n’était pas possible. Ce n’est pas ainsi que les choses se font dans notre Parti bolchevik.

   Aux moments où le mouvement révolutionnaire opère un tournant, toujours est formulé un mot d’ordre essentiel, un mot d’ordre crucial dont nous nous saisissons pour pouvoir, grâce à lui, tirer à nous toute la chaîne.

   Voici ce que Lénine nous a enseigné : trouvez l’anneau essentiel dans la chaîne de notre travail, saisissez-vous-en et tirez-le pour pouvoir, grâce à lui, tirer à vous toute la chaîne et marcher de l’avant.

   L’histoire du mouvement révolutionnaire montre que cette tactique est la seule juste.

   A l’époque de Chakhti, la faiblesse de nos hommes résidait dans leur retard technique.

   Ce n’étaient pas les questions politiques, mais les questions techniques qui étaient alors pour nous le point faible.

   Quant à notre attitude politique à l’égard des saboteurs de ce temps, elle est parfaitement claire : attitude de bolcheviks à l’égard d’hommes politiques étrangers.

   Cette faiblesse technique, nous l’avons liquidée en formulant le mot d’ordre de l’assimilation de la technique et en éduquant, pendant la période écoulée, des dizaines et des centaines de milliers de bolcheviks techniquement ferrés.

   Il en va autrement maintenant que nous possédons des cadres bolcheviks techniquement ferrés, et que le rôle de saboteurs est tenu non plus par des hommes ouvertement étrangers, mais par des hommes qui n’ont, par-dessus le marché, aucun avantage technique sur nos hommes à nous, mais par des hommes possédant la carte du Parti et jouissant de tous les droits réservés aux membres du Parti.

   Maintenant, la faiblesse de nos hommes, ce n’est pas leur retard technique, mais leur insouciance politique, leur confiance aveugle envers ceux qu’un hasard a mis en possession de la carte du Parti ; l’absence d’un contrôle sur les hommes, non d’après leurs déclarations politiques, mais d’après les résultats de leur travail.

   Maintenant, la question cruciale pour nous n’est pas de liquider le retard technique de nos cadres, celui-ci l’étant déjà dans l’essentiel, mais de liquider l’insouciance politique et la crédulité politique à l’égard des saboteurs qu’un hasard a mis en possession de la carte du Parti.

   Telle est la différence essentielle entre la question cruciale de la lutte pour les cadres à l’époque de Chakhti, et la question cruciale de la période présente.

   Voilà pourquoi, il y a dix ans, nous ne pouvions, ni ne devions lancer ensemble les deux mots d’ordre, celui de l’assimilation de la technique et celui de l’éducation politique des cadres.

   Voilà pourquoi il est nécessaire maintenant de compléter l’ancien mot d’ordre de l’assimilation de la technique par un nouveau mot d’ordre sur l’assimilation du bolchévisme, sur l’éducation politique des cadres et la liquidation de notre insouciance politique.

   7. – Il faut démolir et rejeter loin de nous la théorie pourrie selon laquelle, à chaque pas que nous faisons en avant, la lutte de classe, chez nous, devrait, prétend-on, s’éteindre de plus en plus ; qu’au fur et à mesure de nos succès, l’ennemi de classe s’apprivoiserait de plus en plus.

   C’est non seulement une théorie pourrie, mais une théorie dangereuse, car elle assoupit nos hommes, elle les fait tomber au piège et permet à l’ennemi de classe de se reprendre, pour la lutte contre le pouvoir des Soviets.

   Au contraire, plus nous avancerons, plus nous remporterons de succès et plus la fureur des débris des classes exploiteuses en déroute sera grande, plus ils recourront vite aux formes de la lutte plus aiguës, plus ils nuiront à l’Etat soviétique, plus ils se raccrocheront aux procédés de lutte les plus désespérés, comme au dernier recours d’hommes voués à leur perte.

   Il ne faut pas perdre de vue que les débris des classes défaites en U.R.S.S. ne sont pas solitaires.

   Ils bénéficient de l’appui direct de nos ennemis, au delà des frontières de l’U.R.S.S. Ce serait une erreur de croire que la sphère de la lutte de classe est limitée aux frontières de l’U.R.S.S.

   Si une aile de la lutte de classe agit dans le cadre de l’U.R.S.S., son autre aile s’étend jusque dans les limites des Etats bourgeois qui nous entourent.

   Les débris des classes défaites ne peuvent l’ignorer. Et, justement parce qu’ils le savent, ils continueront à l’avenir encore leurs attaques désespérées.

   C’est ce que nous enseigne l’histoire. C’est ce que nous enseigne le léninisme.

   Il faut se rappeler tout cela et se tenir sur le qui-vive.

   8. – Il faut démolir et rejeter loin de nous une autre théorie pourrie, selon laquelle ne pourrait être saboteur celui qui ne se livre pas constamment au sabotage et qui, ne serait-ce que de temps à autre, montre des succès dans son travail.

   Cette étrange théorie dénonce la naïveté de ses auteurs. Il n’est pas de saboteur qui s’avise de saboter continuellement, s’il ne veut pas être démasqué à bref délai.

   Au contraire, un vrai saboteur doit, de temps en temps, montrer des succès dans son travail, cela étant pour lui l’unique moyen de se préserver comme saboteur, de gagner la confiance et de poursuivre son travail de sabotage. Je pense que cette question est claire et se passe d’explications complémentaires.

   9. – Il faut démolir et rejeter loin de nous la troisième théorie pourrie, selon laquelle l’exécution systématique des plans de l’économie réduirait à néant le sabotage et ses résultats. Une telle théorie ne peut poursuivre qu’un but : chatouiller un peu l’amour-propre bureaucratique de nos administrateurs, les tranquilliser et affaiblir leur lutte contre le sabotage.

   Que signifie « exécution systématique de nos plans de l’économie » ?

   Premièrement, il a été prouvé que tous nos plans économiques sont infériorisés, car ils ne tiennent pas compte des immenses réserves et des possibilités que recèle notre économie nationale.

   Deuxièmement, l’exécution globale et dans leur ensemble des plans économiques par les commissariats du peuple, ne signifie pas encore que les plans soient aussi exécutés par certaines branches très importantes.

   Au contraire, les faits attestent que tout un ensemble de commissariats du peuple, qui ont accompli et même dépassé les plans économiques annuels, systématiquement n’exécutent pas les plans de certaines branches très importantes de l’économie nationale.

   Troisièmement, il ne peut faire doute que si les saboteurs n’avaient pas été démasqués et boutés dehors, les choses iraient infiniment plus mal en ce qui concerne l’exécution des plans économiques, ce dont devraient se souvenir les auteurs myopes de la théorie analysée.

   Quatrièmement, les saboteurs, ordinairement, choisissent, pour leur principale action de sabotage, non pas le temps de paix, mais la veille de la guerre ou le temps de guerre même.

   Admettons que nous nous laissions bercer par la théorie pourrie de l’ « exécution systématique des plans de l’économie » et que nous ne touchions pas aux saboteurs.

   Les auteurs de cette théorie pourrie se représentent-ils le tort immense que les saboteurs feraient à notre Etat en cas de guerre, si nous les laissions au sein de notre économie nationale, à l’ombre de la théorie pourrie de l’ « exécution systématique des plans de l’économie » ?

   N’est-il pas clair que la théorie de l’ « exécution systématique des plans de l’économie » est une théorie avantageuse pour les saboteurs ?

   10. – Il faut démolir et rejeter la quatrième théorie pourrie, selon laquelle le mouvement Stakhanov serait le moyen essentiel de liquidation du sabotage.

   Cette théorie a été inventée pour pouvoir, à la faveur de bavardages sur les stakhanovistes et le mouvement Stakhanov, détourner les coups destinés aux saboteurs.

   Dans son rapport, Molotov nous a signalé toute une série de faits attestant que les saboteurs trotskistes et non-trotskistes du bassin de Kouznetsk et de celui du Donetz, abusant de la confiance de nos camarades atteints d’insouciance politique, ont systématiquement mené par le bout du nez les stakhanovistes, leur ont mis des bâtons dans les roues, ont créé artificiellement des obstacles au succès de leur travail et sont parvenus, finalement, à désorganiser leur travail.

   Que peuvent faire les stakhanovistes à eux seuls, si, dans le bassin du Donetz, par exemple, le sabotage dans la conduite des grands travaux a causé une rupture entre les travaux préparatoires de l’extraction du charbon, lesquels retardent sur les rythmes, et tous les autres travaux ?

   N’est-il pas clair que le mouvement stakhanoviste lui-même a besoin d’une aide réelle de notre part, contre toutes les machinations des saboteurs, pour faire avancer les choses et accomplir sa grande mission ?

   N’est-il pas clair que la lutte contre le sabotage, la lutte pour liquider le sabotage, pour mater le sabotage, est la condition indispensable pour que le mouvement stakhanoviste puisse prendre toute son ampleur ?

   Je pense que cette question est également claire et se passe d’explications complémentaires.

   11. – Il faut démolir et rejeter loin de nous la cinquième théorie pourrie, selon laquelle les saboteurs trotskistes n’auraient plus de réserves, qu’ils achèveraient d’épuiser leurs derniers cadres. Cela est faux. Seuls les gens naïfs ont pu inventer cette théorie. Les saboteurs trotskistes ont des réserves.

   Celles-ci se composent, tout d’abord, des débris des classes exploiteuses battues en U.R.S.S. Elles se composent de toute une série de groupes et organisations, au delà des frontières de l’U.R.S.S. et hostiles à l’Union soviétique.

   Prenons, par exemple, la IVe Internationale contre-révolutionnaire trotskiste, composée, pour les deux tiers, d’espions et d’agents de diversion. N’est-ce pas là une réserve ? N’est-il pas clair que cette Internationale d’espions formera des cadres pour l’action d’espionnage et de sabotage des trotskistes ?

   Ou bien prenons, par exemple, le groupe de l’aigrefin Schefflo, en Norvège, qui abrita chez lui le maître espion Trotski et l’aida à nuire à l’Union soviétique. Ce groupe n’est-il pas une réserve ? Qui peut nier que ce groupe contre-révolutionnaire continuera, comme par le passé, à servir les espions et les saboteurs trotskistes ?

   Ou bien encore, prenons, par exemple, un autre groupe, celui d’un aigrefin du même acabit que Schefflo, le groupe Souvarine, en France. N’est-ce pas là une réserve ? Peut-on nier que ce groupe d’aigrefins aidera aussi les trotskistes dans leur activité d’espionnage et de sabotage contre l’Union soviétique ?

   Et tous ces messieurs d’Allemagne, tous ces Ruth Fischer, ces Maslov, ces Urbans, qui se sont vendus corps et âme aux fascistes, ne sont-ils pas une réserve pour l’action trotskiste d’espionnage et de sabotage ?

   Ou bien, par exemple, la fameuse horde des écrivains bien connus d’Amérique, avec, en tête, la célèbre fripouille Eastman, tous ces bandits de la plume qui ne vivent qu’en calomniant la classe ouvrière de l’U.R.S.S., ne constituent-ils pas une réserve pour le trotskisme ?

   Oui, il faut rejeter loin de nous la théorie pourrie qui prétend que les trotskistes achèvent d’épuiser leurs derniers cadres.

   12. – Enfin, il faut démolir et rejeter encore une théorie pourrie : qu’étant donné que nous, bolcheviks, sommes nombreux et que les saboteurs sont en petit nombre ; que nous, bolcheviks, sommes soutenus par des dizaines de millions d’hommes, tandis que les saboteurs trotskistes ne sont soutenus que par des unités et des dizaines, nous, les bolcheviks, pourrions bien ne pas faire attention à une malheureuse poignée de saboteurs.

   C’est faux, camarades. Cette théorie plus qu’étrange a été imaginée pour consoler ceux de nos camarades dirigeants dont l’incapacité à combattre le sabotage les a fait échouer dans leur travail, et pour assoupir leur vigilance et les laisser dormir tranquilles.

   Que les saboteurs trotskistes soient soutenus par des unités, tandis que les bolcheviks le sont par des dizaines de millions d’hommes, cela est évidemment exact.

   Mais il ne s’ensuit nullement que les saboteurs ne peuvent causer le plus sérieux préjudice à notre oeuvre. Pour faire du tord et nuire, il n’est pas besoin d’une grande quantité d’hommes. Pour construire le Dniéprostroï, il a fallu des dizaines de milliers d’ouvriers.

   Tandis que pour le faire sauter, il faudrait peut-être quelques dizaines d’hommes, pas plus. Gagner une bataille pendant la guerre peut nécessiter plusieurs corps de l’Armée rouge.

   Tandis que pour empêcher cette victoire, sur le front, il suffit de quelques espions à l’état-major de l’armée, voire même à l’état-major de la division, qui puissent voler le plan des opérations et le communiquer à l’ennemi.

   Pour construire un grand pont de chemin de fer, il faut des milliers d’hommes. Mais pour le faire sauter, quelques hommes suffisent. On pourrait citer des dizaines et des centaines de ces exemples.

   Par conséquent, on ne saurait se consoler à l’idée que nous sommes nombreux, tandis qu’eux, les saboteurs trotskistes, sont en petit nombre.

   Il faut faire en sorte qu’il n’y ait point du tout de saboteur » trotskistes dans nos rangs.

   C’est ainsi que se pose la question de savoir comment liquider les défauts de notre travail, communs à toutes nos organisations tant économiques et de l’Etat, qu’administratives et du Parti. Telles sont les mesures à prendre pour liquider ces défauts. En ce qui concerne spécialement les organisations du Parti, et les défauts de leur travail, il est parlé de façon suffisamment détaillée des mesures à prendre pour liquider ces défauts dans le projet de résolution soumis à votre examen. C’est pourquoi je pense qu’il n’est pas nécessaire d’insister ici sur ce côté de la question.

   Je voudrais simplement dire quelques mots de la préparation politique et du perfectionnement de nos cadres du Parti. Je pense que si nous pouvions, que si nous savions préparer idéologiquement et aguerrir politiquement nos cadres du Parti, depuis le bas jusqu’en haut, afin qu’ils puissent s’orienter aisément dans la situation intérieure et internationale, si nous savions en faire des léninistes, des marxistes d’une maturité totale, capables de résoudre sans fautes graves les problèmes de la direction du pays, nous résoudrions les neuf dixièmes de toutes nos tâches.

   Comment les choses se présentent-elles pour les cadres dirigeants de notre Parti ?

   Notre Parti comprend, si l’on considère ses couches dirigeantes, environ de 3 à 4.000 dirigeants supérieurs. Je dirais que c’est là le haut commandement de notre Parti.

   Puis viennent 30 à 40.000 dirigeants moyens. Ce sont nos cadres d’officiers du Parti.

   Puis vient un effectif de commandement subalterne du Parti, d’environ 100 à 150.000. Ce sont, pour ainsi dire, nos cadres de sous-officiers du Parti.

   Elever le niveau idéologique et la préparation politique de ces cadres de commandement, verser dans ces cadres les forces nouvelles qui attendent leur promotion et élargir ainsi l’effectif des cadres dirigeants, telle est la tâche.

   Que faut-il pour cela ?

   Tout d’abord, il faut inviter nos dirigeants du Parti, depuis les secrétaires de cellules jusqu’aux secrétaires des organisations de régions et de Républiques, à trouver, dans un délai fixé, deux hommes, deux militants du Parti, capables de les suppléer effectivement.

   On peut dire : mais où trouver deux suppléants pour chacun de nous, nous n’avons pas de tels hommes, nous n’avons pas de militants appropriés.

   C’est faux. Les hommes capables, les hommes de talent, nous en avons des dizaines de milliers. Il faut seulement les repérer et les promouvoir en temps voulu, afin qu’ils n’entrent pas en décomposition en végétant à leur vieille place. Cherchez et vous trouverez.

   Ensuite. Pour l’éducation de Parti et le perfectionnement des secrétaires de cellules, il faut créer, dans chaque centre régional, des cours du Parti, comportant quatre mois d’étude.

   Il faut envoyer à ces cours les secrétaires de toutes les organisations primaires du Parti (cellules), et puis, lorsqu’ils auront terminé ces cours et regagné leur poste, on y enverra, leurs suppléants et les membres les plus capables des organisations primaires du Parti.

   Ensuite. Pour le perfectionnement politique des premiers secrétaires des organisations de rayon, il faut créer en U. R. S. S., disons, dans les dix principaux centres, des cours léninistes de huit mois.

   A ces cours, il faut envoyer les premiers secrétaires des organisations de rayon et d’arrondissement du Parti, et puis, lorsqu’ils auront terminé ces cours et regagné leurs postes, on y enverra leurs suppléants et les membres les plus capables des organisations de rayon et d’arrondissement.

   Ensuite. Pour le perfectionnement idéologique et le perfectionnement politique des secrétaires des organisations de ville, il faut créer, auprès du Comité central du Parti communiste de l’U.R.S.S., des cours d’histoire et de politique du Parti comportant six mois d’étude.

   A ces cours, il faut envoyer les premiers ou les seconds secrétaires des organisations de ville, et puis, lorsqu’ils auront terminé ces cours, regagné leur poste, on enverra les membres les plus capables des organisations de ville.

   Enfin, il faut créer, auprès du Comité central du Parti communiste de l’U.R.S.S., une conférence de six mois pour les questions de politique intérieure et internationale.

   On y enverra les premiers secrétaires des organisations de région et de territoire et des comités centraux des Partis communistes nationaux. Ces camarades devront fournir non pas une, mais plusieurs équipes capables de remplacer les dirigeants du Comité central de notre Parti. La chose est indispensable et doit être faite.

   Je termine.

   Nous avons donc exposé les défauts essentiels de notre travail, ceux qui sont communs à toutes nos organisations économiques, administratives et du Parti, et ceux qui sont propres uniquement aux organisations du Parti, défauts qu’exploitent les ennemis de la classe ouvrière pour leur action de sabotage et de diversion, d’espionnage et de terrorisme.

   Nous avons établi ensuite les mesures essentielles nécessaires pour liquider ces défauts et mettre hors d’état de nuire les menées de diversion et de sabotage, d’espionnage et de terrorisme des agents trotskistes-fascistes des services d’espionnage étrangers. Une question se pose : pouvons-nous réaliser toutes ces mesures, avons-nous pour cela toutes les possibilités nécessaires ?

   Nous le pouvons, incontestablement. Nous le pouvons parce que nous disposons de tous les moyens nécessaires pour effectuer ces mesures. Qu’est-ce donc qui nous manque ?

   Il ne nous manque qu’une chose : être prêts à liquider notre propre insouciance, notre propre bénignité, notre propre myopie politique. Là est la difficulté.

   Mais se peut-il vraiment que nous ne sachions pas nous débarrasser de cette maladie ridicule et idiote, nous, qui avons renversé le capitalisme, qui avons construit le socialisme dans l’essentiel, et avons levé le grand drapeau du communisme mondial ?

   Nous n’avons pas de raisons de douter que nous nous en débarrasserons certainement, bien entendu, si nous en avons la volonté. Nous ne nous en débarrasserons pas simplement, mais en bolcheviks, pour de bon.

   Et, lorsque nous nous serons débarrassés de cette maladie idiote, nous pourrons dire en toute certitude que nous n’avons à craindre aucun ennemi, ni les ennemis de l’intérieur, ni les ennemis de l’extérieur, que leurs menées ne nous font pas peur, car nous les briserons dans l’avenir comme nous les brisons aujourd’hui, comme nous les avons brisées dans le passé.

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