La Politique de Coexistence Pacifique de Lénine et de Staline

Deux politiques de coexistence pacifique diamétralement opposées

Parti Communiste de Chine

La Politique de Coexistence Pacifique de Lénine et de Staline

C’est à Lénine que l’on dit l’idée de l’application par les pays socialistes de la politique de coexistence pacifique avec les pays à systèmes sociaux différents.

Cette juste politique fut celle que pratiquèrent le Parti communiste et le gouvernement de l’Union soviétique durant les années de la direction de Lénine et de Staline.

Avant la Révolution d’Octobre, la question de la coexistence pacifique entre pays socialistes et pays capitalistes ne se posait évidemment pas, étant donné qu’il n’y avait pas un seul pays socialiste au monde.  Et cependant, vers les années 1915-1916, partant d’une analyse scientifique de l’impérialisme, Lénine prévoyait déjà : « le socialisme ne peut triompher simultanément dans tous les pays. Il triomphera d’abord dans un seul ou dans plusieurs pays, tandis que les autres resteront pendant un certain temps des pays bourgeois ou prébourgeois »((V. I. Lénine : « Le programme militaire de la révolution prolétarienne », Œuvres, tome 23.)).

Cela revenait à dire que le monde connaîtrait pendant un certain temps une situation où il y aurait coexistence entre pays socialistes et pays capitalistes ou pré-capitalistes. La nature même du système socialiste implique, pour les pays socialistes, l’application d’une politique extérieure de paix.

Lénine dit : « Seule la classe ouvrière pourra, quand elle aura conquis le pouvoir, mener une politique de paix en réalité et pas seulement en paroles »((V. I. Lénine : « Projet de résolution sur la situation politique actuelle », Œuvres, tome 25.)).  On peut dire que ce point de vue de Lénine est le fondement même de l’idée de la politique de coexistence pacifique.

Après la victorieuse Révolution d’Octobre, Lénine proclama à maintes reprises, devant le monde entier, que le pays des Soviets pratiquait une politique extérieure de paix.  Cependant, les impérialistes ne cherchaient qu’à étrangler la jeune République socialiste au berceau et passèrent à l’intervention armée contre elle. Lénine, face à cette situation, soulignait : « Sans défendre la république socialiste par les armes, nous ne pouvions pas exister »((V. I. Lénine : « Rapport d’activité du Comité central présenté au VIIIe Congrès du P.C.(b)R», Œuvres, tome 29.)).

En 1920, le grand peuple soviétique triomphait de l’intervention armée impérialiste.  Alors un « équilibre relatif se fit jour entre le pays des Soviets et les pays impérialistes. Plusieurs années d’épreuves de force ne firent pas lâcher pied au pays des Soviets. Engagé jusque-là dans la guerre, il commença à se tourner vers l’édification pacifique. C’est dans ces circonstances que Lénine formula l’idée de la politique de coexistence pacifique. En fait, c’est aussi à partir de ce moment que l’impérialisme se vit obligé d’accepter de «coexister » avec le pays des Soviets.

Du vivant de Lénine, cet équilibre fut toujours fort instable, la République socialiste soviétique étant l’objet d’un encerclement capitaliste très sérieux.  Lénine souligna plus d’une fois qu’étant donné la nature agressive de l’impérialisme, il était impossible de garantir que le socialisme et le capitalisme vivraient longtemps en paix.

Dans les conditions historiques de l’époque, Lénine ne pouvait pas encore détailler le contenu de la politique de coexistence pacifique entre pays à système sociaux différents.  Cependant, le grand Lénine élabora une juste politique extérieure pour le premier Etat de dictature de prolétariat et formula les idées fondamentales de la politique de coexistence pacifique.

En quoi consistent ces idées fondamentales ?

1° Lénine souligna que l’Etat socialiste existe entièrement contre la volonté des impérialistes.  Qu’il applique avec persévérance une politique étrangère de paix, les impérialistes n’ont pas pour autant le désir de vivre en paix avec lui et s’efforcent invariablement de tout exploiter et de saisir chaque occasion pour le combattre, voire même le détruire.

Lénine dit : « Par sa situation objective, de même qu’en raison des intérêts économiques de la classe capitaliste qu’il incarnait, l’impérialisme international … ne pouvait en aucun cas, sous aucune condition, s’accommoder d’une existence aux côtés de la République des Soviets »((V. I. Lénine : « Rapport sur la guerre et la paix présenté au VIIe Congrès du P.C.(b)R », Œuvres, tome 27.)).

Il dit encore : « … l’existence de la République soviétique à côté d’Etats impérialistes est impensable pendant une longue période.  En fin de compte, l’un ou l’autre doit l’emporter.  Et avant que cette fin arrive, un certain nombre de terribles conflits entre la République soviétique et les Etats bourgeois est inévitable »((V. I. Lénine : « Rapport d’activité du Comité central présenté au VIIIe Congrès du P.C.(b)R», Œuvres, tome 29.)).

Aussi Lénine souligna-t-il à maintes reprises que l’Etat socialiste doit maintenir une vigilance de tous les instants face à l’impérialisme. Il dit : la « leçon que tous les ouvriers et paysans doivent assimiler, c’est de nous tenir sur nos gardes, de nous souvenir que nous sommes entouré d’hommes, de classes et de gouvernements qui expriment ouvertement la haine la plus farouche à notre égard.  On ne doit pas oublier que nous sommes constamment à un cheveu de l’invasion »((V. I. Lénine : « La politique extérieure et intérieure de la République, rapport présenté au IXe Congrès des Soviets de Russie », Œuvres, tome 33.)).

2°    Lénine souligna que seule la lutte permettrait au pays des Soviets de vivre en paix avec les pays impérialistes.  C’était là le résultat de multiples épreuves de force entre les pays impérialistes et le pays des Soviets, qui appliquait une politique juste, comptait sur l’appui du prolétariat et des nations opprimées du monde entier et exploitait les contradictions entre impérialistes.

Lénine dit en novembre 1919 : « Il arrive souvent que l’ennemi une fois battu, il revient à de meilleurs sentiments.  Nous avons dit plus d’une fois à messieurs les impérialistes d’Europe que nous voulions bien faire la paix, mais eux rêvaient d’asservir la Russie. Maintenant ils ont compris que leurs rêves ne se réaliseraient jamais »((V. I. Lénine : « Discours à la Ière Conférence de Russie sur le travail du Parti à la campagne », Œuvres, tome 30.)).

Lénine fit ressortir en 1921 que « les puissances impérialistes, malgré toute leur haine et leur désir de se ruer sur la Russie soviétique, ont renoncé à ce dessein, parce que la décomposition du monde capitaliste va en progressant et que son unité ne cesse de diminuer, tandis que la pression exercée par les peuples coloniaux opprimés qui comptent plus d’un milliard d’habitants, s’accentue chaque année, chaque mois et même chaque semaine »((V. I. Lénine : « Discours de clôture de la Conférence du Xe Congrès du P.C.(b)R », Œuvres, tome 32.)).

3° Dans l’application de la politique de coexistence pacifique, Lénine adopta des politiques différentes vis-à-vis des différents genres de pays du monde capitaliste.

Il accordait une importance toute particulière à l’établissement de relations amicales avec les pays humiliés et opprimés par les impérialistes. Il remarqua que « les intérêts fondamentaux sont les mêmes chez tous les peuples qui souffrent sous le joug de l’impérialisme ».  « Cette politique mondiale de l’impérialisme provoque le rapprochement, l’alliance et l’amitié de tous les peuples opprimés ». Il ajouta que la politique de paix du pays des Soviets obligeait la R.S.F.S.R. [République socialiste fédérative soviétique de Russie] à se lier de plus en plus étroitement avec un nombre sans cesse accru d’Etats voisins »((V. I. Lénine : « Rapport sur l’activité du Conseil des commissaires du peuple présenté au VIIIe Congrès de Soviets de Russie », Œuvres, tome 31.)).

Lénine dit aussi que « Nous nous fixons actuellement comme tâche essentielle de vaincre les exploiteurs et de gagner à nous les hésitants ; c’est là une tâche universelle. L’on trouve parmi ces hésitants un grand nombre d’Etats bourgeois qui, en tant que tels, nous détestent, mais préfèrent d’autre part conclure avec nous la paix, en tant qu’Etats assujettis»((V.I. Lénine : « Rapport d’activité du Comité exécutif central de Russie et du Conseil des commissaires au peuple », Œuvres, tome 30.)).

En ce qui concerne les pays impérialistes, tels que les Etats-Unis, Lénine dit : « ‘Les bases de la paix avec l’Amérique ?’ Que les capitalistes américains ne nous touchent pas».  « Les obstacles à une telle paix ?  Aucun de notre part. L’impérialisme de la part des capitalistes américains (comme de tous les autres)»((V. I.Lénine : « Réponse aux questions de Karl Wigand, correspondant à Berlin de l’Agence d’information américaine ‘Universal service’ », Œuvres, Tome 30.)).

4°    La politique de coexistence pacifique de Lénine est la politique que le prolétariat au pouvoir poursuit envers les pays à systèmes sociaux différents.  Lénine n’a jamais fait de la coexistence pacifique le contenu exclusif de la politique extérieure de l’Etat socialiste. Il a souligné explicitement et à maintes reprises que le principe fondamental de l’Etat socialiste en matière de politique extérieure, c’est l’internationalisme prolétarien.

Il dit : « La Russie soviétique estime que sa plus grande fierté est d’aider les ouvriers du monde entier dans leur lutte difficile pour le renversement du capitalisme »((V. I.Lénine : « Au IVe Congrès mondial de l’Internationale communiste, au Soviet des députés des ouvriers et des soldats rouges de Petrograd », Œuvres, tome 33.)).

Dans le décret sur la paix qu’il promulgua au lendemain de la Révolution d’Octobre, Lénine, tout en proposant à tous les pays belligérants d’établir immédiatement une paix sans annexions et sans indemnités de guerre, en appela aux ouvriers conscients des pays capitalistes, disant que « ces ouvriers, par leur activité multiple, décisive, par leur énergie sans réserve, nous aideront à mener avec succès jusqu’au bout la lutte pour la paix et, en même temps, la lutte pour l’affranchissement des masses laborieuses et exploitées de tout esclavage et de toute exploitation »((V. I.Lénine : « Rapport sur la paix présenté au Deuxième Congrès des Soviets des députés ouvriers et soldats de Russie », Œuvres, tome 26.)).

Dans le Brouillon du projet de programme du Parti que Lénine fit pour le VIIe Congrès du Parti communiste de Russie, il était dit en termes clairs et précis que « soutenir le mouvement révolutionnaire du prolétariat socialiste, en premier lieu dans les pays avancés » et « soutenir le mouvement démocratique et révolutionnaire dans tous les pays en général, en particulier dans les colonies et les pays dépendants » constituent une part importante de la politique internationale du Parti »((V. I.Lénine : Œuvres, tome 27.)).

5°    Lénine a toujours soutenu que les classes opprimées et le classes oppresseuses, les nations opprimées et les nations oppresseuses ne peuvent coexister pacifiquement.

Dans les « Thèses sur les tâches fondamentales du IIe Congrès de l’Internationale communiste », Lénine fit remarquer : « la bourgeoisie, même la plus éclairée et la plus démocratique, ne s’arrête plus devant aucun mensonge, ni devant aucun crime, devant le massacre de millions d’ouvriers et de paysans pour sauver la propriété privée des moyens de production ».

Et il conclut : « … Le fait d’admettre l’idée d’une paisible soumission des capitalistes à la volonté de la majorité des exploités, et d’une évolution pacifique, réformiste vers le socialisme, n’est pas seulement le signe d’une extrême stupidité petite-bourgeoise, c’est aussi duper manifestement les ouvriers, idéaliser l’esclavage salariés capitaliste, dissimuler la vérité »((V. I. Lénine, Œuvres, tome 31.)).

Lénine ne cessa d’insister sur l’hypocrisie de « l’égalité des nations » prêchée par l’impérialisme. Il dit : « La Société des Nations et toute la politique d’après-guerre de l’Entente révèlent cette vérité d’une manière encore plus claire et plus nette, renforçant partout la lutte révolutionnaire, aussi bien du prolétariat des pays avancés que de toutes les masses laborieuses des pays coloniaux et dépendants, hâtant la faillite des illusions nationales petites-bourgeoises sur la possibilité de la coexistence pacifique et de l’égalité des nations en régime capitaliste »((V. I. Lénine: « Première ébauche des thèses sur les questions nationale et coloniale », Œuvres, tome 31.)).

Telles sont les idées fondamentales de Lénine au sujet de la politique de coexistence pacifique.

Staline s’en tint fermement à la politique de coexistence pacifique de Lénine. Durant les trente années où il assuma la direction de l’Etat soviétique, il appliqua toujours cette politique de coexistence pacifique.  C’est seulement lorsque les impérialistes et les réactionnaires déclenchèrent la guerre d’agression ou de provocations armées contre l’Union soviétique que celle-ci se vit obligée d’entreprendre la Grande Guerre patriotique et de riposter en légitime défense.

Staline souligna : « Le fondement de nos relations avec les pays capitalistes réside dans le fait que les deux systèmes opposés peuvent coexister ».  « Maintenir des rapports pacifiques avec les pays capitalistes, voilà la tâche que nous devons assumer »((J. Staline : Rapport politique du Comité central au XVe Congrès du Parti communiste(b) de l’U.R.S.S., Œuvres, tome 10.)).

Il souligna aussi que « la coexistence pacifique entre le régime capitaliste et le régime communiste est pleinement possible, s’il existe un désir mutuel de coopérer, si l’on est prêt à remplir les engagements contractés, si l’on observe le principe de l’égalité et de la non-immixtion dans les affaires intérieures des autres Etats »((J. Staline : « Réponse aux questions posées par des rédacteurs de la presse américaine, Pravda, 2 avril 1952.)).

Tout en se tenant à la politique de coexistence pacifique de Lénine, Staline était résolument contre l’arrêt du soutien aux révolutions populaires, qui aurait pour but de s’attirer les bonnes grâces de l’impérialisme. Il mit nettement en relief les deux lignes opposées en matière de politique extérieure, et il fallait « choisir ou l’une ou l’autre » :

« Ou bien, dit-il, nous continuerons à l’avenir à appliquer une politique révolutionnaire, à rassembler les prolétaires et les opprimés de tous les pays autour de la classe ouvrière de l’U.R.S.S. – dans ce cas, le capital international s’emploiera par tous les moyens à nous empêcher d’aller de l’avant ;

« Ou bien nous renonçons à notre politique révolutionnaire et faisons des concessions de principe au capital international – dans ce cas, le capital international, sans doute, ne s’opposera pas à nous ‘aider’ à faire de notre pays socialiste une ‘bienveillante’ république bourgeoise ».

Staline donna un exemple : « Les Etats-Unis nous demandent de renoncer par principe à notre politique de soutien au mouvement d’émancipation de la classe ouvrière des autres pays, et disent que si nous faisons pareille concession, tout ira bien … Peut-être devrions-nous faire cette concession ? »

Il répondit par la négative : « nous ne pouvons faire cette concession ou d’autres du genre, sans nous renier nous-mêmes »((J. Staline : « Sur les travaux de la séance conjointe du mois d’avril du Comité central et de la Commission centrale de Contrôle », Œuvres, tome 11.)).

Ces paroles de Staline sont, aujourd’hui encore, d’une grande portée pratique. Il existe effectivement deux politiques étrangères et deux politiques de coexistence pacifique, qui sont diamétralement opposées.

Tous les marxistes-léninistes ont donc pour tâche impérieuse de savoir distinguer entre ces deux politiques de nature différente, de s’en tenir fermement à la politique de Lénine et de Staline, de combattre résolument la politique de trahison, de capitulation et d’abstention en matière de soutien à la révolution, politique que Staline avait vigoureusement dénoncée, de combattre résolument la politique visant à faire dégénérer un pays socialiste en une « bienveillante » république bourgeoise.