De l’accusation s’emparer de la direction

Les dirigeants du P.C.U.S – Les plus grands scissionnistes de notre temps

Parti Communiste de Chine

De l’accusation « s’emparer de la direction »

   Les dirigeants du P.C.U.S. imputent notre critique et notre opposition à leur ligne révisionniste et scissionniste au désir de « nous emparer de la direction ».

   Tout d’abord, demandons aux dirigeants du P.C.U.S. : Vous dites que nous voulons « nous emparer de la direction ».

   Aux dépens de qui ?

   Qui détient maintenant la direction ?

   Y a­-t-­il dans le mouvement communiste international une espèce de direction dominant tous les partis frères ? Et cette direction est-elle entre vos mains ?

   Apparemment, les dirigeants du P.C.U.S. se considèrent vraiment comme les dirigeants naturels dominant tous les partis frères. Suivant leur logique, leurs programme, résolutions ou déclarations font loi.

   Chaque parole ou chaque mot prononcé par Khrouchtchev équivaut à un édit impérial, quelque erroné ou saugrenu qu’il soit. Tous les partis frères doivent écouter, obéir servilement, et toute critique ou opposition est totalement inadmissible.

   C’est de la tyrannie à cent pour cent.

   C’est, purement et simplement, une conception d’autocrate féodal.

   Cependant, nous tenons à dire aux dirigeants du P.C.U.S. que le mouvement communiste international n’est pas un rassemblement féodal.

   Tous les partis frères, grands ou petits, nouveaux ou vieux, au pouvoir ou non, sont indépendants et égaux entre eux.

   Aucune conférence internationale des partis frères, aucun accord adopté à l’unanimité par eux, n’a jamais stipulé qu’il existe des partis supérieurs et des partis subalternes, un parti dirigeant et des partis dirigés, parti père et partis ou que les dirigeants du P.C.U.S. sont les maîtres suprê­mes partis frères.

   L’histoire du mouvement révolutionnaire prolétarien international montre que, par suite du développement inégal de la révolution, le prolétariat et son parti, de tel ou tel pays, ont pris la tête du mouvement à une étape historique donnée.

   Marx et Engels ont fait ressortir que le mouvement trade­-unioniste britannique et la lutte politique de la classe ouvrière française ont été tour à tour au premier rang du mouvement prolétarien international.

   Après l’échec de la Commune de Paris, Engels déclara que « la classe ouvrière allemande se trouve désormais à l’avant-­garde de la lutte du prolétariat ». Engels dit encore des ouvriers allemands qu' »on ne saurait prédire combien de temps les événements leur laisseront ce poste d’honneur ».

   « Mais, avant tout, il s’agit de maintenir le véritable esprit international qui n’admet aucun chauvinisme patriotique et qui salue avec joie tout nouveau progrès du mouvement prolétarien, de quelque nation qu’il provienne ». (F. Engels : Guerre des paysans en Allemagne, Introduction)

   Au début du XXe siècle, la classe ouvrière russe, aux avant­-postes du mouvement prolétarien international, remporta la première victoire dans l’histoire de la révolution prolétarienne.

   Lénine dit en 1919 :

   « Pour un laps de temps de courte durée, cela va de soi, l’hégémonie dans l’Internationale prolétarienne révolutionnaire est passée aux Russes, comme, à diverses époques du XIXe siècle, elle a appartenu aux Anglais, puis aux Français, enfin aux Allemands. » (Lénine : La IIIe Internationale et sa place dans l’histoire)

   L’« avant­-garde » dont parlait Engels, ou l’« hégémonie » dont parlait Lénine, n’implique nullement que le parti à l’avant-­garde du mouvement ouvrier international puisse donner des ordres aux autres partis frères, ni que les autres partis frères doivent lui obéir.

   Lorsque le Parti social­-démocrate allemand était à l’avant-­garde du mouvement, Engels dit: « le Parti ouvrier allemand n’a pas le droit de parler au nom du prolétariat européen, et encore moins d’avancer des choses fausses ». (Lettres choisies de Marx et d’Engels)

   Lorsque le Parti bolchevik russe se trouvait aux avancées du mouvement, Lénine dit :

   « il faut, en envisageant tous les stades de développement des autres pays, ne rien décréter de Moscou » (Lénine : Rapport sur le Programme du Parti présenté au  VIIIème Congrès du P.C.(b)R.).

   Même la position d’avant-­garde dont parlaient Engels et Lénine ne dure pas toujours, elle se déplace en fonction des conditions changeantes.

   Ce déplacement n’est pas déterminé par le souhait tout subjectif de quelque individu ou parti politique, mais par les conditions que crée l’histoire. Si les conditions changent, d’autres partis peuvent se porter à l’avant-­garde du mouvement.

   Lorsqu’un parti, qui est à l’avant-­garde, prend la voie du révisionnisme, il perd inéluctablement sa position d’avant­-garde, même s’il est le parti le plus grand et le plus influent.

   Ce fut le cas avec l’ancien Parti social-­démocrate allemand.

   Dans l’histoire du mouvement communiste international, il y eut l’Internationale communiste qui était la direction centralisée de tous les partis communistes.

   Elle a joué un grand rôle historique dans la création et le développement des partis communistes.

   Mais lorsque les partis communistes eurent grandi et que la situation du mouvement communiste international fut devenue de plus en plus complexe, la direction centralisée de l’Internationale communiste cessa d’être nécessaire et possible.

   En 1943, le Présidium du Comité exécutif de l’Internationale communiste souligna, dans une résolution proposant la dissolution de l’Internationale communiste : « Étant donné que la situation intérieure de chaque pays de même que la situation internationale sont devenues plus complexes, la solution des problèmes du mouvement ouvrier de chaque pays par l’intermédiaire d’un centre international se heurterait à des obstacles infranchissables. »

   Les faits ont montré que cette résolution répondait à la réalité, qu’elle était juste.

   A l’heure actuelle, dans le mouvement communiste international, la question de savoir à qui revient le droit de diriger ne s pose tout simplement pas.

   Les partis frères sont indépendants, complètement égaux entre eux, en même temps qu’unis Ils doivent parvenir à l’unanimité de vue par voie de consultations pour ce qui est des problèmes d’intérêt commun et concerter leur action dans la lutte pour le but commun.

   Ces normes régissant les rapports entre partis frères sont définies explicitement dans les Déclarations de 1957 et de 1960.

   Les dirigeants du P.C.U.S. violent complètement les normes régissant les rapports entre partis frères, telles qu’elles sont définies dans les deux Déclarations, en se considérant comme les dirigeants du mouvement communiste international et en traitant tous les autres partis frères en subordonnés.

   En raison de conditions historiques différentes, la situation dans laquelle se trouve chaque parti frère n’est pas entièrement la même.

   Les partis qui ont fait triompher la révolution diffèrent de ceux qui n’ont pas encore remporté la victoire, et les partis qui l’ont remportée plus tôt diffèrent de ceux qui l’ont remportée plus tard.

   Mais, cette distinction signifie uniquement que les partis victorieux, et en particulier les partis qui ont remporté plus tôt la victoire, ont de plus grandes obligations internationalistes à assumer dans le soutien aux autres partis frères, et ils n’ont nullement le droit de contrôler d’autres partis frères.

   Le P.C.U.S. fut fondé par Lénine et Staline.

   Il fut le premier parti à faire triompher la révolution prolétarienne, à exercer la dictature du prolétariat et à s’engager dans l’édification du socialisme.

   Il est logique qu’il poursuive la tradition révolutionnaire de Lénine et de Staline, qu’il prenne sur lui une plus grande responsabilité dans le soutien aux autres partis et pays frères, et se tienne au premier rang du mouvement communiste international.

   Compte tenu de ces conditions historiques, le P.C.C. a exprimé le sincère espoir de voir le P.C.U.S. assumer cette glorieuse mission historique.

   Sa délégation à la conférence des partis frères de Moscou en 1957 a souligné que le camp socialiste devait avoir l’Union soviétique à sa tête, étant donné que les dirigeants du P.C.U.S., malgré certaines erreurs commises, finirent par accepter la Déclaration de Moscou qui fut élaborée a commun par les partis frères. Notre proposition sur le camp socialiste ayant à sa tête l’Union soviétique fut portée dans la Déclaration.

   Nous estimons que le fait d’être à la tête n’est nullement en contradiction avec le principe de l’égalité entre partis frères.

   Cela n’a donné au P.C.U.S. aucun droit de disposer des autres partis frères, mais l’a seulement chargé d’une responsabilité et d’un devoir plus grands.

   Néanmoins, les dirigeants du P.C.U.S. n’étaient pas satisfaits d’être à la « tête ».

   Khrouchtchev s’en est plaint à plusieurs reprises.

   Il disait:

   « Qu’est­-ce que cette ‘tête’ peut nous apporter sur le plan matériel ? Ni lait ni beurre, ni pommes de terre ni légumes, ni appartements. Qu’est­-ce qu’elle peut nous valoir sur le plan moral ? Rien. » (Discours de N.S. Khrouchtchev prononcé le 4 février 1960 au dîner offert en l’honneur des délégations des partis frères des pays socialistes)

   Et d’ajouter :

   « A quoi bon cette ‘tête’ ? Qu’elle aille au diable! » (Allocution de N. S. Khrouchtchev prononcée le 24 juin 1960 à la Rencontre de Bucarest des représentants des partis frères de 12 pays)

   Les dirigeants du P.C.U.S. disent qu’ils ne veulent pas être à la « tête », mais en fait, ils réclament le privilège de régenter tous les partis frères.

   Leur exigence envers eux-­mêmes n’est pas d’être à l’avant-­garde du mouvement communiste international dans l’application de la ligne marxiste­-léniniste et l’accomplissement de leur devoir internationaliste prolétarien, mais ils veulent voir tous les partis frères leur obéir à la baguette et les suivre dans la voie du révisionnisme et du scissionnisme.

   Ayant emprunté cette voie, ils n’ont plus qualité pour être à la « tête » du mouvement communiste international.

   Si l’on utilise encore le mot « tête » à leur sujet, il ne peut s’agir que de la tête du révisionnisme et du scissionnisme.

   La question qui se pose aujourd’hui à tous les communistes, à l’ensemble du mouvement communiste international, n’est pas de savoir qui doit diriger, mais de savoir si l’on doit s’en tenir au marxisme­-léninisme et à l’internationalisme prolétarien ou se soumettre au révisionnisme et au scissionnisme des dirigeants du P.C.U.S.

   En nous accusant de vouloir « nous emparer de la direction », les dirigeants du P.C.U.S. s’emploient en fait à nous assujettir, nous et tous les autres partis frères à leur direction révisionniste et scissionniste.