Première partie

Un contre dix sur le plan stratégique, dix contre un sur le plan tactique

Chine

   I. La méthode de combat par « concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une » est l’expression concrète de la pensée stratégique et tactique: « Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique mais en tenir pleinement compte du point de vue tactique » dans les luttes militaires

   Pour assurer la victoire à la révolution, il est de toute première importance d’évaluer correctement la situation en ce qui concerne l’ennemi et nous­-mêmes et d’avoir une idée générale correcte sur le plan stratégique et tactique.

   En se fondant sur l’expérience acquise dans la lutte prolongée contre l’ennemi intérieur et étranger et sur les points de vue du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, et après avoir analysé l’histoire de Chine et du monde et la situation internationale contemporaine, le camarade Mao Tsé­toung a avancé la célèbre thèse selon laquelle « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier »; il a formulé le grand concept stratégique et tactique marxiste-­léniniste consistant à mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et à en tenir pleinement compte du point de vue tactique.

   Le camarade Mao Tsé­toung a souligné maintes et maintes fois que bien que l’impérialisme et tous les réactionnaires paraissent puissants, ils représentent les classes réactionnaires et décadentes.

   La loi du développement historique détermine leur inévitable destin.

   Par conséquent, le peuple révolutionnaire doit les considérer, de par leur nature et à longue échéance, ni plus ni moins comme des tigres en papier; il doit les mépriser du point de vue stratégique, oser lutter contre eux et oser arracher la victoire et baser là­dessus sa pensée stratégique.

   En même temps, le camarade Mao Tsé­toung a aussi indiqué à maintes reprises que tout comme il n’existe pas au monde une chose qui n’ait une nature double, de même l’impérialisme et tous les réactionnaires ont une double nature.

   Avant d’être finalement vaincus, ils peuvent être puissants pendant un certain temps, jouir encore d’un avantage militaire temporaire et décimer le peuple. De ce point de vue, ils sont des tigres vivants, réels et de fer.

   Par conséquent, du point de vue tactique, en ce qui concerne chaque lutte spécifique, le peuple révolutionnaire doit tenir pleinement compte de l’ennemi, être prudent, faire preuve d’art dans la lutte et baser ses conceptions tactiques sur ces données.

   C’est seulement en combinant un esprit révolutionnaire intrépide avec un art militaire inventif et souple qu’il lui sera possible de remporter la victoire dans chaque rencontre spécifique et, finalement, d’atteindre le but qui est de vaincre l’ennemi.

   Résumant l’expérience de la Deuxième guerre civile révolutionnaire (1927­1937), le camarade Mao Tsé­toung a dit :

   « Notre stratégie, c’est de nous battre ‘à un contre dix’, mais notre tactique, c’est de nous battre ‘à dix contre un’. Voilà l’une des lois fondamentales qui garantissent notre victoire sur l’ennemi. » (Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine, Ecrits militaires de Mao Tsé­toung)

   Il a poursuivit :

   « Nous vainquons des effectifs supérieurs avec des effectifs inférieurs — voilà ce que nous déclarons à l’ensemble des forces dominantes de la Chine. Mais en même temps, nous vainquons des effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs — voilà ce que nous déclarons à cette partie des forces ennemies avec laquelle nous nous mesurons sur le champ de bataille. » (Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine, Ecrits militaires de Mao Tsé­toung)

   Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et en tenir pleinement compte du point de vue tactique peut être considéré comme une généralisation sur un plan plus élevé du point de vue suivant : « se battre à un contre dix » et « vaincre des effectifs supérieurs avec des effectifs inférieurs » sur le plan de la stratégie et « se battre à dix contre un » et « vaincre des effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs » sur le plan de la tactique.

   La méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une est une expression condensée dans la lutte militaire de l’idée de tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique; c’est une expression concrète du concept de « se battre à dix contre un » et de « vaincre des effectifs inférieurs avec des effectifs supérieurs » dans le domaine de la tactique.

   Dans une lutte militaire, c’est parce que nous tenons pleinement compte de l’ennemi et ne sous­-estimons pas sa force que nous soulignons la nécessité de bien se préparer pour chaque bataille et de ne pas engager le combat sans préparation ou sans être certains de son issue victorieuse ; nous nous opposons à la mentalité qui consiste à compter sur la chance, à la mentalité qui consiste à prendre l’ennemi à la légère et à agir de façon téméraire; nous faisons en sorte d’être certains que chaque bataille engagée sera victorieuse, sinon nous l’évitons.

   Le camarade Mao Tsé­toung a dit :

   « Plusieurs solides gaillards ont facilement raison d’un seul. C’est une vérité élémentaire. » (De la guerre prolongée, Ecrits militaires de Mao Tsé­toung)

   Ainsi, dans chaque bataille, nous concentrons une force deux, trois, quatre et parfois même cinq ou six fois supérieure à celle de l’ennemi.

   Nous nous assurons ainsi la victoire.

   En même temps, nous attachons une très grande importance à l’art de diriger les batailles; nous veillons à profiter des faiblesses, des erreurs et des contradictions internes de l’ennemi et d’autres conditions favorables pour nous afin d’anéantir ses forces une a une.

   Le camarade Mao Tsé­toung a dit :

   « Dans la guerre, les batailles ne peuvent être livrées qu’une par une et l’ennemi ne peut être écrasé que morceau par morceau. Les usines ne peuvent être bâties qu’une par une, les paysans ne peuvent labourer la terre que parcelle par parcelle. (…) C’est ce qu’on appelle la solution un par un. Et en langage militaire, cela s’appelle écraser l’ennemi un par un. » (Mao Tsé­toung sur l’impérialisme)

   La méthode de combat par concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une traduit également l’idée de mépriser l’ennemi du point de vue stratégique.

   Car ce n’est qu’en méprisant l’ennemi du point de vue stratégique, et en faisant preuve de l’esprit révolutionnaire et militant d’être prêt à « nous battre à un contre dix », que nous pouvons conserver notre sang-­froid en face d’un ennemi puissant et ne pas nous laisser intimider par son attitude menaçante ou tromper par une situation complexe; c’est seulement ainsi que nous oserons concentrer nos forces et porter des coups à l’ennemi.

   D’autre part, les victoires remportées dans les campagnes et batailles en recourant à cette méthode de combat éduqueront davantage le peuple et son armée et leur permettront de voir clairement, de par leur propre expérience, que l’ennemi peut être vaincu et qu’il est absolument juste de le mépriser du point de vue stratégique.

   Ce qui accroîtra inévitablement la confiance du peuple et de son armée dans la lutte contre l’ennemi et les encouragera à lutter et à remporter de plus grandes victoires encore.

   Certains soutiennent que la tactique est subordonnée à la stratégie et qu’étant donné que nous devons, stratégiquement, « nous battre à un contre dix », nous ne pouvons « nous battre à dix contre un » tactiquement, sinon la tactique sera en conflit avec la stratégie.

   Ceux-­là envisagent les choses d’une façon métaphysique. Ils ne comprennent pas le rapport dialectique entre la stratégie et la tactique.

   Lorsque nous parlons de la subordination de la tactique à la stratégie, nous voulons dire que toute la tactique doit assurer efficacement l’application du principe stratégique et la réalisation du but stratégique.

   La stratégie et la tactique, tout en étant étroitement liées, se distinguent l’une de l’autre.

   Leur interconnexion se traduit par le fait que la tactique est subordonnée à la stratégie et sert le but stratégique.

   Mais l’objet de l’étude de la science de la stratégie, ce sont les lois qui régissent la direction d’une guerre dans son ensemble tandis que l’objet de l’étude de la science des tactiques, ce sont les lois qui régissent la direction de certaines parties d’une guerre; là réside la différence.

   Par exemple, notre principe stratégique dans la Guerre de résistance contre le Japon était « une guerre défensive prolongée sur les lignes intérieures » tandis que notre principe opérationnel fondamental au cours des campagnes et batailles était « une guerre offensive de décision rapide sur les lignes extérieures ».

   Les deux semblent opposés, mais le premier ne pourrait être réalisé sans le second.

   De même, « se battre à un contre dix » stratégiquement et « se battre à dix contre un » tactiquement semblent opposés, mais le dernier principe est le moyen nécessaire pour réaliser le premier.

   Si nous ignorons la différence entre la stratégie et la tactique et soulignons la nécessité de nous « battre à un contre dix » dans des batailles spécifiques, nous commettrons certainement l’erreur de sous-­estimer l’ennemi et d’agir de façon imprudente.

   Il est évident que dans certaines circonstances où tous les avantages sont de notre côté en ce qui concerne le soutien des masses, le terrain, les conditions climatiques et l’adversaire particulier ou si une tâche de combat particulière doit être assumée, il peut y avoir de nombreuses occasions dans lesquelles des campagnes ou des batailles sont engagées avec des effectifs inférieurs contre des effectifs supérieurs.

   Mais nous devons insister sur l’utilisation d’effectifs supérieurs pour vaincre des effectifs inférieurs et sur la concentration d’une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une, car c’est là notre concept directeur dans les opérations, notre principale méthode de combat.

   On peut donc voir que la méthode de concentrer une force supérieure pour anéantir les forces ennemies une à une montre à la fois notre esprit révolutionnaire d’oser lutter et remporter la victoire, notre attitude strictement scientifique et notre art de lutte souple et inventif.

   Elle traduit concrètement dans la lutte militaire le grand concept marxiste-­léniniste de stratégie et de tactique, l’idée de mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et d’en tenir pleinement compte du point de vue tactique.