5. La démocratie actuelle ou dictature de la bourgeoisie

Les Cahiers de Contre-Enseignement Prolétarien

#18 – L’État et ses fonctions

5. La démocratie actuelle ou dictature de la bourgeoisie

   Ses origines

   L’État actuel, chez nous, est démocratique. Est-il vrai que cette démocratie soit l’idée que la puissance sociale réside dans le groupe tout entier, comme disent les sociologues officiels ? (HUBERT, p. 211.) Est-ce vrai, ce que dit Bouglé, que le pouvoir politique y émane de tous les membres de la société, par opposition à la monarchie ?

   L’histoire, les faits précis répondent à ces apologies abstraites.

   Dans beaucoup de pays, comme en France, le gouvernement a été celui d’un roi, d’un empereur. Il devient ensuite une République démocratique. Et il y a eu une révolution pour faire le passage d’un régime à l’autre.

   Qui a fait, cette révolution ? Qui a fait la révolution de 1789 ? Qui en a profité ? La réponse est immédiate : les bourgeois. (Voir le cahier de contre-enseignement : Causes profondes de la Révolution française.)

   En France, avant 1789, le commerce était gêné par toute sorte de barrières, de douanes, de réglementations. Les ouvriers étaient enchaînés par les corporations. Ils n’avaient pas le droit d’aller où ils voulaient, de prendre du travail où il y en avait, de recevoir un salaire quelconque, suivant l’abondance ou la rareté de la main-d’œuvre. Tout était réglé.

   Or, pour que le commerce se développe, il faut que les routes soient libres ; il faut que les affaires soient libres, soumises aux seules règles de la propriété de l’argent et des marchandises. Pour que l’industrie se développe, il faut qu’elle se débarrasse de toutes les entraves de la féodalité. Il faut qu’elle soit libre. Il faut aussi que l’ouvrier soit libre de sa personne, — libre d’aller où il y a du travail, — libre d’accepter du travail non pas à un tarif fixé par une antique corporation, mais à un salaire payé par le capitaliste d’après ses besoins et l’état du marché du travail. En résumé, il faut que l’ouvrier soit libre pour que sa force de travail lui appartienne et devienne une simple marchandise qu’il vend contre un salaire, pour qu’il devienne un prolétaire !

   On peut voir ce que signifie la fameuse « liberté » qui figure dans la Déclaration des droits de l’homme ! Elle signifie la voie libre pour le capitalisme, et la liberté pour le prolétaire de se vendre ou de crever la faim librement, comme aujourd’hui les 30 millions de chômeurs dans le monde.

   L’« égalité » est aussi trompeuse que la « liberté ». C’est l’égalité formelle, juridique, abstraite, l’égalité devant la loi.

   La loi démocratique bourgeoise permet de défendre également pour tous la propriété — pour celui qui ne possède qu’un petit mobilier ou un lopin de terre, ou rien du tout, comme pour le milliardaire !

   On commence à voir pourquoi la Révolution de 1789 a été dirigée par les Mirabeau, les Danton, qui étaient des bourgeois, pourquoi cette bourgeoisie renversa ensuite la dictature de Robespierre et de Saint-Just, mandataires de la petite bourgeoisie, qui avaient fait le rêve de limiter l’accumulation du capital. (Voir l’excellent cours par correspondance de l’Université ouvrière de Paris sur l’Histoire du mouvement ouvrier, 2° leçon.) On voit pourquoi cette révolution s’est achevée par la réaction thermidorienne, le Directoire, l’Empire, consolidations successives, sous diverses formes, de la bourgeoisie au pouvoir. C’est le peuple qui a fait cette révolution et ce sont les bourgeois qui se sont servis du peuple pour déblayer leur chemin et accomplir leur œuvre historique contre la féodalité.

   La démocratie actuelle

   Et maintenant ? La démocratie actuelle, en France, qui réclame des « grands ancêtres » de 1789, c’est la démocratie bourgeoise. C’est la dictature de la bourgeoisie, soigneusement camouflée.

   Le calembour sur la Liberté continue à courir. On est libre en République bourgeoise : libre de se vendre ou de crever de faim ! On est libre de penser, c’est-à-dire libre d’avoir des opinions inoffensives et inactives I Mais le capital, la richesse, y est libre d’une liberté qui n’est pas un vain mot, qui n’est pas négative ! Tout s’achète « librement » en démocratie bourgeoise : le travail, les hommes, les idées, les opinions. La richesse y déploie sa puissance en toute liberté, par la corruption des fonctionnaires, de la presse, des parlementaires et ministres, de la justice et de la police (affaire du Panama en 1892, affaires Hanau, Oustric, Raoul Péret, Stavisky, Prince, Mariani), par l’alliance entre l’État et le Capital. Cette alliance est de plus en plus étroite. Même les apparences d’indépendance, qui devaient, avant la guerre, donner satisfaction à l’« opinion publique », à la petite bourgeoisie quelque peu « frondeuse », à la classe moyenne (qui est en voie de disparition), même cette comédie d’indépendance tend à finir. L’État aide de plus en plus l’économie bourgeoise (crédits accordés aux industriels, à l’exportation ; plan d’outillage national, accroissement des armements impérialistes, garde mobile pour écraser les grèves, etc., etc.). De plus en plus ce sont les gros capitalistes qui gouvernent (ex. : les Lederlin, les de Wendel, rois du 1er, sont sénateurs — Loucheur, industriel, fut ministre. Doumergue, de la Compagnie de Suez, et Flandin, de l’Aéropostale, présidents du conseil). Les gouvernants sont sous la coupe du capital financier.

   La toute-puissance de la richesse est assurée en démocratie bourgeoise. Et cette forme d’État est la meilleure enveloppe pour le capitalisme : sa domination est camouflée par un État en apparence au-dessus des classes, et elle reste cependant absolue ! Comme nous l’avons déjà noté, l’administration, la bureaucratie, qui sont au service des bourgeois, ont sans cesse perfectionné leur appareil. Et tout cela s’est passé à l’abri des « grandes idées » de justice, d’égalité, etc…, à l’abri de ces idées qu’on a appelées justement les « grues métaphysiques et qui donnent à l’État bourgeois un air d’être l’incarnation de la vérité et de servir l’intérêt de tous !

   La dictature de la bourgeoisie

   Mais le suffrage universel ? nous objectera-t-on.

   Ce suffrage indique seulement que la classe ouvrière a une certaine maturité et que les prolétaires « libres » commencent à demander qu’on tienne compte d’eux. Pour les satisfaire et les tromper, on leur donne alors le suffrage universel bourgeois. Ils ont le droit de choisir leurs maîtres, de temps en temps! Mais ils doivent en passer par là pour s’apercevoir de la duperie, et réclamer une nouvelle forme d’État où ils aient vraiment la direction des affaires : la dictature du prolétariat. (Voir chap. VI.)

   D’ailleurs, ce suffrage universel ne peut rien. Il n’exprime pas les aspirations, la véritable « volonté » des masses ouvrières et paysannes. Ces masses ne participent pas réellement à la vie politique et ne peuvent s’y intéresser réellement et efficacement. Elles sont trop inexpérimentées et dupées pour se faire une opinion qui les exprime réellement. En effet, l’opinion publique est faite par la presse. Or la bourgeoisie qui, seule, a l’argent nécessaire pour lancer de grands journaux, acheter de puissantes machines à imprimer, le papier, faire la publicité, payer les journalistes, etc., possède toute la presse. Les rares journaux prolétariens ont une vie précaire et difficile, l’État bourgeois les accable d’amendes et parfois les supprime (1er août, 1er mai). Par l’argent, la bourgeoisie tient aussi les orateurs, les moyens de transport, les lieux de réunion, etc. Ce n’est donc pas leur opinion librement formée que les masses expriment en votant, mais l’opinion que la presse bourgeoise leur a formée quotidiennement par le journal. La bourgeoisie se sert des élections précisément pour lancer des idées fausses, pour troubler la conscience de classe et les désirs des travailleurs. Le suffrage universel, en République bourgeoise, est l’instrument de domination de la bourgeoisie, de même que le prétendu « intérêt général » dont elle se réclame est son propre intérêt. La démocratie bourgeoise, contrairement au bourrage de crâne officiel, est une forme de domination de la MAJORITÉ par la MINORITÉ. (Comparer ici avec HUBERT, p. 232.)

   Cependant, malgré les puissants moyens d’action de la bourgeoisie, il arrive que, dans les grandes villes, où le prolétariat est fortement concentré, la propagande et l’éducation révolutionnaires parviennent à être suffisantes pour faire élire des députés révolutionnaires. Mais ces députés à la Chambre restent une minorité. La bourgeoisie prend ses précautions pour restreindre leur nombre. Elle refuse systématiquement d’instituer la représentation proportionnelle, enlevant ainsi, par exemple, au Parti communiste les 4/5 des représentants auxquels il aurait droit selon le nombre de ses voix. En province, les villes sont fréquemment partagées entre plusieurs circonscriptions s’étendant sur les campagnes, de façon à disperser les voix prolétariennes et les noyer dans un nombre plus grand de voix rurales. Dans les très grandes villes où cela n’est pas possible, à Paris notamment, les circonscriptions ouvrières comprennent un nombre d’habitants beaucoup plus considérable que les circonscriptions bourgeoises, de telle sorte que la voix d’un bourgeois vaut 4 ou 5 voix ouvrières. A Paris, il y a 900 électeurs pour nommer un conseiller municipal dans le quartier bourgeois de Gaillon et 13.000 électeurs dans le quartier ouvrier de la Gare. Et le Conseil municipal de Paris, où règne ainsi une majorité fasciste, n’en prétend pas moins représenter le peuple de Paris ! Un projet de loi tendant à remédier imparfaitement à cette scandaleuse inégalité, attend depuis 10 ans d’être voté !

   Ce suffrage camoufle admirablement l’État bourgeois. Et il faut une analyse profonde comme celle de Marx, Engels et Lénine pour dévoiler les caractères concrets de la démocratie bourgeoise, et ses racines. Cet État bourgeois à l’air de sortir de la volonté de tous, d’être au-dessus des classes, de servir l’intérêt général. Il s’enveloppe dans les nuées des « Droits de l’homme » comme autrefois la royauté dans le droit divin…

   Cependant, en même temps, jamais les antagonismes de classe n’ont été si violents. La justice bourgeoise condamne les prolétaires qui se défendent par la grève, par l’action politique, et elle condamne aussi ceux qui sont passés au vol ou au crime par la misère, la démoralisation et le désordre profond de cette société. La police de la bourgeoisie traque les révolutionnaires, qui ont le tort d’avoir une « opinion » qui est une action et n’est pas bien inoffensive ! Son armée, ses gendarmes et ses gardes mobiles tirent sur les grévistes ».

   En même temps, la machine se perfectionne. Les fonctionnaires sont de plus en plus surveillés ; l’enseignement est de plus en plus contrôlé et soumis aux besoins immédiats de la bourgeoisie (modification du régime des écoles, renforcement de la direction d’école, moyens de police dans l’école, économies sur l’école et son personnel, développement de renseignement technique, truquage croissant de l’histoire, de la géographie où l’U. R. S. S. est oubliée ou calomniée, etc.).

   L’illusion socialiste et réformiste

   Voilà où nous en sommes. Mais la pire des illusions consiste à espérer s’emparer de cet État bourgeois par la voie pacifique et démocratique, et à vouloir s’en servir « pour le bien du peuple ». Comme si cet État et son appareil étaient une machine inerte, utilisable indifféremment par la bourgeoisie ou par le prolétariat ! Comme s’il n’était pas agencé jusqu’en son fond par la bourgeoisie et pour elle.

   Cette illusion est celle des socialistes ! Ils ne veulent pas voir que l’État actuel est bourgeois et ne peut, dans sa forme actuelle, que servir aux bourgeois : cela est largement démontré de nos jours par l’attitude des socialistes dans les pays où ils sont arrivés au pouvoir par les moyens pacifiques de la démocratie bourgeoise. Pour atteindre ce pouvoir, ils ont dû tellement pratiquer une politique de conciliation, de collaboration et d’accommodement avec la bourgeoisie, qu’ils se sont complètement embourgeoisés, au point qu’ils font fonctionner toute la machine de l’État bourgeois exactement comme le faisaient les gouvernements bourgeois, c’est-à-dire contre la classe ouvrière et paysanne et les peuples coloniaux (ex. : en Allemagne, en 1919, assassinat des révolutionnaires spartakistes, de Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg par les socialistes Noske et Scheidemann, et le 1er mai 1929, assassinat de 26 ouvriers dans les rues de Berln par le préfet de police socialiste Zoergiebel ; en Angleterre, attitude du gouvernement travailliste de Mac Donald à l’égard des ouvriers, des chômeurs et des Hindous révoltés).

   L’État actuel, machine militaire, policière et bureaucratique faite pour la bourgeoisie ne peut servir le prolétariat. La Commune de Paris de 1871 et, plus encore, la révolution bolchévik de 1917 ont montré qu’il fallait le briser et le remplacer par une nouvelle forme d’État basé sur une démocratie plus complète, l’État prolétarien, dont la Commune de Paris fut une ébauche et dont l’État soviétique est une réalisation.

   En niant ce fait capital, les socialistes oublient qu’une classe privilégiée ne se suicide pas volontairement, qu’elle n’abandonne pas pacifiquement et par simple persuasion ses privilèges, qu’il faut des 14 juillet pour amener des 4 août. Ce qui a été vrai pour la noblesse en 1789 est aussi vrai de nos jours pour la bourgeoisie.

   Dans cette illusion de conquérir pacifiquement le pouvoir détenu par la bourgeoisie et d’installer pacifiquement le socialisme, les chefs socialistes ont été amenés à pratiquer une néfaste « politique du moindre mal » consistant dans une alliance avec les partis bourgeois démocratiques, pour lutter contre les partis fascistes, sous prétexte de barrer la route au fascisme, comme si ces partis bourgeois démocratiques n’étaient pas prêts, pour sauver le régime capitaliste, à passer eux-mêmes au fascisme au moment décisif.

   Les événements récents en Allemagne, en Autriche, en Espagne, ont lumineusement démontré l’illusion et le danger de cette tactique socialiste qui ne fait que préparer la voie au fascisme. En Allemagne, les socialistes firent élire le président Hindenburg qui prépara la venue au pouvoir de Hitler. En Autriche, une politique semblable a abouti à l’écrasement die la Commune viennoise par le fasciste catholique Dollfuss. En Espagne, en participant au pouvoir avec les républicains bourgeois, les socialistes ont préparé l’arrivée au pouvoir du chef républicain Lerroux qui s’est fait l’instrument du fascisme espagnol et le bourreau de la révolution asturienne.

   Ainsi a été démontrée pour les partis qui se réclament de la classe ouvrière, la nécessité, non de conquérir par la lutte parlementaire l’État bourgeois, mais de le détruire par la lutte révolutionnaire, la nécessité de pratiquer, non la collaboration des classes avec les partis bourgeois, mais la lutte des classes contre eux et contre le régime, qui seule peut faire échec au fascisme et aboutir à la transformation profonde de la société.

   Ces dures leçons ont amené un revirement dans l’attitude des partis socialistes de certains pays, et premièrement en France. Les masses d’ouvriers socialistes ont compris le danger de poursuivre en France une action analogue à celle des chefs socialistes d’Allemagne, d’Autriche, d’Espagne, et cette pression des masses a amené les chefs socialistes français à réaliser le front unique d’action avec le Parti communiste, resté toujours fidèle à la tactique de lutte des classes. Mais les vieilles illusions de conquête pacifique du pouvoir n’en subsistent pas moins au sein du Parti socialiste. La droite de ce Parti, avec Frossard, continue à pencher vers la politique du « moindre mal » (?), l’ex-cartel des gauches, l’alliance avec le Parti radical qui collabore à l’« Union nationale » bourgeoise. La persistance des divergences profondes entre le Parti socialiste et le Parti communiste a été mise en lumière par la discussion sur le programme commun du front unique. Alors que les communistes proposaient simplement un programme de revendications immédiates, des différentes catégories de travailleurs, susceptible d’entraîner celles-ci à la lutte jusqu’au renversement de l’État bourgeois qui seul permettra l’établissement d’un régime socialiste par la dictature du prolétariat, les socialistes ont proposé tout un programme comportant la « nationalisation du crédit, des banques et des assurances », la « socialisation des grands monopoles capitalistes, la propriété collective des grands moyens de production et d’échange », l’« affectation à la collectivité nationale des sommes provenant de la gestion des industries socialisées ». Comme le socialiste belge Henri De Man, les néo-socialistes et la C. G. T., qui proposent des « plans » analogues, les chefs socialistes croient à la possibilité de planter ainsi dès maintenant, dans le régime capitaliste lui-même, des « jalons socialistes », d’opérer une « modification de la structure capitaliste » dans un sens socialiste. Ils ne voient pas que de telles nationalisations et socialisations ne sont possibles que par le renversement de l’État bourgeois et l’établissement de la dictature du prolétariat. La bourgeoisie ne saurait laisser s’opérer des réformes de structure du régime dans un sens socialiste sans déclencher la guerre civile contre le prolétariat, contraignant celui- ci, soit à se soumettre, soit à renverser l’État bourgeois par la violence. Tous les « plans » socialistes de nationalisations fonctionnant sous la direction de l’État bourgeois, instrument du capital financier, d’une manière semblable au plan Roosevelt aux États-Unis, ne peuvent que consolider la puissance de celui-ci, tout en contribuant à illusionner et duper les masses ouvrières.

   En entretenant cette illusion, les chefs socialistes consciemment ou non fournissent des arguments aux bourgeois, qui veulent garder les choses telles qu’elles sont. Ils contribuent à discréditer la dictature du prolétariat, permettant aux bourgeois de la présenter faussement comme une oppression du « peuple », un système barbare et réactionnaire. Ils détournent les masses de la lutte quotidienne pour leurs revendications qui les dresse contre le régime. Ils poussent à la contre-révolution et au fascisme tous les gens incertains et peu éduqués au point de vue politique. Ils aident la bourgeoisie à continuer son œuvre, à raffermir sa bureaucratie, à mater les révoltes que mettent en danger les fondements de l’État bourgeois. Ils l’aident à détourner par des petites concessions apparentes, bientôt reprises ou récupérées par les bourgeois, le mécontentement des masses dupées par la démocratie. (Voir l’activité des chefs des syndicats réformistes de la C. G. T. s’efforçant de freiner la volonté de lutte des ouvriers, tentant d’empêcher la réalisation de l’unité syndicale.).

   En entretenant l’illusion réformiste, les chefs socialistes dissimulent le fait fondamental que la lutte des classes continue, de plus en plus violente, en démocratie bourgeoise. Ils empêchent de voir que toute amélioration, toute conquête du prolétariat est obtenue par la lutte des classes, par la peur et l’affaiblissement de la bourgeoisie (ex. : la journée de 8 heures en 1918-19). Ils empêchent de voir nettement que toute la vie politique dépend du rapport des forces entre le prolétariat et la bourgeoisie. Ils font entrer dans le prolétariat les idées qui servent la bourgeoisie (collaboration des classes). Ils protègent et couvrent la tactique de la bourgeoisie.

   Par rapport à l’école, ils empêchent de voir que l’enseignement bourgeois, clérical ou laïque est un bourrage de crâne de plus en plus « au point » et que l’école bourgeoise laïque est au mieux une école d’idéalisme vague et de vague espoir en un avenir lointain, c’est-à-dire pratiquement une école de résignation et de soumission. C’est bien pour cela qu’un HUBERT peut écrire (p. 235 de son Manuel : « l’éducation est le plus ferme soutien de la démocratie… » (bourgeoise naturellement !).

   Au moment où le développement de l’unité d’action entre le Parti socialiste et le Parti communiste commence à poser la question de la réalisation de l’unité organique des deux partis, on voit toute l’importance qu’il y a à bien préciser cette attitude que doit avoir le prolétariat envers l’État bourgeois. Le parti unique du prolétariat ne peut pas être celui de la collaboration avec l’État bourgeois qui ne peut que consolider le régime bourgeois, mais de la lutte pour le renversement de l’État bourgeois, l’instauration de l’État prolétarien, de la dictature du prolétariat.

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