Correspondance et discussion

Les Cahiers de Contre-Enseignement Prolétarien

#7 – Les Causes profondes de la Révolution Française

Correspondance et discussion : À propos du Cahier sur les Problèmes de la Révolution Espagnole

   C’est un Cahier discuté. Tant mieux. Toutes les critiques, d’ailleurs, révèlent une lecture attentive et témoignent d’un véritable enthousiasme pour l’œuvre du Contre-Enseignement.

   1) Le Cahier était déjà long, 47 pages ! La section d’A… de l’U.G.E.E. trouve cependant que certaines questions n’ont pas été développées suffisamment. (« Le Jeune Travailleur », janvier 1932). Pour ces camarades les faits même de la Révolution de 1931 ne sont pas assez étudiés. Le Cahier ne parle pas assez du Traité d’Utrecht, excellente preuve de la décadence de l’Espagne. Un autre camarade (de Barcelone) « pense qu’on aurait pu insister un peu plus sur l’évolution de la première République espagnole si curieuse à comparer avec l’actuelle ». Ces remarques sont justifiées. À vrai dire, il y avait là matière à deux Cahiers, et les auteurs ont, peut-être, commis l’erreur de réunir dans une même brochure l’étude de l’Histoire Espagnole et celle de la Révolution Espagnole.

   2) La seconde critique formulée également par nos camarades de la section d’A… est beaucoup plus grave. Résumons-la par une de leurs formules : « Souvent la pensée n’est pas assez développée, on a l’air de s’adresser à des « marxistes » et non à des normaliens ». La plupart des exemples choisis sont exacts. Quelques-uns peuvent être discutés. Transformer les pesetas en francs? Procédé artificiel qui, d’ailleurs, ne donnerait aucun résultat : les chiffres donnés dans le Cahier ne sont pas cités pour eux-mêmes mais, pour marquer concrètement une évolution. Cette évolution apparaît aussi bien avec des pesetas qu’avec des francs. Oui, certains mots, n’ont pas été expliqués, mais d’autres l’ont été comme Bakounine (page 15) et Cortès (page 12).

   Comment remédier aux défauts et aux difficultés signalés par nos camarades normaliens ? Par la réalisation du travail collectif sous toutes ses formes. Travail collectif à la rédaction. Huit camarades ont travaillé sur le projet du Cahier relatif à l’Espagne,. L’expérience montre que c’est encore insuffisant. Mais aussi travail collectif dans l’étude et l critique : l’exemple des camarades d’A… est très caractéristique. Certains passages du Cahier leur ont paru, obscurs. Mais dans l’ensemble, leurs critiques même montrent qu’ils ont parfaitement compris, le sens du Cahier. Ceci est dû à l’étude: collective et minutieuse qu’ils ont faite de la brochure. Lecteurs-normaliens méditez cet exemple! Nous allons améliorer la rédaction. Mais de votre côté, réunissez-vous pour discuter et étudier les Cahiers : et vous verrez alors se dissiper de nombreuses obscurités.

   Prenons garde cependant et ne tombons pas dans le défaut contraire. Nos Cahiers ne sont pas des brochures d’agitation. Les brochures d’agitation sont nécessaires. Elles paraissent sous le contrôle du Parti Communiste. Elles doivent être diffusées dans les Écoles Normales. Nous ne voulons ni les remplacer, ni faire avec elles double emploi. Nos Cahiers sont des brochures d’éducation révolutionnaire. En Histoire, ils veulent donner des exemples d’interprétation des faits à la lumière de la dialectique marxiste. À ce titre, ils doivent nécessairement exiger du lecteur, quel qu’il soit, un effort tenace de compréhension.

   Cet effort a été fait par les normaliens d’A… Il n’est donc pas impossible. En tous cas, cette première discussion montre que nous; sommes sur la bonne route. Continuons avec la collaboration de tous nos lecteurs : ouvriers, normaliens, instituteurs et professeurs.

   3) Voici, pour en finir, quelques suggestions précises faites par un camarade de Barcelone. Il nous apporte non seulement son avis, mais encore celui des militants de la Péninsule avec lesquels il a discuté du Cahier n° 5 :

   « Je pense qu’il eût mieux valu insister sur les forces en présence : analyse du contenu bourgeois de la révolution (qui explique pourquoi s’il faut sacrifier une alliée de plus dans la lutte on sacrifiera plutôt les survivances féodales comme les ordres, etc.) analyse des forces paysannes (qu’on a beaucoup négligées) analyse (qui mériterait beaucoup mieux) du syndicalisme de la C.N.T. avec ses forces et ses faiblesses; meilleures données enfin sur les débuts du communisme en Espagne ; à ce sujet, en particulier, si l’on consacre un développement à Maurin et au trotskisme, il est difficile de justifier la forme employée, purement polémique : il est légitime de considérer le « Bloc ouvrier et paysan » de Maurin comme un phénomène localisé, dans l’espace et, dans le temps, passager : on peut alors n’en pas parler, mais si, comme il valait mieux, je crois, on désirait en parler, il fallait faire une analyse plus serrée des raisons de son succès en Catalogne, des survivances social-démocrates et anarchistes dans sa politique et les faits ni les textes ne manquaient pas. De même pas assez sur l’U.G.T., pas assez sur la Garde civile, pas assez sur la distinction entre les diverses tendances anarchistes et anarcho-syndicalistes. Bref, quand on donne avec raison le rôle à venir de premier plan à la classe ouvrière et à ses adversaires de combat (police, etc.) il est plus explicatif de parler des forces en présence et de leur organisation que de commenter des incidents politiques. Cela permet beaucoup mieux de suivre le développement ultérieur et de vérifier les thèses. Cela n’empêche d’ailleurs en rien l’utilisation de certains faits. Je pense aussi que dans l’analyse de la structure espagnole on pouvait (sans exagérer) développer quelques allusions aux analogies avec la Russie : développement inégal des forces capitalistes, chances de révolution dans les pays de capitalisme retardé, possibilité de passer rapidement sur les phases capitaliste-démocratiques, importance de la question agraire à résoudre, et enfin possibilité d’une construction relativement indépendante du socialisme en cas de révolution grâce à l’immensité des richesses inexploitées par le capitalisme.

   « Enfin, dans la bibliographie, outre une coquille malheureuse qui risque de taxer « d’inspiration bourgeoise » les publications de l’I. C, et Marx lui-même, il semble que, sur la période intéressant la Révolution, Altamira ne valait pas plus d’être cité qu’un autre manuel ; en revanche, on aurait pu citer quelques ouvrages espagnols pour les camarades sachant la langue (je crois qu’il y en a beaucoup dans le Midi) et comme ouvrage bourgeois, mais dont les amusettes pittoresques voisinent avec d’heureuses remarques, l’ouvrage-reportage de Pierre Dominique « Marche Espagne » qui a l’avantage de pouvoir être comparé avec le reportage en Russie du même auteur. »


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