La Guerre Populaire dans les pays impérialistes

La guerre populaire dans les pays impérialistes

Parti Communiste Maoïste de France (PCmF)  

   Le premier Cahier du maoïsme (revue marxiste-léniniste-maoïste) posait le problème de la guerre populaire dans les pays impérialistes. Partant de l’analyse de la Commune de Paris, puis d’une analyse critique de l’histoire du PCF, de la Résistance Antifasciste et du combat des maoïstes dans les années 70, la revue en concluait qu’à partir de ces différents éléments, on pouvait dire qu’un début de guerre populaire s’était déjà produit dans notre pays et dans d’autres pays impérialistes comme l’Italie avec la Résistance antifasciste et le mouvement des années 70/80.

   En 1789, la Révolution française était dirigée par la bourgeoisie, classe révolutionnaire montante contre le féodalisme. Le Tiers-Etat regroupait, outre la bourgeoisie, les éléments du peuple (artisans, paysans pauvres, ouvriers des villes). La Révolution avait alors un double caractère, celui de la lutte anti-féodale contre la monarchie et l’Eglise, puis de libération nationale contre les interventionnistes et les émigrés. La Commune de Paris était dirigée par le prolétariat en armes contre la bourgeoisie. Elle réalisa des réformes, édicta de nouvelles lois qui avaient un caractère prolétarien. Marx dira que « la Commune c’était la dictature du prolétariat ».

   En 1936, le Front Populaire constitua un barrage puissant contre le fascisme après la tentative de coup d’État d’extrême-droite en 1934. Bien des conquêtes sociales importantes ont été obtenues (dont les congés payés), après plusieurs semaines d’occupation des usines immédiatement après l’élection d’un gouvernement de gauche. Le PCF qui ne faisait pas partie du gouvernement, privilégia l’alliance au sommet avec le Parti Socialiste et non l’union à la base telle qu’elle avait été définie par la IIIème Internationale. Cette politique d’alliance au sommet sera critiquée par l’Internationale et le PCF fera son autocritique. Le PCF était plus un Parti de masses (quantitativement) que d’avant-garde. Sa stratégie était de fait la conquête du pouvoir, par la voie parlementaire, pacifique, l’alliance avec un Front de partis et pas un Front de masses dirigé par lui. Englué dans sa stratégie électoraliste, le PCF ne s’était pas doté d’une organisation armée pour s’opposer à l’appareil d’Etat bourgeois et le conquérir. En 1938, les radicaux renversent le gouvernement Blum qui avait refusé d’envoyer massivement des armes au Frente Popular. Daladier signera les accords de Mûnich avec Hitler.

   Après avoir épuisé toutes possibilités d’accords avec l’Angleterre et la France, l’URSS, pour gagner du temps et se protéger, dû signer le pacte de non-agression avec l’Allemagne. Immédiatement le PCF fut dissous, les députés arrêtés. Quand Hitler envahit la Pologne et que la guerre fut déclarée, le PCF dénonça la guerre comme une guerre entre pays impérialistes, ce qui était vrai puisque le Front Populaire anti-fasciste avait été balayé par les radicaux, mais il ne donna pas de consigne pour organiser à l’intérieur de l’Armée des comités antifascistes, anti-hitlériens. Il fallu l’invasion, puis l’occupation et l’instauration d’un gouvernement fasciste, raciste et corporatiste pour que le PCF organise la Résistance contre l’occupant et le gouvernement de Vichy. La Résistance Antifasciste va regrouper les antifascistes sous la direction du Parti Communiste qui dirigera la lutte armée contre l’occupant nazi et l’État fasciste et collaborationniste de Vichy. Cette armée aura un double caractère, antifasciste et de libération nationale. Ce double caractère contient différents éléments qui caractérisent la guerre populaire, à savoir : une guerre dans laquelle le peuple est partie prenante, dirigée par un Parti Communiste, ayant une armée de partisans contre l’ennemi, et un front national (à prendre dans le sens de front uni, ce qui n’a rien à voir avec le FN de Le Pen). Le  PCF s’est malheureusement contenté du programme du Conseil National de la Résistance et par la voix de Thorez, sous la pression de De Gaulle, a dissous l’Armée de Partisans (FTP) et les FFI qu’il contrôlait afin qu’elles soient absorbées dans l’Armée Nationale bourgeoise. Il a dissous les Comités de Libération qui constituaient un double pouvoir en face des préfets de De Gaulle, ne poursuivant pas la conquête du pouvoir dans tout le pays. Le PCF a alors intégré l’appareil d’État bourgeois pensant le conquérir de l’intérieur. La guerre de partisans n’avait pas de bases d’appui permanentes sauf sur le Plateau des Glières. Ce n’est qu’après, dans les zones libérées de l’occupant nazi par les forces de l’Intérieur (FTP et FFI) avec l’appui ou non des Alliés, que de nombreuses localités purent établir le pouvoir populaire dirigé par les comités de Libération. Dans les années 60, il s’est enfoncé dans la révision de la théorie révolutionnaire du prolétariat, le marxisme-léninisme. Il a théorisé à la suite de Khrouchtchev, la thèse du passage pacifique au socialisme et s’est enfoncé de plus en plus dans le crétinisme parlementaire.

   Plusieurs éléments ont composé le cocktail idéologique explosif qui allait déclencher le mouvement de 1968 : le début de la révolution sexuelle qui s’est opposée à la séparation des filles et garçons dans deux résidences séparées à Nanterre d’où la lutte est partie, la contestation de la société de consommation (Marcuse), le situationnisme (le livre  d’Hockeingeim – misère en milieu étudiant), la guerre au Vietnam (comités Vietnam de base), le mouvement d’opposition à Berkeley, Rudy Dutschke en Allemagne et le mouvement anti-impérialiste, la lutte contre le révisionnisme moderne khrouchtchévien, la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine, le mouvement maoïste, la tricontinentale, etc.. Sur le plan économique, de grandes grèves comme celle de la Rhodiaceta avaient jalonné l’année 67. Les évènements du Quartier Latin après la fermeture de Nanterre, allaient provoquer la nuit des barricades le 10 Mai 1968. Le 13 Mai à l’appel des syndicats contre la répression du mouvement étudiant, une manifestation rassemblait 1 million de manifestants à Paris. Jour après jour, des usines étaient occupées par les grévistes. Au bout d’une dizaine de jours, 10 millions de travailleurs étaient en grève, des paysans apportaient leur soutien, les commerçants recevaient des bons d’achat émis par les syndicats à Nantes.

   Bref la situation était quasi insurrectionnelle, mais le PCF ne pouvait que se comporter comme un parti légaliste, réformiste et révisionniste et développer sa thèse d’Union de la Gauche pour la conquête du pouvoir pacifique par la voie parlementaire. Certes la bourgeoisie a été contrainte de faire d’importantes concessions, entre autre le droit des immigrés à être syndiqués et élus, de fortes augmentations de salaires, etc. De Gaulle avait eu le temps de se ressaisir et la bourgeoisie désemparée, revigorée défilait sur les Champs-Elysées (1 million de personnes). La gauche était battue aux élections, une chambre gaulliste était élue.

   Mais le mouvement allait se poursuivre encore plusieurs années. Les trotskystes avançaient la thèse du reflux, alors que les maoïstes de la Gauche Prolétarienne, qui s’était formée en Août par la fusion d’une partie du mouvement du 22 mars et d’une partie de l’UJCML, refusait la théorie du reflux et posait le problème de la guerre populaire prolongée. Un plan d’implantation était élaboré vers les usines : la lutte contre l’exploitation, l’oppression et la conciliation réformiste et révisionniste était engagée. A Renault, c’était l’affrontement entre le comité de lutte et la direction CGT. De nombreuses victoires étaient obtenues par le comité de lutte, des actions contre les mouchards étaient organisées (GOAF, groupes ouvriers anti-flics), la rotation sur les chaînes étaient mises en place (division peinture notamment). Finalement la GP était interdite, les directeurs de la Cause du Peuple arrêtés et les vendeurs de la Cause du Peuple (maoïstes ou militants solidaires d’autres organisations) étaient jetés en prison. Ce qui n’empêchait pas le mouvement de se développer, bien au contraire. L’Union Nationale des Comités de Lutte d’Ateliers (UNCLA) était créée, mais aussi les Comités Vérité et Justice ainsi que le Secours Rouge. Ces organisations regroupaient des militants de diverses organisations. La GP était très activiste.

   La transformation de la GP en Parti était annoncée mais ne vit jamais le jour. La ligne empruntait divers aspects du maoïsme « on a raison de se révolter », lutte intransigeante contre le patron, lutte en dehors des cadres réformistes et révisionnistes, création d’une branche semi-armée, la NRP (Nouvelle Résistance Populaire), dans l’idée de détachements de nouveaux partisans. Mais la théorie de la construction du Parti par le bas persistait, alors que la GP avait été créée, elle, par le haut. L’UNCLA défendait une ligne économiste (la défense du beefsteak, le rejet du politique). La course derrière les Lip qui faisaient la révolution sans le savoir comme le prétendait le chef de la GP, Pierre Victor (Béni-Lévi), amena la direction à déclarer caduques les thèses marxistes-léninistes et à dissoudre la GP.

   Le mouvement autonome sur une ligne encore plus anarchisante va tenter d’appliquer la thèse des maisons pour tous qui était la thèse de la dissolution dans les masses proposée par la direction de la GP. Les NAPAP vont former un noyau armé, qui exécutera Tramoni, assassin de Pierre Overney. Va leur succéder le groupe Action Directe, qui va multiplier les actions armées et attentats contre des cibles impérialistes et capitalistes.

   La GP a été le seul mouvement se réclamant du maoïsme qui a eu une pratique importante dans les masses, ce qui fait sa différence avec Action Directe qui n’a eu pratiquement aucune influence politique et organisationnelle dans la classe ouvrière. La GP a pratiqué l’action symbolique semi-armée et avait comme objectif de mener la lutte armée, la guerre prolongée contre la bourgeoisie, mais n’a pas franchit le pas.

   Les manques de ces deux organisations (GP et AD) ne sauraient faire oublier les aspects positifs de l’une et l’autre, pas plus que le révisionnisme ouvert du PCF depuis les années soixante ne saurait faire oublier, la juste création de la section française de la IIIème Internationale, les luttes menées, et particulièrement la période de la Résistance. Ces expériences, ces luttes, font partie de notre patrimoine idéologique, politique et organisationnel comme la Commune de Paris et sur le plan international, la Révolution d’Octobre, la Révolution Chinoise, et les guerres populaires menées aujourd’hui au Pérou, au Népal, en Inde, en Turquie, aux Philippines,…

   En 1981, la gauche arrive au pouvoir, sociaux-démocrates en tête, alliés au PCF. Mitterrand a défini son objectif : réduire l’influence du PCF, lui faire perdre son électorat qui se réduira comme une peau de chagrin. Les ministres « communistes » vont  gérer le capitalisme. On connaît la suite. Les partis de gauche dont le P« c »F vont perdre les élections présidentielles en 2002, non pas parce qu’ils étaient divisés au 1er tour, mais parce que les promesses électorales n’avaient pas été tenues, que le chômage avait considérablement augmenté, etc.

   Devant la montée du Front national et bien que l’extrême droite ne totalisa que 6 millions de voix contre 10 pour la droite, ils ont appelé à voter Chirac qui a été élu à 82% des voix sur 70% de votants. Bien qu’élu grâce aux voix de la gauche et de l’extrême gauche, Chirac a accéléré la restructuration capitaliste prenant des mesures en conséquence : attaque contre les retraites, augmentation de la CSG, diminution des remboursements de santé avec l’aval de la CFDT, mise en place d’un nouveau contrat social (loi Borloo) et ses maisons de l’emploi.

   Lors du référendum sur la Constitution Européenne en 2005, malgré l’appui de la majorité du PS et de la CFDT qui appelaient à voter OUI, malgré la bienveillante « neutralité » « syndicale » que tenta de faire passer la direction CGT (position renversée par le CCN (Comité Confédéral National) qui fit adopter le NON), le mouvement ouvrier et populaire a voté massivement pour le NON. C’était la 1ère victoire du prolétariat et du mouvement populaire.

   Malgré cela, comme nous l’avions prévu et écrit dans notre presse, la bourgeoisie et le gouvernement de droite ont poursuivi leur offensive et Sarkozy a même fait passer la constitution européenne. De nouvelles mesures étaient prises soi-disant pour enrayer le chômage. Des nouveaux contrats ont succédés aux précédents. Le premier le CNE (Contrat Nouvelle Embauche) était avalisé par la CFDT. Il concernait les jeunes de moins de 26 ans embauchés dans les entreprises de moins de 20 salariés, lesquelles pouvaient s’en séparer sans préavis. La CGT et FO, bien qu’ils n’aient pas signé ce contrat, étaient impuissantes à s’y opposer. Il y avait eu pourtant d’importants mouvements, comme celui de l’Education Nationale, contre les Retraites etc. Au lieu d’appeler au blocage de l’économie capitaliste, en appelant à la « grève générale », ils appelaient dans la légalité avec préavis à des journées d’actions, secteur après secteur, empêchant ainsi tout mouvement généralisé. Les travailleurs perdaient des journées de salaires sans rien obtenir ou presque. Le découragement, l’amertume gagnait du terrain. Les partis de gauche n’avaient aucune perspective à offrir, si ce n’est que d’attendre 2007, pour mettre à la tête de l’Etat capitaliste un gouvernement de gauche en place de celui de droite. C’est ce qu’on appelle l’alternance, que nous avons déjà vue à l’œuvre.  

   La misère, le chômage des jeunes considérable (40%) dans les quartiers populaires s’accompagne d’une répression de plus en plus forte. En novembre 2005, la mort de 2 jeunes électrocutés et un autre grièvement brûlé à Clichy sous Bois, suite à une poursuite de police sans fondement ont provoqué la révolte des banlieues. Cette révolte a soulevé la chape de plomb qui écrasait le prolétariat.

   Les partis ont dû se positionner par rapport à cette révolte. La majorité a mis l’accent sur les « excès » des révoltés, appelé au calme car ils sont sur le fond contre la violence utilisée par les masses pour s’opposer à l’oppression, à la répression. Lors de la révolte des banlieues, la bourgeoisie a arrêté plus de 3000 jeunes dont 600 ont été condamnés à des peines allant d’1 mois avec sursis à 8 mois ferme.  

   Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine, cela a été de nouveau démontré. Cette révolte a été suivie par celle de la jeunesse étudiante, lycéenne qui s’est soulevée contre le CPE au printemps 2006. L’occupation de la Sorbonne a conduit l’Etat à envoyer les CRS et gardes mobiles pour déloger les occupants. Le quartier était toujours bloqué un mois après. Cela n’a pas arrêté la détermination des étudiants et des lycéens. Le mouvement qui était parti de la fac de Rennes II, s’était étendu à Toulouse et Nanterre, puis a atteint 70 universités ; plus de 700 lycées furent bloqués. La jeunesse dans toute la France était dans la rue. 70% de la population s’est déclarée contre le CPE, car chacun se sentait concerné non seulement pour l’avenir de ses enfants, mais aussi par la démolition systématique du Code du Travail, la suppression de tous les acquis obtenus par la lutte sans interruption du prolétariat. Les manifestations s’amplifièrent de jour en jour pour atteindre 3 millions de personnes dans la rue le 28 mars. La provocation de Chirac à la télé en remettra autant dans la rue le 4 Avril.

   Pouvons nous dire que la révolte des banlieues, le mouvement contre le CPE soient des éléments de la guerre populaire, font partis du processus qui y conduit ? Oui, ce sont les prémisses de la guerre populaire ! Les jeunes des banlieues ont osé se révolter sans organisation, car les organisations ont abandonné un véritable travail politique révolutionnaire dans ces quartiers pour la simple raison qu’ils sont opposés à la rage qui se transforme en violence. Elles appellent au renforcement de la police, de la justice, demandent plus de moyens pour neutraliser cette colère, cette rage, pour pacifier la jeunesse désespérée. Ceci explique pourquoi les pacifistes, les conciliateurs sont rejetés par les jeunes des banlieues. Ils mettent l’accent sur les « excès », pas sur la révolte qui à leurs yeux n’est pas assez politique, alors que la révolte est dirigée contre tous les vrais excès de la bourgeoisie. La violence en est encore à une phase inférieure : il n’y a d’armes que du côté des forces de police. Elle revêt aussi un caractère symbolique et est reprise durant le CPE par des masses de plus en importante. Une partie des « casseurs » prend conscience au contact des radicaux du mouvement étudiant et lycéen et utilise la violence en ciblant mieux.

   Le mouvement lui-même emploie une violence limitée. C’est une violence défensive contre l’appareil d’État. La direction du mouvement contre le CPE a échappée en partie aux forces organisées, qui y exercent néanmoins leur influence par syndicats interposés. Ils sont obligés de suivre car ils y ont intérêt. L’exemple le plus visible est celui de la CFDT, qui redore son blason en prenant la tête du soutien. Elle fait ainsi oublier sa prise de position pour le CNE. Le CPE a aidé la direction de la CGT dans sa préparation du 49ème Congrès car il y a une forte opposition à son orientation conciliatrice, accompagnatrice de la restructuration. Aujourd’hui la direction CGT adhère à une « nouvelle » internationale syndicale, dont le programme est la gouvernance du monde en collaboration avec les instances internationales ONU, FMI, OMC… Le mouvement lui-même est traversé par la lutte idéologique, sur le problème de la violence, sur le problème d’attaquer le système lui-même et pas seulement le gouvernement en place.

   Le gouvernement a reculé d’un demi-pas sur le CPE et a abandonné ce projet en proposant des cadeaux supplémentaires pour les patrons qui, paraîtrait-il, les inciterait à embaucher. On a déjà entendu cette chansonnette, sous la gauche ou sous la droite, mais la jeunesse et les travailleurs qui les ont soutenus ont pris conscience de leur force. La jeunesse a secoué les vieux appareils réformistes et révisionnistes et les a contraints à remettre en cause le CNE, auquel certains avaient souscrit comme la CFDT. D’autres avaient refusé de déclencher le blocage du système économique comme moyen de lutte, blocage qu’il ne faut pas confondre avec la grève générale insurrectionnelle, aboutissement de la guerre populaire prolongée.

   Depuis le CPE, il n’y a pas eu de mouvement d’ensemble aussi massif et étendu dans la durée. Cependant, il y a eu des luttes dures qui prennent des formes nouvelles, qui marquent un certain virage. Ainsi, il est à noter les luttes dans les facultés contre la LRU puis contre l’application de la LRU (où les profs se sont solidarisé des étudiants). Ces deux luttes ont été caractérisées par de longs mois de blocage des universités ainsi que des tentatives de mettre en place des « facs libres », « universités populaires », bref des tentatives de renverser les schémas culturels des cours magistraux, des profs que l’on ne remet pas en question, des tentatives de reprendre ses affaires en main et d’ouvrir les universités vers l’extérieur. De même, dans certaines villes, des commissions externes se sont mises en place pour faire le lien avec les autres secteurs de la société et notamment la classe ouvrière.

   De même, la crise générale du capitalisme, crise de surproduction, a mené à la réorganisation du Capital qui se traduit par une augmentation de la concentration de capitaux et au redéploiement du Capital pour garantir à la classe capitaliste-impérialiste un meilleur taux de plus value. Cela s’est manifesté par de nombreux licenciements, des fermetures d’usines et d’entreprises. C’est ainsi que les travailleurs de ces usines et entreprises ont mis en pratique des formes radicales de lutte (séquestrations de cadres, occupations de lieux de travail et d’institutions de l’Etat, menaces de destruction des outils de travail, etc.). Dans le cadre de ces luttes, les travailleurs se sont opposés aux directions syndicales collaboratrices, véritables partenaires sociaux dociles des représentants du Capital (le gouvernement), et ont réalisé l’unité à la base dans des comités de lutte regroupant syndiqués et non-syndiqués. Certes ces luttes ont des limites et elles ne se sont pas généralisées mais les premiers pas ont été franchis vers l’autonomie de la classe ouvrière vis-à-vis des organes réformistes (syndicats et organisations politiques).

   La guerre populaire prolongée a commencé par la révolte des banlieues, elle s’est poursuivie par la lutte de la jeunesse contre le CPE, qui n’est qu’un pas supplémentaire dans cette guerre. Elle continue maintenant au travers des luttes dans les usines et entreprises. Le mouvement le plus avancé a tenté de s’organiser en comité de lutte, d’action. Ces luttes accumulées (révolte des banlieues, lutte  des étudiants et lycéens contre le CPE, contre la LRU, lutte des ouvriers contre les fermetures de boîtes et licenciements), ont eu l’appui et la sympathie de la majorité de la population. Cette contre-offensive contre la bourgeoisie montre que la phase d’initiation de la « guerre populaire » est amorcée. Ce ne sont que les prémisses de la défense stratégique. Ce ne sont que quelques ingrédients. Il manque certes beaucoup de choses. En particulier l’élément subjectif, en tout premier, un Parti Communiste maoïste plus puissant que celui qui mène en ce moment la lutte pour éclairer le chemin. Il manque des organisations de masses authentiquement révolutionnaires, guidées par le Parti, et liées aux masses ouvrières et populaires. Les jeunes des banlieues sauront sous la direction d’un tel Parti et d’un authentique mouvement de la jeunesse révolutionnaire emprunter la voie de la guerre populaire.

   Malgré la quasi absence de Parti, pas d’organisation de jeunesse révolutionnaire, encore moins d’unités combattantes, les jeunes des banlieues ont montré que les fils de prolétaires étaient capables sans organisation, de généraliser leur mouvement de révolte contre l’appareil répressif de l’Etat, contre le système d’exploitation. Depuis, il semble que les jeunes aient appris par leur propre pratique, après la répression massive. Ils sont passés de l’affrontement frontal contre des forces supérieures  à des méthodes encore défensives de « frapper avec des forces supérieures ». Pourtant ils n’ont pas lu les écrits militaires de Mao Zedong. Les jeunes révolutionnaires, les jeunes maoïstes doivent aller aux masses pour apprendre d’elles dans la pratique, mais aussi apporter leurs analyses car les communistes ne partent pas de zéro, « l’ancien doit servir le nouveau », et non le contraire car « le nouveau ne doit pas revenir à l’ancien », mais « seulement utiliser ce qui est utile pour le nouveau ».

Où il y  oppression, il y a résistance !

   La lutte va se poursuivre car les problèmes inhérents au système capitalistes ne peuvent être résolus par des réformes, quelque soit la couleur politique du gouvernement chargé de gérer ce système, mais par la destruction totale du système capitaliste et l’instauration du socialisme. Seul un processus conduisant à la guerre populaire dans notre pays en tenant compte des conditions concrètes de son développement, mais aussi dans tous les pays, peut permettre de prendre le pouvoir dans tout le pays et alors d’engager la construction du socialisme.

   Le parti en formation que doivent rejoindre tous les communistes de ce pays tire les leçons de la Commune de Paris, de la Révolution d’Octobre et de la Révolution chinoise, celles des avancées formidables de la guerre populaire au Pérou, au Népal (bien qu’il faille être vigilant au vu des derniers développements), en Inde, en Turquie, au Bengladesh, aux Philippines et, en ce qui nous concerne et en partant de nos conditions spécifiques, les leçons plus récentes de la révolte des banlieues, de celle des étudiants et lycéens, des luttes des travailleurs et des multiples formes de résistance et de révolte, de la prise de conscience que la gauche et l’extrême gauche légaliste, la droite et l’extrême-droite ne peuvent conduire le prolétariat et le peuple sur le chemin de la victoire.

Ils font leurs plans, faisons les nôtres

   Organisons partout la résistance !

   Créons nos organisations ouvrières, populaires contre la politique des dirigeants conciliateurs, réformistes et/ou collaborateurs. Démasquons les traîtres à la cause du prolétariat et du peuple.

   Formons des conseils dans les usines et les entreprises, regroupant syndiqués ou non syndiqués pour reconstruire le syndicalisme de lutte de classe. Formons des conseils de quartiers dans les quartiers populaires devant répondre aux besoins des plus larges masses d’opprimés et d’exploités, organes embryonnaires du nouveau pouvoir.

   Regroupons dans le Parti Communiste maoïste les communistes et tous ceux qui veulent renverser la dictature de la bourgeoisie et construire le socialisme.

   Contre la montée du fascisme moderne soutenons tous les mouvements ou actions de résistance, aidons à sa structuration, en vue de franchir les divers degrés de résistance, d’atteindre un équilibre suffisant avec les forces adverses pour passer à l’offensive dans tout le pays. C’est la voie de la guerre populaire prolongée jusqu’à la victoire définitive du prolétariat dans chaque pays et à l’échelle mondiale contre la réaction capitaliste et leurs alliés et complices.

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