5. Les 3 instruments de la révolution

Programme du Parti Communiste maoïste

PCm

5. Les 3 instruments de la révolution

   Dans la société capitaliste, les classes défendent principalement leurs intérêts au travers d’un parti politique. La nécessité pour la classe ouvrière de construire son Parti a déjà été établie par Marx. Dans ce sens, le Parti est le mode d’organisation supérieur de la classe ouvrière. Il constitue l’état-major sans lequel aucun changement social n’est envisageable. Lénine a établi que le Parti ne peut se construire par le bas. En effet, les masses ne sont pas spontanément révolutionnaires.

   La situation en France aujourd’hui se caractérise par la crise économique du système capitaliste. Dans ce contexte, la bourgeoisie mène une attaque frontale contre la classe ouvrière et les masses populaires. Pour cela, la bourgeoisie dispose de l’appareil d’Etat, de la police et de la justice et d’une force de propagande importante, et le cas échéant, de ses auxiliaires fascistes. Pour lutter et vaincre, la classe ouvrière doit elle aussi s’armer, c’est à dire qu’elle doit en premier lieu disposer du parti. Notre objectif est simple, nous voulons développer la guerre populaire prolongée au sein de l’Etat français pour marcher vers le socialisme. La guerre populaire est un principe universel, c’est la voie juste pour prendre le pouvoir, y compris dans les pays impérialistes.

   Armés de la théorie maoïste, notre objectif est de travailler à la construction concentrique de ces trois éléments, à savoir : le parti, le front uni et la force combattante. La construction concentrique, c’est le fait que le Parti est au cœur de la construction des trois instruments pour la Révolution et qu’un lien dialectique uni fortement le développement de chacun de ces instruments ; que, même sous une forme embryonnaire, les trois instruments se forment simultanément bien qu’à un niveau inégal, autour de la ligne du Parti qui elle même tient compte des conditions concrètes du développement du mouvement de masse, du niveau de conscience général dans la classe ouvrière et des rapports de classe. Ainsi, la construction des trois instruments est à la fois subjective, dans l’étincelle apportée par le Parti pour la création, et objective, la création et le développement des trois outils prenant place dans le cadre d’une analyse des conditions matérielles concrètes.

   Cela nous permettra d’avancer sur la voie de la guerre populaire dans les pays impérialistes. Notre objectif stratégique est donc clair et peut se résumer ainsi : avancer sur la voie de la révolution prolétarienne pour l’établissement du socialisme par la voie de la guerre populaire, établir et renforcer la dictature du prolétariat par de nombreuses révolutions culturelles, cela afin d’aboutir à une société sans classes : le communisme.

   Aujourd’hui notre devoir est également de contribuer à mettre sur pied une nouvelle organisation internationale, qui succédera au Mouvement Révolutionnaire Internationaliste.

Le Parti

   Le Parti assure le rôle dirigeant de la révolution. Il se bat pour l’unité de tous les révolutionnaires car sans Parti, la classe ouvrière est désorganisée et ne pourra vaincre le capitalisme. Les éléments les plus conscients et déterminés du prolétariat doivent construire ce parti de type nouveau.

   Le Parti Communiste d’aujourd’hui a pour idéologie le marxisme-léninisme-maoïsme, le dernier degré atteint en théorie et en pratique par le marxisme.

   Il se base sur toutes les expériences historiques du prolétariat international et plus particulièrement la Commune de Paris, la révolution russe dirigée par le Parti Communiste jusqu’en 1953 et la révolution chinoise dirigée par le Parti Communiste jusqu’en 1976. Dans le cas de la Chine, une attention particulière doit être portée sur la période de la Révolution Culturelle, première expérience de mobilisation des larges masses dans la lutte contre la restauration capitaliste et pour l’approfondissement de la construction du socialisme. Du point de vue de la France, les grandes grèves de 36, la résistance antifasciste, mai 68 et l’expérience de la Gauche Prolétarienne dans les années 70 sont également des points de référence.

   Le Parti s’édifie dans le feu de la lutte des classes en lien étroit avec les masses. Il développe sa ligne de masse afin que les masses s’approprient sa ligne et la mettent en pratique. La ligne de masse du Parti est conçue comme une méthode de direction, un aller-retour incessant entre les masses et le Parti permettant au Parti de systématiser les idées justes au sein des masses et de combattre efficacement les idées erronées au sein des masses et du Parti.

   Le Parti éclaire la voie à suivre, met en avant les contradictions du système et proclame que seul un changement radical de société peut mener à une amélioration notable et durable des conditions de vie des masses.

   Le Parti combat les positions révisionnistes et réformistes qui consistent à semer l’illusion qu’il est possible de changer le système de l’intérieur, de l’améliorer et qui rejettent l’utilisation de la violence révolutionnaire, condamnant la classe ouvrière à être simple spectatrice de son exploitation. Les révisionnistes et réformistes sont les meilleurs garants du système car ils dévient l’énergie révolutionnaire des masses dans une illusion qui n’aboutira jamais à la révolution.

   Le Parti combat également les autres opportunistes qui refusent de s’organiser, de construire les instruments nécessaires au renversement de la bourgeoisie.

   Les sociaux-démocrates, les révisionnistes et les opportunistes creusent le lit du fascisme comme naguère par leur inconséquence devant l’impossibilité de changer l’économie sans détruire de fonds en combles l’appareil d’État de la bourgeoisie, sans prendre le mal à la racine.

   Pour réaliser son objectif, le Parti développe les tactiques nécessaires pour « gagner la gauche, neutraliser le centre, isoler la droite » que l’on retrouve dans chaque lutte de masse et dans la lutte de classe en général, permettant de gagner les militants « de base » qui luttent sincèrement, parfois à contre-courant de leur propre organisation.

   Le Parti est un détachement du prolétariat international. Il fait tout son possible pour la juste application de l’internationalisme prolétarien, à savoir travailler pour le développement du mouvement révolutionnaire et de la lutte révolutionnaire dans son propre pays tout en soutenant cette même lutte, cette même ligne dans tous les pays. Il se bat pour la tenue d’une conférence internationale des maoïstes du monde entier pour mettre sur pied une nouvelle Internationale.

Le Front

   Le Parti seul ne suffit pas pour la révolution, il a besoin de construire de nouvelles structures pour développer la lutte révolutionnaire. Ces structures doivent être un contre-pouvoir au pouvoir d’État en place quel que soit le gouvernement. Ces structures doivent être un véritable outil de combat du prolétariat et des couches populaires. Elles ne doivent pas être des coordinations de lutte, mais des structures stables, autonomes sur le plan organisationnel, indépendantes politiquement des partis et organisations social-démocrates, révisionnistes et opportunistes.

   Ces structures forment le front rassemblant toutes celles et ceux qui veulent s’unir pour lutter contre le patronat, la bourgeoisie et son État, regroupant les larges masses populaires qui ont intérêt à la révolution en se basant sur le fait que « ce sont les masses qui font l’histoire ».

   Les secteurs principaux où le front doit se développer sont les usines et autres entreprises, les quartiers populaires, les établissements scolaires et universitaires. Les questions transversales telles que l’antifascisme, l’anti-impérialisme, l’anticolonialisme, le féminisme prolétarien révolutionnaire, la lutte contre la répression et les violences policières doivent être développées par ce front.

   Dans les usines et entreprises, ces structures doivent regrouper syndiqués et non syndiqués sur la base de la nécessité de reconstruire un syndicat de classe, outil indispensable pour se défendre contre la bourgeoisie et avancer la lutte révolutionnaire. Cette nouvelle structure regroupe les éléments les plus combatifs. Ses slogans stratégiques sont abolition du salariat et du patronat, fin de l’exploitation de l’homme par l’homme, réorganisation de la société au service du peuple, etc. Son rôle est double : éducation et lutte politique et économique, qui sont intimement liées puisque la pratique permet de vérifier la théorie qui elle-même s’enrichit par la suite. Ainsi, cette organisation doit pousser à l’organisation de grèves politiques et doit lier les revendications économiques avec des revendications politiques, mettant toujours en avant que « sans le pouvoir, tout est illusion ». Elle prend comme inspiration les grèves étendues de 1936 et 1968 pour bloquer la production et pousser le patronat dans les cordes, ainsi que l’expérience du travail d’usine de la Gauche Prolétarienne tout en tenant compte des limites de ces expériences.

   Concrètement, les vagues de luttes ouvrières depuis 2008 ont mis en pratique certains de ces aspects. On a pu voir des comités de lutte rassemblant syndiqués et non-syndiqués dans lesquels les ouvriers et ouvrières avaient leur mot à dire ; on a pu voir des slogans politiques avancés par certaines luttes ; on a pu voir des luttes ayant des références historiques. Ce qui manque maintenant est la systématisation de ces pas en avant et le dépassement de la simple « convergence (ou coordination) des luttes » en formant une organisation stable et s’inscrivant dans la durée.

   Dans les quartiers, il s’agit de construire une structure populaire de lutte prenant en main les divers problèmes qui se posent et organisant de nouvelles structures indépendantes, par exemple des groupes anti-expulsion, des comités d’entraide entre femmes, chômeurs, des comités de sans-papiers, de lutte contre le racisme etc. Les jeunes et les femmes doivent avoir un rôle important, dirigeant dans ces comités de quartiers, car les premiers portent l’avenir et les secondes ont le plus à gagner de la révolution.

   Concrètement, nous avons pu voir que sur la question du logement, notamment en région parisienne, de tels groupes peuvent se former. La tâche la plus difficile est de maintenir une structure stable et d’unifier les différentes luttes du même champ.

   Dans les établissements scolaires et les universités, la question principale à laquelle sont confrontés les étudiants est la mise au pas de l’éducation au service du Capital, des intérêts privés. Les établissements privilégiés pour l’action du Parti sont les lycées professionnels, les CFA et les universités mais le Parti ne se ferme pas aux autres possibilités lorsqu’elles se présentent. Lors des mouvements lycéens et étudiants, il faut agir sur la question du lien étudiant-ouvrier et de leur renforcement réciproque dans la lutte, en mettant toujours en avant le rôle déterminant de la classe ouvrière.

   Concrètement, les expériences d’unité à la base entre les étudiants et ouvriers, principalement, mais aussi élargies aux autres secteurs de la société, sont des premiers pas. Plusieurs initiatives ont déjà été menées dans ce sens et il faut en tirer les leçons et systématiser leurs réussites (par exemple, l’unité qui s’est construite autour des raffineries durant la lutte pour les retraites à l’automne 2010).

   De manière générale, notre travail doit se faire sur une base de zone géographique. Il faut lier la lutte dans les entreprises à la lutte sur le lieu d’habitation, faire du travail de zone tout en donnant priorité à l’intervention sur les lieux de travail. Nous devons également renforcer le lien entre population rurale et urbaine en créant des réseaux d’entraide ville-campagne/campagne-ville. Par exemple, lors d’une grève dure, les paysans peuvent apporter de la nourriture aux grévistes et lors d’une mobilisation paysanne, les ouvriers peuvent apporter leur soutien.

   Les communistes doivent aider à la formation de telles structures indépendantes des formations réformistes afin de ressouder l’Unité Populaire pour la lutte immédiate au service du peuple, mais aussi pour qu’elles soient un instrument démocratique aux mains des masses en construisant les bases du nouveau pouvoir.

La Force Combattante

   La Force Combattante c’est la force de combat du parti, c’est un instrument militaire indispensable à la conquête du pouvoir par la guerre populaire, et nous ferions une erreur en mettant cette question de côté. La bourgeoisie dispose des forces de répression officielles et de leurs alliés fascistes, les communistes eux doivent également disposer d’une force capable de mener l’affrontement de classe sur le plan militaire. La Force Combattante se place sous la direction du Parti car c’est la politique qui guide le fusil et non l’inverse.

   Le développement d’une force combative est nécessaire, cependant elle doit correspondre à la réalité du développement du mouvement révolutionnaire et à l’intensité de l’affrontement de classe.

   Nous devons nous prévenir de toute dérive militariste car dans la situation actuelle, et au vue de l’état de nos forces, cela mènerait le mouvement ouvrier vers une défaite. Cependant nous devons également nous garder de l’attentisme en remettant à demain les tâches qui nous incombent.

   Nous pensons comme le président Gonzalo que les trois instruments du prolétariat doivent se construire de façon concentrique, il nous faut donc développer la question de la force armée d’un point de vue pratique.

   Aujourd’hui, nous ne sommes pas à l’époque des fusils généralisée, cependant nous somme à celle de l’affirmation de la nécessité de la violence révolutionnaire, cela en théorie et également en pratique.

   Nous développons la violence révolutionnaire en rapport avec l’intensité actuelle de la lutte des classes, couplée avec le mouvement de masse et répondant aux objectifs du Parti.

   La construction d’une structure d’organisation combative est donc un objectif immédiat, qui permet de structurer une pratique déjà existante dans notre mouvement (attaques de locaux, de cibles symboliques, manifestations,…). Les actions menées doivent toujours être des actions en lien avec les masses et leur niveau de conscience à un endroit et à un moment donné. C’est en ciblant les ennemis déclarés et reconnus par le peuple que nous pouvons propager dans ce dernier la nécessité de la violence révolutionnaire.

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