Chapitre 6 : Les bases de la philosophie marxiste : le matérialisme dialectique et historique

Cours de base sur le marxisme-léninisme-maoïsme

Parti Communiste d’Inde (maoïste)

Chapitre 6 : Les bases de la philosophie marxiste : le matérialisme dialectique et historique

   Comme nous l’avons vu à de nombreuses reprises, Marx et Engels ont toujours insisté que toute philosophie doit être pratique et liée au monde réel. Cela a été exprimé de la plus claire des manières par Marx dans sa citation célèbre,  « Jusqu’ici, les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe, c’est de le transformer ». Par cela, Marx voulait dire qu’il ne fallait pas devenir un « philosophe » comme nos Onfray ou nos profs de fac qui restent assis dans leur fauteuil à écrire des livres illisibles sur les bienfaits de l’esprit. Marx ne voyait pas l’intérêt de développer une pensée à moins que cela ne serve à changer le monde. Sa première recherche a été d’essayer de comprendre comment le monde changeait afin de prendre part à ce changement. Ce qui l’intéressait c’était donc la philosophie qui pouvait être appliquée à la pratique sociale.

Dans ce but, Marx devait prendre parti dans une des divisions basiques de toute la philosophie – la division entre l’idéalisme et le matérialisme. Cette opposition pose une question simple : qui est le premier, l’esprit ou la matière ? Ceux qui se placent du côté de l’esprit appartiennent au camp de l’idéalisme tandis que ceux qui se placent du côté de la matière appartiennent au camp du matérialisme. L’idéalisme est toujours connecté d’une manière ou d’une autre à la religion. En tant qu’hommes de pratique, qui étaient absolument opposés aux croyances religieuses, il était tout à fait naturel que Marx et Engels établissent le marxisme fermement dans le camp matérialiste.

  En faisant ceci ils furent assurément influencés et aidés par les écrits de Feuerbach et d’autres philosophes matérialistes de l’époque. Cependant, ces philosophes étaient des matérialistes mécanistes qui comprenaient la nature et la société comme une machine qui tourne en rond et en rond sans aucun développement ou de réel changement. Marx rejetait le matérialisme mécaniste parce qu’il ne permettait pas de comprendre les développements et les changements historiques.

Pour cela, Marx a dû se tourner vers la dialectique, qui est la science des lois générales du mouvement. L’essence de la dialectique est qu’elle comprend les choses dans leurs inter-connexions et leurs contradictions. La dialectique était donc capable de fournir l’idée de mouvement et de développement que Marx savait nécessaire pour changer le monde.

   A cette époque, la philosophie d’Hegel et les lois de la dialectique (que Marx étudia profondément) étaient les plus avances en Europe. Mais Hegel avait développé ses lois philosophiques dans une perspective idéaliste en ne les rendant applicables qu’au champ de la pensée. Il appartenait au camp de l’idéalisme et refusait de reconnaître que la nature et la réalité sociale étaient primordiales et que l’esprit et les idées étaient secondaires. Il n’acceptait donc pas que son système de pensée lui-même était un produit du développement de la société humaine à un certain état. Il refusait de comprendre que ses lois  elles-mêmes étaient le reflet des lois de la nature et de la société. Ainsi, comme Marx l’a dit, la dialectique idéaliste de Hegel se « tenait sur la tête », ce qui veut dire qu’elle était absurde et illogique. Marx la retourna, la mit « sur ses pieds », c’est-à-dire qu’il la rendit rationnelle en remettant le matérialisme à la base de la dialectique. Marx prit les lois de la dialectique de Hegel et leur donna une approche matérialiste. Il fit donc des lois de la pensée de Hegel des lois de la nature et de la société. Il formula donc le matérialisme dialectique, qui est l’essence de la philosophie Marxiste.

   En donnant à la dialectique sa base matérialiste et rationnelle, Marx la changea en une philosophie de la révolution. Marx et Engels appliquèrent le matérialisme dialectique à l’étude de la société et ils découvrirent ainsi la conception matérialiste de l’Histoire. La conception matérialiste de l’Histoire était un moyen nouveau et révolutionnaire de comprendre la société et le changement social. Il expliqua les changements sociaux et les révolutions politiques non comme l’invention de quelques hommes brillants et de leurs cerveaux mais comme le produit des processus dans la société. Cela montra à tous les révolutionnaires que le chemin vers le changement social se trouvait dans la compréhension de la société et dans la formulation des idées du changement.

   Le point de départ de la compréhension matérialiste de la conception matérialiste de l’Histoire est le niveau de développement des forces productives matérielles, c’est-à-dire aux outils, aux machines, aux compétences etc. Marx explique qu’en fonction du niveau de développement des forces productives, on peut définir les relations de production, c’est-à-dire les relations de propriété et de contrôle sur les moyens de production. Par exemple, des forces productives reculées comme les moulins à vent et le travail animal nous donnent des relations féodales tandis que des forces productives modernes comme des tracteurs, quand ils sont très répandus, font naître des relations de production capitalistes. Ces relations de production constituent la structure économique dans la société, ou la base économique de la société.

   Sur cette base économique de la société se dresse une superstructure légale et politique qui définit les formes de conscience sociale. De plus, Marx dit que c’est le mode de production (qui rassemble les forces productives et les relations de production) qui conditionne la vie sociale, politique et intellectuelle en général. Ainsi, par exemple, le mode de production féodal donne naissance à une très grande oppression sur les femmes et les basses castes ainsi qu’à un système non-démocratique.  Le capitalisme, d’un autre côté, réduit les oppressions sociales et amène la création de certains droits démocratiques bourgeois.

   A un certain niveau de développement des forces productives elles rentrent en conflit avec les relations de production existantes. Ces vieilles relations de production commencent à empêcher le développement des forces productives. A moins que ces relations de production soient changées, les forces productives ne peuvent pas se développer. Cette période où les relations de production commencent à être des chaînes au développement des forces productives est le début de l’époque des révolutions sociales. La Révolution est nécessaire pour changer les relations de production, c’est-à-dire les relations entre les différentes classes de la société. Une fois que cela se passe et que les relations de production et de propriété sont brisées, c’est-à-dire quand la base économique est changée, alors le changement dans la superstructure toute entière se produit rapidement.

   La conception matérialiste de l’Histoire a été la première grande découverte de Marx, qu’il accomplit en 1844-45. C’était la fondation sur laquelle les autres grands piliers de la théorie marxiste furent construits.

   Dans les années qui suivirent, Marx et Engels et les autres Enseignants marxistes développèrent plus profondément la philosophie du prolétariat. Cependant, les principes de bases du matérialisme dialectique et historique mentionnés ci-dessus restent l’essence de cette philosophie.