Chapitre 8 : L’économie politique marxiste

Cours de base sur le marxisme-léninisme-maoïsme

Parti Communiste d’Inde (maoïste)

Chapitre 8 : L’économie politique marxiste

   Comme nous l’avons vu plus tôt, Marx a développé ses principes d’économie politique en continuation et en opposition à l’économie des bourgeois et des économistes Anglais. La plupart des écrits économiques de Marx dans la période allant de 1844 à 1859 sont des critiques de l’économie politique bourgeoise. Il a prouvé que les théories bourgeoises qui pensaient que le capitalisme était un système permanent et universel se trompaient. A la place, il a démontré que le capitalisme ne pouvait exister que pour une période limitée et que son destin était d’être renversé et remplacé par un système social supérieur. Ses analyses économiques postérieures, particulièrement les volumes de son travail principal, Le Capital, se concentraient sur la découverte des lois économiques du capitalisme. L’analyse approfondie des relations de production sous le capitalisme, dans leur origine, leur développement et leur déclin forme donc le contenu principal de l’économie politique de Marx.

   Les économistes bourgeois ont toujours basé leur analyse sous la forme d’une relation entre des choses, par exemple l’échange d’un bien contre un autre. Marx montra cependant que l’économie ne s’intéresse pas en réalité aux choses mais aux relations entre les personnes, et en dernière analyse entre classes.

   Comme sous le capitalisme c’est la production de marchandises qui domine, Marx commença son analyse par celle de la marchandise. Il pointa du doigt que l’échange de marchandises n’était pas qu’un simple échange de biens mais en fait l’expression d’une relation entre des producteurs individuels dans la société reliés entre eux par le marché. Même si la marchandise a existé depuis des milliers d’années, c’est seulement avec le développement massif de la monnaie et la naissance du capitalisme que la marchandise atteint son pic en reliant la vie économique de millions de producteurs individuels dans un seul ensemble : le marché. Le capitalisme convertit même le travail du prolétaire en une marchandise qui est achetée et vendue librement sur le marché.

   Le salarié vend sa force de travail au propriétaire des moyens de production, c’est-à-dire au capitaliste. Le travailleur passe une partie de son temps de travail à produire l’équivalent de son salaire, c’est-à-dire ce qui lui est absolument nécessaire pour couvrir les coûts d’entretien que lui et sa famille subissent. L’autre partie de sa journée de travail est dépensée à produire pour l’entretien et la croissance du capitaliste. Le prolétaire n’est absolument pas payé pour cette production qui revient tout entier au capitaliste. Cette valeur additionnelle que tous les travailleurs produisent en plus de la valeur nécessaire pour payer leur salaire, Marx l’a appelé la plus-value. Elle est la source du profit et de la richesse de la classe capitaliste.

   La découverte de la plus-value a exposé la nature de l’exploitation de la classe ouvrière. Elle a également mis en évidence la source de l’antagonisme entre le prolétariat et la bourgeoisie. Cet antagonisme de classe est la principale manifestation de la contradiction fondamentale de la société capitaliste : la contradiction entre le caractère social de la production et le caractère privé de la propriété. Cette découverte de la plus-value a été décrite par Engels comme la deuxième découverte importante de Marx (avec la conception matérialiste de l’histoire). Lénine disait que la théorie de la plus-value était la pierre angulaire de la théorie économique de Marx.

   Marx a également analysé en détail les crises économiques périodiques que le capitalisme connaissait régulièrement. Il a expliqué que les crises étaient aussi une autre manifestation de la contradiction fondamentale du capitalisme. Il expose ainsi l’erreur des économistes bourgeois qui prétendaient à ce moment-là que le capitalisme pouvait faire face à toute crise et que le fonctionnement du marché résoudrait tous ses problèmes. Ils ont essayé de créer un modèle où tout ce qui est produit par le capitaliste est automatiquement vendu dans le marché.

   Marx montre cependant que le fonctionnement du capitalisme lui-même conduit inévitablement à la crise. Il a montré comment les capitalistes, dans leur envie désespérée de faire de plus en plus de profits, augmentent follement la production. Cependant, en même temps, chaque capitaliste essaye de maintenir un taux de profit plus élevé en réduisant les taux de salaire de ses travailleurs même si cela signifie les appauvrir. La classe ouvrière compose la plus grande section de la société et la pauvreté de cette classe signifie automatiquement la réduction de la demande capable d’acheter les biens disponibles sur le marché. Ainsi, la classe capitaliste cherche d’une part à augmenter la production des biens à vendre sur le marché tandis que d’autre part elle réduit le pouvoir d’achat d’une grande proportion des acheteurs sur ce même marché. Cela conduit naturellement à une contradiction grave entre d’un côté l’expansion de la production et de l’autre côté la contraction du marché. Le résultat est une crise de surproduction où le marché est inondé de produits invendus. De nombreux capitalistes font alors faillite. Des centaines de milliers de travailleurs sont mis au chômage forcé et contraints à la famine alors que les magasins sont remplis de marchandises que plus personne n’a les moyens d’acheter.

   Marx en a également conclu que l’anarchie de ces crises du capitalisme ne pouvait être résolue qu’en combattant la contradiction fondamentale du capitalisme entre le caractère social de la production et le caractère privé de la propriété. Cela ne pourrait se faire qu’en renversant le système capitaliste pour établir le socialisme et le communisme en donnant ainsi un caractère social à la propriété des moyens de production. Marx a montré que la force sociale qui serait à l’origine de cette révolution avait été créée par le capitalisme lui-même ; c’est le prolétariat. Seul le prolétariat n’a aucun intérêt à ce que le système d’exploitation et de propriété privée actuel se perpétue. Le prolétariat est la seule classe qui a l’intérêt et la capacité de construire le socialisme.

   Marx a analysé la façon dont chaque crise a intensifié les contradictions du système capitaliste. Il a décrit le processus qui montrait qu’à chaque crise le capital se centralisait entre les mains d’une poignée de capitalistes. Cela se produisait en même temps que la misère et le mécontentement explosaient dans la vaste masse des travailleurs. Comme les contradictions du capitalisme s’aiguisent, les soulèvements révolutionnaires du prolétariat grandissent en force, ce qui entraîne finalement la révolution, la confiscation du capital des capitalistes et l’édification d’une société socialiste avec un caractère social de la propriété adapté au caractère social de la production .

   De cette façon, Marx fait ressortir, à partir de l’unité de base de l’économie – la marchandise -, la nature des lois économiques qui régissent le capitalisme. Il donne donc la base économique scientifique pour la révolution socialiste en même temps que la route vers le communisme.