3.1 Politique et directives

Perspective urbaine : notre travail dans les zones urbaines

Parti Communiste d’Inde (maoïste)

3. Politique et directives

3.1. Approche stratégique dans le travail urbain
3.1.1. Rôle du travail urbain dans la stratégie politique

   Comme le dit le 9e Congrès, « le leadership de la classe ouvrière est la condition indispensable pour une Révolution de Nouvelle Démocratie en Inde.  La classe ouvrière exerce son leadership dans la révolution grâce à sa participation directe.  En plus du soulèvement dans la lutte globale pour la démocratie et la libération sous le leadership du Parti Communiste, et par ce moyen, de l’unification de toutes les autres parties de la population dans les luttes anti-impérialistes et anti-féodales, la classe ouvrière organise la révolution agraire en envoyant son détachement avancé dans les zones rurales. » [page 36]

   Ainsi, les zones urbaines, étant les centres de concentration du prolétariat industriel, jouent un rôle important dans la stratégie politique de la Révolution de Nouvelle Démocratie.  Dans les zones urbaines, la tâche du Parti est de mobiliser et d’organiser le prolétariat pour qu’il remplisse son rôle crucial de leadership.  Par conséquent, travail urbain signifie d’abord de créer les liens les plus proches possible avec la classe ouvrière, et par l’intermédiaire de la lutte de classe, d’instaurer le parti comme avant-garde prolétarienne ; de plus, cela signifie la mobilisation et l’unification de toutes les autres sections sous le leadership prolétarien dans la lutte pour accomplir les tâches de la révolution.

3.1.2. Rôle du travail urbain dans la stratégie militaire

   Les caractéristiques particulières de la guerre révolutionnaire en Inde « fixent la stratégie militaire de guerre prolongée – une stratégie de constitution de zones de base révolutionnaires d’abord à la campagne, où l’ennemi est faible d’un point de vue militaire, pour ensuite progressivement encercler et s’emparer des villes qui sont les bastions des forces ennemies. »

   Par conséquent, il est clair que la lutte armée et le mouvement dans les zones rurales joueront le rôle principal, et que le travail dans les villes jouera un rôle secondaire, complémentaire au travail rural.

   Cependant, tout en donnant la priorité absolue au travail rural, nous devons également donner à la lutte urbaine l’importance qu’elle mérite.  Sans un mouvement révolutionnaire urbain fort, la guerre populaire en cours est confrontée à des difficultés; de plus, sans la participation des masses urbaines, il est impossible de remporter une victoire à l’échelle nationale. Comme le dit le Camarade Mao, « l’objectif suprême de la révolution est la capture des villes, bases principales de l’ennemi, et cet objectif ne peut pas être atteint sans un travail adapté dans les villes » (Mao, Selected Works, volume II, page 317)

   Par conséquent, un rapport dialectique adéquat doit être maintenu entre le développement du mouvement urbain et le développement de la guerre populaire.

   Nous devons, en développant un mouvement urbain fort, assurer que les masses urbaines contribuent à produire les conditions qui procureront le succès de la lutte armée dans la campagne.  Comme nous l’avons vu dans la section précédente, l’Inde a une plus grande proportion de population dans les zones urbaines et une classe ouvrière est beaucoup plus importante qu’à l’époque de la Révolution chinoise.  Cela augmente aussi l’importance relative du travail urbain dans les conditions particulières de la révolution indienne.

3.1.3. Démarche à long terme

   Les villes et les grands centres industriels sont les bastions réactionnaires dans lesquels l’ennemi est le plus puissant.  A ces endroits, la police, l’armée, d’autres organes de l’état, et d’autres forces de contre-révolution sont rassemblés et se trouvent dans une position dominante à partir de laquelle elles peuvent réprimer les forces populaires.  Dans le même temps, le travail et l’organisation de notre Parti sont extrêmement faibles et ne peuvent, dans l’ensemble, pas parvenir à une position dominante avant la phase finale de la guerre populaire.  C’est cette réalité objective qui fixe notre politique à l’égard du travail dans les zones urbaines.

   Dans une situation pareille, où l’ennemi est beaucoup plus fort, nous ne pouvons pas avoir une approche à court terme d’affrontement direct afin d’obtenir des ‘résultats rapides’.  Nous devons plutôt avoir une approche à long terme.  La tâche du Parti est de convaincre les masses, y compris la grande majorité des ouvriers, et d’augmenter la force prodigieuse de la classe ouvrière en préparation de la lutte décisive à venir.  Ce n’est pas le moment maintenant pour cette lutte suprême entre la révolution et la contre-révolution, et c’est pour cette raison que nous devons éviter d’engager un tel combat avec l’ennemi tant que les conditions ne nous sont pas favorables.  Cela signifie que nous devons surtout agir en restant sur la défensive (et non pas prendre l’offensive); notre politique doit être une politique de protection, de conservation, de consolidation et d’expansion des forces du Parti, tout en mobilisant et en préparant les larges masses urbaines pour la lutte révolutionnaire.

   Comme le Camarade Mao l’a exposé en traçant le contour des tâches du Parti dans les zones urbaines et les autres zones blanches dominées par les réactionnaires, « le Parti Communiste ne doit pas être fougueux ni aventuriste dans sa propagande et dans son travail organisationnel (…) il doit avoir des cadres bien choisis travaillant clandestinement, il doit accumuler de la puissance et attendre son heure.  Dans la direction de la population dans la lutte contre l’ennemi, le Parti doit adopter les tactiques de l’avance pas à pas, lentement mais sûrement, en respectant le principe de mener les luttes pour des raisons justes, à notre avantage, et avec retenue, et en faisant usage de ces formes d’activité publiques qui sont autorisées par la loi, les décrets et la coutume sociale; des revendications vides et une action irresponsable ne peuvent jamais conduire au succès. » (Mao, Selected Works, volume II, page 318).

   Afin de mobiliser les parties les plus larges possible dans la lutte, il est absolument indispensable que nous utilisions toutes les opportunités publiques et légales pour le travail (et ne pas rejeter l’utilisation de la légalité).

   Les grandes organisations de masse aident le Parti à avoir un contact considérable avec les masses, de telle sorte qu’il puisse travailler à couvert pendant longtemps et accumuler de la puissance.  En examinant les perspectives publiques, il est essentiel que nous organisions aussi les gens dans des organisations clandestines.

   Les formes d’organisation larges, publiques et légales de masse doivent, cependant, être associées aux méthodes du plus grand secret, en particulier en ce qui concerne le rapport entre l’organisation publique et l’organisation clandestine.

   Toutes les précautions doivent être prises pour protéger l’identité de nos camarades dans les organisations publiques et les contacts avec l’organisation clandestine doivent être maintenus au minimum.  En même temps, un soin particulier doit être pris pour garantir que les structures clandestines ne soient pas démasquées et détruites.  Pour cela, une approche à long terme et la patience sont absolument indispensables.  Nous devons même être prêts à sacrifier les besoins de bien réussir un travail précis à court terme pour éviter la mise en danger de l’existence et du fonctionnement à long terme de la structure clandestine.

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