L’intensification de la crise générale du capitalisme

Résolution politique du PCI (maoïste)

L’intensification de la crise générale du capitalisme

   5. Avec l’avènement du capitalisme, la crise du capitalisme a pris la forme d’une crise générale et a fait mûrir la condition objective pour la révolution sociale. La particularité caractéristique de la crise générale du capitalisme à l’époque de l’impérialisme est que la capitalisme, dans son ensemble, est embourbé dans un état de sous-exploitation des capacités, de chômage massif permanent et d’inflation. La destruction massive continue des forces productives à cause de guerres mondiales et de guerres par procuration, à cause de la sous-utilisation des capacités productives de millions et de millions de personnes et la destruction des matières premières excédentaires même si des millions de personnes se morfondent dans une misère noire, sont toutes des caractéristiques de l’impérialisme.

   La crise générale du capitalisme a engendré toutes les contradictions dans la société jusqu’au point de rupture – celle entre le capital et le travail, entre l’impérialisme et les nations opprimées, et entre les différentes puissances impérialistes et les groupes capitalistes de monopole. Le conflit des forces productives avec les rapports de productions existants ont ainsi sans cesse pris une forme explosive depuis l’avènement de l’impérialisme menant au fascisme, aux guerres mondiales et aux révolutions sociales. Cela continuera jusqu’à la victoire finale de la révolution socialiste mondiale. La crise générale du capitalisme est passé par deux phases.

   La première étape de la crise générale du capitalisme a commencé avec la Première Guerre Mondiale et a duré jusqu’en 1923. L’affaiblissement des diverses puissances impérialistes en conséquence de la guerre avait créé une intense crise révolutionnaire dans le monde entier. Ceci ne fut utilisé efficacement qu’en Russie. Mais l’incapacité de la classe ouvrière à s’emparer du pouvoir dans d’autres pays en raison de la trahison des socio-démocrates a conduit à une stabilisation temporaire dans le système capitaliste mondial de 1923 à 1929. Mais même l’accroissement économique de cette période de six ans fut accompagnée de la sous-utilisation en dépit d’une augmentation absolue de la production industrielle. La stabilisation et le boom ne furent que passagers et ils se sont vite embourbés dans une crise plus importante en 1929 qui ne pouvait être résolue que par le fascisme et la guerre.

   La deuxième étape de la crise générale du capitalisme a commencé avec la Deuxième Guerre Mondiale et a continué pendant quelques années après, en raison de la dévastation massive des économies des puissances impérialistes majeures (excepté les USA) durant la guerre. L’Europe de l’Est, la Chine, le nord du Vietnam et la Corée du Nord se sont libérés du joug du capital et un puissant camp socialiste est né et est devenu un levier efficace pour la progression de la révolution socialiste mondiale. Comme indiqué par le camarade Staline, la désintégration du marché mondial unique d’ensemble fut la plus importante conséquence économique de la Deuxième Guerre Mondiale.

   Au milieu des années 50, toutes les puissances impérialistes majeures avaient surmonté le problème des pénuries et s’étaient stabilisées avec l’aide de l’impérialisme américain, lequel est apparu comme le leader incontesté du camp impérialiste. Après avoir dépassé les niveaux de production de l’avant-guerre au milieu des années 50, leurs économies ont commencé à se développer rapidement pendant presque deux décennies avant de sombrer dans la crise économique de 1973. La deuxième phase de la crise générale s’est ainsi terminée au milieu des années 50.

   Les événements politiques suivants ont conduit a la stabilisation partielle du capitalisme mondial au milieu des années 50

  • Rétablissement du capitalisme dans tous les pays socialistes à l’exclusion de la Chine et de l’Albanie, tout particulièrement le rétablissement du capitalisme en Russie, et le déraillement et la trahison du mouvement communiste par les dirigeants révisionnistes des partis communistes.
  • Trahison ouverte des mouvements anti-impérialistes et des luttes de libération nationale par la bourgeoisie compradore et les classes féodales soumises à l’impérialisme dans plusieurs pays coloniaux et semi-coloniaux.
  • Défaite des luttes révolutionnaires dans les pays capitalistes à la suite de la trahison des dirigeants révisionnistes des différents partis communistes.
  • Émergence des impérialistes américains en tant que pays impérialiste le plus puissant au détriment de ses adversaires comme des pays impérialistes alliés.

   Cette longue expansion d’après-guerre de l’économie mondiale était basée sur la quantité de facteurs particuliers tels que :

  • La reconstruction des économies d’Europe occidentale et du Japon ravagées par la guerre, par l’impérialisme dirigé par les Etats-Unis pour ériger un rempart contre le socialisme.
  • Les guerres régionales majeures en Corée et en Indochine et les dizaines de guerres locales qui généraient une demande continue d’armes et d’autres marchandises et équipements industriels de la part des impérialistes.
  • L’émergence d’économies d’armes permanentes en temps de paix.
  • L’expansion de nouveaux marchés dans le tiers-monde grâce à l’exportation du capital financier-impérialiste et également pour réorienter, dans une certaine mesure, les rapports semi-féodaux dans divers pays.
  • Le rapide développement de la technologie aussi bien dans de vieilles industries que dans la création de nouvelles industries, ce qui a entrainé une augmentation rapide dans la productivité.
  • Et, le plus important de tout, l’intervention de l’état dans les économies, non seulement comme acheteur,mais aussi comme consommateur, et l’énorme expansion du crédit dans tous les secteurs.

   Mais tout ceci a atteint un point de saturation au début des années 70, et le mythe d’un développement ininterrompu de l’économie mondiale fut anéanti au moment où elle est entrée dans une longue période de stagnation à partir de 1973. Cette crise a fait surface avec en toile de fond la défaite désastreuse subie par les impérialistes américains dans la guerre de libération nationale héroïque des Vietnamiens et d’autres peuples indochinois et l’émergence de l’impérialisme social soviétique d’autrefois comme une superpuissance rivale pour la redivision du monde.

   Ainsi, le taux de croissance annuel des Etats-Unis est tombé à 2,6%, celui de l’Europe occidentale à 2,2% et celui du Japon à 3,9% entre 1973 et 1989, respectivement de 4%, 4,7% et 9,6% durant la précédente période d’expansion. Le déclin à long terme du taux de profit moyen dans tous les pays impérialistes, le chômage massif et l’inflation (ou plutôt la stagflation comme fut appelé le nouveau, sur le plan historique, phénomène d’après-Deuxième Guerre Mondiale), et le rendement excédentaire des industries ont marqué les économies capitalistes dans la période après 1973.

   Par conséquent, dans l’ensemble, la crise dans le système capitaliste mondial est permanente et absolue, alors que le rétablissement est temporaire et relatif. Telle est la nature de la crise générale du capitalisme qui englobe le monde entier.

   6. La grave crise dans le système capitaliste mondial depuis le milieu des années 70 a résulté des taux de profit en baisse, de la surproduction et du rendement excédentaire dû à la récession mondiale et à l’intense concurrence entre les différentes sociétés transnationales et multinationales dans un marché mondial presque stagnant. Elle a poussé le capital international a restructurer l’économie mondiale et à rechercher des sphères stériles et spéculatives d’investissement en capital. La solution keynésienne aux crises capitalistes et la soi-disant économie politique de l’Etat-providence ont lamentablement échoué à résoudre la crise inhérente et les contradictions du système capitaliste. La science économique néolibérale et la théorie monétariste sont devenues le mot d’ordre du capital international depuis le milieu des années 70. Plus tard, une nouvelle offensive contre les peuples du monde par la mondialisation, la privatisation et la libéralisation fut produite après le milieu des années 80 comme solution à la crise. Les progrès spectaculaires faits dans la technologie de l’information grâce au développement des communications satellite ont rendu possible le flux de capital à travers les frontières nationales en quelques secondes comme la subdivision des processus de production en plusieurs petites opérations éparpillées à travers plusieurs pays mais contrôlés depuis un seul centre.

Par conséquent, les trois facteurs, à savoir :

  • La nécessité de délocaliser la production vers des régions où les salaires sont moins élevés par lesgéantes transnationales et multinationales amenant aussi de cette façon la diminution des salaires dans les pays capitalistes ;
  • Le besoin de déplacer librement le capital spéculatif impérialiste à court terme d’un coin du globe à unautre à la recherche d’un maximum de profit en le temps le plus court possible ; et
  • Le besoin de garantir le remboursement des dettes contractées par les pays opprimés vis à vis desbanques transnationales et des gouvernements impérialistes exigeait qu’un monde sans frontières soit créé pour la libre circulation du capital, des marchandises, des services et du travail à travers tous les pays sans aucune restriction qui soit de la part des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine. Ceci est la signification de la mondialisation, de la libéralisation et de la privatisation. Et c’est afin d’atteindre cet objectif que les programmes d’ajustement structurel furent produits et ont commencé à être imposés à un grand nombre de pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine après le milieu des années 80 et à encore plus de pays durant les années 90. En même temps, les pays impérialistes ont recours au protectionnisme par l’entremise des droits de douane sur les matières première en provenance des pays du tiers-monde et des subventions massives de leurs propres produits, exposant ainsi leur partialité.

   On peut voir l’étendue de la mondialisation de la production et de l’accumulation du capital à la croissance rapide du commerce intra-entreprises, aux ventes des filiales étrangères des sociétés transnationales, etc.

   Les sociétés transnationales et multinationales japonaises, européennes et américaines exigent la suppression totale des restrictions commerciales et d’investissement entre les pays et les régions. Pour accroitre la rentabilité de ces entreprises mondiales et pour faciliter leur entrée dans les régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine où les salaires sont moins chers, la Banque Mondiale et ses agences sœurs ont lancé de massifs programmes pour développer l’infrastructure comme les routes, les chemins de fer, les télécommunications, la production d’énergie, etc. Les politiques des gouvernements de ces ays ont été changées pour convenir aux nouvelles exigences du capital international.

   Imposés par les besoins de l’accumulation mondiale, des mécanismes de régulation sous la forme de l’OMC sont mis en place pour garantir la libre mobilité spatiale de toutes les formes de capital-argent, de capital productif et de capital marchandise. Alors que le focus avant l’Uruguay Round du GATT (1986-95) était sur la réduction des restrictions sur la mobilité du capital-marchandise, il s’est déplacé vers la création d’un réseau sans entrave et non règlementé pour l’investissement et la réalisation du capital suite à l’Uruguay Round et à la création de l’OMC. Par conséquent, les mesures concernant les investissements et liées au commerce (MIC), les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), l’accord général sur le commerce des services (AGCS), etc, sont imposés aux pays opprimés pour garantir la libre circulation du capital-marchandises, du capital-argent et du capital productif et spéculatif dans tous les secteurs.

   La mondialisation de la production, en réduisant les industries dans les pays opprimés et arriérés au statut de simples parts des usines mondiales, a conduit à une crise sans précédent dans ces économies qui s’empirera étant donné que la crise dans l’économie mondiale s’intensifie davantage.

   En outre, la mondialisation a occasionné des flux massifs de capital spéculatif à court-terme (investissements de portefeuille) dans les pays opprimés. En conséquence, ces économies sont devenues très vulnérables à toutes les crises dans l’économie mondiale. Elles sont à la merci des caprices et des besoins du capital spéculatif. Toute suppression subite de fonds étrangers peut même conduire à l’effondrement des économies, comme illustré récemment par l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande,

   Singapour, la Corée du Sud et autrefois par le Mexique, l’Argentine et d’autres pays d’Amérique Latine. La crise a affecté la plus grande partie du globe en raison de l’étroite intégration des différentes économies individuelles. La crise dans les économies des soi-disant quatre dragons asiatiques et des nouveaux pays industrialisés (NPI) a mis à nu le mythe de la croissance miracle propagé par l’association Banque Mondiale-FMI-OMC. Elle a révélé que même l’économie à la croissance la plus rapide peut s’effondrer à n’importe quel moment si sa croissance est basée sur les prescriptions des FMI-Banque Mondiale.

   Actuellement, la prétendue croissance dans l’économie mondiale est en fait conduite par la spéculation et ne correspond pas du tout à l’économie réelle. Des quatre facteurs qui semblaient maintenir l’économie capitaliste mondiale à flot, trois – la technologie de pointe et la dotcom, le marché financier et l’accumulation des dollars – se sont déjà effondrés au cours des trois années écoulées depuis 2000 et la bulle immobilière est sur le point d’éclater à n’importe quel moment. En fait, les faillites qui étaient arrivées au sommet du boom d’internet des hautes technologies des années 90 sont ahurissantes – ITV Digital, World Crossing, Enron et maintenant WorldCom, et ainsi de suite – les deux dernières sociétés perdant respectivement 70 milliards de dollars et 90 milliards de dollars. La rentabilité est toujours de 40% au-dessous de son pic de 1997. Les derniers chiffres montrent que les bénéfices, en pourcentage du revenu, baisent chaque année depuis 1997. Il y a peu de signe de rétablissement dans l’investissement des entreprises. Et la vague dans les dépenses du gouvernement américain n’est due qu’à la ‘sécurité de sa patrie’ et à sa prétendue « guerre contre le terrorisme ».

   La surcapacité tourmente pratiquement tous les pays capitalistes et même certains des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine tels que la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, le Brésil, le Mexique et ainsi de suite. Par conséquent, l’intense concurrence fait même baisser les prix de certaines des matières premières, aboutissant à des conditions déflationnistes. Le rendement excédentaire est particulièrement fort dans les puces informatiques, l’acier, les voiture, le textile est les produits chimiques. L’écart de production dans le monde entre le rendement industriel et l’utilisation est maintenant proche de son niveau le plus élevé depuis les années 30.

   La croissance dépendant de la dette caractérise aujourd’hui toutes les économies dans le monde, étendant ainsi davantage la crise dans l’espace et dans le temps.

   Alors que la dette nationale américaine égalait son PNB en 1985, la moyenne du rapport dette/PNB des pays du G7 (USA, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie et Canada) a atteint 60% au début des années 90. Toute la dette des 24 pays de l’OCDE en 1994 était de 13 billions de dollars, avec les USA en tête à 5 billions de dollars et l’UE à 4 billions de dollars. L’économie du Japon est maintenant à son niveau le plus bas depuis six ans. Les prix sont maintenant revenus aux niveaux de 1990. De telles tendances n’ont pas été aperçues depuis les années 30. La dette nationale japonaise est à 130% de son PNB. Les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine font face à leur crise de la dette la plus grave, un grand nombre de pays déclarant leur incapacité à payer les dettes contractées.

   L’intervention massive du gouvernement afin de sortir de la crise grâce à d’énormes emprunts et au financement du déficit devient futile. Aujourd’hui, les perspectives d’une crise du système bancaire et financier mondial conduit par la spéculation ont considérablement augmenté. Ceci accentuera davantage la crise de l’économie capitaliste aussi bien que des pays arriérés accablés de dettes. Tous ces facteurs indiquent le déploiement d’une crise révolutionnaire à l’échelle mondiale à l’avenir.

   7.L’ouverture totale des économies d’Europe de l’Est, de l’Union Soviétique et de la Chine en raison de leur intégration complète dans le marché mondial a à peine été en mesure d’atténuer la sévérité de la crise économique mondiale. Leurs économies souffrent toujours du chaos et les niveaux de vie déclinent peu à peu. En conséquence, elles ne sont non seulement pas en position d’absorber les matières première et, par conséquent, d’accroitre le marché impérialiste, mais elles n’ont pas encore été capables d’attirer beaucoup d’investissements des impérialistes.

   La Chine est devenue le marché ayant la croissance la plus rapide pour le capital impérialiste et les biens de consommation et a attiré de massifs investissements étrangers. Il est également probable qu’elle intensifie son assertion économique et politique, augmentant de ce fait ses contradictions avec les pays impérialistes.

   8. Toutes les contradictions fondamentales dans le monde deviennent plus marquées, c-à-d :

  • La contradiction entre l’impérialisme et les nations et peuples opprimés
  • La contradiction entre la bourgeoisie et le prolétariat dans les pays capitalistes et impérialistes
  • La contradiction entre les pays impérialistes et entre les groupes capitalistes de monopole

   La quatrième contradiction fondamentale – la contradiction entre le camp socialiste et le camp impérialiste – a disparu avec la dégénérescence de la dernière base socialiste en Chine. Après le décès du camarade Mao en 1976, en raison de la trahison de la clique du renégat Deng, le prolétariat n’est pas parvenu à empêcher le rétablissement capitaliste. La lutte entre le socialisme et le capitalisme continuera d’exister durant tout le temps du capitalisme et de la révolution prolétarienne. Aujourd’hui, elle se manifeste principalement dans les sphères culturelle, politique et idéologique, et comme une lutte entre les deux classes ennemies – le prolétariat représentant les forces du socialisme et la bourgeoisie, représentant le capitalisme. La victoire des révolutions dans un ou dans quelques pays et la ré-émergence d’un camp socialiste ramènera de nouveau à la vie la quatrième contradiction.

   Parmi ces contradictions, la contradiction entre l’impérialisme et les nations et peuples opprimés est la principale. Pour l’instant, cette contradiction influence et détermine les autres contradictions.

   C’est dans ce contexte d’intensification de la crise générale du capitalisme que l’on doit faire l’analyse des grands changements qui ont lieu dans la politique mondiale, particulièrement l’effondrement de l’Union Soviétique en tant que superpuissance et sa désintégration politique, l’affaiblissement de l’impérialisme américain et la collusion et le conflit inter-impérialiste, l’offensive fasciste croissante à travers le monde, les guerres d’agression de l’impérialisme conduit par les USA pour le contrôle exclusif du marché et des ressources mondiaux, le danger d’une guerre mondiale et la situation de plus en plus favorable pour le développement de luttes révolutionnaires dans le monde entier.

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