Chapitre 11 : Le front uni et le travail dans les masses de base

Stratégie et tactiques de la révolution indienne

Parti Communiste d’Inde (maoïste)

21 Septembre 2004

PARTIE 2 : TACTIQUES

Chapitre 11 : Le front uni et le travail dans les masses de base

   Quelles doivent être nos tactiques concrètes pour réaliser le front uni révolutionnaire ou stratégique des quatre classes – la classe ouvrière, la paysannerie, la petite bourgeoisie urbaine et la bourgeoisie nationale – et en faire un instrument efficace pour faire progresser la lutte armée ?

   D’abord, nous devons nous appliquer à organiser les masses de ces différentes classes en des organisations de masse révolutionnaires, l’armée populaire, la milice, les organisations révolutionnaires de nationalités, les fronts anti-impérialistes, et ainsi de suite, dirigés par notre parti. C’est dans le processus de l’organisation de ces diverses sections de la population, en donnant une direction à leur luttes et en les transformant en lutte armée pour la prise du pouvoir d’état que le front uni révolutionnaire commence à prendre des formes concrètes. Le noyau de ce front uni est l’alliance des quatre classes basée sur l’unité ouvrier-paysan qui prend la forme de Comités Populaires Révolutionnaires à différents niveaux dirigés par le parti.

   Le parti, l’armée populaire, les organisation de masse révolutionnaires, les organisations basées sur la nationalité ayant le programme de nouvelle démocratie et différentes autres organisations révolutionnaires et petites bourgeoises soutenant le programme de nouvelle démocratie feront partie de ce Front National Démocratique (NDF). Bien que la formation du NDF au niveau pan-indien requiert une armée populaire relativement solide, un parti fort ayant une influence politique à l’échelle nationale et une zone de lutte armée considérablement plus étendue avec des organes de pouvoir politiques populaires à divers niveaux, nous devons nous efforcer de former le front uni révolutionnaire au niveau du village, de la région, au niveau étatique, zone, zonal spécial et régional spécial selon la puissance de notre parti, de l’armée, des organisations de masse révolutionnaires et l’importance et l’intensité de notre lutte armée. Il faut que nous répartissions des forces subjectives selon le plan pour travailler dans les villes faisant partie et se trouvant autour des zones de lutte armée dans le but de construire le front uni. Bien que la formation du NDF au niveau pan-indien prendra du temps, nous pouvons tout de même essayer de former ce front uni sous une forme embryonnaire sur une base anti-impérialiste et anti-féodale et basé sur le soutien de la lutte révolutionnaire.

   Que voulons-nous dire quand nous disons que le front uni est un instrument pour faire progresser la lutte armée et vice versa ? D’abord, le front uni révolutionnaire mobilise les masses d’un point de vue politique pour la prise du pouvoir d’état. Partout où les organes de pouvoir populaire de nouvelle démocratie sont constitués comme étant la forme concrète de ce front uni révolutionnaire, ces organes servent non seulement d’organes de pouvoir, mais également d’orges de soulèvements armés des masses. Ils sont « les organes les plus puissants de la lutte révolutionnaire des masses, de l’action politique des masses, du soulèvement des masses ». Ils stimulent les masses d’un point de vue politique, arment les masses et dirigent les masses pour défendre le pouvoir politique et les gains politiques effectués. Une énorme armée des masses laborieuses est soulevée et une milice populaire est mise en place partout où le front uni révolutionnaire prend son expression concrète en tant qu’organe de pouvoir politique populaire de nouvelle démocratie. De cette manière, la lutte armée des masses dirigée par le parti atteint une nouvelle phase qualitativement. Et inversement, cette lutte armée consolide davantage le front uni révolutionnaire.

   Même là où les organes de pouvoir politique populaire ne sont pas constitués au sens véritable, mais où le front uni révolutionnaire se projette comme le gouvernement révolutionnaire provisoire alternatif, cela facilite l’éveil politique des masses et les progrès de la lutte armée.

   Puisque ce sont les organes les plus démocratiques, ce sont également les organisations des masses les plus sûres, ce qui facilite au plus haut point leur participation dans la lutte pour construire un nouvel ordre social et fait jouer pleinement l’énergie révolutionnaire, l’initiative, les capacités créatives des masses dans la lutte pour la destruction de l’ordre ancien.

   Il faut que les tactiques de notre front uni dans la conjoncture actuelle soit basées sur le fait qu’une part significative de la population appartenant aux quatre classes qui font partie du front uni révolutionnaire sont actuellement sous l’influence des partis politiques féodaux-compradores, des partis révisionnistes et de diverses nuances d’organisations réformistes et petites bourgeoises. La majorité des ouvriers syndiqués sont dans les différents syndicats appartenant aux partis de la classe dirigeante et autres partis révisionnistes ; les paysans, les jeunes, les étudiants, les employés, les femmes, etc sont également organisés dans différentes associations et fédérations affiliées ou sous l’influence des partis mentionnés ci-dessus. Il faut que ces sections soient amenées sous la direction du parti révolutionnaire en abordant leurs revendications particulières, en haussant leur conscience politique et en dissipant toutes les illusions qu’ils peuvent avoir sur ces partis grâce à une incessante dénonciation politique de ces partis et à une éducation politico-idéologique des masses. Afin de parvenir à cela, nous devons essentiellement nous concentrer sur la construction du front uni depuis en bas.

   Pour rassembler tous ces gens, toutes ces sections dans la guerre populaire prolongée, dans le front uni révolutionnaire, le parti de la classe ouvrière doit construire plusieurs types de fronts unis tactiques à différents niveaux, avec diverses forces de classe et avec différents buts. Mais nous devons essayer de développer ces luttes subordonnées à notre principal but et objectif.

   En outre, à condition que le mouvement révolutionnaire prenne assez de puissance, si des occasions d’utiliser les contradictions parmi les classes dirigeantes en faveur de la progression de la guerre populaire se présentent, des efforts doivent être faits pour les utiliser également. Toutefois, nous devons être prudents contre l’infiltration d’éléments anti-populaires notoires appartenant aux partis de la classe dirigeante dans une telle activité de front uni. Les principes mentionnés pour construire le front uni dans la partie « Stratégie » de ce document doivent être pris comme indications dans la construction des fronts tactiques sur les problèmes avec les différents partis politiques.

   Toutes nos alliances tactiques ou front uni sous la forme d’activité commune avec diverses organisations appartenant aux classes anti-féodales et anti-impérialistes, à n’importe quel niveau, doivent être subordonnés au but de construire le front uni stratégique, c-à-d le NDF. Notre orientation dans l’activité de front uni doit être d’accélérer ce processus en rassemblant ces classes sur la base de notre programme de nouvelle démocratie. Et il faut que toute cette activité serve à intensifier et à étendre davantage notre lutte armée. Toute activité commune ou alliances tactiques qui ne servent pas la cause de la guerre populaire seront une manœuvre vaine. Tout notre travail dans les différents fronts de masse révolutionnaires, les organisations de nationalité et les autres organisations révolutionnaires et petites bourgeoises et ainsi de suite ne doit être évalué que de ce point de vue.

   Nous ne devons jamais oublier que l’activité de front uni, sous n’importe quelle forme, est une méthode pour attirer les masses dans la lutte pour isoler et affaiblir les classes ennemies. L’Internationale Communiste a défini les tactiques du front uni comme étant la méthode léniniste pour attirer les masses dans la lutte révolutionnaire, comme une méthode pour établir des liens plus étroits avec les masses. Nous devons trouver et avancer ces slogans et formes de lutte qui proviennent des besoins vitaux des masses, du niveau de leur capacité combative au stade donné de développement. En même temps, les communistes ne doivent pas un instant abandonner leur propre initiative indépendante et leur travail d’éducation, d’organisation et de mobilisation des masses. Cependant, pour garantir que les masses laborieuses trouvent la voie de l’unité d’action, il est nécessaire de faire notre possible pour obtenir des accords à court terme et à long terme qui prévoient une action commune avec les syndicats de différentes couleurs et les autres organisations de travailleurs contre les ennemis de classe du prolétariat. L’accent principal dans tout ceci doit être posé sur le développement d’action de masse, localement, qui soit effectuée par les organisations locales par l’intermédiaire d’accords locaux. En même temps, nous ne devons perdre aucune occasion de nous servir également des tactiques de front uni d’en haut partout où et chaque fois que cela aide à amener les larges masses dans l’action de masse et dans la politisation des masses.

   Il faut que les masses opprimées et les différentes sections soient ralliées grâce à diverses formes de forums comme les forums d’action unie ou d’action populaire, les comités de grève, les comités de lutte, etc, sur leurs revendications respectives à partir du niveau primaire, c-à-d à partir du niveau du village, de l’usine, du basti, du collège, etc. Il faut faire un effort pour mobiliser tous les gens – y compris ceux des différents partis politiques et organisations – qui peuvent être rassemblés sur diverses questions dans le front uni construit depuis le niveau le plus bas. Le parti ne peut rallier la population sur ses revendications partielles et particulières et ne peut mener les luttes et les campagnes même au milieu de conditions de lourde répression qu’en construisant divers forums tels que ceux mentionnés ci-dessus. Nous pouvons prendre en main des actions coordonnées avec les diverses organisations sur des questions aussi diverses que : revendications économiques des travailleurs dans les entreprises individuelles ou les industries entières ; revendications salariales des ouvriers agricoles ; prix rémunérateurs pour les produits agricoles des paysans et contre l’exploitation par la liaison prêteur sur gage-commerçant ; pour la défense des intérêts des dalits, des adivasis, des femmes ; fournir de l’aide aux prisonniers politiques et à leurs familles ; dans la lutte contre la réaction sociale et les attaques fascistes ; les actions coordonnées à une échelle locale, régionale, nationale et internationale pour mener des actions politiques e masse et d’innombrables questions de cette sorte.

   Nous pouvons aussi constituer une plateforme à un niveau supérieur pour prendre en main les problèmes démocratiques généraux et pour déclencher un mouvement de masse militant contre l’exploitation impérialiste, la domination et la politique anti-populaire de l’état et ses mesures répressives. Il est également nécessaire de construire un mouvement de solidarité en soutien des luttes anti-impérialistes, anti-féodales et anti-étatiques de la paysannerie.

   Dans une Inde multinationale, où les nationalités mènent une lutte armée depuis longtemps pour leur autodétermination, le parti doit prêter une attention toute particulière à la construction d’un front uni avec elles. Il faut que le parti du prolétariat soutienne leurs justes revendications dans leur combat pour l’autodétermination contre les classes dirigeantes indiennes et leur état. C’est une des tâches les plus importantes du parti prolétarien de mobiliser la population en soutien de ces luttes et d’établir l’unité avec ces nationalités tout en organisant en même temps les masses sur le programme du parti pour attirer ces masses dans la révolution de nouvelle démocratie. Un solide front uni entre le prolétariat et les nationalités qui luttent contre les ennemis communs (c-à-d l’impérialisme, la bourgeoisie bureaucrate compradore et le féodalisme) leur permettra de formuler les tactiques conjointement pour vaincre les tactiques de l’ennemi.

   Quelles que soient les tactiques utilisées (selon la situation et notre force par rapport au mouvement), il faut adopter une position prolétarienne envers chaque mouvement de nationalité, cherchant à l’influencer avec un point de vue cohérent anti-impérialiste et anti-féodal. Tout en formant un front uni avec les nationalités qui luttent, le parti du prolétariat doit s’efforcer d’établir son leadership sur le front uni. Il se peut que des alliés de ce front acceptent le programme révolutionnaire de nouvelle démocratie et deviennent nos alliés stratégiques au cours de la construction d’un tel front uni et la lutte unie contre l’ennemi commun. Cependant, inutile de prendre cela comme une condition préalable à la formation de front uni avec ces luttes. Il ne faut pas causer la perturbation du front uni en adoptant des méthodes sectaires au nom de l’établissement d’une direction prolétarienne sur le front uni. En même temps, il faut que nous fassions attention à nous assurer que nous ne suivons pas les éléments petits bourgeois ou de la classe dirigeante qui prennent part (ou dirigent) différents mouvements de nationalité et nous devons prendre part au front uni avec notre propre programme indépendant.

   Quelle que soit la nature de ces fronts unis tactiques construits à différents niveaux, ils doivent servir à isoler les cibles de notre révolution, à faire progresser la guerre populaire et à construire et à consolider le front uni révolutionnaire stratégique requis pour l’instauration d’un nouveau système démocratique.

Organisation de masse et mouvement de masse

   Les organisations de masse sont absolument indispensables pour la victoire de toute révolution. Le but principal de la construction d’organisations de masse est d’organiser les masses pour la révolution. Sans mobiliser les masses dans d’innombrables luttes et hausser leur conscience politique au cours de ces luttes, elles ne peuvent pas se rendre compte du besoin de renverser le pouvoir d’état des classes exploiteuses, elles ne peuvent pas acquérir la conscience nécessaire et la volonté collective pour renverser l’appareil étatique oppressif et, il va sans dire que le parti ne peut pas conduire les masses à la victoire dans la révolution. Pour ceci, il est absolument nécessaire d’établir une ligne de démarcation claire avec les mouvements de masse et les organisations de masse dirigées par les révisionnistes. Dans le contexte de la condition particulière en Inde, l’orientation de notre mouvement de masse et de notre organisation de masse sera conforme à la stratégie de la guerre populaire prolongée.

   Pour que les masses comprennent la nécessité de renverser l’appareil étatique et comprennent les appels et les slogans du parti, elles doivent être persuadées grâce à leurs propres expériences de la vie de tous les jours, grâce aux expériences obtenues en s’organisant et en participant dans les luttes de masse militaire. L’organisation de masse est ainsi une arme puissante pour convaincre les masse et faire naître la confiance en elles qu’elles peuvent se libérer de toute oppression et exploitation par l’intermédiaire de l’organisation collective et de la lutte.

   Ceci, bien sûr, ne suppose pas que les masses obtiendront automatiquement la conscience politique requise au renversement de l’appareil étatique et à la construction d’une société de nouvelle démocratie et du socialisme. Comme le camarade Lénine l’avait à plusieurs reprises prévenu, il faut que cette conscience soit inculquée aux masses laborieuses depuis l’extérieur ; elles ne peuvent pas l’acquérir grâce aux luttes sur leurs revendications économiques ou partielles. Par conséquent, la tâche la plus importante du parti à l’intérieur des organisations de masse est de stimuler les masses d’un point de vue politique et d’imprégner les masses de la politique révolutionnaire de prise du pouvoir par des moyens armés. Les masses peuvent saisir les politiques du parti et les faire leur au cours de leur mise en œuvre de leurs luttes quotidiennes.

   Les formes d’organisation et les formes de lutte se distinguent selon les conditions différentes des différentes régions du pays. En outre, les conditions dans la même région, dans le même état ou dans le pays dans son ensemble ne restent pas fixes mais continuent à changer sans arrêt, mettant de ce fait en évidence la nécessité d’effectuer les changements correspondants dans les formes d’organisation et dans les formes de lutte. Ceci est la caractéristique la plus importante qui doit entrer en ligne de compte dans l’élaboration des tactiques appropriées dans chaque région ou état et à chaque moment donné. A moins que nous n’adoptions une approche dialectique des formes de lutte et des formes d’organisation, nous ne manquerons pas d’échouer à construire des organisations de masse efficaces et des mouvements de masse puissants.

  Rapports entre lutte de masse et lutte armée

   Tout en reconnaissant l’importance des organisations de masse et des luttes de masse, nous ne devons également pas oublier que dans la révolution dans son ensemble, c’est la guerre ou la lutte armée contre l’état qui sera la forme principale de lutte, et l’armée la forme principale d’organisation.

   Comme le camarade Mao l’avait indiqué :

   « … La guerre est la forme principale de lutte et l’armée est la forme principale d’organisation. Les autres formes telles que l’organisation de masse et la lutte de masse sont également extrêmement importantes et en fait indispensables et ne doivent être négligées en aucune circonstance, mais leur objectif est d’être utiles à la guerre. Avant le déclenchement de la guerre, toutes les organisations et les luttes sont en préparation de la guerre… Après que la guerre ait éclaté, toutes les organisations et les luttes sont coordonnées avec la guerre, directement ou indirectement ».

   Ceci est une formulation extrêmement importante que notre parti avait aussi pris comme directive pour la révolution indienne. Quelles que soient les différences dans les conditions objectives entre l’Inde et la Chine pré-révolutionnaire, le principe de fond concernant le rapport entre la lutte de masse et le lutte armée reste le même : les organisations de masse et la lutte de masse doivent servir la guerre entre les forces armées populaires et les forces ennemies une fois qu’elle a éclaté ou doivent être axées sur la préparation pour la guerre. Cela signifie que dès le tout début, il faut que notre orientation, notre perspective et la méthode de construction des organisations de masse et des luttes de masse servent la guerre directement ou indirectement. Les organisations de masse qui sont construites sans une telle perspective seraient inaptes à faire progresser la révolution. Ici, l’idée de transformer les luttes de masse et les organisations de masse progressivement en lutte armée doit être reconnue comme une pensée erronée.

   Si cette direction est perdue, nos organisations de masse et nos luttes de masse s’enliseront dans le légalisme et l’économisme et nous serons dans l’impossibilité de préparer les masses pour la prise du pouvoir politique. En ceci réside la source pour l’opportunisme de droite et le révisionnisme.

   Tandis que les organisations de masse et les luttes de masse servent la lutte armée et la guerre, ces dernières, à leur tour, aide à faire progresser davantage le mouvement de masse. Telle est la corrélation dialectique entre la lutte de masse et la lutte armée. Comme le fait remarquer Mao : ‘insister sur la lutte armée ne veut pas dire renoncer aux autres formes de lutte ; au contraire, la lutte armée ne peut pas parvenir au succès à moins d’être coordonnée avec d’autres formes de luttes’.

   Il y a également une tendance à oublier la vérité précitée selon laquelle la lutte armée ne peut pas parvenir au succès à moins d’être coordonnée avec d’autres formes de lutte, et en ceci réside une source d’aventurisme de gauche et de sectarisme. Ceci reviendra à laisser les masses derrière et à aller de l’avant avec seulement les sections avancées. Par conséquent, le point principal à garder à l’esprit est que nous ne pouvons pas remporter la victoire dans la révolution sans aucun de ceux-ci ; et la lutte armée et les autres formes de luttes sont indispensables, mais la forme décisive et principale est la lutte armée.

   Les formes d’organisation de masse et de lutte de masse changent continuellement avec la progression de la lutte armée. Chaque progrès dans la lutte armée aide les organisations de masse à se développer et à approfondir leur base et à faire davantage progresser le mouvement de masse. Et inversement, tout progrès dans le mouvement de masse, particulièrement la mobilisation politique ou l’éveil des masses hardiment contre les principaux ennemis de notre révolution, contribuera à l’intensification et à l’expansion de la lutte armée. L’expérience de notre parti a indubitablement démontré ceci.

   Lorsque nous avons organisé les premières luttes de masse, nous n’avons pu mobiliser que quelques centaines de personnes et plus tard, quelques milliers tout au plus. Mais avec la propagation de la politique de guerre populaire et l’expansion de notre force armée, en dépit de la violente répression de l’ennemi, la population a davantage pris confiance dans le parti et la révolution et a commencé à prendre part à de nombreuses luttes et à sortir en masse par centaine de milliers pour des assemblées ou des manifestations quand des appels étaient lancés par le parti et les organisations de masse même quand ce dernier est entré dans la clandestinité. Une telle démonstration massive de soutien à la révolution et au sursaut dans les luttes militantes par les masses sont dus à la progression de la guerre populaire et à la croissance de la force armée de la population. L’aptitude de nos forces armées à faire face à l’attaque réactionnaire de l’état et des forces féodales est un facteur important pour stimuler le moral des masses et leur insuffler confiance dans la politique de la guerre populaire.

   Et les masses qui sont stimulées d’un point de vue politique grâce aux efforts de nos organisations de masse, à leur tour, sont devenues une source principale de recrutement dans le parti et le mouvement révolutionnaire. Il est devenu possible d’entrainer de plus en plus de gens dans la lutte armée. Par conséquent, nous devons sensibiliser la base du parti sur le fait que l’intensification de la lutte armée contre l’état influe directement sur le développement supplémentaire de la mobilisation de masse et les luttes de masse et qu’il faut que cette mobilisation de masse élève le cadre et les soldats pour le parti, l’armée populaire et implique un grand nombre de personnes dans la lutte armée.
Généralement parlant, les organisations de masse peuvent être classées en trois types, selon leur nature et leur fonctions :

1. Organisations de masse révolutionnaires clandestines

   Le premier type d’organisation de masse sont celles qui restent rigoureusement clandestines et propagent la position révolutionnaire du parti parmi les masses, les incitant à la lutte armée. Elles demandent ouvertement aux masses de participer à la guerre populaire, propagent la tâche centrale établie par le parti à n’importe quel moment donné, organisent secrètement les masses dans les luttes et servent directement de base de recrutement pour le parti et la guerre populaire. Ces organisations de masse sont construites clandestinement et mènent une propagande secrète. Des exemples d’organisations de masse de cette sorte sont les Etudiants Communistes – Ligues de Jeunesses, les organisations culturelles armées, les organisations de Gardes Rouges, etc.

2. Organisations de masse révolutionnaires publiques et semi-publiques

   Le deuxième type d’organisations de masse sont les organisations de masse publiques et semi-publiques qui propagent ouvertement la politique de révolution de nouvelle démocratie et préparent al population pour la lutte armée. Ces organisations tirent parti de toutes les possibilités légales disponibles pour poursuivre la propagande révolutionnaire et l’agitation ouvertement et tentent de mobiliser les forces anti-impérialistes et anti-féodales aussi largement que possible. Ainsi, ces organisations de masse servent aussi directement la guerre populaire tant qu’existe un champ pour le travail révolutionnaire public. Des organisations de femmes révolutionnaires, des organisations de jeunes et d’étudiants révolutionnaires, des associations culturelles et artistiques révolutionnaires, des associations d’écrivains révolutionnaires, des associations de nouvelle démocratie de différentes sections, etc peuvent être constituées pour mettre en œuvre une propagande et une agitation révolutionnaire publique.

3. Les organisations pas directement reliées au parti

   Ces organisations de masse, qui ne sont pas directement reliées au parti et travaillent à couvert avec un programme limité, appartiennent au troisième type. Ce sont des organisations réunissant des tendances très variées qui essayent d’unir les forces indépendantes sur un programme commun. Elles peuvent adopter ouvertement les programmes anti-impérialistes et anti-féodaux ou travailler avec un programme plus limité. Ces organisations deviennent indispensables dans les circonstances de répression extrême de l’état où les perspectives pour les organisations de masse révolutionnaires publiques sont très limitées. Elles peuvent également être constituées dans des conditions normales comme complément aux organisations de masse révolutionnaire qui sont directement au service de la lutte armée. Bien que nous ayons dirigé notre travail sur base de la conception mentionnée ci-dessus en général, il y a encore des défauts en raison du manque de compréhension plus profonde de ce qui se trouve ci-dessus, en particulier dans l’application concrète. Le troisième type d’organisations peut être encore subdivisé en trois larges catégories : (a) travail de fraction (b) organisations de couverture formées par le parti (c) organisations démocratiques légales.

   (a) Travail de fraction. Ici, le parti travaille à travers les nombreuses organisations de masse traditionnelles qui opèrent dans les zones rurales et urbaines. Ces organisations de masse traditionnelles sont les organisations généralement créées par les masses pour lutter pour leurs intérêts particulier ou autrement répondre à leurs besoins. Le parti, par l’intermédiaire de ses membres ou d’autres activistes, pénètre dans les organisations de cette sorte, sans révéler aucun lien avec le parti. Par les activités de l’organisation, on tente d’attirer les masses vers la révolution pendant qu’elles sont mobilisées pour leurs intérêts particuliers. Cette méthode d’organisation, si elle est menée correctement, offre la meilleure perspective pour un travail à couvert pour une longue période. Elle est par conséquent indispensable dans les zones de répression intense. Les meilleures organisations sont celles qui sont davantage axées sur la lutte, comme les syndicats, les organisations basées dans les bidonvilles et aux environs, les organisations de jeunes, les organisations de chômeurs, les associations et syndicats d’étudiants, les organisations de femmes, les associations de navetteurs, etc. En outre, il y a également d’autres associations qui sont axées sur le bien-être, des organisations basées sur la communauté ou d’auto-assistance – comme les coopératives d’ouvriers, les organisations culturelles, les clubs de sport et les gymnases, les bibliothèques, les groupes de bhajan, les organisations sociales pour les castes opprimées, les nationalités et les minorités, etc.

   (b) Organisations de couverture. Les organisations de couverture sont indispensables dans les zones où nos organisations de masse ne sont pas autorisées à fonctionner ouvertement. Nous pouvons également constituer des organisations de couverture dans d’autres zones selon les besoins. Le but derrière la formation d’organisation est de garder nos forces non exposées à l’ennemi tout en poursuivant le travail de masse public. Nous ne devons pas oublier que les organisations de couverture ne sont pas un substitut pour les organisations de masse légales ou clandestines. Nous devons former des unités du parti à l’intérieur des organisations de couverture et les diriger.

   (c) Organisations démocratiques légales. Ce sont les organisations formées sur une base politique explicite avec certains ou tous les aspects d’un programme anti-impérialiste et anti-féodal et avec un programme d’action et des formes de lutte qui relèvent largement du cadre légal. Celles-ci sont utiles alors que le parti cherche à la mobilisation politique des vastes masses. La portée de l’organisation démocratique légale est très large, s’étendant jusqu’aux larges coalitions et alliances formées contre la répression, la mondialisation, les forces Hindutva, jusqu’aux organes globaux formés avec les bannières de l’anti-capitalisme et des luttes populaires. De telles organisations peuvent être constituées à différents niveaux – niveau de la ville, niveau du district, niveau de l’état, niveau régional, niveau pan-indien ou même au niveau international.

   Plusieurs tendances erronées ont de fortes chances de se manifester dans notre travail dans le front de masse comme : la tendance légaliste de n’organiser et construire que des types d’organisations légales et de négliger les organisations semi-légales et clandestines révélant de ce fait nos forces à l’ennemi ; la tendance de l’économisme de n’aborder que, ou principalement, les revendications partielles ou économiques des masses et perdre de vue l’aspect le plus important de la mobilisation politique des masses contre l’état et les diverses politiques des classes dirigeantes ; la tendance de la spontanéité en donnant une accentuation unilatérale sur l’aspect des luttes de masse et négligeant l’aspect de la consolidation ; le subjectivisme en imitant mécaniquement les formes de lutte et les formes d’organisation d’une région dans d’autres régions sans tenir compte des conditions concrètes ; et, le plus important de tout, ne pas orienter le travail de masse afin de servir la lutte armée.

   Par conséquent, la plus grande importance doit être donnée pour éduquer la base du parti au sujet du danger des tendances non-prolétariennes précitées qui émergent au cours de la construction des organisations de masse et des mouvements de masse et doit guider le travail tout entier avec l’orientation correcte qui est de servir la lutte armée à tout moment. Les dirigeants des organisations de masse doivent toujours garder la politique de la prise du pouvoir au commandement, amener les vastes masses vers cette politique en élaborant les slogans politiques appropriés et en rassemblant les masses autour de ceux-ci. Il faut faire attention à mener une large propagande politique de la politique révolutionnaire par différents moyens – publics, semi-publics et secrets, à se concentrer sur les dénonciations politiques de la politique des classes dirigeantes, la nature anti-populaire du parlement et du gouvernement, les attaques et les atrocités contre les femmes, les Dalits et les Adivasis ; la persécution des minorités religieuses, l’oppression et la suppression des droits des nationalités ; et la brutalité du système social exploitant. Il est possible de rassembler les vastes masses si les slogans tactiques corrects sont avancés au moment adéquat et si les formes de lutte et les formes d’organisations sont élaborées pour aborder de tels problèmes avec la bonne orientation.

   Nous ne devons pas oublier le principe tactique léniniste : « Faire ressortir précisément ces formes de lutte et d’organisation qui sont le mieux adaptées aux conditions actuelles durant le flux ou le reflux du mouvement à un moment donné, et qui peuvent donc faciliter et assurer que les masses soient amenées vers les positions révolutionnaires, que des millions de personnes soient amenées vers le front révolutionnaire, et leur disposition au front révolutionnaire ».

   Bien sûr, en mettant ce principe en pratique, nous devons garder à l’esprit la condition spécifique et la stratégie spécifique de notre révolution. Nous devons également comprendre les différences entre les différentes formes de lutte et d’organisation du point de vue de notre stratégie spécifique, c-à-d la guerre populaire prolongée.

   Dans le contexte de la discussion ci-dessus, nous devons assigner des responsables des relations publiques et des organisateurs compétents et expérimentés au travail dans les organisations démocratiques légales, les organisations de couverture et au travail de fraction. Sans des organisateurs compétents pareils, il n’est pas possible de travailler dans ces organisations sans se faire démasquer et avec une perspective de longue durée. Il se peut aussi que nos organisateurs appartiennent à un comité de parti à un certain niveau. Mais tout en travaillant ouvertement dans ces organisations, ils ne doivent être identifiés d’aucune manière avec notre parti. Une fois qu’ils sont exposés à l’ennemi, ils doivent immédiatement entrer dans la clandestinité ou être mutés ailleurs.

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