Le mouvement communiste en Russie (extrait du rapport de Zinoviev)

1er Congrès

IIIe Internationale

Le mouvement communiste en Russie (extrait du rapport de Zinoviev)

   Cet article a paru dans le numéro 1 du Bulletin communiste, 1er mars 1920, précédé de l’introduction suivante : « Nous publions ici un extrait du Rapport du camarade Zinoviev au Premier Congrès de la 3e Internationale (mars 1919), concernant les diverses formes d’organisation des travailleurs en Russie. »

Le parti, les syndicats, les coopératives, les soviets

   Avant la révolution d’octobre, noire Parti comptait environ 10 000 membres. Actuelle­ment, à la veille du huitième Congrès ordinai­re du Parti Communiste, nous comptons en Russie environ 500 000 membres.

   Peut-être est-ce peu, mais nous devons comprendre qu’il nous est impossible d’ouvrir toute grande la porte à tous les éléments désireux d’entrer dans notre Parti. Sans doute, il nous vient les meilleurs éléments de la jeunesse ouvrière, et nous les acceptons volontiers. Mais comme notre Parti se trouve au pouvoir il est compréhensible qu’un assez grand nombre de « carriéristes », d’éléments petits-bourgeois douteux s’efforcent d’y pénétrer. Aussi notre Parti a-t-il décidé nettement et unanimement de dresser une barrière en face de ces éléments.

   Un courant assez fort réclame l’étatisation des syndicats pour que celles-ci soient une XXX XXXXXX du gouvernement soviétiste. En fait, les syndicats XXXXXX déjà maintenant en qualité de rouages de noire machine étatique. Dans les questions de tarif, de salaire, les décisions sont prises par le Conseil des Commissaires.

   Notre comité central a décidé de priver cer­taines catégories de membres du Parti du droit de vote au Congrès du Parti. Sans doute, il est anormal de recourir à la restriction du droit de vote dans les rangs du Parti, mais, je le répète, tout le Parti a approuvé cette me­sure, car nous désirons que le Parti constitue un tout homogène, qu’il n’y entre effectivement que des communistes.

   Il s’agit donc en fait de 500 000 membres entre les mains desquels se trouve toute la machine étatique, de haut en bas. Le noyau du Parti est formé par les ouvriers. La classe dite « intellectuelle » est faiblement représen­tée dans nos rangs. Ce n’est que durant les derniers temps qu’on a pu noter de la part de cette dernière un changement d’attitude. Une partie de l’élément « intellectuel » a consenti à travailler avec nous dans les soviets, mais son acceptation dans les rangs du Parti rencontre des difficultés.

   La seconde forme revêtue par notre organisation ouvrière est celle des syndicats. Le développement historique de nos syndicats a été différent de celui constaté en Allemagne. En 1904-1905, ils ont joué un grand rôle révolutionnai­re et, à l’heure actuelle, combattent avec nous côte à côte pour le socialisme.

   Les syndicats en Russie comptent actuellement 3 500 000 membres. Ce chif­fre, a été vérifié lors du dernier congrès des syndicats. L’immense majorité des membres de ces unions partage les points de vue de notre Parti et toutes les dé­cisions prises par celle majorité sont dans l’es­prit de notre Parti. Il n’y a qu’une minorité peu importante qui défende au sein des syndicats l’idée de la « neutralité » et de l’ « indépendance » du mouvement professionnel. La majorité trouve indispensable de travailler de concert avec les communistes.

   Un courant assez fort réclame l’étatisation des syndicats pour que ceux-ci soient une partie formelle du gouvernement soviétiste. En fait, les syndicats fonctionnent déjà maintenant en qualité de rouages de notre machine étatique. Dans les question de tarif, de salaire, les décisions sont prises par le Conseil des Commissaires du Peuple, mais le dernier mot appartient aux syndicats. Il en est de même pour les autres questions, notamment pour l’assurance des ouvriers, etc.

   La troisième forme de notre organisation est celle des coopératives. Actuellement, nous avons 25 000 coopératives, le nombre total des membres des coopératives ouvrières urbaines est de 2 000 000 et celui des membres des coo­pératives rurales de villages est de 10 000 000 ; si l’on fait entrer en ligne de compte les mem­bres des familles représentées par membres inscrits dans toutes ces coopératives, on peut affirmer qu’elles englobent en tout plus de 50 000 000 d’individus.

   Mais la forme essentielle de notre organisa­tion est représentée, comme chacun sait, par nos soviets. Il est assez difficile de dire com­bien d’individus — ouvriers et paysans — sont organisés en soviets. En tout cas, nous pouvons déclarer qu’après que nous avons éla­boré notre constitution soviétiste, le droit élec­toral s’est étendu progressivement également à la classe formée par les couches moyennes de la population. Les élections au soviet des députés ouvriers de Petrograd sont, par exem­ple, une illustration de ce phénomène. 650 000 individus environ jouissent à Petrograd du droit de vote. Plus des 2/3 ont pris part aux élections. Plus des 9/10 de la population jouit du droit électoral. Je pense que l’exemple de Petrograd est caractéristique pour toutes nos villes et l’on peut, je crois, affirmer que plus de cent millions d’individus jouissent dans notre République soviétiste des droits électo­raux et en font usage. Notre Parti a 35 jour­naux. Il paraît en Russie plus de 100 journaux soviétistes qui sont les organes des paysans et des soldats.

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