Interview d’un jeune maoïste

Interview d’un jeune maoïste népalais

4 Mai 2010

   Alastair Reith a interviewé récemment Bhupan Paudel, qui est un jeune membre du Parti Communiste du Népal Unifié (maoïste).
Bhuban lutte pour la liberté de son peuple, de sa nation, et de la classe ouvrière internationale, et s’est engagé à fond dans les dernières manifestations de masses qui ont ébranlé le Népal. Il a pris le temps de donner une brève interview à ce blog [http://comradealastair.wordpress.com] au sujet de la révolution qui se développe en ce moment au Népal et du parti maoïste qui la conduit. Voici une voix originale de la première révolution communiste du 21ème siècle qui nous en parle en ses propres termes.

   Merci d’avoir accepté cette interview, Bhuban. Commençons par les bases : qu’est ce-que le Parti Communiste du Népal Unifié (maoïste)?
  
   Bhuban : Le PCNU (maoïste) est un parti communiste du Népal qui lutte pour la révolution prolétarienne dans notre pays. Notre parti a été en guerre pendant 10 ans dans le but d’établir le règne du peuple. Maintenant il conduit les prolétaires du Népal, les travailleurs et les communautés marginalisées du pays vers un nouveau Népal, au moyen de la suprématie populaire, de l’unité nationale, et d’une constitution populaire

   Pourquoi es-tu devenu un maoïste ?
  
   Bhuban : Je suis devenu maoïste parce les maoïstes luttent pour les prolétaires et les travailleurs. Et qu’il s’agit du seul parti politique qui lutte pour des changements politiques et sociaux-économiques, pour l’intégrité nationale et le règne du peuple.

   Pourquoi le Népal a-t-il besoin d’une révolution?

   Bhuban :  Le Népal est devenu une république après dix ans d’une longue lutte populaire. Mais le gouvernement actuel, soutenu par les réactionnaires, est en train de détruire tous les acquis de cette lutte et est un échec total. Le gouvernement a échoué à satisfaire les besoins de base des travailleurs et à assurer la sécurité publique. Le gouvernement actuel pro-indien a été formé de façon anticonstitutionnelle et ne représente pas les désirs du peuple pour le changement. L’Inde empiète sur notre territoire. Mais le gouvernement ne fait rien. Et il a complètement échoué à établir un consensus national pour mener à terme le processus de paix et rédiger une nouvelle constitution. Nous n’avons maintenant aucun autre choix que la révolte. Nous avons besoin d’une révolution pour sauver notre pays et les acquis historiques de la lutte.

   Quel a été le rôle de la religion au Népal dans le passé, et qu’est-ce que la révolution va changer à cela ?

   Bhuban : Dans le passé l’hindouisme a exploité et opprimé les autres religions et cultures. Mais le janaandolan d’avril (le soulèvement de 2006 qui renversa la monarchie) a fait du Népal un pays laïc. Le gouvernement actuel est soutenu par les extrémistes hindous et détruit les acquis historiques. La révolution rétablira l’égalité entre toutes les religions et mettra fin à l’exploitation d’une religion sur les autres.

Que signifiera la révolution pour les femmes ?

   Bhuban : Les femmes népalaises sont marginalisées et mises à l’écart dans la société népalaise à cause du règne du féodalisme. Elles sont opprimées, exploitées comme des citoyennes de deuxième classe et privées de leurs droits dans la société patriarcale. La libération des femmes est indissolublement liée à la libération du peuple népalais et de la nation. La révolution établira les droits politiques et sociaux égaux pour les femmes.

   Le Népal comporte de nombreuses nationalités opprimées à l’intérieur de ses frontières. Que signifiera la révolution pour elles ?

   Bhuban :
La révolution ramènera toutes ces communautés dans la nation dans le respect de leur identité, de leur culture et de leurs droits d’autodétermination, mettant fin à toute oppression, exploitation et inégalités.

   Parle-nous des manifestations du premier mai. Pourquoi ont-elles été organisées et que s’est-il passé ce jour là ?

   Bhuban : La grande manifestation du premier mai a été organisée par notre parti pour faire la démonstration du soutien du peuple à la paix, et au gouvernement d’unité nationale qui sera dirigé par notre parti qui est le plus important de l’assemblée constituante. Contrairement à ce que prétendent les réactionnaires, la manifestation a été pacifique, bien organisée, disciplinée, et la plus importante jamais vue dans l’histoire. Tous les paysans, ouvriers, femmes, jeunes qui ont participé à la manifestation soutiennent le mouvement maoïste et demandent la démission du gouvernement actuel. Mais le gouvernement refuse de démissionner. Dès le lendemain, une grève générale illimitée a été lancée et continue.

Quel est le rôle joué par l’Inde au Népal, et comment la révolution peut-elle le changer ?

   Bhuban : Les relations entre l’Inde et le Népal sont basées sur des traités et des négociations inégaux. L’Inde est encore une puissance expansionniste et s’ingère dans nos affaires intérieures, empiète sur notre territoire en permanence. Nous devons sauver nos territoires. Maintenant elle soutient un gouvernement non élu et antinational. Notre mouvement renversera tous les traités inégaux et commencera une nouvelle relation basée sur l’égalité et la souveraineté des deux pays.

   Que pouvons-nous attendre du Népal dans les semaines qui viennent?

   Bhuban : Les manifestations du premier mai ont montré le soutien massif du peuple à un gouvernement d’union nationale. Et les maoïstes vont continuer à bénéficier de ce soutien dans les jours prochains. Si le gouvernement impopulaire et non élu ne part pas, les gens sont prêts à se sacrifier pour le renverser. Tous ceux qui appartiennent à la classe des travailleurs vont se révolter contre le gouvernement actuel et abattre le règne de la bourgeoisie.

   Que penses-tu que les communistes d’occident doivent faire pour apporter leur soutien à la révolution au Népal ?

   Bhuban :  Ils devraient informer sur la situation exacte sur le terrain au Népal et diffuser partout dans le monde le message de la révolution.

   Merci camarade d’avoir pris le temps de nous répondre. Bonne chance pour la lutte qui s’annonce, et lal salaam ! Nos espoirs sont avec vous.

   Bhuban : Salam camarade !