La situation politique actuelle et la politique du Parti

La situation politique actuelle et la politique du Parti

Gaurav

The Red Star, 15-30 juin 2011

   La situation politique actuelle est marquée par divers tours et détours et hauts et bas. Après l’abolition de la monarchie autocratique dirigeant le Népal depuis plus de deux siècles et demis, les contradictions Népalaises sont en train de changer. Ce changement de la contradiction a apporté quelques nouveaux changements dans les alliances politiques et de nouveaux conflits. Les partis politiques s’étant engagés à répétition devant le peuple du Népal et devant la sphère internationale, se sont prouvés futiles quand le mandat de l’Assemblée Constituante (AC) fut pratiquement terminé sans avoir accompli son travail d’écrire une nouvelle constitution. Bien que la limite de l’AC ait été prolongée pour une année supplémentaire, l’écriture de la nouvelle constitution est toujours un travail ardu car les différences entre les partis politiques principaux demeurent non résolues et de nouvelles différences ont émergé autour de nombreuses questions liées ou indépendantes de la constitution. Cet article a été préparé en se basant sur ces circonstances politiques.

   Pourquoi l’assemblée constituante ?

   Bien que le slogan de l’assemblée constituante fut tout d’abord apporté par le Congrès Népalais dans les années 1950 lorsqu’il menait le mouvement de masse anti-Rana, il a été complètement oublié pendant le dernier demi-siècle. Ce slogan fut porté par le PCN(maoïste), mais dans des circonstances différentes. Le parti a identifié la monarchie existante comme l’obstacle principal pour le développement de la société népalaise et établi une ligne tactique de faire l’alliance avec toutes les forces politiques qui voulaient se débarrasser de la monarchie. Le slogan principal pour forger une telle alliance était l’Assemblée Constituante.

   Le slogan de l’Assemblée Constituante fut porté par le parti lors de sa Conférence Nationale de 2001. Des efforts furent faits pour forger l’alliance avec les parties parlementaires. Elle ne s’est pas matérialisée, car les partis parlementaires tournaient autour du roi et luttaient pour obtenir de meilleurs places dans le gouvernement du roi. Ces partis suivaient la politique de faire le front uni avec le roi et d’éliminer les maoïstes.

   Le coup d’état par le Roi Gyanendra en février 2005, lors duquel il déclara l’état d’urgence et devint le chef du gouvernement, provoqua une nouvelle situation politique. Beaucoup de dirigeants des partis politiques institutionnels furent emprisonnés ou assignés à résidence. Ainsi les partis étaient obligés de lutter contre la monarchie. L’Inde, qui était l’appui externe principal à la monarchie pour lutter contre la Guerre Populaire menée par les maoïstes, n’était pas satisfaite des dernières décisions du roi, également dirigées contre ses alliés : les partis politiques parlementaires. L’autre point qui a causé la colère du gouvernement Indien était que le régime de Gyanendra avait acheté des armes à la Chine, ce que l’Inde avait conçu comme défi à son autorité et violation brute de la tradition de ne faire des contrats d’armement qu’avec elle.

   Notre parti, le PCN(maoïste), utilisa ces dernières contradictions nouvellement émergées comme occasion de forger l’alliance avec les parties parlementaires contre la monarchie qui était l’institution représentative du féodalisme, des capitalistes bureaucratiques et compradores, et prit l’initiative pour atteindre cet objectif. Elle fut finalement matérialisée avec l’accord de 12 points entre le parti maoïste et les sept partis.

   Les différences émergent

   La monarchie autocratique dirigeant le Népal depuis plus de deux siècles et demis fut formellement abolie lorsque la première session de l’Assemblée Constituante déclara le Népal une République Démocratique Fédérale par un vote presque unanime le 28 mai 2008. Le roi et les partis parlementaires représentent l’intérêt de pratiquement les mêmes classes. En l’absence de la monarchie, ces partis parlementaires commencèrent à jouer le rôle principal en accomplissant les intérêts de ces classes, ce qui était reflété dans toutes les sphères– politique, formation d’alliance, la formation du gouvernement etc.

   Les classes exploiteuses dépendent toujours des forces internationales de leur caractère. Dans cette ère de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, les classes exploiteuses telles que les capitalistes compradores et bureaucratiques et les féodaux sont dépendantes des forces impérialistes et expansionnistes ou des deux. Dans le cas du Népal, l’Inde est la puissance externe qui interfère au Népal dans de nombreux secteurs comme – la politique, l’économie, la culture, le territoire etc. C’est la raison pour laquelle on considère cela comme de l’expansionnisme. Le rôle de l’Inde en tant que puissance expansionniste s’est exprimé davantage lors de ces dernières années. Beaucoup de gens au Népal savent que l’Inde crée des partis, que l’Inde crée des scissions dans les partis, que l’Inde se crée des accès dans les partis et les rend incapables de mettre en application leur propre ligne et programme, que l’Inde joue un rôle déterminant dans la constitution, le soutien et la démission des gouvernements. Par conséquent le Népal est considéré comme pays semi-colonial.

   De nombreux pactes, accords, négociations ont eu lieu entre les sept partis contre le parti maoïste dans le passé. Lors de l’élection de l’assemblée constituante tenue en 2008, le PCNU(maoïste) a émergé comme étant le plus grande parti en sécurisant la majorité des voix (123 sièges sur 240 sièges de l’AC au total), le Congrès Népalais et l’UML ont été réduits aux partis de deuxième et troisième rang. Tous ces partis étaient des compagnons de route lors des mouvements de masse anti-roi. Lorsque la monarchie fut parvenue à sa fin, la chimie politique fut changée. Le Congrès Népalais et la section principale de l’UML représentent les intérêts de la classe capitaliste compradore, bureaucratique et des restes du féodalisme. Ainsi ils ne peuvent pas aller au delà du statu quo. Ils sont contre provoquer la transformation fondamentale et révolutionnaire dans la société. Ils collaborent avec l’expansionnisme indien et contribuent à la continuation du caractère semi-colonial du pays. Ainsi leur rôle, particulièrement après l’abolition de la monarchie, a été changé.

   En raison de la nature de classe du Congrès Népalais et de l’UML, mentionnée ci-dessus, ils sont obligés de se confronter à l’ordre du jour proposé par le parti maoïste pour la transformation qualitative de la société népalaise. De cette façon la contradiction entre le parti maoïste et, principalement, avec les deux autres partis, le Congrès Népalais et l’UML, est sûre de surgir. Au cours du temps cette contradiction peut même devenir plus aigue à l’avenir. La pratique des deux dernières années a clairement indiqué que le Congrès Népalais et la majeure partie de l’UML ne vont pas adoucir leur position, ils essayent [plutôt] de durcir leur position contre les maoïstes. Leur collaboration avec l’état indien s’approfondit davantage et ils prennent des positions de plus en plus antinationales.

   Contradictions dans un processus du changement

   Au cours de la période de la monarchie la société népalaise était également caractérisée comme semi-féodale et semi-coloniale. Notre parti avait formulé que la contradiction principale de la société népalaise était entre le féodalisme, le capitalisme bureaucratique et compradore soutenu par l’expansionnisme indien contre les masses népalaises. Le féodalisme était l’aspect principal, parce que la monarchie représentait l’institution de la société féodale médiévale. Dans la question de sauvegarder l’intérêt national du pays, les rois ont toujours essayé d’employer la question du nationalisme ou du patriotisme comme masque pour couvrir leur caractère anti-populaire et leur régime autocratique. Il était impossible de sauvegarder l’intérêt national ou le nationalisme du Népal sous le reigne d’un roi, parce qu’il y a plusieurs exemples dans l’histoire dans lesquels les rois ont abdiqué devant les puissances étrangères et ont perdu la souveraineté de la nation. Le Traité de Sugauli [traité de 1816 qui mit fin à la guerre avec la Grande-Bretagne et par lequel le Népal perdit une bonne partie de son territoire NdT] est l’un des plus mauvais exemples. Il est également vrai que si le pays tout entier était passé sous le contrôle complet d’une puissance étrangère, il n’y aura aucune monarchie. Ainsi le nationalisme préconisé par le roi était confiné à accomplir l’intérêt de la monarchie.

   L’abolition de la monarchie qui régnait sur le Népal les 250 dernières années est certainement un événement historiquement significatif. C’est une victoire contre le féodalisme. Cet événement historique influence à coup sûr la situation politique du pays et également la contradiction de la société népalaise. En ce qui concerne la contradiction interne, le féodalisme existe toujours mais ce n’est plus l’aspect principal. La contradiction contre le capitalisme bureaucratique et la bourgeoisie compradore est l’aspect principal. Ainsi la contradiction interne peut être définie en tant que – bourgeoisie compradore, capitalisme bureaucratique et féodalisme contre les masses népalaises.

   L’intervention externe au Népal a augmenté sans répit. L’expansionnisme indien qui a joué le rôle de soutien en faveur de la classe dirigeante dans le passé a commencé à jouer un rôle direct. Il a mis en place toutes les formes d’intervention excepté l’invasion militaire directe. Ainsi la contradiction du Népal et du peuple népalais avec l’Inde est en train de devenir la contradiction principale. Le Comité Central de notre parti récemment réuni a fait l’évaluation sérieuse du développement récent des contradictions de la société népalaise et est arrivé à la conclusion que la contradiction principale change rapidement. Dans la situation actuelle, les contradictions internes et externes sont si entrelacées qu’il est difficile de les séparer. De ce fait, la contradiction principale devient – capitalisme bureaucratique, bourgeoisie compradore et féodalisme et expansionnisme indien d’une part et le Népal et le peuple népalais de l’autre.

   La politique de front uni

   Etant donné le changement de la contradiction principale, cela sera reflété dans la politique de faire le front uni, l’alliance et l’unité dans l’action avec différentes classes et forces de classe. Notre parti dirige les luttes de masse et le mouvement de masse avec des slogans concrets. Depuis un an nous mettons le slogan de l’indépendance nationale en avant. Cela ne signifie pas que la contradiction interne a cessé d’exister. Il y a toujours des restes de féodalisme dominant dans la société. Mais le féodalisme n’est pas l’aspect principal. La bourgeoisie compradore et le capitalisme bureaucratique deviennent l’aspect principal. Il est tout à fait évident que lorsque la question de l’indépendance nationale vient à l’avant, cela exige que le parti doive forger la politique de faire le front uni avec les forces patriotiques.

   Cela montre que la nature des amis et des ennemis a été changée selon le changement de situation. Les vraies forces patriotiques doivent devenir les alliés de la révolution. Il est évident que lorsqu’il y a un changement de la contradiction principale, la politique concernant le front uni doit être changée en conséquence. Il doit y avoir un large front uni entre la classe ouvrière, la paysannerie, les nationalités et des tribus opprimées, les femmes et les dalits [basses castes NdT] et les forces patriotiques. Dans la situation donnée de la contradiction principale, le slogan principal du front uni est- Toutes les forces patriotiques, de gauche et républicaines doivent s’unir !

   Cette politique de front uni s’est également reflétée dans l’écriture de la nouvelle constitution. Notre politique concernant la nouvelle constitution est très claire. Le Népal doit avoir une constitution de République Populaire Fédérale. Seule une constitution avec un tel contenu peut adresser les demandes du peuple opprimé et de toutes les sections du peuple de la société népalaise – la classe ouvrière, la paysannerie, les dalits, les femmes, les jatis, les janajatis et peut sauvegarder l’indépendance nationale et la souveraineté nationale.

   Basé sur la nouvelle ligne du front uni notre parti va faire une ligne tactique concrète et un plan d’action concret. Comme expliqué par Mao, la ligne décide tout. La ligne correcte formulée par notre parti pourra sans aucun doute accomplir la révolution.