Pouvons nous aller de l’avant ?

Pouvons nous aller de l’avant ?

Biplav

The Red Star, 15-30 juin 2011

   Le débat au Népal est lancé : la révolution est elle possible ou pas. Le débat n’est pas seulement idéologique et en général hypothétique ; il est plutôt centré sur la question de la possibilité d’augmenter l’intervention dans le pouvoir d’état central ou pas. Deux analyses poussées ont émergé sur la question. Elles sont pour et contre.

   La perspective analytique qui voit la révolution impossible :

   Une des perspectives analytiques est que la révolte est impossible. Oui, il semble ainsi de ce côté de la perspective. Cette analyse a émergée principalement de la part de quelques intellectuels politiciens et analystes de gauche. Ils ont donné les raisons suivantes pour justifier cette logique.

   Situation internationale défavorable

   La situation internationale favorable est nécessaire pour l’accomplissement de la révolution. Pour cela, il doit y avoir une crise au centre du capitalisme et une situation défavorable doit avoir été créée contre eux. De plus, il doit y avoir crise en Inde, en Amérique et en Chine pour l’accomplissement de la révolution dans un petit et pauvre pays comme le Népal. Sinon, ces puissances interfèrent sur le Népal et la révolution ne peut pas réussir.

   Aucun appui de l’Inde

   La classe dirigeante indienne est en faveur de la classe bourgeoise du Népal. Le rôle de la classe dirigeante indienne est important pour la révolution au Népal ; cependant, les faveurs des classes dirigeantes de l’Inde ont toujours été du côté du Congrès Népalais et de l’UML. Par conséquent, la révolution est inopportune en raison de l’opposition des classes dirigeantes indiennes.

   L’Armée Népalaise soutient la classe bourgeoise

   Le rôle de l’armée est important pour le succès de la révolution. Dans la situation de révolution inachevée et d’existence de la vieille armée forte, la victoire va du côté qui a le soutien de l’armée. Par conséquent, si l’armée soutient la révolution, elle parvient à sa victoire et si l’armée ne le fait pas, la révolution devient un échec. Au Népal, l’armée est du côté du Congrès Népalais et de l’UML. Dans cette situation, nous devrons nous battre avec l’armée si nous voulons accomplir la révolution.

   Les maoïstes manquent de l’efficacité militaire appropriée

   Pour l’accomplissement de la révolution, l’armée doit soit être ralliée en faveur de la révolution soit être divisée soit être vaincue. Actuellement, nous ne pouvons ni rallier l’Armée Népalaise en faveur de la révolution ni les diviser ni les vaincre. Ce n’est pas une situation favorable où nous pouvons être victorieux. Par conséquent, il n’y a aucune possibilité.

   Le besoin de la politique de consensus

   La politique de consensus a émergée sur la base de la Guerre Populaire. Elle ne peut pas être brisée immédiatement et ne doit pas être brisée du tout. Cela est impossible parce que cela rend la révolution impossible. Si nous allons vers la cassure de la politique de consensus, cela apportera la destruction et les accomplissements réalisés jusqu’à maintenant seront perdus.

   La perspective analytique qui voit la révolution possible :

   La deuxième perspective est que la révolution est possible au Népal. Cette analyse est menée et faite par les intellectuels révolutionnaires marxistes-léninistes-maoïstes et certains analystes politiques. Les analystes ont donné les raisons pour justifier la possibilité de la révolution. Ces raisons sont comme suit :

   a) L’aspect interne est décisif dans la révolution :

   La révolution a des aspects internes et externes. Tous les deux sont nécessaires dans le succès de la révolution ; cependant, les deux aspects n’ont pas une importance égale selon le moment. Un a plus ou moins d’importance que l’autre. L’aspect international ou externe, parfois, est très important et il peut avoir le rôle décisif dans une certaine mesure. Mais l’aspect interne ou national demeure toujours important et décisif dans l’accomplissement de toute révolution.

   Si nous prêtons attention à l’histoire, il y avait un débat animé sur cette question au cours de la justification des bases de la révolution avant le déclenchement de la Guerre Populaire (GP). Le débat était au sujet de la situation nationale et internationale à ce moment-là. Au cours du débat, l’aspect qui considérait la situation internationale plus décisive que la situation nationale fut vaincu et la Guerre Populaire fut lancée.

   Le succès de la GP justifie la réalité factuelle que l’aspect interne -qui est le peuple, la politique, la lutte, l’idéologie et le leadership- peut avoir un rôle plus important et plus décisif que l’aspect externe. Le même débat a vu le jour en raison de la prolongation du processus de paix. Mais c’est une réalité de terrain que la révolution népalaise a atteint une hauteur plus fructueuse et plus favorable par rapport au passé.

   Même aujourd’hui, le rôle de l’Inde, de l’Amérique, de l’Europe et de la Chine est important. Cependant, ce n’est pas un facteur décisif pour le succès ou le non-succès de la révolution népalaise et nous ne devrions pas nous faire une idée fausse à ce sujet. L’idéologie, le leadership et la lutte du Népal sont décisifs en soi. La révolution est possible si le peuple népalais veut la révolution. La situation est en faveur du peuple, elle est en faveur de la révolution. Il y a un leadership efficace avec une idéologie correcte et les travailleurs et les militants et le peuple conscient se rassemblent autour de lui. Le Népal a toutes ces choses avec la situation favorable. Par conséquent, la révolution est possible.

   b) Le peuple népalais a consolidé les relations internationales :

   Le peuple népalais a pu établir de bonnes et harmonieuses relations avec les partis, organisations, institutions et individus révolutionnaires ainsi qu’avec la majeure partie des peuples opprimés du monde. Ces relations internationales consolidées nient la logique qui affirme que la révolution au Népal est impossible. Certains ont des idées fausses en raison du rapport de la classe dirigeante indienne avec la bourgeoisie népalaise et la coalition gouvernementale fantoche. Le mouvement politique et la lutte népalaises sont bien loin de la portée et de l’intervention des puissances étrangères. De même, la situation nationale n’est pas si favorable pour les puissances étrangères, qui ne peuvent pas négliger l’aspiration et l’opinion du peuple de manière directe. En fait, la majorité du peuple indien, les démocrates [liberalists] ainsi que les révolutionnaires ont un bon rapport avec les maoïstes du Népal car ils comprennent vraiment l’opinion du peuple népalais. Par conséquent, nous pouvons en venir à la conclusion que la révolution au Népal ne peut pas être affectée par une intervention externe ; en revanche, elle peut être accomplie avec ses propres spécificités.

   c) Le PCNU-maoïste a la direction politique du pays :

   Le succès ou l’échec de n’importe quelle révolution dépend de la corrélation entre la ligne de conduite politique et son leadership. Le Népal est la seule nation, dans le monde contemporain, où il y a un leadership politique des révolutionnaires et où la nation entière est aux mains de la classe prolétaire. Le leadership des révolutionnaires est non seulement du point de vue du nombre ; mais surtout en raison des programmes politiques et idéologiques. L’Assemblée Constituante, la nouvelle constitution populaire, le fédéralisme, la réforme agraire, les droits spéciaux, l’indépendance nationale et la nouvelle armée nationale sont les programmes et conceptions développés et mis en avant par le PCNU-maoïste. Le peuple népalais y participe activement et y apporte un soutien important. Les intellectuels, les commerçants et les hommes d’affaires et même les forces de sécurité soutiennent cela.

   Des lobbies de l’UML et du Congrès Népalais ainsi que des petits partis de la nation apportent leur soutien aux programmes du parti maoïste. Ceci montre la possibilité de la révolte populaire.

   d) Le front entre les maoïstes et l’Armée Népalaise est possible pour l’indépendance nationale :

   Dans l’interprétation générale, il est dit que l’Armée Népalaise est en faveur du Congrès Népalais et de l’UML, des partis parlementaires. Cependant, cette prétention n’est pas vraie même dans la complexité de la politique contemporaine et elle ne doit pas l’être. Le Népal est dans une situation à facettes multiples. La situation complexe créée au Népal est due à la tendance oppressive, hégémonique et d’interférence de Delhi et à la tendance capitaliste et fantoche des partis parlementaires comme l’UML et le Congrès Népalais. Le peuple népalais est très sensible, conscient et attentif au sujet du problème du capitulationnisme national et de l’indépendance nationale. L’Armée Népalaise et toutes les autres forces nationalistes appartiennent à cette catégorie. Le sens du patriotisme et de l’amour pour la nation est au cœur de l’Armée Népalaise depuis son histoire. Le concept du PCNU-maoïste au sujet de la nationalité est clair comme le jour, jusqu’au niveau du principe. Mais les partis parlementaires n’ont aucun sens du patriotisme et de la nationalité.

   Les partis parlementaires sont dans la mission particulière d’être propriétaire du peuple népalais en concluant des accords avec Delhi pour lui remettre toutes les ressources naturelles de la nation. Ceci a été clairement compris par l’Armée Népalaise. Si nous l’analysons objectivement, le sens national du soutien de l’Armée Népalaise au Congrès Népalais et à l’UML est erroné.

   Dans la période sous le règne direct du roi, l’armée était avec le roi. Mais après l’élection de l’Assemblée Constituante (AC) et de la déclaration de la république du Népal, l’armée a soutenu les partis. Les conditions pour l’Armée Népalaise de ne pas soutenir le roi, quand il a été déclaré aboli par la réunion de l’AC, était la paix et le changement. Cependant, les conditions ou les objectifs pour la paix et le changement n’ont pas encore été atteints même après l’abandon de la monarchie.

   Le Congrès Népalais et l’UML fomentent des conspirations pour pousser le pays dans le conflit. L’Armée Népalaise et toutes les autres forces patriotiques le savent clairement. Ceci montre la possibilité de former un front uni entre l’Armée et les maoïstes.

   e) Aide et participation d’une grande [partie de la] population :

   L’aide et la participation du peuple est l’une des conditions importantes pour l’accomplissement de la révolution dans n’importe quel pays. Au Népal la majorité de la population est avec le PCNU-maoïste et pas avec les partis parlementaires. Les maoïstes ont 4 millions d’électeurs. La quantité de voix influence plus de 15 millions de personnes sur 25 millions de la population totale. C’est la majorité de la population. Si nous impliquons les véritables forces patriotes, progressives et républicaines ensemble, la révolution est possible.

   f) Un Parti révolutionnaire efficace et compétent :

   La première et plus importante condition pour la réalisation de la révolution est un parti révolutionnaire consolidé et compétent. Et le PCNU-maoïste est son représentant. Le parti a des centaines de milliers de cadres qualifiés qui ont fait face à beaucoup de problèmes et de souffrances. La chaîne de commande est formée au niveau local jusqu’au niveau central de prise de décision. Le nombre sera augmenté avec la création de l’environnement favorable pour la révolution.

   g) L’Armée Populaire de Libération et la jeunesse :

   La force militaire est un autre facteur important pour la Révolution Populaire. Aucune révolution populaire ne peut gagner sans armée du peuple. Le peuple népalais a cette efficacité disponible à ses côtés en ce moment. Le peuple a 19.000 combattants enregistrés de l’APL dans les cantonnements et des centaines de milliers de membres entraînés de la YCL [Young Communist League, organisation de jeunesse du PCNU-maoïste, parfois décrite comme une milice locale NdT] avec eux. Cette force peut être employée pour la libération du peuple, la prospérité de la nation et l’indépendance nationale.

   Conclusion :

   Si nous étudions le débat – « la révolution est elle possible au Népal ou pas» – sérieusement, nous en venons à la conclusion que ce débat n’est pas non-objectif, incorrect et erroné. Il est plutôt correct, objectif et naturel dans une certaine mesure. L’analyse qui accepte l’impossibilité de la révolution est également correcte de cette perspective. A son côté, la logique et l’expression analytique qui accepte la possibilité de la révolution est encore plus correcte de ce point de vue. Cependant, nous devrions et devons nous rendre compte de laquelle est plus objective et fidèle à la réalité. Nous devons découvrir la vérité, laquelle est la plus possible et correcte.

   La logique et la perspective qui voit la révolution impossible est manifestement plus faible, limitée et manquant de perspective. Ce type d’analyse est devenu incapable de comprendre l’ensemble de la politique népalaise et de ses aspects objectifs, subjectifs, idéologiques et pratiques, ainsi que de ses possibilités. Ce type d’analyse peut seulement voir la classe moyenne, la classe dirigeante étrangère, une poignée d’intellectuels anti-populaires et les diplomates. Il ne peut pas soumettre les contradictions, les forces subjectives du peuple révolutionnaire. Par conséquent, il a une possibilité d’abandonner les aspects forts de la révolution en mettant les aspects plus faibles en avant.

   L’autre aspect qui voit la possibilité de la révolution mène les aspects les plus forts de la révolution bien qu’il y ait quelques faiblesses. Ce point de vue voit la révolution du point de vue de sa fondation basique. Dans l’ensemble, la révolution est possible si nous adaptons la même façon de penser, du centre de prise de décision jusqu’au parti local et au peuple et même jusqu’au secteur international. Ce type d’analyse implique les questions de l’idéologie révolutionnaire, du parti révolutionnaire, du leadership révolutionnaire, du peuple révolutionnaire, de l’armée populaire et du front uni qui sont les aspects internes de la révolution. Elle peut unifier les classes progressistes, les castes, les genres et le peuple opprimés. C’est objectif et important. Cette perspective est très importante du point de vue de la révolution.