2. Sur le Parti

Interview du président Gonzalo par le journal « El Diario »

2. SUR LE PARTI

El Diario : Pour passer à un autre sujet aussi important dans cet entretient que le Parti, quelles sont à votre avis les leçons les plus importantes du processus du PCP ?

Président Gonzalo : Sur le processus du Parti et ses leçons. Nous concevons l’histoire du Parti en trois périodes corrélatives aux trois moments de la société péruvienne contemporaine. Le premier moment, la première partie, c’est la Constitution du Parti. Dans cette période, nous avons eu la chance de pouvoir compter sur José Carlos Mariatégui, un marxiste-léniniste authentique. Mais Mariatégui, comme cela devait advenir, fut combattu de son vivant ; il fut nié, sa ligne politique abandonnée et le Congrès de Constitution approuva -comme nous le savons bien- la ligne dite « d’unité nationale » complètement opposé aux thèses de Mariatégui. C’est ainsi que le Parti va se précipiter dans l’opportunisme. Il va souffrir l’influence du browderisme auquel est lié Del Prado, et celle du révisionnisme contemporain. Tout ce processus va nous amener à un deuxième moment, celui de la Reconstitution du Parti : C’est, en synthèse, une lutte contre le révisionnisme, c’est une période qui commence à évoluer dès les années 60 de façon plus claire et plus intense. Ce processus provoque l’union des bases du Parti contre cette direction révisionniste, et comme je l’ai dit tout à l’heure, son expulsion lors de la IVème Conférence de janvier 64. Le processus de Reconstitution se développera dans le Parti jusqu’aux années 78-79. C’est autour de ces années que s’achèvera cette période et que l’on entrera dans un troisième moment, le moment de direction de la guerre populaire, ce moment que nous sommes en train de vivre.

Quelles leçons pouvons-nous en tirer ? La première, c’est l’importance de la base d’unité du Parti et son rapport avec la lutte de deux lignes. Sans cette base et ses trois éléments (1. marxisme-léninisme-maoïsme, pensée gonzalo, 2. programme et 3. ligne politique générale), il n’y a pas de fondement pour la construction idéologique-politique du Parti. Mais il n’y a pas de base d’unité du Parti sans lutte de deux lignes. On ne peut pas s’emparer fermement de l’idéologie, on ne peut pas établir le programme ni la ligne politique générale, pas non plus les défendre, les appliquer et encore moins les développer, sans une ferme et sagace lutte de deux lignes au sein du Parti. La lutte de deux lignes est pour nous fondamentale et liée à la conception du Parti comme une contradiction, en accord avec le caractère universel de la loi de la contradiction. Une deuxième leçon, c’est l’importance de la guerre populaire. Un Parti Communiste a pour tâche centrale la conquête du Pouvoir pour la classe et le peuple. Un Parti, une fois constitué et selon les conditions concrètes, doit lutter pour matérialiser cette conquête et il ne peut le faire qu’avec la guerre populaire. La troisième leçon importante, c’est de forger une direction. La direction est une question clé, et une direction ne s’improvise pas. Forger une direction demande beaucoup de temps, un dur combat et une lutte ardue, surtout pour que ce soit une direction de la guerre populaire. Une quatrième leçon que nous pouvons tirer, c’est la nécessité de construire la conquête du Pouvoir car, de la même façon qu’on fait la guerre populaire pour conquérir le Pouvoir, il faut aussi construire cette conquête du Pouvoir. Que voulons-nous dire ? Qu’il faut créer des organismes supérieures à ceux de la réaction. Nous croyons que ce sont des leçons importantes. Une dernière leçon, c’est l’internationalisme prolétarien : le fait de se développer toujours comme partie du prolétariat international ; le fait de concevoir toujours la révolution comme partie de la révolution mondiale et de développer la guerre populaire -comme le dit le mot d’ordre du Parti- pour servir la révolution mondiale. Pourquoi ? Parce qu’en fin de compte, un Parti Communiste a un but final irremplaçable : le communisme et que, comme il a été établi, ou nous y entrerons tous, ou bien personne. Nous croyons que ce sont les leçons les plus frappants que nous pouvons exposer.

El Diario : Monsieur le Président, quelle signification a José Carlos Mariatégui pour le Parti Communiste du Pérou ?

Président Gonzalo : Pour le PCP, Mariatégui est son fondateur. Il construisit le Parti sur des bases marxistes-léninistes claires. Il le dota en conséquence d’une position idéologique nette. Pour lui, le marxisme-léninisme était le marxisme de son époque, de sa période. Il dota le Parti d’une ligne politique générale. Mariatégui, le plus grand marxiste qu’ait produit l’Amérique jusqu’à nos jours, nous laissa sa plus grande œuvre : la formation du Parti Communiste du Pérou. Nous comprenons très bien ce que signifia pour le Parti sa disparition, mais il doit rester clair qu’il a donné jusqu’à sa propre vie pour matérialiser sa grande œuvre ; ce que nous voulons dire, c’est que le fait de fonder le Parti lui a demandé toute sa vie. Mais il n’a pas eu assez de temps pour affirmer et développer le Parti -pensez qu’il est mort moins de deux ans après l’avoir constitué- et un Parti demande du temps pour s’affirmer, se développer et pouvoir accomplir sa tâche historique.

Nous tenons à préciser quelque chose : en 66 nous affirmions déjà qu’on n’aurait jamais dû abandonner le chemin de Mariatégui que la question était de reprendre son chemin et de le développer ; je souligne : de le développer. Pourquoi ? Parce que le marxisme était déjà entré dans une étape nouvelle à l’échelle mondiale : celle d’aujourd’hui, le maoïsme et que, dans notre pays, s’était développé en particulier le capitalisme bureaucratique ; ceci en marge de l’inépuisable lutte du prolétariat et du peuple péruvien qui n’a jamais cessé de lutter. C’est pour cela que nous avons affirmé qu’il fallait reprendre Mariatégui et développer sa voie. Nous avons servi à redécouvrir Mariatégui et sa validité, en ce qui concerne les lois générales, parce qu’elles sont les mêmes quoique spécifiques d’une nouvelle circonstances nationale et internationale, comme je viens de le dire. Nous avons contribué à cela.

Nous pourrions dire beaucoup de choses mais je crois qu’il vaut mieux en souligner quelques unes. En 75 est publié « Reprendre le chemin de Mariatégui et reconstituer son Parti » ; dans ce court document nous démontrons, face à la négation de ceux qui se proclament mariatéguistes aujourd’hui, que Mariatégui était marxiste-léniniste « atteint et convaincu » comme il le disait à juste titre ; nous avons indiqué les cinq éléments constitutifs de sa ligne politique générale. Nous avons montré que dans Mariatégui se trouvaient des thèses similaires à celles du Président Mao ; il suffit de se rappeler les questions concernant le front uni ou l’important problème de la violence. Mariatégui dit : « le pouvoir se conquiert avec la violence et se défend avec la dictature », « la révolution est l’accouchement sanglant du présent » et il réitéra tout au long de sa glorieuse vie, avec persistance, le rôle de la violence révolutionnaire et de la dictature. Il disait aussi que, même en ayant la majorité dans un parlement, cela ne pourrait servir qu’à limoger un cabinet de ministres, mais jamais la bourgeoisie en tant que classe, ceci est très clair. Nous devons souligner également un aspect capital de sa pensée : Mariatégui était anti-révisionniste.

Et alors, en synthèse, nous nous sommes battus pour reprendre et développer le chemin de Mariatégui. Permettez-moi ici d’ajouter quelque chose encore : il serait bon de demander à ceux qui font mine d’être mariatéguistes ce qu’ils pensaient de Mariatégui. Eh bien, ils le niaient de façon évidente et concrète ; je parle des gens du PUM d’aujourd’hui. Oui, de ceux qui sont issus de la dite « nouvelle gauche », qui claironnaient la caducité de la pensée de Mariatégui, comme quelque chose du passé. En essence, leur argumentation était aussi simple que cela. Mais il y a plus important encore : Ceux là et d’autres, sont-ils réellement mariatéguistes ? Prenons M. Barrantes Lingan, par exemple, qu’a-t-il de mariatéguiste, alors qu’il est la négation absolue des thèses marxistes-léninistes précises que Mariatégui avait défendue avec fermeté et décision en son temps ? Mariatégui ne fut jamais un électoraliste. Il parlait d’utiliser les élections comme moyens de propagande et d’agitation. Ils étaient des révisionnistes, ceux qui, comme M. Acosta, argumentaient en 45 que cette thèse était dépassés et que le problème était de gagner des sièges au parlement. Et c’est ce que font aujourd’hui les faux mariatéguistes, ces fieffés impénitents du crétinisme parlementaire.

En résumé, nous pensons ceci : Mariatégui est le fondateur du Parti, son rôle est inscrit dans l’histoire. Personne ne pourra jamais le nier et son œuvre est impérissable. Mais il est nécessaire de la continuer, de la développer, en suivant précisément son chemin. La continuation d’un fondateur marxiste- léniniste comme l’était Mariatégui, dont la pensée je le répète est similaires à celles du Président Mao, implique logiquement d’être marxistes-léninistes-maoïstes comme nous le sommes, nous les membres du Parti Communiste du Pérou. Nous croyons que l’image du fondateur est un exemple grandiose. Nous sommes fiers d’avoir été fondés par lui.

El Diario : Monsieur le Président, quelle fut l’influence de José Carlos Mariatégui sur le développement de classe des travailleurs Péruviens ?

Président Gonzalo : Mariatégui a rempli une grande tâche au milieu d’une lutte intense. Et pardonnez-moi de profiter de votre question pour ajouter d’autres choses. Il était déjà marxiste avant d’aller en Europe ; c’est la première chose sur laquelle nous voulons que vous nous permettiez d’insister car on dit toujours qu’il est devenu marxiste là-bas ; qu’il y ait développé sa pensée est une autre chose évidemment, l’expérience européenne lui a été d’une extrême importance. Mariatégui livra une lutte très importante sur le plan idéologique ; une lutte pour ce qu’il appelait le socialisme, terme qu’il utilisait ici, comme il l’expliqua, parce qu’il n’était ni rebattu ni prostitué comme en Europe ; au fond, ce qu’il répandait et soutenait, c’était le marxisme-léninisme.

Il livra une lutte politique d’une grande ampleur pour la formation du Parti, et ceci est lié à un fait qui est aujourd’hui malmené et déformé d’une manière perverse et maladroite : c’est le problème du débat entre Mariatégui et Haya de la Torre. En synthèse, la question est très claire : Mariatégui décida de la formation d’un Parti Communiste, d’un Parti du prolétariat ; de son côté, Haya de la Torre décida de la formation d’un front semblable au Kuomintang en argumentant que le prolétariat au Pérou était peu nombreux et pas assez mûr pour pouvoir engendrer un Parti Communiste ; tout cela n’était qu’artifices, rien de plus. Il est bon, en outre, d’avoir en tête que l’Apra, quand elle fut fondée au Pérou, le fut à l’image du Kuomintang de Tchiang Kaï-chek, c’est-à-dire comme le bourreau de la révolution chinoise qui avait donné le coup contre-révolutionnaire de 1927. Nous devons toujours garder cela à l’esprit. Pourquoi est-ce que je souligne ce problème ? Parce qu’aujourd’hui, on nous parle d’un haya-mariatéguisme, et même d’un haya-léninisme : absurde ! Mariatégui était bien marxiste-léniniste, Haya n’a jamais été ni marxiste ni léniniste, jamais ! Il s’est toujours opposé aux thèses de Lénine. Il est nécessaire de faire remarquer cela car on ne peut pas tolérer ces infamies qui ne sont, en fin de compte, qu’embrouilles, invention monstrueuse, destinées à promouvoir maintenant une alliance entre la Gauche Unie et l’Apra. C’est là le fond du problème. Le reste n’est que supercheries bâtardes.

Bon, maintenant, j’en viens à votre question. Tout cela, Mariatégui l’a fait en liaison avec les masses, le prolétariat et la paysannerie. Il est lié dans la théorie et dans la pratique à la formation de la CGTP, fruit principalement de son travail. Mais je parle de la CGTP qu’il a fondée, celle de la fin des années 20, non de l’actuelle cgtp qui est la négation totale de ce que Mariatégui décida. Il a développé aussi tout un travail avec la paysannerie. Chez lui, la question paysanne est essentielle, c’est le problème de la terre ; en essence, c’est le problème de l’indien, comme il l’a si justement dit. Il a également travaillé avec les intellectuels, avec les femmes et les jeunes. Mariatégui a a donc développé son travail, toujours lié aux masses, en leur montrant le chemin, en établissant leurs formes d’organisation et en agissant avec détermination pour le développement organisationnel du prolétariat et du peuple au Pérou.

El Diario : Continuons sur le même sujet. Pourquoi le PCP accorde-t-il tant d’importance à la fraction, à celle qui a reconstitué le Parti ?

Président Gonzalo : C’est un sujet important et peu connu hors des rangs du Parti. Commençons par ceci : Lénine nous posa le problème de la fraction, qu’il concevait comme un ensemble d’hommes solidement soudés pour agir en appliquant les principes, dans leur forme la plus pure. Lénine nous a dit aussi qu’une fraction devait exprimer ouvertement ses positions politiques pour mener la lutte et  développer le Parti. C’est ce concept léniniste que nous avons adopté pour former la fraction, qui a commencé à se former au débout des années 60 et est liée à la lutte entre marxisme et révisionnisme à l’échelle mondiale, lutte qui se répercuta évidemment sur notre pays. La fraction commence à se poser la question de comment développer la révolution au Pérou et elle va trouver les réponses dans les œuvres du Président Mao qui commencent à arriver à cette époque-là. Quelles questions nous posions-nous ? D’abord que la révolution au Pérou avait besoin d’un Parti avec des solides bases idéologiques et politiques, que la paysannerie était la force principale dans notre société tandis que le prolétariat était la classe dirigeante, et que le chemin que nous devions suivre, allait de la campagne vers la ville ; c’est ainsi que nous nous sommes développés. La fraction a servi à la lutte contre le révisionnisme de Del Prado et nous avons fait partie de tous ceux qui se sont unis pour balayer et expulser la clique de Del Prado des rangs du Parti.

La fraction va continuer à se développer alors que plusieurs fractions apparaissent dans le Parti, dont une dirigée par Paredes et deux autres qui agissaient sournoisement, n’appliquant pas les critères léninistes à propos de la fraction mais agissant comme un parti dans un autre. Je parle ici de Patrie Rouge, de son soi-disant « groupe Ching-Kang », de l’auto-baptisé « groupe bolchevique  » et de notre fraction dont le centre était la région d’Ayacucho. La fraction se consacra à voir comment, – après en avoir défini la ligne dans la Vème conférence de 65 – on devait considérer la question des trois instruments de la révolution. Ceci va attiser une lutte interne et mal dirigée. Par manque de cohésion, le Parti va éclater. Ainsi, Patrie Rouge va sortir le premier ; mais il sortit expulsé du Parti pour suivre une ligne opportuniste de droite, pour nier le Président Mao-Tsétoung, pour nier Mariatégui, pour nier l’existence de la situation révolutionnaire au Pérou. Il resta alors trois fractions.

Puis, dans la VIème Conférence de 69, on se mit d’accord sur la base d’unité du Parti et de la Reconstitution du Parti ; deux questions que la fraction avait posées de la même façon qu’elle avait posé en 67 des questions fondamentales lors d’une réunion de la commission politique élargie d’alors. Paredes et son groupe n’étaient pas d’accord avec la Reconstitution du Parti ni avec sa base d’unité, ils montèrent un plan pour faire éclater le Parti puisqu’ils ne pouvaient pas le contrôler. Tel fut leur plan sinistre. Une dure lutte contre ce liquidationnisme de droite fut livrée. C’est ainsi qu’il ne resta que deux fractions : la nôtre et le dénommé « groupe bolchévique  » qui développa un liquidationnisme de gauche, affirmant entre autres qu’il existait une stabilité et que, par conséquent, il n’y avait pas de situation révolutionnaire, que le fascisme détruisait tout, qu’on ne pouvait pas faire de travail de masses, qu’on devait former les militants dans des séminaires, etc.

Cette lutte amena la fraction à assumer seule la Reconstitution du Parti. Lénine nous dit que, le moment venu, une fraction conséquente se doit de reconstruire le Parti. Ce fut la tâche assumée par la fraction. Ici on pourrait se demander : Pourquoi la fraction assuma-t-elle la Reconstitution du Parti ? Pourquoi on en fonda pas un autre comme c’était la mode et comme ça l’est encore aujourd’hui ? La première raison est que le Parti fut fondé en 1928 sur des bases marxistes-léninistes claires, et qu’il avait alors une grande expérience, tirée des leçons positives et négatives, des deux à la fois. Mais plus encore, Lénine nous dit que, quand on est dans un Parti en déviation, qui quitte sa voie et qui se précipite dans l’opportunisme, on a l’obligation de lutter pour le remettre sur la voie et ne pas le faire, constitue un crime politique. Ainsi, la fraction est importante dans la mesure où elle a accompli ce rôle, où elle a servi à la Reconstitution du Parti, à partir de sa construction idéologico-politique, en se basant sur le maoïsme, que appelions alors pensée Mao Tsétoung, et sur l’établissement d’une ligne politique générale. La fraction a le grand mérite d’avoir constitué le Parti, et ce faisant, elle possédait alors l’instrument, « l’héroïque combattant », le Parti Communiste de type nouveau, marxiste-léniniste-maoïste, l’avant-garde politique organisée et non pas « l’organisation politico-militaire » comme certains ont l’habitude de le dire à tort, le Parti nécessaire pour se lancer à la conquête du Pouvoir avec les armes à la main au moyen de la guerre populaire.

El Diario : Quels changements ont été opérés dans le Parti avec la guerre populaire ?

Président Gonzalo : D’abord, ce qui est principal, c’est qu’en s’appuyant sur le travail antérieur, la guerre populaire nous a permis de parvenir à comprendre le maoïsme comme une troisième étape, nouvelle et supérieure du marxisme ; elle nous a servi à développer la militarisation du Parti et sa construction concentrique ; la guerre populaire a servi à forger une armée populaire de guérilla, puisque cette dernière ne s’est forgée, formée qu’en 1983.

L’Armée Populaire de Guérilla est importante. C’est la forme principale d’organisation, de la même façon que la guerre populaire est la forme principale de lutte. L’Armée Populaire de Guérilla que nous avons fondé et qui se développe avec puissance, a été crée à la lumière des thèses du Président Mao Tsétoung et d’une thèse de Lénine très importante également, sur la milice populaire. Il nous dit que le pouvoir de l’armée peut être usurpé, puis l’armée manipulée, pour engendrer une restauration. C’est pour cela qu’il définit que la milice populaire devait assumer les fonctions d’armée, de police et d’administration. Une grande thèse qui, même s’il ne parvint pas à la concrétiser à cause des circonstances historiques, n’est pas sans importance ni sans valeur. Elle est si valable que le Président Mao lui-même se préoccupa beaucoup de la question du développement de la milice populaire. Donc, notre armée possède ces caractéristiques et elle est construite en tenant compte de ces expériences. Mais elle a aussi ses particularités. Nous avons une formation constituée de trois forces : une force principale, une force locale et une force de base. Nous n’avons pas une milice indépendante mais elle se trouve à la base-même de l’armée, elle est bâtie sur ce critère. Nous pourrions dire aussi qu’on ne pouvait pas bâtir l’Armée Populaire de Guérilla autrement, vues nos conditions concrètes, mais ce sont réellement ces principes qui nous ont guidés. Cette armée, malgré ces caractéristiques, a pu agir en toutes circonstances et peut subir les réajustements et les réorganisations nécessaires.

Une autre question qui découle de la guerre populaire, et qui en constitue la principale réussite, c’est le Nouveau Pouvoir. Cette question, nous la voyons liée à celle du front, en nous appuyant sur ce que le Président Mao dit dans son œuvre Sur la Démocratie Nouvelle. En plus, nous avons tenu compte de la longue expérience pourrie du frontisme au Pérou, où on a trafiqué et où on trafique encore avec le front uni : hier avec le dit « Front de Libération Nationale » et aujourd’hui principalement avec l’auto-dénommée Gauche Unie et d’autres rejetons en formation comme la fameuse « Convergence Socialiste ». C’est-à-dire que nous prenons toujours en compte les principes et les conditions concrètes de notre réalité, et c’est pour cela que nous ne comprenons pas pourquoi on nous dit dogmatiques ; mais, finalement, on peut écrire n’importe quoi. Tout cela nous a amenés à former le Front Révolutionnaire de Défense du Peuple. Mais ici il faut préciser autre chose : c’est nous qui avons créé le premier front de défense du peuple à Ayacucho, une création héroïque, un exemple que s’appropria plus tard Patrie Rouge en le déformant pour constituer ses « FEDIP », lesquels sont erronés jusque dans leur nom-même car, s’il s’agit d’un front de défense du peuple, comment alors, ne va-t-il pas défendre les intérêts du peuple ? Nous construisons le Front Révolutionnaire de Défense du Peuple seulement à la campagne et nous le concrétisons en tant que Pouvoir, en tant que comité populaire ; ces comités populaires forment dans une zone, une base d’appui et l’ensemble des bases forment ce nous appelons la République Populaire de Démocratie Nouvelle en formation. Quant à la question concernant les villes, nous la réglons avec la formation du Mouvement Révolutionnaire de Défense du Peuple, qui sert aussi à livrer la guerre populaire à la ville, à centraliser des forces, à saper l’ordre réactionnaire et à développer la concentration des classes en fonction de la future insurrection.

D’autres changements sont en rapport avec le fait de forger les militants : la guerre forge d’une autre manière bien évidemment, elle trempe nos volontés, elle nous permet d’incarner plus profondément l’idéologie, d’engendrer des militants de fer selon le critère de défi à la mort ou d’arracher à la mort les lauriers de la victoire. Nous pourrions dire également qu’un autre changement dans le Parti, à un autre niveau déjà, ou ayant une autre portée plutôt, est en rapport avec la révolution mondiale. La guerre populaire a permis au Parti de montrer de façon palpable comment en s’emparent du marxisme-léninisme-maoïsme nous pouvons développer une guerre populaire sans être assujettis au bâton de commandement d’aucun chef, ni sous la coupe d’aucune superpuissance ou puissance, et comment, mener à bien la guerre populaire, en nous appuyant sur nos propres forces, est une chose faisable. Tout cela a donné au Parti un prestige à l’échelle internationale comme jamais auparavant, et il ne faut voir là de notre part aucune affirmation orgueilleuse. Loin de nous la fatuité, ce n’est qu’un simple fait. Elle nous permet aussi de servir, comme jamais, le développement de la révolution mondiale. C’est de cette manière que le Parti, avec la guerre populaire, est en train d’accomplir son rôle de Parti Communiste du Pérou.

El Diario : Quelle est la participation des ouvriers et des paysans dans l’Armée Populaire de Guérilla ?

Président Gonzalo : La participation la plus importante est celle de la paysannerie, pauvre en particulier, qui combat et dirige à différents niveaux, c’est ainsi qu’ils participent. La participation des ouvriers est similaire bien que leur nombre soit insuffisant pour l’instant.

El Diario : Monsieur le Président, où se développe le plus le Nouveau Pouvoir, à la campagne ou à la ville ?

Président Gonzalo : Nous développons le Nouveau Pouvoir seulement à la campagne. Il s’installera à la ville dans la partie finale de la révolution. C’est un problème inhérent au processus de la guerre populaire. Je crois que si nous voyons, maintenant, le thème de la guerre populaire, nous pourrions traiter davantage ce point.

El Diario : Monsieur le Président, en changeant un peu de sujet, dans les documents du Parti Communiste, on dit que vous êtes le chef du Parti et de la révolution. Qu’est- ce que cela implique et comment cela s’oppose à la thèse révisionniste du culte de la personnalité ?

Président Gonzalo : Ici, nous devons rappeler la thèse de Lénine sur le problème de la relation entre masses-classes-Partis-chefs. Nous considérons que la révolution, le Parti, la classe engendrent des chefs, engendrent un groupe des chefs. Il en fut ainsi dans toute révolution. Si nous voyons par exemple, la Révolution d’Octobre, nous avons Lénine, Staline, Sverdlov, et d’autres noms encore, soit un petit groupe. De même, dans la révolution chinoise, nous avons aussi un petit groupe de chefs : le Président Mao Tsétoung et les camarades Kang Sheng, Chiang Ching, Chan Chung-Chao entre autres. Il en est ainsi de toute révolution. Nous ne pourrions être une exception. Ici, l’idée selon laquelle notre règle a une exception n’est pas valable, car il s’agit d’accomplir des lois. Tout processus a donc des chefs, mais il y a un chef qui surpasse les autres ou qui est à leur tête, selon les conditions, car nous ne pouvons considérer tous les chefs comme étant de même dimension : Marx c’est Marx, Lénine c’est Lénine, le Président Mao c’est le Président Mao et chacun est non renouvelable et unique.

Dans notre Parti, notre révolution, et notre guerre populaire, le prolétariat a généré aussi un groupe de chefs, par nécessité et contingence historique, d’après le sens donné par Engels. Engendrer des chefs et un chef est une nécessité, mais c’est la contingence, c’est-à-dire l’ensemble des conditions spécifiques concrétisées en un lieu et à un moment déterminés, qui définit la condition de chef. Il en fut donc de même, pour nous, on a engendré un grand dirigeant. D’abord il fut reconnu au niveau du Parti, dans la Conférence Nationale Elargie de 1979. Mais ce problème renferme une question capitale inéluctable, qui mérite d’être soulignée : il n’y a pas de grand dirigeant qui ne s’appuie sur une pensée, quel que soit son degré de développement. Le fait que celui qui parle, soit devenu le chef du Parti et de la révolution, d’après les accords du Parti, est lié à la nécessité et à la contingence historique et bien évidemment, à la pensée gonzalo ; nul ne sait ce que la révolution et le Parti peuvent faire de chacun de nous et quand une telle chose se précise, ce qu’il faut uniquement, c’est assumer la responsabilité.

Notre activité s’est déroulée en accord avec la thèse de Lénine, laquelle est juste et correcte. La question du culte de la personnalité est une position révisionniste. Lénine nous avait déjà averti du problème de la négation des chefs, de la même façon qu’il avait souligné la nécessité pour la classe, le Parti et la révolution, de promouvoir ses propres dirigeants, d’en promouvoir davantage au rang de chefs et de grand dirigeant. Il y a une différence sur laquelle il faut insister, le dirigeant occupe une responsabilité dans l’organisation tandis que nous entendons par chefs et grand dirigeant, la reconnaissance de l’autorité du Parti et de la révolution, acquise et mise à l’épreuve au cours d’une longue lutte, de ceux qui, dans la théorie et dans la pratique, démontrent qu’ils sont capables de nous diriger et de nous guider en avant et jusqu’à la victoire, dans la réalisation de nos idéaux de classe.

Khrouchtchev souleva le problème du culte de la personnalité pour combattre le camarade Staline, mais nous savons tous que ce ne fut qu’un prétexte en fait, pour combattre la dictature du prolétariat. Aujourd’hui, même Gorbatchev brandit à nouveau le culte de la personnalité comme le firent aussi les révisionnistes chinois Liou Chao-chi et Deng Xiaoping. Par conséquent, c’est une thèse révisionniste qui vise en essence la dictature du prolétariat et les grands dirigeants et chefs du processus révolutionnaire général dans le but de les décapiter. Dans notre cas, que viserait-elle concrètement ? Décapiter la guerre populaire. Nous n’avons pas encore de dictature du prolétariat mais un Nouveau Pouvoir qui se développe selon des normes de démocratie nouvelle ou de dictature conjointe d’ouvriers, de paysans et de progressistes. En ce qui nous concerne, cette thèse a donc pour but principal de décapiter la direction. Et la réaction et ses laquais savent très bien pourquoi ils le font : parce que ce n’est pas facile d’engendrer des chefs et un grand dirigeant. Et une guerre populaire telle qu’elle se développe dans le pays, a besoin de chefs et d’un grand dirigeant, de quelqu’un qui la représente, la dirige et d’un groupe capable de la commander inflexiblement. En résumé le culte de la personnalité est une sinistre thèse révisionniste qui n’a rien à voir avec notre conception sur les chefs, laquelle s’en tient au léninisme.

El Diario : Que signifie pour vous et votre Parti, la célébration du Ier Congrès du Parti Communiste du Pérou ?

Président Gonzalo : Revenant à ce sujet, nous voulons parler de certaines questions. Nous répétons que c’est un jalon de victoire, c’est une dette en suspens qu’il fallait accomplir et que le fondateur lui-même avait fixé. Nous avons célébré le Premier Congrès du Parti Communiste du Pérou. Qu’est-ce que cela implique ? Nous réaffirmons qu’aucun des 4 congrès tenus jusqu’en 1962, époque durant laquelle nous nous développions dans le Parti d’alors, aucun d’eux ne fut un congrès marxiste. Aucun d’eux ne s’en est tenu strictement à la conception du prolétariat. C’est pour cela que notre Congrès est marxiste, pour relever ce que je viens de dire. Mais étant donné que nous évoluons dans ce moment historique, le Congrès est marxiste-léniniste-maoïste, parce que le maoïsme est la troisième étape, nouvelle et supérieure, et en fin de compte la principale des trois. Mais le Congrès est aussi pensée gonzalo, car il s’appuie sur cette pensée qui est née du processus d’application de la vérité universelle, du marxisme-léninisme-maoïsme, à la situation concrète de notre réalité. Pour cette raison, c’est un « Congrès marxiste, un Congrès marxiste-léniniste-maoïste, pensée gonzalo ».

Ce Congrès nous a permis de faire un bilan de tout le processus suivi et d’en tirer les leçons positives et négatives. Ce Congrès nous a permis de sanctionner la base d’unité du Parti, composée de ses trois éléments : 1) l’idéologie, le marxisme-léninisme-maoïsme, pensée gonzalo, 2) le programme et 3) la ligne politique générale avec son centre, la ligne militaire. Le Congrès a réussi également à asseoir des bases solides pour la conquête du Pouvoir en perspective, j’insiste, en perspective.

Nous n’avons pu réaliser le Congrès qu’au milieu de la guerre populaire. Et nous disons ceci parce que, en 1967 déjà, nous parlions de réaliser le cinquième congrès et en 1976, le Congrès de reconstitution. Nous avons fait des tentatives pendant plusieurs années sans pouvoir y parvenir, pourquoi ? Ce fait met en évidence ce qu’on a vu dans bon nombre de partis qui, lorsqu’ils se préparent à engager la lutte armée, à prendre les armes, s’empêtrent dans de grandes luttes intestines qui mènent à des divisions, à des éclatements. Et c’est de cette manière que le développement de la conquête du Pouvoir les armes à la main est frustré. Ceci nous amena en 1978 à ajourner le congrès pour le réaliser en pleine guerre populaire. Nous suivîmes un raisonnement assez simple : étant déjà en guerre, qui allait s’opposer à la guerre populaire ? Avec un congrès et un parti les armes à la main, avec une guerre populaire vigoureuse, comment pourrait-il y en avoir qui s’opposent au développement de la guerre populaire ? Ils ne pourraient plus nous faire tort.

Le Congrès a fait évoluer d’autres situations, a fait voir et comprendre plus profondément le processus de la guerre populaire et particulièrement la nécessité de construire la conquête du Pouvoir. Le Congrès a aussi fait un bond dans la lutte et c’est une bonne chose. Il est nécessaire de le dire avec clarté, bien que certains s’obstinent à mal comprendre. Mais finalement nous sommes guéris des mauvaises interprétations, de ces éléments étrangers et non révolutionnaires. Dans le Congrès on a défini que la lutte de deux lignes au sein du Parti est menée contre le révisionnisme en tant que danger principal.

Cela mérite une petite explication. Dans le Parti il n’y a pas de ligne opportuniste de droite. Ce qui se présente en ce moment, ce ne sont que des attitudes, des idées, des critères et même des positions de droite isolées. Justement en approfondissant le problème, le Congrès a conclu que le fait de combattre le révisionnisme comme danger principal, est le meilleur moyen pour le Parti de le prévenir et de conjurer la possibilité qu’en son sein puisse se manifester une ligne opportuniste de droite, qui serait révisionniste.

Le Président Mao nous a toujours demandé de nous soucier du révisionnisme parce que c’est le danger principal de la révolution mondiale. C’est de cette façon que nous pouvons être en accord avec la situation en dehors de nos rangs, puisque toute manifestation d’attitudes, d’idées, de critères et des positions de droite qui puisse se manifester dans le Parti, est en rapport avec la dynamique idéologique, le retentissement de la lutte des classes, les campagnes de l’État réactionnaire, la propre action du révisionnisme dans le pays, les activités contre-révolutionnaires de l’impérialisme ; et particulièrement la lutte entre les deux superpuissances et le sinistre travail du révisionnisme à l’échelle mondiale. C’est de cette manière que le Parti nous vaccine, nous prépare, et que nous devenons plus vigilants. De telle sorte que c’est en appliquant une ferme et sagace lutte de deux lignes au sein du peuple – j’insiste bien, sur le fait qu’il n’y a pas de ligne opportuniste de droite- que nous pouvons empêcher qu’une ligne révisionniste puisse se présenter. Ce qui vient d’être dit pourrait être mal interprété, mais il faut dire les choses telles qu’elles sont et éduquer le peuple. Le Congrès nous arme et nous commande. Gardons-nous du révisionnisme ! et Le combattre implacablement !, partout où il se manifeste, tout en commençant à le conjurer et à combattre toute expression qui pourrait apparaître au sein-même du Parti. Ainsi nous sommes mieux armés pour combattre le révisionnisme hors de nos rangs et à l’échelle mondiale. C’est un des points les plus importants du Congrès.

Le Congrès nous a dotés d’une grande unanimité. Oui, l’unanimité, car nous nous en tenons à ce que Lénine demandait : un parti, pour affronter des situations complexes et difficiles, comme celles que nous affrontons quotidiennement, surtout dans les moments décisifs où nous nous trouvons et où nous nous trouverons, doit avoir l’unanimité. Il faut déployer la lutte pour avoir une ligne claire, bien définie et une égale compréhension, pour acquérir une unité de fer et frapper avec fermeté. C’est aussi ce que le Congrès nous a donné, l’unanimité, mais acquise, j’insiste, avec la lutte de deux lignes. C’est ainsi que nous agissons. Et pourquoi en est-il ainsi ? Je le répète une fois de plus : le Parti est une contradiction, et toute contradiction renferme deux aspects en lutte. Il en est ainsi, et personne ne peut y échapper.

Aujourd’hui notre Parti est donc plus uni que jamais ; et plus uni en vue des grandes tâches qu’il doit accomplir avec résolution et fermeté. Par ailleurs, le Congrès a sélectionné, comme il se doit, le Comité Central ; et comme il s’agit du Premier Congrès nous avons donc le Premier Comité Central. Le Congrès nous a donné tout cela et finalement, comme nous le savons tous bien, ce qu’on a sanctionné et ratifié dans l’instance organique supérieure, c’est l’instance suprême d’un Parti. Aujourd’hui tous nous rend plus forts, plus unis, plus décidés, plus résolus ; mais il y a quelque chose qui mérite d’être souligné à nouveau : le Congrès est fils du Parti et de la guerre. Sans la guerre populaire on n’aurait pas pu accomplir cette tâche historique, en suspens depuis presque 60 ans, depuis la fondation en 28. Mais le fait important c’est que le Congrès fortifie le développement de la guerre populaire, lui rend amplement ce qu’elle a fait pour sa concrétisation. La guerre populaire est plus forte aujourd’hui et elle sera demain plus puissante qu’hier.

Pour toutes ces raisons, le Congrès est pour nous, membres du Parti Communiste du Pérou, un jalon impérissable de victoire et nous sommes sûrs qu’il restera gravé dans l’histoire de notre Parti. Nous espérons de lui de grands résultats qui servent le prolétariat du Pérou et le peuple péruvien, qui servent le prolétariat international, les nations opprimées et les peuples du monde.

El Diario : Certains disent que la réalisation du Premier Congrès du PCP, pour les conditions-mêmes dans lesquelles il eut lieu, d’intense guerre populaire, a signifié un coup dur pour les forces réactionnaires. Qu’en dites-vous ?

Président Gonzalo : Il nous semble que c’est une opinion juste qui démontre qu’il y a, dans ce pays, une classe et un peuple qui comprennent ce que nous faisons, ce que le Parti fait. Pour nous c’est une reconnaissance importante qui nous amène à fournir plus d’efforts afin de mériter cette confiance, cette espérance.

El Diario : Le Parti Communiste du Pérou aurait-il subi une épuration avant la réalisation du Congrès ?

Président Gonzalo : Non, dans notre cas, nous avons eu la forte épuration au moment de commencer la guerre populaire, dans le IXème Réunion Plénière de 79. Là nous avons livré une dure lutte contre une ligne opportuniste de droite qui s’opposait à commencer la guerre populaire. C’est là que se sont produits des expulsions et une épuration dans le Parti. Mais comme il est établi à juste titre, l’épuration renforce et nous nous sommes fortifiés. La preuve en est que nous sommes entrés dans la guerre populaire et que nous en sommes déjà à notre huitième année. Dans le Congrès, il ne s’est pas produit une telle épuration.

El Diario : Beaucoup se demandent et ne comprennent pas où résidait la force et la fermeté du militant du PCP ? Ce serait peut être dans sa solide formation idéologique ? Comment se passe ce processus chez les militants ?

Président Gonzalo : La force des militants du Parti réside vraiment dans la formation idéologique et politique. Elle s’appuie sur le fait que les militants embrassent l’idéologie du prolétariat et sa forme spécifique : le marxisme-léninisme-maoïsme, pensée gonzalo, le programme et la ligne politique générale avec son centre, la ligne militaire. C’est à partir de cela que se développe la force des militants. Une chose qui nous préoccupe beaucoup pour commencer la guerre populaire, fut les militants. Pendant la préparation de la guerre populaire, nous nous sommes posés le problème de comment forger les militants, et nous nous sommes imposés de grandes exigences : rompre avec la vieille société, se consacrer totalement et complètement à la révolution et donner notre vie. Rappelons-nous la Réunion Plénière du Comité Central de 80 et l’école militaire qui en disent long. A la fin de tous ces événements, tous les militants s’engagèrent. Nous assumâmes tous la tâche d’être les initiateurs de la guerre populaire. Ce fut un engagement solennel qui par la suite, s’étendit à tout le Parti.

Comment se déroule ce processus ? D’abord chacun des futurs militants, avant de l’être, va se forger dans la lutte de classes où chacun participe, progresse et travaille plus près de nous, jusqu’au moment où chacun, individuellement, prend la grande décision de demander son entrée au Parti qui analyse ses qualités, ses mérites, aussi bien que ses limites, car nous en avons tous. Puis il lui donne le rang de militant, s’il le mérite. C’est dans le Parti que commence alors la formation idéologique systématique. C’est lui qui fait de nous des communistes. Les circonstances des dernières années ont comme trait caractéristique que les militants se trempent dans la guerre ; et, qui plus est, ceux qui entrent, le font dans un Parti qui dirige la guerre. Et dès lors, s’ils y entrent, c’est pour agir, d’abord et principalement, comme communistes, comme combattants de l’Armée Populaire de Guérilla, et comme administrateurs dans les cas correspondants aux instances du Nouvel Etat que nous organisons.

La guerre populaire est donc un autre élément très important qui contribue à forger les militants. En résumé : même si nous partons de la question idéologico-politique, la guerre elle-même forge le militant. Dans cette forge ardente, elle nous modèle en fonction du Parti. C’est ainsi que nous avançons tous, tout en nous rendant utiles. Malgré cela, nous avons toujours une contradiction entre la ligne rouge qui domine dans notre tête et la ligne contraire. Les deux se manifestent car il n’y a pas de communiste à cent pour cent, et dans notre esprit se livre la lutte de deux lignes. Cette lutte est capitale aussi pour forger les militants ; notre objectif étant que la ligne rouge s’impose toujours à nous. C’est ce que nous cherchons.

C’est de cette manière que se forgent les militants ; et les faits montrent le degré d’héroïsme révolutionnaire que sont capables d’atteindre les militants tout comme les fils du peuple.

El Diario : Pensez-vous qu’une des expressions les plus élevées de l’héroïsme des militants du P.C.P se soit manifestée dans les prisons le 19 Juin 1986 ?

Président Gonzalo : Oui. C’est une haute expression. Mais nous considérons que le plus grand héroïsme révolutionnaire qui coula à flots, s’est produit lors du génocide des années 83 et 84, quand nous affrontions les forces armées venant de faire leur entrée dans le conflit. Ce fut jusqu’à aujourd’hui le plus grand génocide massif ; au cours de ce génocide il eut de grandioses manifestations de combativité populaire, ce qui est capital et essentiel et de plus, il y a là une expression massive d’héroïsme, de dévouement, de don de sa vie, non seulement de la part des communistes, mais aussi de celle des paysans, des ouvriers, des intellectuels, des fils du peuple. C’est là qu’il y eut la plus grande démonstration d’héroïsme révolutionnaire massif et là aussi que nous nous sommes le plus forgés.

Alors, vous pourriez nous dire, pourquoi commémorez-vous le 19 Juin comme le « Jour de l’Héroïsme » ? Le 19 c’est une date qui montre à notre peuple et au monde de quoi sont capables les communistes fermes et les révolutionnaires conséquents, car, non seulement sont tombés des communistes, la plupart était des révolutionnaires. Pour cette raison c’est devenu un symbole, parce que c’est une date spécifique, alors que le génocide général a duré deux années et représente de nombreux faits dispersés ; le 19 est un fait unique d’un grand retentissement et un exemple qui a bouleversé le Pérou et le monde. C’est pour cela que nous avons choisi le 19 Juin comme le « Jour de l’Héroïsme ».

El Diario : Président, comment le PCP peut soutenir matériellement le gigantesque appareil du Parti, y compris l’Armée Populaire de Guérilla ?

Président Gonzalo : Je crois que cette question mérite quelques précisions. Sur le Parti, le Président Mao nous enseigne, ainsi que l’ont toujours fait Marx, Lénine et les grands marxistes, que le parti n’est pas un parti de masses, mais que le parti a un caractère de masses ; caractère de masses qui se manifeste dans le fait que le parti est une organisation sélective : une sélection des meilleures, de ceux qui ont fait leur preuves, de ceux qui ont de l’étoffe, comme le disait Staline. Étant peu nombreux par rapport à l’immense masse, le parti défend les intérêts du prolétariat, assume l’intérêt de classe du prolétariat, dans la mesure où il assume l’émancipation du prolétariat qui n’arrivera qu’avec le communisme. Mais comme dans la révolution agissent d’autres classes qui composent le peuple, le parti défend aussi leurs intérêts en conformité avec le fait que le prolétariat ne peut s’émanciper qu’en émancipant les autres classes opprimées. Autrement, il ne peut s’émanciper.

C’est pour cela que le parti a un caractère de masses mais le parti n’est pas un parti de masses. Le parti de masses dont on parle beaucoup aujourd’hui, n’est que l’expression, une fois de plus, de positions révisionnistes pourries ; ce sont ces partis d’adhérents, de fonctionnaires, ces machines organisationnelles. Notre parti est un parti de militants, de dirigeants, c’est une machine de guerre comme le demandait Lénine lui-même. Bon ! Je crois que pour renforcer ceci nous pouvons penser au nombre de bolcheviques au moment du triomphe de la révolution d’Octobre : 80 mille pour un pays de 150 millions d’habitants.

Les Parti est un système d’organisations et évidemment il a des besoins. La formation d’une armée numériquement beaucoup plus grande, plus vaste, a aussi des exigences. Les marxisme nous a aussi enseigné comment résoudre le problème, en particulier le Président Mao. Le PCC instruit par le Président Mao Tsétoung avait conclu que le soutien économique qu’on donnait aux partis était corrosif et que c’était un critère révisionniste parce qu’un parti doit s’appuyer sur ses propres forces. C’est ce principe que nous avons suivi, compter sur nos propres forces. Nous appuyer sur nos propres forces a un rapport avec les nécessités économiques, mais principalement, de notre point de vue, a un rapport avec la façon de s’orienter idéologiquement et politiquement. C’est à partir de cela que nous pouvons voir comment assumer les nécessités économiques qui sans cesse se présentent. Il serait erroné de dire qu’elles n’existent pas.

Alors, en nous basant sur ces critères, nous avons réglé le problème et nous continuerons à le régler en nous appuyant sur les masses. Ce sont les masses de notre peuple : c’est le prolétariat, notre classe, parce qu’elle est notre classe, c’est à elle que nous devons rendre compte, c’est elle que nous servons, c’est notre paysannerie, pauvre principalement, ce sont les intellectuels, la petite bourgeoisie, les plus avancés, les révolutionnaires, ceux qui veulent la transformation radicale, la révolution en un mot. Ce sont ceux sur lesquels s’appuie le Parti, principalement la paysannerie et le prolétariat, ce sont sur eux qu’il s’appuie. Et si nous allons plus loin, la paysannerie, pauvre principalement, est celle qui se retire le pain de la bouche pour nous le donner, celle qui nous donne un morceau de sa couverture, un petit coin sous son toit. C’est elle qui nous soutient, nous appuie et nous offre son propre sang comme l’offrent le prolétariat et aussi les intellectuels ; c’est comme ça que nous progressons. Nous nous basons sur cela.

Ce problème nous amène aux questions suivantes. Partir de ce principe nous permet d’être indépendants, de ne dépendre d’aucun bâton de commandement, quel qu’il soit, parce que dans le communisme international on s’habitua au diktat. Khrouchtchev était un champion du bâton de commandement, comme l’est Gorbatchev aujourd’hui, ou comme l’est Deng, ce sinistre personnage. Indépendance parce que chaque Parti Communiste doit décider lui-même, car il a la responsabilité de sa révolution, ce qui ne veut pas dire se détacher de la révolution mondiale, mais précisément la servir. Ceci nous permet d’exercer l’auto-décision, c’est-à-dire le fait de décider nous-mêmes. Le Président Mao parlait ainsi : on nous donna beaucoup de conseils, des bons et des mauvais ; mais si nous avions accepté un principe erroné, la responsabilité n’appartiendrait pas à celui qui nous l’a donné mais à nous-mêmes. Pourquoi ? Parce que nous pratiquons l’autonomie de décision, qui s’accorde avec l’indépendance, et que cela nous conduit à l’autosuffisance, à ne compter que sur nos propres forces.

Cela veut-il dire que nous nions l’internationalisme prolétarien ? Non, au contraire, nous sommes des pratiquants fervents et conséquents de l’internationalisme prolétarien. Et nous sommes convaincus du soutien que nous apportent le prolétariat international, les nations opprimées, les peuples du monde, les partis ou organisations-mêmes qui sont toujours fidèles au marxisme, quel que soit leur degré de développement. Nous reconnaissons que la première chose qu’ils nous donnent, leur premier soutien, c’est leur propre lutte. La propagande ou les célébrations qu’ils font, sont un soutien qui gagne progressivement l’opinion publique. C’est ainsi que s’exprime l’internationalisme prolétarien. Il se manifeste aussi dans les conseils qu’ils nous donnent, dans leurs opinions. Mais, j’insiste, c’est nous qui devons décider si nous acceptons ou non les conseils ; et s’ils sont justes, ils sont évidemment bien accueillis car entre les partis nous avons l’obligation de nous entraider, surtout dans ces temps difficiles et complexes.

Alors, j’insiste, toute lutte que livrent le prolétariat, les nations opprimées, les peuples du monde, les partis et les organisations fermes et fidèles au marxisme, toute cette lutte est la première grande aide concrète de l’internationalisme prolétarien. Cependant, la plus grandiose aide que nous ayons, c’est l’immarcescible marxisme-léninisme-maoïsme, l’idéologie du prolétariat international, celle que la classe ouvrière a générée au cours de longues décennies et de milliers de combats à travers le monde entier. C’est celle-ci, l’aide la plus grandiose que nous recevons parce que c’est la lumière. Sans cette lumière nos yeux ne verraient rien, mais avec cette lumière nos yeux peuvent voir et nos mains agir. C’est ainsi que nous voyons ce problème et c’est ainsi que nous avançons.

El Diario : Président, peut-être cette question est-elle superflue, mais nous aimerions avoir votre opinion sur les partis révisionnistes qui vivent des fondations internationales, des grandes puissances impérialistes et du social-impérialisme?

Président Gonzalo : Je peux dire qu’ils ont trahi la révolution mondiale et qu’ils trahissent dans chaque pays, la révolution, la classe et le peuple ; parce que servir les superpuissances ou les puissances impérialistes, servir le révisionnisme, surtout le social-impérialisme, marcher derrière un bâton de commandement, être des pions de l’échiquier dans le jeu pour la domination du monde c’est trahir la révolution.