L’insurrection et l’universalité de la Guerre Populaire

Parti Communiste du Brésil (Fraction Rouge)

Guerre populaire et Révolution

5. L’insurrection et l’universalité de la Guerre Populaire

   Marx a défini la révolution comme une guerre civile et dans la perspective de son temps, elle s’est présentée sous la forme, au moins au début, de l’insurrection. Marx a essayé de l’examiner avec l’importance qu’elle avait pour que le prolétariat puisse réaliser la prise du pouvoir, en étudiant les lois qui la régissent. Marx soulignait qu’on ne joue pas avec l’insurrection, que pour être déclenchée dans un but révolutionnaire, elle exigeait l’existence de certaines conditions objectives, c’est-à-dire de la situation révolutionnaire et que, de plus, pour réussir, elle dépendrait du développement de facteurs subjectifs, en particulier de la conscience manifeste et matérialisée en force organisée de la classe, ayant au front son avant-garde avec comme gouvernail un programme et des objectifs clairs. Il affirmait qu’on ne joue pas avec l’insurrection car, en plus de l’existence des conditions objectives et subjectives nécessaires, elle exige une préparation rigoureuse et, en cas d’éclatement, elle doit toujours progresser, même si ce n’est que d’un pas par jour pour assurer son triomphe complet. L’insurrection exige une initiative permanente, l’offensive. La défensive est la mort, sa défaite totale. « De l’audace, de l’audace, toujours plus d’audace »((Marx – Essais Historiques – 1850)) affirmait ainsi Danton comme plus grand maître de la tactique révolutionnaire jusqu’alors. Cependant, Marx et Engels voyaient aussi les limites qu’elle présentait avec les modifications de la géométrie des villes et les nouveaux moyens de guerre, devant lesquels Marx a soulevé la nécessité de combiner le soulèvement insurrectionnel du prolétariat avec d’autres formes de guerre. Dans une lettre à Engels, commentant les possibilités de la révolution en Allemagne, il observait que tout dépendrait de la combinaison du soulèvement ouvrier avec une « deuxième édition des guerres paysannes ».((Marx – « Tout dépendra en Allemagne de la possibilité de couvrir la révolution prolétarienne par une sorte de seconde édition de la guerre des paysans. Alors, tout ira pour le mieux… » – Lettre de Marx à Engels du 16 avril 1856))

   Engels avait déjà mis en garde sur cette question, comme il l’expliquait longuement dans l’édition de 1895 de l’ouvrage de Marx « La lutte des classes en France », 24 ans après l’avènement de la Commune de Paris. Après une série de considérations basées sur l’examen des différentes expériences insurrectionnelles dans l’Europe du milieu du XIXe siècle, en tenant compte des différents facteurs politiques, militaires, économiques, des modifications des villes, à travers l’évolution la plus puissante de l’armement, le transport ferroviaire qui a permis le déplacement rapide d’un grand nombre de troupes, etc., il en a conclu que « Car, là aussi, les conditions de la lutte s’étaient sérieusement transformées. La rébellion d’ancien style, le combat sur les barricades, qui, jusqu’à 1848, avait partout été décisif, était considérablement dépassé. » (…) « Cela veut-il dire qu’à l’avenir le combat de rues ne jouera plus aucun rôle ? Pas du tout. Cela veut dire seulement que les conditions depuis 1848 sont devenues beaucoup moins favorables pour les combattants civils, et beaucoup plus favorables pour les troupes. Un combat de rues ne peut donc à l’avenir être victorieux que si cette infériorité de situation est compensée par d’autres facteurs. Aussi, se produira-t-il plus rarement au début d’une grande révolution qu’au cours du développement de celle-ci, et il faudra l’entreprendre avec des forces plus grandes. Mais alors celles-ci, comme dans toute la Révolution française, le 4 septembre et le 31 octobre 1870 à Paris, préféreront sans doute l’attaque ouverte à la tactique passive de la barricade. »((Engels – Introduction à l’édition de 1895 de « La lutte des classe en France » de Marx))(souligné par nos soins).

   Dans aucune des expériences historiques, et il y a eu peu d’opportunités dans les pays capitalistes, où la pure insurrection a été tentée celle-ci n’a réussi. La Révolution d’Octobre qui a approfondi la Révolution de Février a pris trois années de guerre civile tumultueuse pour se maintenir et se consolider. La formule que le trotskisme crie sur tous les toits de « grève politique générale » n’a pas traversé le siècle de la simple phraséologie réformiste. D’autres propositions d’insurrection exclusive comme moyen de révolution dans les pays impérialistes ont également servi de prétexte à l’adhésion au crétinisme parlementaire, sans aucune démonstration concrète de leur réalisation réussie. L’avènement de l’impérialisme, au moment où les conditions objectives de la révolution prolétarienne ont mûri en théorie et en pratique, a également imposé des changements importants avec la militarisation de toute la vie sociale et de tous les pays. Selon les mots de Lénine, l’impérialisme c’est la guerre, et après le triomphe de la Révolution d’Octobre et la guerre civile pour écraser la contrerévolution, la révolution prolétarienne ne serait possible que par différents types de guerre, précisément parce que l’impérialisme se maintenait avec des guerres de tous les types jamais vus auparavant. Lénine traita de cette question maintes fois, en particulier après le triomphe de la Révolution d’Octobre : il en tirait des leçons, à la différence de l’idée que les marxistes avaient jusqu’alors concernant la révolution prolétarienne, que la voie serait de plus en plus diversifiée comme cela s’est passé en Russie.

   Dans son article répondant aux attaques du menchevik Soukhanov, qui accusait les bolcheviks de déformer le marxisme, affirmant que la construction du socialisme exigeait un certain développement des forces productives, un certain degré de « culture » que la Russie de l’époque n’avaient pas encore, Lénine avait affirmé que de telles idées de Soukhanov exprimaient son mécanisme et sa compréhension dogmatique du marxisme comme prétexte pour cacher son droitisme hostile au pouvoir soviétique. Il a affirmé que dans aucun livre marxiste il n’a été écrit que le prolétariat ne devrait pas profiter de toutes les possibilités qui découlent de la prise du pouvoir, précisément pour créer ces conditions de « culture ».((Lénine – « Nos Soukhanov, et à plus forte raison les social-démocrates placés plus à droite qu’eux, ne s’imaginent même pas que, d’une façon générale, les révolutions ne sauraient se faire autrement. Nos petits bourgeois européens ne s’imaginent même pas que les révolutions ultérieures — dans les pays d’Orient à population infiniment plus dense et aux conditions sociales infiniment plus variées, — présenteront à coup sûr beaucoup plus de traits particuliers que ce ne fut le cas pour la révolution russe. »Sur notre révolution – 1923)) Et que, si la frayeur de Soukhanov était déjà grande devant l’exploit des bolcheviks, les gens de son type se préparaient à assister à d’autres « hérésies » que la révolution prolétarienne présenterait, en se déplaçant vers l’Est comme elle le faisait. Et Lénine ne se référait pas ici seulement au cours principal que la révolution avait pris, continuant, comme cela s’était passé en Russie, à percer les maillons faibles de la chaîne de la domination impérialiste tels que les pays arriérés de l’Est – ainsi que toute l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine -, en plus de la question générale du caractère dialectique du marxisme en abordant concrètement la réalité concrète. Mais il mettait également en garde sur la voie de la prise du pouvoir et la forme que prendrait de plus en plus la concrétisation de la violence révolutionnaire. Parce que plus que tout autre marxiste de son temps, Lénine savait qu’une avancée de la révolution dans les pays arriérés, c’est-à-dire en brisant la condition de réserve de la réaction impérialiste, conduirait inévitablement à intensifier encore les contradictions de classes et de la lutte des classes dans les pays impérialistes et, par conséquent, la révolution, en eux ou dans certains d’entre eux, ferait partie de ce processus de développement.

   L’insurrection d’une manière générale, comme cela s’est produit tout au long de l’histoire dans la lutte du peuple, reste une forme de guerre révolutionnaire et exige plus que jamais les conditions objectives de son existence et les facteurs subjectifs de son triomphe, comme un niveau plus élaboré et rigoureux de sa préparation. L’insurrection ne peut pas être présentée et prise purement et simplement comme la voie de la révolution prolétarienne dans les pays capitalistes (impérialistes), elle est partie intégrante de la Guerre Populaire, principalement comme un aboutissement de la prise des derniers bastions de la réaction déjà encerclés par les forces armées populaires de la campagne, tout comme elle est présente dans les soulèvements partiels dans le cours même de la Guerre Populaire. Cela a été démontré dans le cas des révolutions dans les pays dominés. La formulation de la Guerre Populaire par le Président Mao était principalement due à l’expérience concrète de la Révolution Chinoise qu’il dirigea directement pendant plus d’un demi-siècle, et il partit de l’étude et de la haute compréhension de toute l’expérience militaire des opprimés dans leur lutte pour la libération, tout au long de l’histoire de l’humanité d’une manière générale et en particulier de ces luttes à l’époque du capitalisme et de l’impérialisme. Et c’est le Président Gonzalo qui, dans la pratique de la Révolution Péruvienne et de la Guerre Populaire, a synthétisé tous les enseignements et l’expérience de la Révolution Chinoise, démontrant que ceux-ci consistaient en une nouvelle étape du développement du marxisme, du fait que ses apports pénètrent les trois parties constitutives du marxisme (l’économie politique marxiste, le socialisme scientifique et la philosophie marxiste) et comme une partie essentielle de celui-ci la Guerre Populaire comme conception militaire prolétarienne intégrale.

   Il n’y a pas d’autres raisons pour lesquelles les tentatives actuelles, comme par le passé, de déformer ou de nier la Guerre Populaire partent de théories révisionnistes comme celles d’Avakian et de Prachanda. Avakian affirme que ceux qui veulent « réduire le maoïsme à la guerre populaire »((Document du PCR-USA destiné exclusivement aux membres du MRI et rendu publique le 1er mai 201X, en réponse à la résolution adoptée par la plupart des parties qui composaient le CoMRI de dissolution organique du MRI à la même date)) sont dogmatiques, dénonçant le fait que ne sont considérés comme maoïstes que les partisans de la Guerre Populaire comme voie vers la révolution prolétarienne. C’est Avakian qui essaie de réduire la Guerre Populaire à une simple ligne militaire appliquée strictement aux pays arriérés et opprimés. Il ne la comprend pas comme conception prolétarienne intégrale de la façon dont la classe conquiert et exerce le pouvoir, mène la lutte de classe dans les conditions de la dictature du prolétariat et de la construction socialiste et de la transition vers le Communisme. Déjà Prachanda avait essayé avec la farce de la « théorie de la fusion » de reconsidérer la Guerre Populaire pour justifier sa capitulation, se présentant comme un innovateur, dans le processus népalais qu’il dirigeait, sous la direction de la Voie Prachanda, combinant la lutte dans le parlement, la guerre révolutionnaire et la « révolte populaire » et se présentant comme la formule de la voie pour le socialisme du XXIe siècle. Les formulations du premier manquent complètement de base matérielle pratique et celles du second succombèrent à la pratique de la capitulation et à la trahison de la Guerre Populaire du peuple népalais et de la Révolution Prolétarienne Mondiale.

   Enfin, les fondements de l’universalité de la Guerre Populaire reposent sur les fondements mêmes de sa formulation et de sa vérification dans l’expérience de la Révolution Chinoise et des processus qui l’ont suivie. Mais ils ne sont devenus évidents qu’à partir de la synthèse, que dans son application à la Révolution Péruvienne, réalisée par le Président Gonzalo, établissant que le marxisme-léninisme est devenu le maoïsme, s’élevant en une étape nouvelle, troisième et supérieure. Les fondements généraux et de principes formulés par le président Mao qui, comme Lénine l’a établi « sans le pouvoir, tout est illusion », soulignaient que « le pouvoir est au bout du fusil » et que « le parti commande aux fusil »((Mao Zedong – Problèmes de la guerre et de la stratégie – Textes Militaires Oeuvres Choisies)) et ne permet jamais le contraire. De là dérive la conception scientifique prolétarienne de la Guerre Populaire, résidant en cela son universalité puisqu’elle est l’expression et les moyens du Pouvoir conquis et soutenu par le prolétariat à travers une force armée menée par le parti qui incarne l’idéologie scientifique, le marxisme-léninisme-maoïsme, dans les différents types de révolution qui sont parties intégrantes de la révolution prolétarienne mondiale, la Révolution de Nouvelle Démocratie, la Révolution Socialiste et les Révolution Culturelles Prolétariennes successives.

   Partant de cette base, il ressort du maoïsme que, contrairement aux conceptions des autres classes de l’histoire, la conception prolétarienne repose sur le fait que dans la guerre le facteur décisif est l’homme, que l’Armée Populaire n’est pas un fardeau pour les masses et que non seulement elle combat pour elles, mais aussi qu’elle mobilise, politise et organise les masses et participe à la production et elle s’appuie principalement sur ses propres forces. Qu’avant le début de la guerre, tout doit servir à le préparer et à l’initier, tout doit servir à son développement et à son triomphe. De plus, le Président Gonzalo, en reprenant ce que le maoïsme définissait comme instruments fondamentaux de la révolution – les trois armes magiques -, le Parti Communiste, l’Armée Populaire et le Front Uni Révolutionnaire, a ajouté que la construction de ces derniers devait se faire de manière concentrique. Cela implique que le Parti Communiste, en tant qu’incarnation de l’idéologie scientifique du prolétariat appliquée aux conditions concrètes d’un certain pays et de sa révolution, dirige tout, cela s’incarne dans la centralisation de la direction révolutionnaire, comme chef du parti et de la révolution, au milieu du conflit de la lutte des classes et de la lutte entre deux lignes pour forger et renforcer la gauche et l’hégémonie prolétarienne dans tout le processus. Résultat du processus d’apprentissage du prolétariat dans le mouvement théorique et pratique, et comme développement de sa conception du parti révolutionnaire, dans les conditions d’acharnement de la lutte de classe imposé par le système impérialiste en décomposition, dont l’action politique par excellence est la guerre de rapine et la répartition et le repartage du monde parmi ses principales puissances, son développement est révélé dans le Parti de type nouveau, le Parti Communiste, et donc le Parti Communiste militarisé.

   Il a également synthétisé que lorsque la guerre est initiée, la Ligne Militaire devient centrale dans la Ligne Politique Générale du Parti et la forme principale d’organisation est l’Armée Populaire de Guérilla. Avec l’Armée Populaire de Guérilla et à travers celle-ci, sous la direction absolue du Parti Communiste, qui mobilise, politise, organise et arme les masses, se construit au cours de la guerre-même les trois niveaux de sa structure, c’est-à-dire « une force principale, une force locale et une force de base »((PCP – 1er Congrès, 1988 Base d’Unité Partidaire – La Ligne Politique Générale, La Ligne Militaire.)) (comme milices et réserve).

   En outre, de toute cette conception et de ces fondements scientifiques et universels, la Guerre Populaire, gouvernée par ses lois et concrétisée dans la violence révolutionnaire par le prolétariat pour la conquête et la défense de son Pouvoir, doit être fondée, du début à la fin, sur une stratégie générale claire en trois axes : stratégie politique qui est la conquête du pouvoir par le prolétariat à l’étape correspondante de la révolution ; la stratégie militaire qui est la guerre prolongée elle-même, suivant la voie de l’encerclement de la ville par la campagne, dans le cas des révolutions de Nouvelle Démocratie (dans les pays arriérés et opprimés) et de la guerre prolongée appliquée aux grandes, moyennes et petites villes dans le cas des révolutions Socialistes des pays capitalistes (impérialistes) ; et la stratégie de la construction concentrique des Instruments Fondamentaux de la Révolution, étant dans le cas des pays arriérés et opprimés nécessairement trois, le Parti Communiste, l’Armée Populaire et le Front Uni Révolutionnaire, basé sur l’alliance ouvrier-paysan et exprimant la dictature commune des classes révolutionnaires, se développant en un Front / Nouvel Etat, dont le noyau est l’Armée Populaire et la direction du Parti communiste.

   Dans le cas des pays capitalistes (impérialistes), la construction des Trois Instruments Fondamentaux de la Révolution obéit aux particularités de leurs réalités, suivant leur développement de manière concentrique, le Parti Communiste, l’Armée Prolétaire ou Populaire et le Front Uni Révolutionnaire, qui sera développé comme l’embryon du Nouvel État Socialiste en construction, expression de la dictature du prolétariat. Le Front Uni est nécessaire pour unir les masses populaires qui composent ces sociétés, telles que des secteurs ou des parties de la petite bourgeoisie, les soi-disant professionnels libéraux, les petits propriétaires et les intellectuels de manière général. En outre, étant donné que dans ces pays, en raison de la forme de décomposition qu’est l’impérialisme, il y a inévitablement augmentation du flux constant de travailleurs immigrés provenant des pays opprimés et qui sont en partie des contingents caractérisés par les semi-prolétaires, les intellectuels et les petits propriétaires de services, le prolétariat révolutionnaire doit s’allier avec eux pour mener la révolution socialiste à la victoire. Nous devons prendre au sérieux l’erreur commise par le Parti Communiste d’Allemagne dans les années 1930, qui ne comprenait pas la nécessité d’unir la petite bourgeoisie, à travers le front uni révolutionnaire, la laissant être entraînée par le nazisme. En outre, dans de nombreux pays capitalistes développés, il subsiste un certain nombre de petit paysans propriétaires qui doivent également être attirés dans le camp du prolétariat.

   La nécessité de ces stratégies implique nécessairement, pour la réalisation de la Guerre Populaire, des plans bien établis, fondés sur une enquête permanente à travers l’action révolutionnaire de la ligne de masse guidée par l’idéologie du maoïsme dans sa fusion avec la révolution concrète, le Programme et la Ligne Politique Générale, qu’elle précise et exprime. Aussi l’accompagnement systématique dans son exécution est nécessaire pour y mener des ajustements et des rectifications. Plans politiques, militaires et de construction combinés et dans l’unité. De ses débuts à son développement et son aboutissement, la Guerre Populaire doit suivre des Plans avec des objectifs immédiats dans chaque étape et sous-étapes qui servent à la réalisation de l’objectif final.

   Le caractère universel de la Guerre Populaire, en dernière instance, se constitue et se présente contre la tendance de la nature de l’impérialisme à la guerre, non seulement comme une politique de rapine nécessaire à son existence, mais comme une guerre impérialiste mondiale pour le repartage du monde entre monopoles et pays impérialistes et pour l’hégémonie. La Guerre Populaire se constitue et se présente comme Guerre Populaire Mondiale pour le balayage complet de tout système d’exploitation et d’oppression et pour l’établissement du socialisme, pour le triomphe de la Révolution Prolétaire Mondiale et pour le Communisme radieux. Cela a été soulevé très clairement par le PCC dans la situation complexe des années 1960, lorsque l’URSS socialiste-impérialiste, en collusion et en lutte avec l’impérialisme yankee, a menacé la Chine populaire. A cette occasion (1965) pour célébrer les 20 ans de la victoire sur le nazi-fascisme et l’expulsion de l’envahisseur japonais, le manifeste «Vive le triomphe de la Guerre Populaire» a déclaré que « prenant le monde dans son ensemble, les pays du tiers monde sont la campagne et les pays impérialistes la ville ».((« Vive la Guerre Populaire triomphante » signé par Lin Biao, alors commandant de l’APL et sanctionné par le PCC))

   Quant aux apports du Président Gonzalo de l’application des vérités universelles du marxisme-léninisme-maoïsme aux conditions concrètes de la réalité péruvienne et sa fusion avec la Révolution Péruvienne, à travers la Guerre Populaire, il a synthétisé l’universalité du maoïsme comme nouvelle, troisième et supérieure étape, en même temps que s’est confirmé la pensée-guide de la Révolution Péruvienne, la pensée Gonzalo, comme principale pour la Révolution Péruvienne. Dans l’ensemble des formulations qui aboutissent à la synthèse, la Guerre Populaire est le four, le creuset et l’usine où l’idéologie, la politique et l’organisation fusionnent dans la transformation prolétarienne de la destruction de l’ancien et de l’établissement du nouveau, jusqu’à ce que le monde entre dans le Communisme radieux.

Le problème de la Guerre Populaire dans les pays impérialistes et ses particularités

   Comme on l’a déjà dit plus haut, il est nécessaire de s’affranchir de toute appréciation mécaniste et figée de l’expérience chinoise pour comprendre la validité universelle de la Guerre Populaire. Il faut aller plus avant dans la synthèse de l’expérience de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne dans son ensemble et particulièrement dans les causes de son déclin, en mettant de côté la légèreté des facteurs épisodiques pour voir l’ampleur et le potentiel de la Guerre Populaire comme conception du Pouvoir du Prolétariat dans les différentes étapes et phases de la révolution et de la transition vers le Communisme. En plus de ce qui a déjà été théoriquement débattu ici, les éléments pratiques de sa réalisation dans les pays capitalistes (impérialistes) présentent des difficultés telles qu’elles se posent dans les pays arriérés et opprimés, étant dans l’un comme dans l’autre conditionnés par le mouvement de la situation révolutionnaire, elle se développe inégalement dans le monde entier et d’une manière particulière dépendant de la préparation idéologico-politique, organisationnelle et militaire du parti communiste dans chaque cas.

   Tous les déchets révisionnistes et réformistes de l’« accumulation à froid » et des « espaces démocratiques », par le biais du crétinisme parlementaire, sont la voie bureaucratique de la bourgeoisie bureaucratico-compradore et latifundiste qui s’oppose à la voie démocratique du prolétariat dans les pays arriérés, opprimé. Ils ne vont pas au-delà de la lutte prolongée pour le renforcement de l’institutionnalité bourgeoise et ce sont les même balivernes aussi bien dans les pays arriérés et opprimés que dans les pays capitalistes (impérialistes). La différence est que la démocratie bourgeoise dans les pays capitalistes (impérialistes) a incorporé des conquêtes « civilisatrices » au niveau subjectif de la société tout entière, ce qui, dans les pays arriérés opprimés, n’est rien d’autre que leur simulacre fantasmagorique. Cependant, même là où la démocratie bourgeoise a exercé tout son potentiel (pays impérialistes), elle vieillit et ne peut plus se réaliser, car avec l’avènement de l’impérialisme, la démocratie nationale et la souveraineté succombent aux intérêts du capital monopoliste et chaque jour grandit l’adoption dans son cadre juridique des éléments du fascisme.

   Ainsi, le grand défi pour la révolution prolétarienne est de persister dans la ligne de masse, de mobiliser, de politiser et d’organiser les masses pour toute et n’importe quelle action, de la plus petite à la plus grande, de la plus élémentaire à la plus complexe, de l’inférieur au supérieur, les armant de plus en plus. L’expérience de la résistance des peuples et de la lutte du prolétariat montre des possibilités pour l’organisation de la révolution. En ce sens, il est très important d’étudier de telles expériences et dans le cas spécifique de la Guerre Populaire dans les pays capitalistes (impérialistes) de prendre en compte celles des luttes armées dans différents pays d’Europe tout au long du 20ème siècle, ainsi que dans le moment présent, où le peuple palestinien, à Gaza, se bat et résiste en imposant de lourdes pertes à l’impérialisme et sa botte noire sioniste. En cela, nous devons considérer, que les masses le font déjà sans direction et idéologie scientifique, ni prolétarienne, petite-bourgeoise ou bourgeoise. Rien n’est impossible dans le monde pour ceux qui osent gravir les hauteurs. Le slogan porté par le président Mao lors de la GRCP face à la possibilité d’agressions combinées du social-impérialisme de l’URSS et de l’impérialisme yankee : « Creuser des tunnels profonds et rassembler des provisions et des moyens de stockage … »((Mao Zedong)) nous enseigne l’esprit avec lequel la révolution doit se battre, et les efforts et les solutions au niveau technique que la lutte exige, en particulier dans les villes.

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