Partie VII

Les enseignements de la révolution

Lénine

VII

   La colère des masses, par suite de la reprise de la guerre de brigandage montait tout naturellement, rapide et intense. Les 3 et 4 juillet, l’indignation des masses éclata malgré les efforts des bolcheviks pour contenir l’explosion à laquelle ils devaient, bien entendu, s’efforcer de donner une forme aussi organisée que possible.

   Esclaves de la bourgeoisie, enchaînés à leurs maîtres, les socialistes-révolutionnaires et les menchéviks acceptèrent tout : et l’entrée des troupes réactionnaires à Pétrograd, et le rétablissement de la peine de mort, et le désarmement des ouvriers et des troupes révolutionnaires, et les arrestations, les poursuites, l’interdiction des journaux sans jugement. Le pouvoir, que la bourgeoisie ne pouvait prendre en entier, au sein du gouvernement, et dont les Soviets ne voulaient pas, tomba aux mains des bonapartistes, de la clique militaire, soutenue sans réserve, cela s’entend, par les cadets et les Cent-Noirs, les grands propriétaires fonciers et les capitalistes.

   De déchéance en déchéance. Une fois engagés sur la pente d’une entente avec la bourgeoisie, les socialistes-révolutionnaires et les menchéviks glissèrent irrésistiblement et touchèrent le fond. Le 28 février, au Soviet de Pétrograd, ils avaient promis un soutien conditionnel au gouvernement bourgeois. Le 6 mai, ils le sauvaient de la déconfiture et, en acceptant l’offensive, se laissaient transformer en valets et en défenseurs du gouvernement. Le 9 juin, ils s’unissaient à la bourgeoisie contre-révolutionnaire dans sa campagne de haine farouche, de mensonges et de calomnies contre le prolétariat révolutionnaire. Le 19 juin, ils approuvaient la reprise, devenue un fait, de la guerre de rapine. Le 3 juillet, ils acceptaient que l’on fît venir les troupes réactionnaires ; ce fut le début de l’abandon définitif du pouvoir aux bonapartistes. De déchéance en déchéance.

   Cette fin honteuse des partis socialiste-révolutionnaire et menchévik n’est pas un effet du hasard ; c’est le résultat, maintes fois confirmé par l’expérience européenne, de la situation économique des petits patrons, de la petite bourgeoisie.

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