La mobilisation politique dans la guerre de résistance

De la guerre prolongée

Mao Zedong

La mobilisation politique dans la guerre de résistance

  1. Dans une guerre révolutionnaire nationale aussi grandiose, il est impossible de remporter la victoire sans une mobilisation politique large et profonde.

   Ce fut pour la Chine un grand désavantage de ne pas avoir entrepris la mobilisation politique pour la Résistance avant le début de la guerre, et nous nous sommes de ce fait trouvés d’un pas en retard sur l’ennemi.

   Même quand la guerre eut commencé, la mobilisation politique fut bien loin de s’étendre à toutes les régions, sans parler de son manque de profondeur.

   Le peuple, dans sa majorité, a été averti de la guerre par le feu de l’artillerie et par les bombardements aériens de l’ennemi.

   Ce fut aussi une sorte de mobilisation, mais faite par l’ennemi à notre place et non par nous.

   Ceux qui vivent dans les régions éloignées et qui n’entendent pas la canonnade demeurent encore dans une tranquillité que rien ne trouble.

   Il faut absolument changer cette situation, sinon nous ne pouvons pas gagner cette guerre qui est pour nous une question de vie ou de mort.

   En aucun cas nous ne devons nous laisser encore distancer par l’ennemi, fût­-ce d’une seule foulée.

   Il nous faut, au contraire, pousser à fond la mobilisation politique, de façon à prendre le dessus sur l’ennemi. Bien des choses en dépendent.

   Que nous le cédions à l’ennemi en armement, entre autres choses, est secondaire, alors que la mobilisation politique est de toute première importance.

   Si tout le peuple est mobilisé, l’ennemi finira par être englouti dans cet océan humain ; alors seront également créées les conditions pour combler nos lacunes dans l’armement et dans d’autres domaines, et seront posées les prémisses pour surmonter toutes les difficultés de la guerre.

   Pour vaincre, il faut poursuivre la guerre résolument, s’en tenir fermement au front uni, s’engager avec résolution dans une guerre prolongée.

   Mais tout cela est impossible sans la mobilisation du peuple.

   Vouloir la victoire et négliger la mobilisation politique, c’est comme « vouloir aller vers le nord en dirigeant l’attelage vers le sud ».

   Il va de soi qu’il serait alors inutile de parler encore de victoire.

  1. Qu’est­-ce que la mobilisation politique ? Avant tout, elle consiste à exposer à l’armée et au peuple les buts politiques de la guerre.

   Il faut que chaque soldat, chaque citoyen comprenne pourquoi on doit se battre, en quoi la guerre le touche personnellement.

   Les buts politiques de la Guerre de Résistance sont « l’expulsion des impérialistes japonais et l’édification d’une Chine nouvelle où règnent la liberté et l’égalité ».

   C’est en exposant ces buts à toute l’armée et à tout le peuple que l’on pourra faire naître chez eux l’enthousiasme pour la Résistance, et alors seulement ils apporteront entièrement, par centaines de millions, comme un seul homme, leur contribution à la guerre.

   Mais la seule explication des buts de la guerre ne suffit pas, il faut encore exposer clairement les mesures et la politique nécessaires pour atteindre ces buts ; autrement dit, il faut un programme politique.

   Actuellement, un « Programme en dix points pour la résistance au Japon et le salut de la patrie » et un « Programme de résistance au Japon et de construction nationale » sont déjà élaborés ; il faut les populariser au sein de l’armée et du peuple et mobiliser l’armée et le peuple tout entiers pour traduire ces programmes dans la vie.

   Sans un programme politique précis et concret, il est impossible de mobiliser l’armée et le peuple tout entiers pour poursuivre jusqu’au bout la Guerre de Résistance.

   Mais cette mobilisation, comment la faire ?

   Par la parole, les tracts et les affiches, par les journaux, les brochures et les livres, par le théâtre et le cinéma, en utilisant les écoles, les organisations populaires et les cadres.

   Ce qu’on fait aujourd’hui dans les régions du Kuomintang n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan ; on le fait, d’ailleurs, d’une manière qui n’est pas du goût des masses populaires et dans un esprit qui leur est étranger.

   Il faut changer radicalement tout cela. Enfin, une seule campagne de mobilisation ne suffit pas.

   La mobilisation politique dans la Guerre de Résistance doit se poursuivre constamment.

   Il ne s’agit pas de réciter mécaniquement au peuple notre programme politique, car personne n’écoutera ; il faut lier la mobilisation politique au développement même de la guerre, à la vie des soldats et des simples gens ; il faut en faire un travail permanent.

   C’est une tâche d’une immense importance dont dépend en tout premier lieu la victoire.

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